Ce matin, je décide d’aller faire un tour à la chasse, il a plu cette nuit et les conditions d’approche devraient être bonnes. Parti à 4h30 de chez moi, j’arrive sur place vers 5h15 au moulin du Justian mais il fait encore nuit noire, j’ai mal calculé mon coup. J’attends donc un peu dans la voiture que la luminosité augmente. Vers 5h45, il fait un peu plus jour mais le temps couvert allonge un peu la nuit. Je me prépare et remonte le chemin de terre qui me conduira vers un grand champ de blé.
Je slalome entre les flaques du chemin boueux, sur ma droite une zone arborée qui longe la rivière sur ma gauche une haie trouée de grandes ouvertures qui donnent sur une friche. Pas de chevreuil ce matin. Le chemin tourne pour rentrer en sous-bois et ressortir pour longer une friche sur ma gauche et une haie longeant un grand champ de blé sur ma droite. J’avance doucement en tentant d’apercevoir un chevreuil sans succès. La friche fait place à un champ de blé. Toujours pas de chevreuil. Le chemin longe ensuite entre deux haies et ressort en tournant à 90° pour rejoindre la rivière entre 2 champs de blé. J’avance doucement mais j’aperçois trop tard un chevreuil à 100 mètres qui s’enfuit en faisant de grands bons au-dessus du blé pour rejoindre la bordure de la rivière.
Je décide de traverser la rivière. Le chemin la traverse dans une zone peu profonde. Vu l’humidité de la végétation je finirai la matinée avec les pieds mouillés de toutes façon. Je remonte un peu mon pantalon et commence à traverser. Regardant plus où je pose mes pieds qu’autre chose, j’aperçois du coin de l’œil un mouvement. Un ragondin vient de passer par-dessus les pierres qui barrent le courant et le temps d’encocher ma flèche à ragondin il est déjà trop loin. Un autre mouvement attire mon regard sur ma gauche. Un très gros ragondin descend le courant et me fonce droit dessus. Le temps d’armer l’arc et de viser il n’est qu’à 3 mètres de mes pieds. Je lui décoche ma flèche qui le traverse, rentrant au ras de cou et ressortant derrière les côtes. Le ragondin se débat, remonte sur la berge, retombe à l’eau, se débat encore alors que le courant le ramène vers moi. Le sang se met à jaillir de façon impressionnante avant que le ragondin ne s’immobilise et arrive à mes pieds où je le saisis par la queue. C’est un gros mâle.
Je le prends par une patte arrière et longe la bordure de la rivière sur la rive opposée. Pas de chevreuil ce matin. Un peu plus loin, je retraverse la rivière sur un passage peu profond et longe le blé vers un bras mort de la rivière qui forme une mare. Les herbes hautes et le blé sont marqués de nombreuses coulées de ragondin et de sanglier. Au coin de la mare une tête de chevrette surgit du blé avant de détaler en aboyant.
Je retourne sur le chemin de terre et pose mon ragondin dans la fourche d’un arbre avant de remonter dans ma friche. J’avance dans les herbes hautes et suis rapidement trempé. Je traverse par un passage un bout de haie qui prolonge le bois à mi-pente. Je regarde les alentours pour tenter d’apercevoir le brocard que j’ai approché couché l’autre jour à 15 mètres. Il ne semble pas là ce matin. Je reprends ma marche sur la droite quand un aboiement dans mon dos me fait me retourner. Le brocard était la dans l’herbe haute à 100 mètres sur ma gauche. Il démarre en aboyant et descend vers le chemin forestier. Je le laisse passer à couvert derrière le relief et attaque de redescendre vers le chemin pour tenter de le couper. Après une belle séance de patinage dans la pente boueuse qui se finit par une belle chute, je descends en courant vers le chemin de terre puis longe en courant derrière la haie pour ralentir alors que la haie s’éclaircit. Le brocard longe à mi-pente sous un petit bosquet qui termine la friche. Il avance au pas en aboyant régulièrement et en se retournant pour tenter de m’apercevoir là où il m’a vu avant sa cavalcade. J’avance doucement puis m’accroupit pour continuer à avancer alors que la haie s’interrompt. Il me tient à 60 mètres et je n’arrive pas à me rapprocher plus. J’avance dès qu’il tourne la tête mais j’accroche une herbe qui en cassant fait retourner le brocard vers moi. Il m’observe un moment puis se remet en marche pour se retourner aussitôt puis fait encore quelques pas et se retourne à nouveau. Je reste immobile jusqu’à ce qu’il reprenne sa marche. Encore une fois j’arrache une herbe en passant et cette fois le brocard me regarde un long moment avec insistance et se retourne pour faire quelques pas dans ma direction. Au bout d’un moment il repart d’un pas décidé. Je l’aboie mais il rentre au bois.
