Ce soir, en sortant du boulot, je récupère Lionel Paul BERTHAULT chez mon ami Jacques qui est allé le chercher à la gare vers 16 heures. Nous passons chez moi pour nous préparer pour partir chasser et tenter de filmer un tir de brocard. Jacques de son côté va aller chasser le sanglier à l'affût. Cela fait presque une semaine que je ne suis pas allé chasser. Nous quittons mon domicile vers 18 heures, en chemin nous tombons d'abord sur 2 chevrillards au gagnage dans un chaume, un peu plus loin, une chevrette est sortie au gagnage dans une friche, encore un peu plus loin c'est un brocard qui course une chevrette dans un autre chaume. Les chevreuils sont déjà de sortie malgré la chaleur étouffante. Je décide de commencer la soirée en appelant près d'un petit bosquet, situé en bordure de la rivière et bordé par un bras mort du cours d'eau asséché. Je me gare au bord de la route puis me prépare et sors de la voiture quand j'aperçois un brocard qui broute quelques feuilles et frotte ses bois en bordure du bosquet au fond d'un couloir délimité par 2 haies qui bordent un bout de chemin de terre partant doit vers le bosquet avant de prendre à droite pour le longer et rattraper la bordure de la rivière. Je chuchote à Lionel que je vois un brocard alors qu'il prépare son matériel. Je fais doucement le tour de la voiture pour récupérer mon arc hors de portée de la vue du chevreuil puis nous nous avançons un peu alors qu'il rentre tranquillement à couvert dans le bosquet. Nous avançons tout doucement sur le chemin pour aller nous poster à environ 30 mètres du bosquet, contre la haie de gauche qui nous sépare d'une peupleraie, derrière quelques branches basses tombantes.
A peine posté, je lance quelques appels brefs au Buttolo et, immédiatement, un craquement se fait entendre devant nous, dans le bosquet. Je me prépare à armer mon arc et pose mon appeau sur la poignée de mon arc. Je reprends mes appels quand un mouvement attire mon attention, un chevreuil arrive en longeant la haie de droite en bordure du tournesol. J'arme mon arc et le suis dans mon viseur. Je poursuis mes appels en les espaçant pour le guider vers moi. C'est un jeune brocard, il vient stopper à environ 10 mètres derrière la haie dans une zone de végétation épaisse. Impossible de tirer, je reste armer dans sa direction.
Je poursuis mes appels mais le brocard reste immobile. La tension devenant difficile à tenir avec le temps qui passe. Je baisse mon arc pour le caler sur ma cuisse. Concentré sur le brocard, je ne vois pas arriver un second chevreuil que Lionel m'annonce en chuchotant. Je tourne la tête vers la gauche et l'aperçois, il hoche la tête en regardant vers le brocard. Le brocard fait demi-tour et longe doucement contre la haie. Je le suis dans mon viseur. Il passe dans une trouée mais stoppe trop tard. Seul son arrière train est visible, le reste est caché par un arbre. Il repart et rejoint l'autre chevreuil sans se préoccuper de mes appels. Le second chevreuil part dans les tournesols alors que le brocard retourne à couvert dans le bosquet. Je tente encore quelques appels en désarmant mon arc mais rien ne vient. Je décide de tenter de m'avancer un peu pour rejoindre la bordure du bras de rivière asséché où je reprends mes appels sans plus de succès. Nous retournons à la voiture.
Nous partons pour un autre secteur. Je me gare près d'une vigne et nous faisons quelques centaines de mètres pour rejoindre un chemin forestier. Nous le suivons un peu, le vent est dans notre dos. Je me cale en bordure du sentier, derrière un arbre, en bordure d'une zone relativement dégagée sur la gauche du chemin et commence à appeler. Les minutes passent, rien ne vient, je tente le Rottumteler, toujours rien quand un aboiement se fait entendre plus loin, vers le fond du bois. Je continue les appels, le chevreuil aboie encore, je tente d'alterner appels et aboiements. Le chevreuil nous répond un moment sur place puis s'éloigne. Nous quittons le poste, le vent nous a trahis. Nous retournons à la voiture en suivant le chemin quand les aboiements semblent se rapprocher. Le chevreuil semble vouloir nous contourner par la gauche du chemin. Je lui réponds mais nous continuons vers la voiture, nos chances de le voir sont très minces.
