Ce weekend, j'ai relevé l'invitation d'Alain Conesa, taxidermiste dans le Cantal (http://www.conesataxidermiste.fr/), pour une battue au cerf à Antignac. Vendredi soir, en sortant du boulot, vers 17h30, mes affaires étant déjà dans la voiture, je pars directement pour le Cantal. Un peu retardé par les bouchons sur Toulouse, j'arrive à Antignac vers 22h30. J'appelle Alain pour qu'il me guide jusqu'à chez lui et il me dit de faire attention sur la petite route qui monte vers son habitation car il est fréquent de croiser des animaux. Je suis les panneaux "TAXIDERMISTE" quand je tombe sur un petit brocard avec de petits boutons sur le sommet du crâne. Il est à l'arrêt et fait face à un gros chat tapi dans les herbes du bas-côté. Je m'arrête et les regarde un moment puis me décide à prendre mon appareil photo mais c'est juste à ce moment que le chat décide de traverser la route et de remonter dans le bois sur ma droite. Le chevrillard s'avance sur la route et commence à longer le bas-côté pour s'arrêter au bout de la lumière de mes phares. Je redémarre avec l'appareil photo à la main. Le petit chevreuil trottine devant la voiture puis s'arrête alors que la route fait un Y.
Nos routes se séparent ici, il prend à gauche et moi à droite. Un peu plus loin c'est une biche que j'aperçois, elle longe le bord de la route puis rentre au bois sans que j'ai le temps de prendre une photo. Cette fois ça y est, je suis arrivé, une tablée d'archers est entrain de déguster une fondue de chamois, chevreuil et mouflon. C'est l'occasion de faire un peu connaissance avec des archers qui n'étaient pour moi que des pseudos sur Archasse et de pouvoir contempler de près le travail d'Alain qui est vraiment remarquable par sa qualité. La soirée va se poursuivre jusque tard dans la nuit et ce n'est que vers 2 heures du matin que nous pouvons fermer l’œil. La nuit sera courte car nous avons rendez-vous à 7h30 à la salle des fêtes d'Antignac.
Fred, alias Bucheron 15 qui nous empêchait de dormir la veille, n'est pas en état de se lever. Il a un peu forcé sur la boisson la veille. Nous allons chasser sans lui. Il a bien gelé ce matin et les parebrises sont givrés. Arrivés au rendez-vous, nous retrouvons d'autres arches. Après avoir signé le carnet de battue et les consignes de sécurités énoncées par Alain, nous formons 3 groupes d'environ 10 archers qui partiront avec 3 chefs de ligne. Nous pouvons tirer un chevreuil, un cerf, une biche et les sangliers et renards. Je pars avec un groupe d'archers pour la première traque de la matinée. Nous suivons notre chef de ligne et partons nous garer près de la voie ferrée puis nous remontons par un chemin forestier pour nous poster sur le haut de la traque. Les premiers archers sont postés sous le chemin forestier. Nous débouchons sur un pré encore blanc de givre.
C'est à mon tour de prendre un poste, sur les consignes du chef de ligne, je me détache du groupe pour me positionner derrière un gros chêne au bord d'une cassure.
Je regarde mes angles et possibilités de tir. Une grosse coulée remonte sur ma gauche et traverse un petit bouquet d'épines noires dans mon dos. Au travers de la végétation, j'aperçois le gilet fluo du posté suivant.
Sur ma droite une zone claire de fougères.
L'attente commence et le coup de trompe annonçant le début de battue retentit alors que les chiens et les traqueurs qui arrivent sur ma droite se font déjà entendre. Mon poste est à l'ombre et il ne fait pas chaud. Je change régulièrement mon arc de main pour les mettre aux poches. Les chiens finissent par lancer et s'éloignent. Le calme revient et le temps passe dans le froid à danser sur un pied puis sur l'autre et à tenter de me réchauffer les doigts, il me semble entendre au loin un cerf qui brame. Au bout d'un moment les 3 coups de fin de battue résonnent. Je répète et me déposte pour retrouver le soleil dans la zone de fougères, un peu de chaleur enfin.
