Ce soir, un vent soutenu souffle enfin car depuis un moment l'approche sur terrain sec et craquant et sans vent est compliquée. De plus, les moissons sont en route et, très vite, il ne restera plus de blé où d'orge ce qui va encore compliquer l'approche car les chevreuils me verront de loin où seront invisibles dans les tournesols qui eux sont de plus en plus hauts. Je décide d'aller faire un secteur en limite du territoire où j'ai repéré quelques brocards. Je me gare au bord de la route, près d'un planton de vigne, me prépare et pars en suivant la route tout en surveillant les intervalles entre les rangées. Le vent n'est pas bon et souffle vers la zone que je veux chasser, je décide donc de faire un grand tour pour revenir chasser à bon vent. Il fait encore très chaud ce soir. Je longe un moment la route, la vigne a fait place à un très grand champ de tournesols que je longe un moment avant d'y rentrer. Je progresse entre 2 rangs sur plusieurs centaines de mètres tout en surveillant les alentours jusqu'à rejoindre une bande boisée qui vient de la route à environ 100 mètres sur ma droite. Les arbres font de l'ombre sur la culture, je commence à longer la bande boisée par le premier passage de tracteur. Les tournesols ne semblent pas mangés dans le secteur. Les arbres bifurquent à gauche et le les suis toujours, je progresse maintenant face au vent. J'avance doucement sur environ 400 mètres sans voir de chevreuil. La bande boisée qui s'élargissait petit à petit s'interrompt sur 30 mètres pour reprendre ensuite sous forme d'un bosquet en L d'environ 100 mètres de long et où j'ai vu un brocard le 6 juin.
Arrivé au bout de la bande boisée je commence à voir des tournesols mangés ou frottés et j'espère tomber sur le brocard du secteur. Je traverse le passage entre la bande boisée et le bosquet. Je rejoins le bosquet et le longe par la droite mais toujours pas de brocard, je traverse donc le tournesol et arrive en limite d'un chaume de blé et le longe en suivant les tournesols sur environ 300 mètres. Les tournesols s'interrompent alors qu'une haie commence à longer le chaume sur environ 200 mètres, je la suis par la gauche. Le chaume s'interrompt et laisse place à une bande de friche, la haie bifurque à 90° à gauche tout en suivant la friche. Je continue à suivre la haie et tombe sur un monticule de terre qu'un blaireau a déblayé à l'entrée de son terrier dans la friche près de la haie. Je traverse la haie de chênes un peu plus loin puis descends vers la route en contrebas à travers une autre friche. Arrivé à la route, je la suis en prenant à gauche, passe une résidence secondaire puis prends à gauche pour progresser dans une bande d'herbes hautes de 20 à 40 mètres de large coincée entre le bois à ma gauche et le chaume de blé de l'autre côté du fossé à ma droite. Le vent souffle face à moi, j'avance doucement tout en surveillant le secteur lors de pauses d'observation répétées car j'ai vu plusieurs chevreuils dans le secteur le 6 juin. Rien sur environ 200 mètres, je me rapproche d'une haie qui barre la prairie entre le bois et le fossé laissant juste un passage de quelques mètres au bord du fossé. Un chevreuil démarre dans le bois à ma gauche en aboyant, je l'entrevoie entre les branchages des premiers arbres, il biaise pour remonter vers le haut du bois à travers une grande friche entourée par les arbres.
J'avance tranquillement jusqu'au passage qui traverse la haie puis prends à gauche pour la suivre quand une chevrette démarre à quelques mètres de moi dans les herbes hautes pour biaiser vers le bois et disparaître. Je me fige contre la haie et décide de tenter quelques appels au Butollo que j'ai pris pour la première fois ce soir. Dès les premiers appels, un chevreuil surgit du bois et fonce vers moi en suivant la lisière. J'aperçois rapidement des bois, c'est un brocard, un six pointes pas très haut. Le temps de me rendre compte que je ne suis pas bien caché et de me baisser à genoux dans les herbes hautes, le bocard vient se planter à 12 mètres, sur ma gauche, plein travers. Il regarde vers moi un moment puis baisse la tête dans les herbes hautes, j'en profite pour armer mon arc. Il relève la tête, je reste en visée, le Butollo tenu sur la poignée de mon arc. Je tente d'appeler un peu mais il ne bouge pas. Il regarde un moment vers moi puis s'avance de 2 pas et baisse la tête pour renifler la végétation plein travers. J'en profite pour décocher, aucun impact audible, le brocard fait volte et repart sur ses traces pour rentrer au bois en aboyant comme un fou. Il s'arrête un moment pour aboyer à couvert puis repars en aboyant en remontant vers le haut du bois s'arrêtant plusieurs fois pour protester. Je vais contrôler mon tir dont je connais déjà le résultat, pas de sang à l'endroit du tir ni sur la trajectoire de fuite ni à l'entrée du bois. C'est manqué.
