Ce matin, je suis décidé à retourner sur la place de brame où j'ai blessé mon cerf. Patrick m'a parlé d'un très gros cerf qu'il a pu observer dans la semaine et je croise les doigts pour qu'il s'agisse du cerf blessé. Le réveil sonne vers 5 heures, je me prépare et pars pour Sarrancolin. Le ciel est bien étoilé, une belle journée s'annonce. Arrivé à l'entrée de Sarrancolin, je prends le chemin de hèches qui monte jusqu'au lieu-dit "A Panès" et me gare dans le dernier virage près du ruisseau. J’entrouvre la portière et tends l'oreille mais pas de brame dans le secteur, seul le bruit du ruisseau qui emplit l'air frais du matin.
Vers 6h30, je quitte ma voiture pour monter vers la place de brame et alors que je m'éloigne du bruit du ruisseau, je commence à entendre au loin, sur le versant opposé de la montagne les premiers brames. Le jour se lève petit à petit alors que je me rapproche du sommet de la montagne. Des sonos crachent un son techno sur le flanc opposé de la montagne, de l'autre côté de la route et cette musique poussée au maximum vient un peu gâcher la quiétude de ma matinée. C'est en fait une rêve-party. Le chemin bordé de fougères débouche sur une placette enherbée. Les chevaux broutent au milieu des genets sur le chemin de crête qui part dans mon dos. Le son de leurs cloches trouble le calme montagnard. Je traverse tranquillement la zone d'herbe rase puis rattrape un chemin de terre pierreux qui débouche un peu plus loin sur la place de brame. Le côté droit du chemin borde une zone boisée clôturée avec des fils électriques alors que le côté gauche descend sur une zone de fougères. 2 chevreuils démarrent à moins de 10 mètres sur ma droite et disparaissent dans les repousses de hêtres. Le chemin fait un léger arrondi autour de quelques arbres et alors que je les contourne doucement. Un grondement me fait lever les yeux. J'ai juste le temps d'apercevoir l'arrière train d'un grand cervidé non déterminé qui se jette dans la pente du côté des fougères. Je m'avance doucement quand des craquements me font tourner la tête vers le bois. Un jeune cerf, 6 cors dont seule la tête dépasse de la végétation m'observe à 15 mètres environ puis fait volte-face et s'éloigne à grand bruit dans la pente. Je reste un instant à l'écoute puis reprends ma progression lentement et en essayant de rester silencieux alors que les craquements viennent de s'interrompre. Le bruit reprend et s'arrête régulièrement en longeant à environ 30 mètres du chemin, je progresse lentement pour tenter d'apercevoir les animaux car il semble y avoir plusieurs cervidés à les entendre. Les animaux finissent par plonger dans la pente.
Je débouche sur la place de brame au bout du tunnel de noisetiers. Le son techno est toujours aussi présent. Des brames puissants se font entendre dans le creux sur la droite. Ces cerfs doivent être impressionnants mais sont hors de mon territoire de chasse sur la société de Hèches-Rebouc. Je m'avance doucement sur le chemin qui longe dans les genets clairsemés où j'ai fléché le cerf la semaine dernière quand un brame retentit dans les fougères, dans la pente de gauche. Je me décale rapidement dans les genets. Un cerf surgit à découvert dans une zone d'herbe rase à environ 80 mètres et pousse un brame léger. C'est un beau cerf mais son trophée ne semble pas exceptionnel et, à sa carrure, il est certain que ce n'est pas mon cerf de dimanche dernier.
Il semble vouloir traverser vers l'autre société de chasse et je décide de tenter une approche en prenant le parti de lui couper la route un peu plus bas. Je bouge à peine vers la droite alors que le cerf brame à nouveau sans conviction mais ce dernier repère le mouvement et regarde vers moi. Je me fige à moitié caché derrière un genet. Le cerf intrigué commence à venir vers moi mais le vent qui biaise vers lui le rappelle vite à l'ordre et il démarre, tête haute pour traverser dans les genets au petit trot avec la grasse du roi. Il stoppe en dessous de moi et ne peux plus me sentir, je suis maintenant à bon vent. Je sais que mes chances sont faibles mais je tente un coup de brame, effet immédiat, le cerf fonce dans la pente hors du territoire de chasse, ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas le dominent du secteur. Je tente de l'apercevoir en m'avançant dans le sous-bois mais il doit déjà être loin.
