Ce matin, je pars chasser le bois du Turc au Butollo. Mon ancien appeau était percé est Vincent et Eric ont eu pitié de moi, ils m’en ont envoyé un de neuf et je vais le tester en condition de chasse pour la première fois. Je me gare près de la barrière sur la première grande piste qui traverse la longueur du bois. Le jour se lève tout doucement alors que je quitte ma voiture, il pleut ce matin et entendre arriver les chevreuils ne sera pas facile mais en contrepartie mon approche sera aussi masquée par le bruit des gouttes sur le sol et les feuillages, et le sol mouillé sera moins craquant. Je m'avance dans le bois sur la gauche de la piste. Je me poste régulièrement pour appeler en me postant derrière des bouquets d'arbres.
Le bois reste calme, je finis par ressortir sur une autre piste enherbée un peu plus loin.
Je m'avance dans le carré suivant et tente quelques appels sans succès, je pars alors un peu plus loin et traverse un petit ruisseau pour me poster de l'autre côté au bord d'une bande herbeuse, au pied d'un gros chêne avant que le sous-bois se couvre de fougères sèches très épaisses. Je tourne le dos aux fougères et commence à appeler. Très rapidement un galop étouffé par le bruit de la pluie retentit sur ma droite. Je tourne la tête et aperçois une chevrette qui sort sur la bande enherbée. Je lance quelques appels brefs et la voilà qui passe au galop à juste 4 ou 5 mètres devant moi. J'arme mon arc mais elle ne s'arrête pas et je la perds de vue à 20 mètres sur ma gauche derrière des arbres. Je désarme et reprends mon appeau, la chevrette fait demi-tour et vient pour passer devant moi. J'arme mon arc mais elle traverse le ruisseau et passe à 20 mètres au galop et je la perds à nouveau de vue. Je désarme à nouveau puis recommence mes appels, cette fois elle met du temps à régir mais, au bout d'un moment, je la vois arriver en cherchant, je continue mes appels. Elle s'arrête à 20 mètres devant moi, plein travers, je rappelle, elle bifurque et vient droit sur moi, elle descend dans le ruisseau encaissé, j'en profite pour armer mon arc.
Elle ressort juste à 8 mètres de moi, de face et s'immobilise au bord du ruisseau. Je pose mon viseur à la base de son cou et décoche. Un impact impressionnant retentit, le chevreuil se cabre sur les pattes arrière et plonge dans le ruisseau. Je m'attends à le voir ressortir et s'éloigner mais rien ne bouge. Je m'avance doucement et aperçois ma chevrette qui est tombée au fond du ruisseau. Elle a été séchée sur le coup. Je m'avance vers elle, la flèche est restée en travers et s'est cassée dans la chute. La partie empennage dépasse du devant de son épaule et la lame dépasse juste du cuissot.
J'appose le bracelet, lui attache les pattes et la charge sur l'épaule pour la ramener à la voiture. En route, je croise des chercheurs de champignon, discute un moment avec eux et leur demande le secteur qu'il compte prospecter pour éviter de les croiser.
Mon chevreuil dans le coffre de la voiture, je repars en chasse. Je retourne le long du ruisseau et le longe doucement en appelant régulièrement mais rien ne vient. Je ressors sur la piste et m'avance dans le bois en me postant régulièrement pour appeler mais toujours rien et les chercheurs de champignons commence à se multiplier. Je tente d'aller plus loin mais une menée et des coups de feu proches me décident à retourner à la voiture pour changer de secteur. Je décide d'aller chasser vers un lac entouré de bois alors que le soleil fait son apparition.
En route, j'aperçois 3 chevreuils au gagnage, à 300 mètres en contrebas, dans le chaume de maïs récemment moissonné au bord du lac que je chasse habituellement. Je reste un moment à les observer de ma voiture. Je connais bien le secteur et suivant leur direction, je tenterais d'aller les intercepter soit un peu plus loin à la traversée de la route ou en redescendant vers le lac. Les chevreuils semblent partis vers la digue du lac. Je fais donc demi-tour et pars me garer en haut du chemin qui descend vers le lac. Je me prépare en observant les chevreuils qui arrivent vers la route. Je ne peux pas descendre par la route sans être vu, je pars donc en longeant le chemin d'accès encaissé à une habitation située à environ 200 mètres. La hauteur du talus du chemin me permet d'avancer rapidement sans être vu. Un peu plus loin je quitte le chemin pour m'avancer derrière une grosse haie pour observer les chevreuils que je ne vois plus de ma position.