Je fais demi-tour et reprend ma marche à travers la friche où je l’avais interrompue. Je longe sous la bande boisée, en arrivant au bout de cette bande boisée, j’aperçois un mouvement au coin d’une grosse haie qui basse la friche sur le travers opposé. Un chevreuil se détache dans les hautes herbes et m’observe avant de remonter vers le bois. Un mouvement de l’autre côté de la haie me fait poser les yeux sur un beau lièvre assis dans l’herbe haute. En remontant vers la route, j’aperçois 2 autres lièvres qui finissent par détaler dans un petit carré de tournesol.
Arrivé à la route de crête, je pars jeter un œil au petit bosquet coupé en 2 par la ligne électrique. Rien ne bouge ce matin. Je remonte la route entre 2 bois puis tourne au coin du bois pour longer le blé en redescendant vers le coin du champ de féveroles. Je finis par apercevoir la tête d’un brocard dépasser au-dessus du blé.
Je repère le passage de tracteur le plus proche du brocard et avance vers ce dernier pour remonter vers ce brocard. Le relief du champ me cache dans un premier temps mon brocard. J’avance doucement quand un chevreuil aboie dans mon dos en rentrant dans le bois. Je n’aurais pas vu passer le brocard ? Je continue d’avancer doucement et finis par apercevoir les oreilles et les bois du brocard.
Je ralentis encore et avance au grès des mouvements de tête de l’animal. Un cheval dans son enclos qui jouxte le blé court en longeant la clôture et s’arrêt régulièrement en me fixant et en soufflant puissamment par ses naseaux. Ce manège finit par inquiéter le brocard qui se met à fixer la direction du cheval. Un milan tourne sur me tête en criant. Le brocard occupé par le cheval me laisse approcher doucement, voûté mais finit par se remettre en marche pour remonter le champ. J’essaie de le rattraper mais il finit par me voir et détale en aboyant pour passer la crête du champ.
Je remonte et tente de l’apercevoir mais il a disparu. Je descends vers la route, la traverse et la longe un moment avant de descendre dans les herbes hautes pour longer un bois puis un blé avant de rejoindre les vignes. Je longe la vigne et traverse un chemin de terre pour longer un champ d’avoine en dessous d’une vigne.
J’avance tranquillement quand 100 mètres plus bas au bord du fossé qui longe l’avoine, au pied d’un gros frêne j’aperçois une tache rousse. J’observe un instant et constate que ça bouge, c’est un chevreuil. Je descends à travers l’avoine en stoppant à chaque fois qu’il relève la tête et m’aperçois assez rapidement qu’il s’agit d’un brocard.
Arrivé au fossé, je le traverse en faisant craquer une branche. J’attends un peu, rien ne bouge. Je longe le fossé dans un semé de tournesol en me rapprochant du gros frêne qui fait écran et me cache aux yeux du brocard mais me cache aussi ce dernier. En arrivant à quelques mètres du frêne je cherche du regard mon brocard mais je finis par le voir où je ne l’attendais pas et il me voit au même moment. Il était sous les branches basses du frêne à 7 ou 8 mètres devant moi. Il démarre et s’arrête à 25 mètres pour m’observer avant de repartir en zigzagant et en aboyant. Je retraverse le fossé et regarde s’éloigner ce magnifique brocard quand une chevrette se lève dans le fossé à quelques mètres de moi et prend le même chemin que le brocard.