Je décide de changer de secteur, je reprends ma progression lente dans les hautes herbes sans voir d'animaux jusqu'à la route puis prends à gauche pour remonter vers les vignes au-dessus de la friche boisée à ma gauche. Je m'avance de quelques mètres quand un animal, très certainement un chevreuil démarre derrière des arbustes. Je me cale rapidement et tente de l'appeler un moment mais rien ne vient. Je me remets en marche et rejoins ma voiture au bout des vignes. Je pars me garer, contre les tournesols, sur le chemin de terre qui traverse l'Osse pour rejoindre le bois de Bourras. Je quitte ma voiture, passe le pont qui enjambe l'Osse, traverse le tournesol puis longe vers la droite la vielle Osse, la traverse un peu plus loin par la passerelle qui rejoint la palombière, passe cette dernière et ressort sur l'orge qui a été moissonnée. Rien en vue, je prends à droite, passe un passage dans la haie qui rejoint le bois de Bourras et celui qui remonte à ma gauche vers la limite du territoire de Courensan. La moissonneuse batteuse est entrain de battre l'orge du grand champ où j'ai fléché mon premier brocard de la saison. Sur ma gauche, à environ 70 mètres, j'aperçois une chevrette qui rejoint doucement le bois en glanant les grains laissés par la moissonneuse.
Je l'observe un moment puis décide de tenter de m'approcher un peu en longeant la haie mais au bout de 20 mètres, je provoque sa fuite rapide vers le bois.
Je continue à longer le bois et rejoins le petit lac en bordure du massif faisant décoller plusieurs milans noirs posés sur les grands arbres qui bordent le bois. Cet envol fait également plonger 2 ou 3 gros ragondins qui filent directement au terrier sans refaire surface. Je jette un coup d'œil sur le chemin couvert d'herbes hautes après le lac où je me suis déjà fait avoir 2 fois par un jeune brocard. Il n'est pas de sortie et je décide de traverser à travers bois pour rejoindre les vignes de l'autre côté. Je rentre donc dans le sous-bois et passe le ru qui alimente le petit lac puis me poste pour appeler un peu au Butollo. Rien ne vient, je me déposte et avance par les coulées dégagées pour limiter les craquements de brindilles et de feuilles mortes. Je m'arrête plusieurs fois pour appeler sans résultat puis ressors dans les vignes.
Je m'avance doucement entre 2 parcelles et surveille les intervalles entre les rangs perpendiculaires à ma progression à ma droite et à ma gauche. Pas de chevreuil mais alors que j'arrive au bout de la parcelle, j'aperçois, à moins de 40 mètres, un chevreuil massif, arrêté près de la vigne, sa tête et cachée par la vigne mais la largeur de son coup ne trompe pas, ça ne peut être qu'un brocard. Il s'avance et passe à couvert derrière la vigne. J'accroche mon décocheur et commence une approche rapide et silencieuse vers le coin de la vigne. Les 3 derniers rangs sont plus courts de 5 à 10 mètres et forment donc un biais. J'avance doucement en suivant le bout des rangs pour essayer d'apercevoir le chevreuil. Je finis par l'apercevoir, il est plein travers et regarde à l'opposé de ma position à environ 15 mètres. Je me fige, il repart et je le perds à nouveau de vue derrière la vigne, j'arme mon arc et m'avance jusqu'au dernier rang et me penche doucement. Il arrive vers le dernier rang de vigne et s'arrête plein travers avec la tête rentrée dans le rang. J'en profite, prends rapidement la visée et décoche.
Touché, le brocard gueule, se propulse entre les 2 premiers rangs et s'effondre. Il se débat au sol dans un grand nuage de poussière puis reprends une impulsion avec ses pattes arrière et traverse le rang suivant à la deuxième tentative. Comprenant qu'il y a un problème, je me précipite vers lui dans le troisième rang. Il est couché et tente de se relever sans y parvenir perdant beaucoup de sang. Me voyant, il parvient à filer au travers du rang qu'il vient de passer et part en se propulsant avec ses pattes arrière pour filer en passant les rangs dans de grands nuages de poussière. Je le suis le plus vite possible en passant sous les fils de fer qui tiennent les ceps et le rattrape 10 mètres plus loin, l'immobilise et l'achève.
Ma flèche lui a cassé les 2 épaules, c'est un vieux brocard qui ravale, son pelage est tout mité et laisse apparaître sa peau par endroit. Il semble très gros et accusera plus de 31 kg à la pesée. Je pose mon arc avec mon brocard et pars chercher ma flèche. Je retrouve le côté empennage à l'endroit de la première chute du brocard au milieu d'une grosse tache de sang.
L'autre partie est restée appuyée contre la vigne au niveau du premier rang où le chevreuil a cassé ma flèche restée en travers de ses épaules. Le feuillage est marqué de grosses taches de sang.
Me flèche récupérée, je retourne à mon brocard pour quelques photos souvenir.
J'attache les pattes de mon chevreuil et le charge sur mon épaule pour rentrer. En arrivant au coin du bois sur ma droite, j'aperçois un chevreuil couché à 120 mètres environ, près d'une balle ronde de foin. Je pose mon chevreuil et m'approche du coin du bois et tente des appels au Buttolo alors que le chevreuil s'est levé. C'est une chevrette, elle regarde vers moi sans bouger et mon appareil photo n'arrive pas à faire la netteté.
Je recharge mon brocard sur mon épaule et finis de rentrer à la voiture, la nuit tombe, il est temps de rentrer.
Alex