Ce matin, vers 6 heures, nous partons faire la recherche de mon cochon tiré la veille. Nous le pensons resté dans le petit taillis qui semble accolé à une falaise infranchissable. Lionel se gare près de la carrière et nous partons directement vers l'entrée du taillis. Je rentre par l'endroit où j'ai trouvé le dernier sang, Lionel rentre un peu en décalé. Je remonte péniblement par la coulée abrupte, entravé par des buissons aux épines acérées. Impossible de voir du sang, je tombe sur des bauges au-dessus mais toujours pas de sang, impossible d'en trouver. Lionel monte un peu plus à droite sur une coulée également très étroite. En cherchant un instant, je trouve un pied assez frais et de belle taille qui remonte plus à ma droite, sur une pente très raide, je le suis et trouve un peu de sang. Je l'annonce à Lionel et nous voilà partis pour une recherche à 4 pattes ou en rampant sur des coulées dans une végétation très dense et souvent épineuse.
La piste qui remontait prend maintenant à gauche sur un replat et je comprends vite que nous sommes montés au-dessus de la falaise, ce n'est pas bon. Les bauges se succèdent comme les embranchements de coulées et nous contrôlons tour à tour chaque possibilité de fuite jusqu'à retrouver une petite goutte de sang. Les traces de ce cochon reconnaissables à leur taille anormalement grande sont souvent visibles et nous permettent de le suivre quand le sang n'est pas présent. Les traces de sang sont souvent minuscules et très espacées, nous ne trouvons quasiment aucun frotté. Je finis par tomber sur une bauge couverte de foin sec où le cochon semble s'être roulé puis le sang s'interrompt un moment et c'est Lionel qui retrouve du sang frotté sur une sorte de liane sèche à la sortie d'une bauge, environ 20 mètres plus loin mais, à partir de là, impossible de retrouver du sang ou le pied du cochon. Après plus de 2 heures de recherche, il faut nous rendre à l'évidence, mon cochon est perdu. Nous continuons par acquis de conscience sur deux grosses coulées pour finir par déboucher sur la piste au-dessus de la carrière. Je suis dégoûté, je pensais ma flèche mortelle mais cela ressemble plus à une éraflure musculaire. J'espère que cet animal va s'en sortir.
En début d'après-midi, nous repartons chasser dans les cannes. Nous chasserons un secteur accolé à celui chassé hier. Alors que nous longeons le parc de chasse en voiture, nous apercevons beaucoup de cervidés et de nombreux cochons à l'intérieur. Ils sont déjà en train de fouiller le sol, j'espère que c'est bon signe. Un peu plus loin, un petit cochon noir de quelques kilos surgit de la bande de végétation couvrant le petit talus, entre la piste et le grillage. Il rejoint un second petit cochon de l'autre côté de la piste dans les cannes. Lionel se gare plus loin, au bord d'un cours d'eau partiellement asséché qui longe le fond du secteur vallonné. Nous longeons un peu le cours d'eau en espérant voir des cochons attirés par la fraîcheur relative des lieux car il fait très chaud cette après-midi. Ne voyant rien, Lionel décide de remonter dans une zone plantée de petits palmiers gagnés par les mauvaises herbes et de petits arbustes.
Nous observons autour de nous mais aucun cochon en vue. Lionel monte sur une grosse pierre pour voir plus loin quand un lièvre démarre dans ses pieds et disparaît dans l'épaisse végétation. Nous repartons et, presque immédiatement, un autre lièvre démarre près de Lionel sans que je puisse le voir et fonce vers le ruisseau asséché en contrebas sur notre droite. De nombreux pigeons et tourterelles s'envolent autour de nous à notre approche. Nous dérangeons également quelques très gros criquets qui s'envolent devant nous pour aller se poser un peu plus loin. Ils ressemblent beaucoup aux criquets pèlerins qui causent de gros dégâts dans les cultures africaines. Nous nous posons un moment sur un point haut des palmiers pour observer le secteur mais rien ne venant, Lionel décide de continuer. Nous descendons vers le ruisseau asséché et le traversons pour continuer sur une zone couverte d'arbustes. Nous slalomons sur cette zone un moment sans voir un seul cochon.
