Ce matin, nous allons, avec Dominique, faire les postes pour notre battue du samedi. Nous faisons le tour du territoire avec le président de la société, sous la pluie et le vent froid. A notre arrivée, une chevrette et ses deux chevrillards sont au milieu d’un pré, au beau milieu de notre future traque.
Bravant le froid et la pluie, 1 heure et demi plus tard, alors que nous remontons pour faire les postes de la deuxième ligne de traque, le soleil est de sortie et nos trois chevreuils, toujours au milieu du pré, finissent par détaler en nous voyant passer. Vers 12h30, les postes terminés nous rentrons sur Auterrive pour manger.
Nous partons ensuite faire le tour d’une de mes zones à ragondins. Le soleil toujours présent me fait espérer quelques rencontres, malgré un vent soutenu, mais le premier lac est désert.
En arrivant au second lac, j’aperçois de la route une grosse volée de canards posée sur le lac. Nous prenons nos arcs et commençons à descendre quand un vol de grues annonce bruyamment son arrivée. 5 d’entre elles nous passent au dessus de la tête en poussant leurs cris.
Encore quelques pas vers le lac et les canards décollent ainsi qu’un cormoran perché sur l’ancien pylône électrique situé au milieu du lac. Les canards colvert et une sarcelle amorcent une boucle et reviennent vers nous assez haut pour ne plus craindre une volée de plomb. Pas le moindre ragondin ici non plus.
Je décide de faire halte ensuite sur une grosse mare mais toujours rien. Nous partons donc vers mon lac test comme je l’appelle « s’il n’y pas un ragondin là il n’y en a pas ailleurs ! ».
Dominique décide de se garer au bout du lac pour remonter à bon vent. Nous descendons chacun vers un bout du lac quand j’aperçois 1 puis 2 puis 3 ragondins entrer dans le lac par l’alimentation, je fais donc signe à Dominique et poursuis ma route alors que je les aperçois qui filent vers leurs terriers avant que Dominique n’ait pu s’approcher suffisamment près pour tenter une flèche.
Nous faisons le tour du lac mais tous les rongeurs sont à l’abri. Nous remontons donc vers une grande mare un peu plus haut qui se déverse dans ce lac quand nous apercevons un gros lièvre qui détale au loin. En s’approchant de la mare nous prenons chacun un côté quand un ragondin déboule du champ pour rejoindre l’eau, Dominique a le temps de lâcher sa flèche mais je ne peux pas voir le résultat d’où je suis.
Je reste au bord de la mare de façon à voir l’entrée des terriers les plus fréquentés alors que Dominique part vers l’endroit où il a tiré le ragondin. Il avance lentement quand le ragondin se met à l’eau. J’ai juste le temps d’armer qu’il plonge laissant un sillage en surface d’en l’eau peu profonde du bord de mare. Je reste armé en attendant de le voir ressortir quand il sort la tête à 5 mètres et replonge immédiatement sans me laisser le temps de le flécher et disparaît définitivement.
Nous cherchons un moment la flèche sans succès puis remontons le fossé d’alimentation, 5 perdreaux ou poules faisanes piètent au loin en s’éloignant. Nous arrivons à la source qui semble ne pas être fréquentée par les ragondins. Un pied de sanglier vieux de plusieurs jours passe au ras du point d’eau.
Il est 15h30 quand nous arrivons à la voiture, nous décidons de partir faire un tour au sanglier, cela fait une semaine qu’ils sont dans un maïs près de chez moi.
Samedi, j’ai vu des traces très fraîches. Le temps de passer me changer et nous voilà partis. Arrivé sur place, nous longeons le la bordure du Gers, en bordure du maïs, puis nous nous séparons au niveau du premier passage de canon. Dominique prend le passage de canon alors que je poursuis en bordure du Gers. J’avance doucement mais le bruit des feuilles de maïs masque les bruits alentour. Je dois marquer des arrêts fréquents pour écouter.