Les zones ombragées sont encore gelées. Je pars retrouver les postés suivants.
Un renard a été vu et il semble qu'un chevreuil ait été fléché sur la ligne du bas. Nous revenons vers les voitures où les traqueurs nous donnent un peu plus de précisions, le chevreuil n'a pas été retrouvé pour l'instant et une recherche au sang va être entamée. Nous aurons un peu plus de précisions par la suite, il semble que ce chevreuil tiré en mouvement soit touché au train arrière. Pendant qu'une pré-recherche commence nous attendons un peu mais une vraie recherche au sang s'impose et un conducteur de chien de sang est contacté.
Nous partons pour la seconde traque de la matinée. Nous nous garons près d'une pâture où paissent quelques vaches salers et un beau taureau. Les clarines tintent en permanence et il est difficile d'entendre autre chose. Le chef de ligne nous poste le long d'un muret de pierre et j'hésite. Me poster derrière ou devant dans le bois.
Je suis le premier posté de la ligne, les autres continuent pour se poster à intervalles réguliers. D'autres archers ferment au-dessus de moi.
Finalement, je décide de me poster dans le bois derrière de gros arbres. Je fais place nette à mes pieds en balayant les feuilles mortes et les brindilles pour pouvoir pivoter sans bruit, je contrôle mes angles de tir et observe le posté suivant qui aménage son poste. Ça y est, je suis paré. Le coup de corne retentit et les traqueurs et les chiens arrivent par ma droite. Le temps passe et le secteur semble bien calme. L'agriculteur arrive pour changer ses vaches de pré et leur fait traverser la route dans un concert de clarines. Elles sont maintenant dans mon dos.
Finalement, les 3 coups de cornes retentissent sans que les chiens n'aient donné de la voie. Nous répétons et nous nous dépostons. J'en profite pour faire une photo de ce beau taureau salers.
Le conducteur de chien de sang viendra cette après-midi. Nous retournons à la salle des fêtes pour le repas de midi. Après un coq au vin avec des pattes nous repartons chasser sur un nouveau secteur.
Nous nous garons et partons à pied vers nos postes en suivant notre chef de ligne. Nous traversons un pâturage occupé par un troupeau de génisses salers puis nous commençons à poster la ligne du bas en bordure du bois. Les jeunes vaches, un peu affolées, courent en tous sens. Je décide de ne pas me poster dans les premiers cette fois et prends un des derniers postes de la ligne. Aurélien qui m'accompagne en voiture depuis ce matin est posté juste avant moi. Je me poste derrière quelques hêtres et dégage le sol pour le rendre silencieux. Aurélien est remonté un peu plus dans le bois et prépare son poste. Coup de corne, la battue commence, les traqueurs et les chiens passent plus haut quand, tout à coup, un bruit de pas dans les feuilles mortes me fait tourner la tête à gauche. C'est un renard qui vient droit sur moi. Il passe derrière un arbre, j'arme mon arc, il slalome entre les hêtres et je pense le voir passer juste derrière moi mais il bifurque et sort dans le pré pour longer la bordure du bois. Je le suis dans mon viseur en attendant une fenêtre de tir mais il avance au petit trot et va me passer à 8 ou 9 mètres environ. Le temps d'aligner ma visée, de compenser sa trajectoire et de trouver une fenêtre de tir... mon tir est juste derrière le renard. Ma flèche ricoche sur un caillou et par se ficher 40 mètres plus bas dans le pré.
Mon voisin a été alerté par ma décoche, le renard qui a à peine accéléré remonte dans le bois, droit sur Aurélien qui lui décoche une flèche à son tour. Un bruit dans la végétation puis plus rien. Quelques temps plus tard, les génisses se rapprochent prudemment de la clôture en bordure du bois et commence à humer les ronces et je pense alors que le renard a été fléché et qu'il est mort.