Par moment, une ou 2 roussettes survolent la zone. Les criquets sont plus nombreux sur ce secteur. Au loin, l'appel à la prière des musulmans retentit. Nous rejoignons plus loin la bordure d'un cours d'eau asséché.
Nous le longeons un instant puis rentrons dans son lit pour le suivre un moment. Toujours pas de cochon.
Nous finissons par ressortir du cours d'eau alors que ce dernier est barré par la clôture du parc de chasse. Nous le longeons maintenant par la rive opposée et en sens inverse pour rejoindre un autre cours d'eau asséché. De nombreuses traces de cochons ont marqué la piste qui longe le cours d'eau. Le bruit d'un tracteur, qui travaille plus loin derrière la bute du champ de cannes, se fait entendre. Plusieurs cannes ont été coupées, Lionel m'explique que ce sont les macaques qui font ça. Ils machent ensuite les cannes pour en extraire le jus sucré avant de recracher des boules de fibre sur le sol. J'aperçois d'ailleurs nombre de ces boules recrachées et séchées par le soleil. Nous rattrapons le second cours d'eau asséché et longeons son lit un moment sans plus de succès avant d'en ressortir. Alors que nous longeons entre la bordure d'arbres qui bordent le cours d'eau et une zone de cannes très hautes et fournies, nous entendons des grognements dans les cannes, tout près de nous. Lionel s'avance doucement dans les cannes et aperçoit des petits cochons qui se débinent. Les roussettes ont fait tomber quelques petites mangues au sol. Nous retournons vers la voiture. Lionel se gare d'abord non loin de l'endroit où je flèche mon premier cochon hier, nous nous avançons vers les cannes à sucre en suivant la piste. De nombreux nids d'herbes sèches tissées sont tombés au sol. En levant les yeux, je remarque qu'il en reste quelques-uns accrochés dans les branches d'un arbre qui nous surplombe. Arrivé au bord des cannes nous longeons doucement le talus qui surplombe la culture sans voir de cochon, nous retournons à la voiture.
Lionel pars se garer près de la carrière. Nous nous avançons sur la piste pour observer la grande friche par laquelle nous avons commencé à chasser hier après-midi. Alors que nous scrutons le secteur j'entraperçois un gros cochon qui avance tranquillement dans la végétation le long d'une petite crête dans la parcelle. Je le signale à Lionel mais il a disparu dans la végétation. Nous le voyons ressortir assez rapidement. Il avance tranquillement en longeant le talus de la crête puis bifurque pour descendre dans le creux longeant la crête de notre côté. Il remonte maintenant vers nous, nous descendons rapidement en biaisant vers une piste en contrebas sur notre gauche. Arrivés à la piste, nous la longeons en surveillant la friche au-dessus de nous, nous tombons sur les restes d'une charogne de cochon sur le chemin puis avançons encore un peu quand nous apercevons une truie suivie de 2 jeunes cochons qui avancent en trottinant au travers de la végétation, à environ 80 mètres, en parallèle de la piste que nous longeons. Nous faisons vite demi-tour pour dépasser les cochons avant de remonter dans la friche, en biaisant vers la piste du haut, pour tenter de les intercepter.