J’arrive au bout d’un moment au niveau d’un fossé d’un mètre de large, affluent du Gers, bordé d’arbres. Ces derniers sont couverts de boue et des coups de dent entaillant l’écorce attestent de la présence d’un beau mâle. Un piétinement important me fait penser à un bon poste.
Tout à coup un « coccoc coccoc » retentit et vient vers moi, je me tourne alors qu’un beau faisan commun me passe à 2 mètres sur la tête pour aller se poser bien plus loin dans le maïs.
Je prends mon élan et franchit le fossé. Je rattrape la bordure du Gers à 20 mètres environ en traversant le maïs et continue à longer le cours d’eau quand 100 mètres plus loin j’arrive à un virage à angle droit du Gers. Des grognements se font entendre, les pieds de maïs craquent sur environ 100 m².
Un mouvement attire mon regard à quelques mètres devant moi, il me semble voir une hure mais sans certitude. J’arme mon arc, attends un moment. Non ça ne bouge pas, j’ai rêvé.
J’avance d’un pas quand cette tache noire rentre dans le maïs avec fracas. Je monte alors sur le talus du Gers pour voir un peu mieux quand un sanglier d’environ 50 kilos fonce droit sur moi tourne à mes pieds et rerentre dans la culture avec fracas. J’avance doucement mais la végétation craque tout de même un peu.
Les craquements sont tous proches, j’aperçois des pieds de maïs qui se cassent à moins de 10 mètres, un mouvement saccadé secoue les ronces sur le talus du Gers à environ 20 mètres. Encore un pas, un autre quand j’aperçois une masse sombre, noire qui s’avance doucement en couchant les pieds de maïs.
Il arrive dans une zone ou les pieds de maïs sont bas suite à des dégâts de ragondins, je le distingue maintenant très bien. Il oblique et vient vers moi de ¾ avant. Mon viseur se cale, ma flèche part et le frappe dans un bruit sourd. Mon sanglier fait volte face et détale sur 30 mètres en cassant tout sur son passage et en faisant fuir le gros de la compagnie sur quelques dizaines de mètres.
Le calme revient, un souffle roque se fait entendre puis le calme revient. Je m’avance sans bruit vers l’endroit du tir. Une tête sort des ronces sur le talus du Gers m’observe une fraction de seconde et fait vote face avec un grognement sourd, arrachant les ronces au passage. Dans l’action, je n’arrive plus à retrouver la zone du tir.
Je tombe, en cherchant, sur des gîtes frais dans le maïs. Je retourne en arrière plusieurs fois, je me refais le film du tir, mais non, je le vois partir comme ça ! Pas une goutte de sang.
Je décide de me marquer l’endroit pour revenir avec le chien de sang quand j’aperçois ma flèche couverte de sang. Je me dirige vers elle quand j’aperçois de grosses traces de sang sur les feuilles de maïs. La piste est très abondante et facile à suivre. Je la suis, quelques traces de sang sont mélangées de grains de maïs concassés.
Je ne parcours pas plus de 30 mètres avant de tomber sur mon sanglier, un beau ragot de 70 à 80 kg. La sortie de la flèche est bien visible au milieu du cuissot mais je ne trouve pas l’entrée. Je l’attache par le groin et le traîne vers la bordure du Gers pour le laisser à 15 mètres dans la culture en repérant l’endroit sur le talus du Gers.
Je repars alors trouver Dominique pour qu’il vienne avec moi essayer de flécher un autre sanglier. Je le retrouve non loin du fossé que j’ai traversé tout à l’heure. Nous progressons rapidement sur un passage de canon vers le passage qui coupe le champ en deux perpendiculairement aux passages de canon. Nous bifurquons ensuite vers le Gers.
Dominique prend la bordure du Gers, le long du talus, je prends le dernier passage de canon, nous progressons en parallèle. J’avance doucement quand j’aperçois un faisan se débinant dans les sillons de maïs perpendiculairement à ma progression. Il est à 12 mètres, j’arme et décoche un flèche qui lui sectionne le cou. Il saute sur place et se met à rouler dans le maïs.