Je pars faire un tour vers la grande piste taillée dans le rocher sur le flanc de la montagne opposée. Je coupe les virages du chemin en passant par une grosse coulée dans des fougères et des buis, le sol est jonché de traces. En arrivant au départ de la piste, j'entends un raire dans le bois au-dessus du chemin. Je me cale contre un talus de plusieurs mètres et avance ainsi à couvert puis commence à monter caché par des petits hêtres qui bordent une petite clairière enherbée. Encore un raire, je m'avance doucement mais le cerf que je ne peux pas encore voir m'a aperçu au travers des feuillages et pousse un grondement d’alerte. Je me fige et tente de l'apercevoir mais un second grognement précède un départ qui casse du bois sans que je puisse le voir. Je redescends rapidement du talus et m'avance rapidement vers un virage du chemin à 50 mètres environ avant de remonter dans la coulée la plus fréquentée en espérant voir arriver le cerf mais il est monté vers les sommets. Je coupe lentement à travers bois pour rejoindre la piste et il me semble entendre tousser en dessous. Je ressors sur la piste puis la longe en surveillant le dessous à la recherche d'un cerf. J'arrive à l'abreuvoir au bout de la piste quand je croise le même chasseur que dimanche dernier, il fait le pied et vient de trouver les sangliers qui semblent remisés au-dessus de nous. Il part vérifier la piste du dessus pour voir s’ils ne sont pas montés alors que je pars jeter un coup d’œil dans l'enclos un peu plus loin. Rien ce matin, si ce n'est un chevreuil qui démarre 40 mètres plus bas sans se montrer et en aboyant. Le son techno rugit toujours au milieu de quelques brames lointains.
Je retourne vers la place de brame. Les cerfs ne brament que sur le penchant de la société voisine, je décide de cacher mon arc sous des feuilles mortes et de tenter de m'approcher de ces cerfs pour les voir. Je descends le long du chemin de terre, plusieurs cerfs à la voix impressionnante brament soit sous le chemin soit contre le flanc opposé de la montagne mais la végétation est trop dense et je ne parviens pas à les voir. Je reste un moment à les écouter puis remonte vers le col pour récupérer mon arc. Je reste un moment à l'écoute pour tenter de repérer un cerf chassable mais le temps passe et toujours rien. La sono finit par se taire alors que le soleil commence déjà à taper. Je me pose sur un rocher à l'écoute. Vers 11 heures, un brame timide se fait entendre vers la piste taillée dans le rocher et je me relève pour tenter une approche mais au même moment la voix d'un chien retentis en haut de la montagne. Je me rapproche tranquillement de l'endroit estimé du brame quand des pneus crissent sur les graviers de du chemin. C'est l'équipe de Sarrancolin qui vient pour les sangliers.
3 4x4 s'arrêtent à ma portée, ce sont les piqueurs avec les chiens, ils m'informent que les lignes de postés sont en place et qu’ils vont lâcher vers l'abreuvoir. L'un des piqueurs me parle d'un gros cerf vu vendredi soir et qu'il a photographié puis ils partent lâcher et je décide de me poster au-dessus de la piste sur une grosse coulée de cerf. Les 4x4 s’éloignent et je remonte doucement au-dessus de la piste mais j'aperçois un posté un peu plus haut. Je le salue et fais demi-tour pour ne pas le déranger. Je vais longer la piste et surveiller les traversées au cas où la battue dérangerait un grand cerf.