Les cochons ont disparu dans la végétation en biaisant aussi vers le haut de la parcelle. Nous rejoignons la piste sans les revoir. Nous allons jeter un coup d'œil sur la carrière en passant par le même passage que la veille, pas de cochon en vue et le vent n'est pas bon pour nous. Lionel décide d'aller jeter un coup d'œil sur la piste sur laquelle nous sommes sortis ce matin après notre recherche. Nous avançons tranquillement quand un lièvre arrive droit sur nous en descendant la pente raide d'une bute de terre de plusieurs mètres de haut, sur la droite de la piste. Je le signale à Lionel et tente d'armer mon arc mais il bifurque au pied de la bute pour passer devant nous sans s'arrêter et prendre la piste en nous tournant le dos pour s'éloigner. Je désarme mais un autre lièvre, plus foncé, arrive par la même coulée. J'arme mais il accélère et prend le même chemin que le précédent. Lionel me dit qu'il doit s'agit d'un mâle qui suit une femelle, nous sommes dans la saison du bouquinage. Je m'avance tout doucement sur la piste en espérant les revoir un peu plus bas quand nous apercevons un lièvre qui avance tranquillement de cul à environ 30 mètres devant nous. Je tente de m'approcher mais il s'éloigne quand un second lièvre surgit sur la gauche de la piste. Collé contre la végétation qui borde la gauche de la piste, je ne peux pas le voir. C'est Lionel plus décalé qui me le signale. Je tente l'approche mais il disparaît rapidement.
Nous nous avançons encore un peu sur la piste quand nous apercevons un lièvre qui suit une piste, nez au sol, après les palmiers, à environ 100 mètres, en contrebas, dans les cannes coupées.
Il tourne un moment sur le secteur, nous nous avançons doucement sur la piste mais il la traverse à plus de 100 mètres et disparaissent. Nous remontons tranquillement quand un lièvre arrive sur nous en descendant au milieu de la piste mais le temps d'armer il me repère et déguerpit. Un autre lièvre tourne à nouveau dans les cannes coupées en contrebas de la piste. Je redescends doucement en suivant la piste quand il revient vers cette dernière. Je continue à avancer en espérant le couper plus bas quand je l'aperçois. Il remonte la piste et vient droit sur moi. Je me fige et arme mon arc. Je le laisse venir mais, à un peu plus de 20 mètres, il bifurque et stoppe dans la végétation sur la gauche de la piste. J'aligne ma visée et décoche. Ma flèche passe au ras au-dessus de ses épaules. Il fait un bond en arrière et se cale plein travers au milieu de la piste. Il regarde vers l'endroit où il se trouvait au moment du tir. Je réencoche rapidement, arme et décoche à nouveau mais ma flèche passe Juste devant son poitrail et ricoche en faisant des étincelles sur les grosses pierres de roche volcanique qui pavent la piste. Le lièvre s'enfuit, je peste en moi-même, quel mauvais je suis. Je tente d'aller voir si je retrouve mes flèches mais impossible, elles sont perdues. Nous retournons observer sur le haut de la carrière. Rapidement, un lièvre arrive sur le talus opposé, il sort d'un petit taillis et s'avance à découvert.
Il tourne un peu puis descend le talus par une grosse coulée et rejoint la piste. Il tourne encore un peu sur la piste puis s'avance pour disparaître derrière le monticule de terre planté au milieu de la carrière. Rapidement, un second lièvre plus foncé arrive derrière, il tourne un peu sur le talus puis descend sur la piste et se lance à la poursuite du premier lièvre et disparaît également derrière la bute de terre au grand galop. Les 2 lièvres réapparaissent vite sur la bute de terre ils se suivent et tournent sur la zone plane. Ils s'arrêtent par moment pour manger un peu puis disparaissent à nouveau dans la végétation.
Quelques instants plus tard, un troisième lièvre arrive sur les traces des 2 premiers. Il tourne un peu sur le talus. Descend sur la piste puis tourne sur le secteur en prospectant dans toutes les directions. C'est certainement un autre mâle qui suit la femelle déjà coursée par l'autre mâle. Il passe derrière la bute et disparaît un moment, revient sur ses pas, inspecte à nouveau le pied du talus. S'avance sur la piste dans notre direction et se plante un moment au pied de la bute.
Il retourne vers le talus d'où il arrive. Je décide de m'avancer un peu au bord de la pente raide, au milieu des tamaris, au cas où l'idée lui viendrait de s'approcher d'avantage mais cette fois il part sur la gauche et disparaît derrière des tas de terre et de roches.