Je le récupère rapidement et continu ma progression quand un bruit de pas attire mon attention. Une silhouette noire viens vers moi, je pose le faisan et tente d’accrocher mon décocheur, impossible, je glisse sur le D-loup.
Je finis par l’accrocher mais le réouvre d’un coup de doigt maladroit, plus je m’énerve et moins j’y arrive quand mon sanglier sort à 4 mètre plein travers, je réussis à armer mais un second sanglier démarre derrière lui et le fait traverser le passage comme une balle.
Je reste un moment sans bouger, rien ne se passe. Je désarme, avance d’un pas quand le second sanglier fait demi-tour et retourne vers le centre de la bande de culture pour me contourner et traverser à toute allure à quelque mètre dans mon dos au moment où je me tourne dans sa direction arc armé.
Je désarme, des pas avancent doucement, suivant la trajectoire du second sanglier.
J’arme mon arc et aperçois le tiers avant d’un sanglier, d’une quarantaine de kilos, arrêté dans un sillon. Je lui décoche une flèche qui me semble le frapper en plein coffre dans un bruit sourd. Il fait demi-tour et retourne au milieu du maïs dans un grand fracas et secouant les pieds de maïs sur 30 ou 40 mètres, puis plus rien.
J’attends un peu et vais vérifier mon tir. Je retrouve ma flèche brisée net sans sang, pas de goutte de sang dans la direction de fuite estimée. Je repère l’endroit en plantant ma flèche dans le sol. Je récupère mon faisan et pars chercher Dominique dans le virage où je lui avais donné rendez vous mais personne. On s’est mal compris, je l’appelle sans succès puis finis par retourner à mon sanglier alors qu’il fait maintenant bien nuit.
Je le traîne jusqu’au bord du Gers avant de retourner à la voiture pour tenter de retrouver Dominique. Nous finissons par nous trouver. Nous retournons chez moi chercher mon portable pour appeler l’agriculteur du coin pour un petit coup de main et nous voilà partis à la frontale pour aller chercher la bête alors qu’il se remet à pleuvoir.
Dominique coupe une grosse branche, nous accrochons la corde à cette dernière et nous voilà partis pour 200 mètres de galère à traîner le sanglier jusqu’à la route. Alors que mon camarade reste bien stable, je glisse et me ramasse à plusieurs reprises sur cette terre rendue glissante par les pluies de ces derniers jours.
Enfin arrivés, nous chargeons le sanglier dans le 4x4 de mon ami agriculteur et nous partons le peler alors que Dominique nous quitte pour rentrer chez lui. J’en profite pour prendre rendez vous avec le conducteur de rouge, rendez vous pris pour midi le lendemain matin.
Un bon coup de jet pour enlever toute la boue de mon sanglier, une bonne suée pour le suspendre et je me mets à l’œuvre. Ma flèche a en fait traversé le sanglier en arrière des reins coupant au passage l’artère rénale, cette trajectoire anormale vu la position ¾ avant est difficile à expliquer. Un énorme caillot de sang (taille d’un ballon de foot) s’est formé à l’intérieur. Après une très mauvaise nuit et une matinée de boulot, je suis de retour avec le conducteur et son chien de rouge. Je tiens la laisse du chien forceur. Le conducteur porte son chien pour ne pas le mettre sur la trace du sanglier traîné la veille et le dépose à l’endroit du tir. Il démarre immédiatement et prend la piste à bonne allure en donnant de la voix pour sortir finalement du maïs, passer le talus du Gers, traverser les ronces et marquer la descente à l’eau. Le courant très fort depuis quelques jours nous laisse peu d’espoir. Nous examinons tout de même la berge en aval puis faisons le tour pour examiner la berge d’en face. Raboliot prendra le pied de deux gros sangliers traversés, mais, à part un ragondin de belle taille lutant pour ne pas être emporté par le courant, nous ne trouverons rien. Mon sanglier voulant suivre ses confrères a certainement fini noyé. Un goût amer me reste, une sensation qui efface presque la joie de mon sanglier retrouvé.