Je longe le fossé puis traverse une haie pour arriver dans une pâture à vaches. Je remonte vers la crête, traverse une autre haie puis rejoint un blé en bordure d’un bosquet. Je longe le blé contre le bois pour retomber sur un chemin de terre qui me conduit à la route. Je traverse et rejoint un autre champ de blé. Je descends entre 2 champs de blé le long d’un fossé. Une chevrette se lève et détale entre les blés. J’avance tranquillement vers la chevrette qui aboie et finis par l’apercevoir à nouveau. Elle redémarre d’un bout de haie puis arrive au bord du bois et me regarde arriver avant de disparaître.
J’arrive au coin du bosquet et me rends compte qu’un brocard m’observe de l’autre côté du blé sur la bande enherbée au bord de la haie qui longe le fossé. Nous nous observons un instant avant qu’il ne traverse la haie et remonte, en se retournant plusieurs fois, à travers la prairie vers le bois en crête de coteau.
Je traverse le blé et rejoint le chemin de terre qui remonte vers les vignes où j’ai manqué mon brocard samedi. En montant, j’aperçois une tache rousse dans un passage de tracteur sur ma gauche et me rends vite compte qu’il s’agit d’un brocard. Je tente de rentrer dans le blé mais le brocard se tourne vers moi et m’observe. Je me fige et attends, il se remet à manger. Je fais demi-tour en reviens vers le chemin de terre que je longe pour arriver entre la vigne et le blé. Je longe le champ de blé en avançant dès que le brocard baisse la tête puis traverse une bande étroite de lé pour arriver en limite des tournesols et du blé. J’avance à pas chassé entre les tournesols pour éviter de faire trop de bruit puis rentre dans la bordure du blé. Le brocard ne doit plus être loin. Je le cherche du regard en avançant doucement. Il ne doit plus être qu’à 10 ou 15 mètres mais je ne le vois pas ! Tout à coup, alors que je le cherchais devant moi, il redresse la tête à moins de 10 sur ma droite et m’aperçoit. Il détale à travers le tournesol.
Je fais demi-tour pour aller chercher ma flèche de samedi dans le tournesol. Au loin, un chevreuil longe la vigne puis disparaît dans une seconde vigne. Je contourne, les vignes pour me mettre à bon vent, je longe au-dessus des vignes en cherchant à chaque sillon si je vois le chevreuil et finis par l’apercevoir. Il est sur la bande enherbée entre la vigne et un champ de blé. Je parviens à me rapprocher par le haut de la vigne sans être vu et descends par le long du deuxième rang de vigne. Je parviens à me rapprocher assez rapidement à 30 mètres sans éveiller ses soupçons puis je ralentis l’allure et avance à pas de loup. Je me rapproche facilement et aperçois le chevreuil à 10 mètres qui rentre dans la bordure du blé en la longeant. J’avance de plus en plus doucement, presque en apnée et arrive à moins de 5 mètres du chevreuil mais ne parviens pas à le voir à couse de la hauteur de la vigne. J’avance doucement en cherchant une fenêtre de tir sans pouvoir apercevoir le brocard. Tout à coup il démarre en sortant de je ne sais où (je pense qu’il s’était couché) et s’arrête à 10 mètres de moi. Je ne vois que ses pattes sous le feuillage des vignes et ne peux rien faire. Au bout d’un long moment il démarre puis s’arrête un peu plus loin. Je ressors de la vigne alors qu’il tourne à l’angle de la parcelle. Il s’arrête plusieurs fois et aboie avant de traverser le tournesol pour rentrer dans une autre parcelle de vigne un peu plus loin.
Je retourne chercher ma flèche mais ne parviens pas à la retrouver.