Les génisses se remettent à tourner dans le pré alors qu'un voiture suivie de plusieurs vaches passe sur un chemin de terre de l'autre côté de la pâture.
Quelques geais se débinent en sous-bois mais le secteur est calme et les chiens ne semblent pas trouver grand-chose. Les traqueurs repassent en sens inverse puis sonnent la fin de battue. Je pars chercher ma flèche et la retrouve assez facilement. Pas de trace suspecte, mon impression était bonne, je suis passé derrière le goupil.
Aurélien sort du bois. Je lui demande s'il a eu le renard mais il me répond que non, il a tiré en équilibre précaire sur une souche et a manqué sa cible. Nous apprendrons par la suite que le renard a fait toute la ligne des postés sans encombre. Nous rejoignons les autres arches et retournons aux voitures.
Les nouvelles de la recherche au sang ne sont pas bonnes. Le chevreuil semble perdu. Nous partons pour une seconde traque, nous avons changé de chef de ligne, les postés se répartissent le long d'un chemin forestier, je suis dans les 3 derniers. Nous remontons à travers bois pour fermer la traque. Nous ressortons dans un petit pré et je pars me poster derrière un arbre abattu à 2 mètres du sol, la souche me camoufle un peu et les arbustes autour font un bon écran. Les 2 derniers archers doivent faire demi-tour car la ligne du haut a déjà pris les postes. Les traqueurs et les chiens ont déjà lancé la chasse alors qu'ils se postent en dessous de moi dans le bois. Les chiens sont vite là et sortent au-dessus de moi avec un traqueur puis remontent. Tout à coup, un bruit de pas dans les feuilles mortes me fait me retourner. C'est un fox terrier qui biaise à travers bois et ressort dans le pré. Puis la fin de battue est sonnée, je redescends et rattrape les archers regroupés en pleine discussion. 2 chevreuils ont traversé la ligne au galop.
Nous partons pour une autre traque. Je pars me poster sur les consignes d'un des traqueurs d'ans l'angle du bois. Je rentre un peu et me poste au milieu des houx. Les traqueurs et les chiens rentrent dans le bois sur ma droite et lancent rapidement un animal. "Chevreuil !" C'est une chevrette que j'entends juste passer sans la voir, elle sortira au poste de Benoit, alias Vulpes03 sur le forum Archasse, qui est posté juste après moi. Les traqueurs et les chiens s'éloignent, le calme revient puis la fin de battue est sonnée. Décidément, ce n'est pas aujourd'hui que je verrai un cerf ! Une biche et quelques chevreuils ont été aperçus.
Le temps passe et il reste peu de temps avant la nuit. Alain décide de faire une petite traque de la dernière chance. C'est Fred (Bûcheron15) qui va poster la ligne au fond d'une combe boisée. Les archers se positionnent à environ 20 mètres les uns des autres. Je trouve un coin qui me plait bien avec une belle coulée et un bouquet d'arbustes pour me camoufler. Je prends le poste mais Fred décide d'y mettre un autre chasseur et m'envoie me poster plus haut entre ce poste et celui de Benoit. Dommage, je le sentais bien. 2 archers viennent se poster 40 mètres au-dessus de nous. La traque commence, les hommes et les chiens passe à mi-pente sur le travers d'en face. Tout à coup, un bruit de pas résonne dans les feuilles mortes puis stoppe, je ne vois rien pour l'instant mais je pense à un chevreuil. Je jette un coup d’œil sur le posté qui devait prendre mon poste mais qui s'est mis un peu plus loin. Il vient d'armer son arc mais reste armé et ne décoche pas. Un brocard surgit sur le chemin au fond de la combe, passe au pas juste où j'étais posté ("normal") puis biaise au pas en remontant doucement sur notre penchant. La végétation et les branches ne me permettent pas un tir quand le brocard décide de stopper à environ 12 mètres, plein travers dans une fenêtre de tir bien dégagée. J'analyse rapidement la situation mais laisse faire, il va droit sur Benoit avec qui je viens de discuter avant de me poster. Il n'a jamais fléché de chevreuil et c'est peut être sa chance.