Je m'avance doucement sur la piste vers un passage obligé dans le rocher quand un coup de carabine venant du posté que je viens de saluer me fait sursauter. Des animaux descendent vers la piste dans un bruit de feuilles sèches piétinées et retournées. Le bruit s'arrête juste en haut du talus rocheux puis 3 sangliers sautent d'un trait sur la piste et la traverse dans la foulée. Une bête rousse en tête de 40 kg environ et 2 petits d'à peine plus de 10 kg qui la suivent. Ils sont presque plus noirs que la bête de tête ce qui est curieux à leur âge. Les sangliers se débinent dans la pente et passent à 30 ou 40 mètres en dessous de moi avant de prendre la descente. La voix des chiens se fait maintenant entendre, ils arrivent vite à la piste et la traverse à 10 mètres plus loin, que les sangliers pour éviter l’à pic rocheux puis reprennent le pied et foncent vers la vallée. Une biche dérangée par les chiens remonte vers moi puis se cale dans une boule de buis. Rapidement 2 autres coups de carabine résonnent sur le flanc opposé de la vallée et les chiens s'arrêtent.
Je continue à longer la piste en cherchant du regard vers le bas. Rien, je retrouve les piqueurs un peu plus loin, ils n'ont pas eu le temps de lâcher seuls quelques chiens qui ont échappés ont fait la chasse à 10 minutes. Sur le flanc de montagne opposée, un posté qui a tué un des petits sangliers peine à séparer 2 courants qui se le disputent. Le petit sanglier finit par rouler vers le chemin un peu plus bas où un autre chien l'intercepte. Le premier coup de carabine a été mortel lui aussi d'après ce que je comprends. Le piqueur qui a pris le cerf en photo me propose de venir le voir au 4x4 sur son APN. Je le suis, les images défilent puis s'arrête sur un cerf énorme à la robe chocolat et bien coiffé, j'en suis presque sûr, il semble s'agir de mon cerf. Je n'avais pas noté le détail de la couleur particulière de son pelage car il était trempé à cause des précipitations de dimanche dernier mais ses bois... il me faut tout faire pour le retrouver, je vais me focalisé sur cet animal durant ma semaine de congés, au moins les premiers temps.
Les 4x4 font demi-tour et je retourne vers le bout de la piste, j'en fais de même et retrouve une partie des postés et les piqueurs autour d'une laie de près de 50 kg environ. Vu les tétines c'était la mère des petits. Les allaites sont sèches, ils étaient donc sevrés. Les chasseurs quittent les lieux et la montagne retrouve son calme mais les cerfs dérangés par la battue se sont tus. Je décide de sauter le repas de midi et de rester en montagne jusqu'au soir. Il est 12h30 environ et je m’allonge au soleil pour une petite sieste.
Vers 14h30, les premiers cerfs recommencent à bramer mais sur la société voisine. Ils semblent remonter vers le col, je décide d'aller me poster au coin du bois, à l'endroit où j'ai perdu de vu mon cerf fléché. Je me pose, assis sur une vielle souche à moitié pourrie. J'ai une bonne vue d'ensemble du col devant moi et écoute les cerfs qui remontent doucement à donnant de la voix.
Au flash, le faon fait volte-face et fonce dans la pente avec sa mère qui fuit sans vraiment savoir pourquoi. Ils s'arrêtent 30 mètres plus bas et la biche commence à pousser des cris d’alerte.
Je m'éclipse doucement et rattrape la piste à flanc de montagne, rien jusqu'à l'abreuvoir. Je fais demi-tour et reviens doucement quand, arrivé presque au bout de la piste, un brame tout proche retentit. Je m'avance lentement et aperçois un jeune cerf qui arrive. Je me cale rapidement contre la paroi rocheuse et attrape l'APN. Je pose mon arc et m'avance doucement prêt à prendre une photo, le cerf est à moins de 20 mètres, il broute paisiblement sur la bordure de la piste. Je le prends en photo mais malgré le flash il ne bronche pas. Je me rapproche encore un peu et prends un autre cliché, le flash lui fait lever la tête. Il regarde un instant vers moi puis rebaisse la tête et se remet à brouter. Je m'approche encore un peu et recommence à prendre une photo, à nouveau le cerf redresse la tête et regarde vers moi sans comprendre avant de se remettre à brouter.