La nuit sera bientôt là, la luminosité baisse vite quand Lionel aperçoit 2 cochons qui sortent de la végétation au sommet la grosse bute de terre du milieu de la carrière. Ils commencent à fouiller le sol.
Nous décidons de tenter l'approche. Nous nous décalons plus à gauche dans les tamaris avant de commencer à descendre la pente très raide. Même en faisant attention, il est impossible de ne pas faire rouler quelques pierres et j'espère que les cochons ne nous auront pas entendus. Nous les perdons de vue en arrivant à la piste. Nous avançons vers la bute mais Lionel qui vient de contrôler le vent me fait signe. Il n'est pas bon, nous allons contourner la bute pour attaquer par l'autre côté. Alors que nous arrivons de l'autre côté de la bute, nous surprenons le lièvre qui détale vers la grosse flaque d'eau. Il stoppe près de cette dernière et s'assied en se relevant sur ses pattes arrière pour nous observer alors que nous escaladons la paroi. Arrivés au sommet, nous tentons sans succès d'apercevoir les cochons par-dessus le haut du talus puis nous finissons de monter pour approcher très doucement sur le plateau. Les cochons ont disparu. Alors que nous arrivons près de la zone où ils fouillaient le sol, Lionel commence à imiter des grognements. Les cochons démarrent juste devant nous dans la végétation. L'un d'eux en surgit et fonce sur notre gauche. Lionel pousse un grognement appuyé. Le cochon stoppe à environ 15 mètres alors que j'ai déjà armé mon arc. Je vise la zone vitale en m'appliquant et décoche. Touché, il démarre en trombe et disparaît rapidement dans la végétation.
Nous attendons un peu pour lui laisser le temps de faire son hémorragie. Ma flèche me semble légèrement en arrière mais normalement elle est mortelle. La nuit tombe rapidement, nous partons chercher ma flèche que nous retrouvons vite à la lueur de ma lampe torche. Elle est couverte de sang. Je la remets au carquois et nous partons un peu plus en avant vers l'endroit où nous avons perdu de vue mon cochon. Il nous a semblé l'entendre mourir en contrebas vers la piste. Nous trouvons rapidement les premières gouttes de sang.
La piste abondante descend dans un creux en partant à gauche mais bifurque vite à droite pour rentrer dans la végétation. Je décide de laisser mon arc au sol avant de commencer ma recherche pour ne pas l'abimer en traversant la végétation épaisse. Je suis le sang à quatre pattes, il s'enfonce dans une coulée étroite dans la végétation, rapidement il bifurque à gauche, puis, un peu plus loin semble remonter sur la bute mais il descend presque aussitôt vers la piste en contrebas. Nous arrivons à la piste mais je perds le sang un moment. C'est Lionel qui le retrouve, le cochon a biaisé à gauche pour traverser la piste en biais. Le sang est très abondant et nous trouvons mon cochon, semblant mort sur le flanc, au bord de la piste. Alors que je le touche. Il se met à bouger, je l'attrape vite par les pattes arrière et il commence alors à se débattre pour m'échapper. Il n'est plus très vaillant mais a encore la force de lutter. Je le plaque au sol et le dague pour en finir. Ma flèche est sur l'arrière des poumons. Je laisse Lionel avec mon cochon et pars chercher mon arc. Je remonte dans la végétation pour rejoindre le plateau mais impossible de le trouver dans la nuit. Je tourne et retourne. Je retrouve facilement le sang et tourne sur le secteur mais le temps passe et toujours pas d'arc. Lionel finit par venir à ma rescousse et c'est lui qui retrouve mon arc. Il est temps de rentrer, nous redescendons à la piste, Lionel a avancé le cochon jusqu'à la piste principale. Nous faisons quelques photos souvenirs de cette petite femelle d'environ 18 kilos avant que je la vide.
Nous partons ensuite chercher la voiture avant de charger mon cochon pour l'amener à la chambre froide et rentrer manger. Demain c'est le jour du départ.
Alex
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