Le chevreuil reprend sa marche au pas et monte droit sur Benoit comme je le pensais, ce dernier caché derrière un gros chêne attend que le chevreuil passe le gros arbre pour tirer mais il ne voit pas ce qui se trame. Le chevreuil arrive droit sur lui tranquillement. Quand il s'en aperçoit, il est trop tard, le chevreuil est à 3 mètres devant lui et détecte son mouvement d'armement. Il zigzague en tous sens puis part au galop et remonte le penchant opposé. Je suis navré pour Benoit. C'était une belle occasion, dommage. Un autre animal sera lever par Alain mais ne sera pas vu, certainement un sanglier qui fera rouler quelques pierres au-dessus des archers un peu plus loin. La fin de battue sera sonnée peu de temps après.
Après un repas sympa pris avec quelques archers chez Alain et une nuit un peu moins agitée que la précédente dans la salle d'exposition, au milieu des trophées naturalisés, le réveil sonne vers 7h30 pour une nouvelle journée de chasse. Ce matin seuls quelques archers sont restés et nous allons chasser en mixte avec les carabines.
La première traque se trouve de l'autre côté de la route par rapport à la seconde traque de la veille. Sur les consignes du chef de ligne, je pars me poster au bout d'un muret de pierres qui sépare 2 prés dans le même bois que la veille en face de la traque. Il a bien gelé encore cette nuit mais un peu moins qu'hier.
Les clarines tintent et couvrent les bruits de la nature. Au loin un cerf brame. Les traqueurs attaquent avec les chiens au-dessus des salers. Benoit est posté à l'angle du bois au bord de la route en face de moi. J'aperçois à peine son gilet fluo. Au bout d'un moment, les chiens donnent de la voie. Des coups de carabine résonnent en haut du bois. Une chevrette surgit du bois d'en face, descend le talus de la route, traverse la chassée, passe sous les barbelés et biaise vers le bois où je suis posté mais passe au galop à 20 mètres environ. Je ne la siffle pas, elle est trop loin.
Elle rentre au bois et passe à environ 12 mètres dans mon dos au pas dans le sale puis passe la crête et disparaît.
Un peu plus tard, Alain annonce : "Cochon, attention cochon, attention...". J'ouvre grand les yeux quand un gros sanglier déboule sur le talus puis saute sur la route et la suit un moment jusqu'à ce que je le perde de vue derrière un petit muret de pierres.
Le calme revient, Benoit qui ne supporte plus les clarines se déplace dans le bois et se retrouve pile en face de moi, il coupe mon poste mais je pense que la chasse ne va pas durer longtemps à cause de la présence de sangliers. Une vache curieuse qui a vu bouger, se rapproche et vient m'observer et me ternir compagnie un moment.
La fin de battue est sonnée. Un archer a manqué un sanglier et un autre a été blessé par un carabinier. La société de chasse décide de faire une battue avec la société de chasse voisine sans faire la recherche au sang. Le tir des cervidés n'est plus autorisé et nous nous retrouvons en pièce rapportée au milieu de cette grande battue. Je ne suis pas très à mon aise avec des carabines dans mon dos et je me poste pour le fun près d'Alain. Des chiens lancent et j'aperçois passer un chevreuil dans les fourrés. Je l'annonce à Alain et au moment où je me retourne, le chevreuil gêné par les voitures et les remorques des chiens a bifurqué et s'est planté à 3 mètres devant moi. Il reste un moment sans bouger, comme s'il savait qu'il ne risquait rien puis il part vers le poste d'Alain. C’est sur cette sympathique rencontre que se terminera mon weekend de chasse dans le Cantal car nous ne sommes pas motivés pour la seconde battue au sanglier de la matinée.
Alex