Je décide de retourner vers le chemin de terre qui longe dans la vallée. Arrivé au coin des vignes je coupe à travers un champ de blé délimité latéralement par 2 haies. Je passe par le passage de tracteur le plus large qui se trouve sur le tiers supérieur du champ. Tout à coup, j’aperçois la tête d’un brocard qui remonte dans le blé. Je m’avance le plus rapidement possible tout en essayant de rester discret pour l’intercepter mais il bifurque et s’éloigne perpendiculairement à la pente. Je décide donc de descendre vers le fond du champ pour le longer et arriver à une dizaine de mètre du chevreuil. J’avance le plus baissé possible faisant des poses d’observation complètement enfoncé dans le blé et parviens au bout d’un moment au bord du blé. Je longe voûté dans une rigole creusée par le ravinement d’un orage et au milieu des herbes hautes. J’essaie de ne pas faire de bruit mais mon pantalon trempé et les herbes hautes m’oblige à avancer par saccades et très très lentement. Je parviens tout de même à moins de 15 mètres du chevreuil dont je vois maintenant distinctement le dos, le cou et la tête. Ce dernier décide alors de remonter dans le blé et s’éloigne un peu avant de s’arrêter à nouveau pour brouter. Il me faut encore avancer pour arriver à distance de tir. J’avance un peu en me faufilant dans les herbes hautes mais le bruit de l’herbe sur mon pantalon fait tourner la tête au brocard alors que je ne suis plus qu’à 12 mètres. Il me voit et détale à grands bons au travers du blé et rejoint la haie toute proche d’où il se met à aboyer. Je me redresse, il m’aboie un moment puis traverse le blé sur l’autre versant en s’arrêtant régulièrement pour me regarder puis traverse la haie en aboyant, s’arrête, repart, s’arrête au coin du bois et m’observe alors que je longe la haie puis rentre au bois en donnant de la voie. Encore raté, ce n’est pas mon jour !
Je retrouve le chemin de terre du bas et commence à le longer. 200 mètres devant, un chevreuil à la robe presque rouge sort du bois de droite, marque un arrêt dans le semé de tournesol en regardant vers moi puis descend et rentre dans un petit bosquet qui fait la jonction entre le chemin et la rivière. Je m’avance sur le chemin quand j’aperçois un mouvement intermittent dans le blé sur ma gauche, c’est un chevreuil qui avance par bons. Je fais demi-tour et court le plus vite possible pour rattraper un passage de tracteur au bord du blé le long d’une haie et le prends en courant pour arriver au bord de la rivière. Dans ma course je vois par moment le chevreuil. Je reviens vers lui en longeant doucement le bord de la rivière mais il bifurque à 40 mètres devant moi et rentre dans la végétation du bord du cours d’eau puis ressort de l’autre côté. C’est une chevrette.
Je longe la rivière jusqu’au bosquet puis reviens sur le chemin et pars inspecter 2 autres parcelles de blé qui sont vide ce matin avant de revenir en arrière pour rejoindre le bord de la rivière en longeant la haie de tout à l’heure du côté des hautes herbes. De nombreuses coulées jalonnent la friche. Plus loin je traverse une haie et tombe sur un grand champ de blé bien marqué par l’activité des sangliers : coup de nez, coulées, souilles… Je rejoins la rivière et la longe sur la bande enherbée elle aussi bien marquée par les sangliers mais aussi les ragondins. En arrivant au coin du blé et cherchant à traverser le fossé qui aboutit à la rivière j’aperçois un ragondin dont la tête dépasse des racines d’un arbre. Il est contre la berge opposée et je ne pourrai pas le récupérer, je le laisse tranquille et poursuis.
Pas de chevreuil dans le secteur et je finis par regagner le chemin de terre qui revient à la route qui je longe pour revenir à la voiture qui n’est pas à côté. Je longe des blés qui bordent la rivière sur la droite de la route, ils sont marqués de coulés mais pas de chevreuil en vue ce matin quand, au coin du bosquet contre lequel j’ai garé ma voiture, un mouvement attire mon regard sur une forme rousse allongée. Je me plaque contre le talus sur la gauche de la route et avance doucement. C’est une chevrette qui broute les feuilles des branches basses au bord de la rivière. En avançant sur la route j’aperçois un lièvre qui tourne autour et constate rapidement qu’il s’agit en fait d’un faon encore tout petit. En m’avançant encore j’aperçois son frère ou sa sœur qui me regarde arriver sans bouger alors que sa mère occupée à son repas ne m’a pas compris. Je passe derrière une grosse haie qui borde la route à 35 ou 40 mètres des 3 animaux et m’éclipse doucement pour aller chercher mon ragondin avant de rentrer.
Alex