Arrivé dans la haie, je cherche un moment les chevreuils mais impossible de les voir. Le paysage est maintenant découvert sans les maïs et je ne comprends pas comment ils ont pu rentrer à couvert si vite alors qu'ils ne semblaient pas m'avoir repéré. J'attends un moment mais toujours rien, je ressors donc sur le semé de colza et biaise doucement vers la route qui descend vers le lac mais alors que je suis en plein milieu du découvert, les chevreuils, une chevrette et ses chevrillards, remontent le talus du lac derrière lequel ils avaient disparu. Ils sont encore à 200 mètres environ mais ils m'ont vu et commence à s'affoler.
Ils démarrent et commencent à s'éloigner, j'attrape mon Butollo et lance quelques appels. Les chevreuils s'arrêtent et regardent vers moi, je m'éloigne doucement en appeautant, le dos voûté et les chevreuils me laissent passer à couvert derrière le talus de la route sans partir. Je me fais oublier et les observe un bon moment puis ils recommencent à partir vers la digue du lac. Je repars par le chemin de l'habitation mais cette fois je presse le pas et passe l'habitation puis jette un coup d'œil en arrière, les chevreuils sont toujours là. Je passe derrière la crête de la colline et descends rapidement jusqu'à être masqué par le relief du terrain. Je cours pour rejoindre le bord du ru, traverse par le passage busé au coin du bois puis presse le pas pour longer le ru en direction du lac. Je longe un moment derrière une haie épaisse et au moment où elle s'interrompt, un mouvement me surprend dans le chaume sur ma droite. Je tourne la tête et aperçois 3 chevreuils qui s'enfuient. Je m'agenouille et commence à appeler au Butollo. Les chevreuils qui viennent de sauter le ru à 50 mètres environ, s'arrêtent dans le champ travaillé sur ma gauche et semble biaiser doucement vers moi avant de reprendre le galop et de foncer vers le bois.
Je suis pris d'un doute, j'ai du mal à croire que ces 3 chevreuils étaient ceux vu précédemment. Dans le doute, je poursuis vers le lac puis avance doucement dans le chaume mais les chevreuils ne sont plus là, c'était donc eux qui m'ont bien eu. Je remonte tranquillement vers la voiture quand à 500 mètres environ, j'aperçois 3 chevreuils qui remontent vers la route de crête, cette fois tout s'éclaire, ils ont en fait fait demi-tour alors que les 3 autres chevreuils devaient être couchés dans l'autre chaume.
Les chevreuils remontent en suivant la bordure d'une friche d'herbes sèches sur un champ travaillé, ils sont à 60 ou 70 mètres de la route de crête et j'ai un bon bout de chemin à parcourir pour les intercepter. Je prends le pas de course et remonte jusqu'à la route de crête puis cours vers le passage que les chevreuils prennent habituellement pour traverser la voirie. Dans ma course, je finis par les perdre de vue dans le creux de la combe.
Arrivé au niveau de la friche, je ne les vois pas. Le champ monte légèrement puis redescend au niveau d'un pylône EDF. Je décide de tenter de me poster derrière ce pylône et m'avance doucement mais alors que j'y suis presque, je cherche les chevreuils sans les voir et avance encore d'un pas quand la tête de la chevrette surgit des hautes herbes à 20 mètres en contrebas. Je me fige mais elle démarre, ses petits se lèvent des herbes hautes et la suive. Je m'agenouille et commence à les appeler mais ils hésitent un instant avant de s'éloigner en suivant une combe qui remonte vers la route.
Je les laisse passer derrière la crête de la colline puis pars au pas de course pour tenter de les intercepter un peu plus loin mais ils sont trop rapides et je me trouve à découvert. Nous nous regardons un moment de loin puis je fais demi-tour et retourne à ma voiture alors qu'ils reprennent leur course.
Au dépeçage, je constate que ma flèche rentre devant l'épaule gauche, passe entre les côtes et l'omoplate puis sectionne plusieurs côtes, rentre dans la cage thoracique et touche le foie, la rate, les viscères, sectionne le fémur et ressort à côté de l'anus dans le cuissot gauche. Le fait que le chevreuil soit tombé sur place sans que ma flèche n'ait touché la colonne vertébrale est difficilement explicable. Encore un grand merci à Vincent et Eric pour mon nouveau Butollo.
Alex