Nous partons pour un autre secteur. Alors que nous roulons Lionel repère un jeune brocard dans une prairie fauchée en contrebas de la route. Je continue à rouler et me gare au bord de la route, sur le passage qui rentre dans la prairie. Le relief du terrain nous cache le brocard. Nous nous préparons rapidement et partons en longeant la route voûtés.
Je ne tarde pas à apercevoir le brocard qui remonte vers la route à plus de 300 mètres dans la prairie. Je me voûte un peu plus pour rejoindre 3 gros arbres qui bordent la chaussée. Je me poste derrière l'un d'eux en encochant ma flèche alors que le brocard regarde vers nous malgré la grande distance qui nous sépare.
Je lance quelques appels au Buttolo, le brocard regarde vers nous mais ne semble pas vouloir venir. Je tente un appel au Rottumteler et immédiatement, le brocard fuit vers le bois à toutes pattes. Nous retournons à la voiture.
Je pars me garer un peu plus loin en haut d'un bois au bas duquel j'ai vu un grand brocard il y a quelques temps. Nous descendons en longeant le bois le long d'un chaume de blé d'épeautre.
Un peu plus bas, quelques arbres avancent dans le champ sur un petit talus qui descend vers une bande de chaume de fèveroles qui longe le chaume de blé et une parcelle de tournesols qui borde un grand fossé descendant jusqu'à la rivière au fond de la vallée. En arrivant à ces arbres, j'observe un instant le secteur.
Ne voyant rien, nous descendons en longeant le bois pour aller nous poster à l'intérieur de l'angle bas du bois. Le vent souffle face à nous. Je presse le pas quand Lionel me stoppe net. Je me fige, il a vu un brocard dans les herbes hautes, le long du fossé. Il regarde vers nous. Alors que nous restons immobiles contre le bois.
Alors que je m'attends à le voir fuir, il rentre tranquillement dans le tournesol de notre côté du fossé. J'en profite pour chercher un poste, je passe le coin du bois pour me poster derrière mais le vent, dévié par le massif forestier, souffle alors en descendant le fossé. Je change d'idée et m'avance rapidement de quelques mètres dans la culture pour m'y poster à genoux. J'attrape mon Buttolo et encoche une flèche.
Je commence à appeler. Très rapidement, le brocard relève la tête puis démarre dans le tournesol pour se diriger vers le chaume de fèveroles.
Il sort à découvert, en bordure de la culture et la longe pour se rapprocher de nous d'un pas rapide.
Je relance quelques appels pour tenter de le faire venir vers nous avant qu'il ne coupe la trajectoire du vent qui remonte en longeant le bois. Le brocard continue à longer les tournesols quand une chevrette surgit du bois à environ 100 dans le chaume de blé. Immédiatement, le brocard l'aperçoit et fonce vers elle au galop. Voyant le brocard foncer sur elle, la chevrette bifurque pour remonter vers un bosquet qui borde la route et disparaît en y entrant. Le brocard fonce vers elle et mes appels n'y changeront rien.
Il rentre dans le bosquet où nous le perdons de vue. Je tente encore d'appeler un instant puis attends un peu mais il ne reviendra pas. Nous quittons notre poste et remontons à la voiture pour aller nous garer un peu plus loin près d'une habitation abandonnée.
Nous quittons le véhicule et longeons le bois dans une bande de prairie non fauchée pour rejoindre un chemin forestier enherbé.
Le chemin débouche au coin d'une friche herbeuse bordée de haies et précédant une vigne à plus de 100 mètres. J'observe un instant le secteur sans rien voir puis prends à gauche par le passage dans la haie, au coin du bois. Nous remontons en suivant la lisière puis prenons à gauche un peu plus haut toujours en suivant le bord du bois dans une luzerne fauchée. Je passe plusieurs coulées trop encombrées pour rentrer dans le bois silencieusement puis en trouve une suffisamment ouverte. Nous entrons dans le bois et longeons la lisière interne pur nous poster près d'un arbre, un peu plus loin. Je commence mes appels.
Après quelques minutes, des bruits de pas se font entendre sur la droite du bois. Je pose mon appeau sur ma poignée d'arc et me prépare à armer puis reprends les appels. Le temps passe mais je ne vois rien arriver quand un bruit me fait tourner la tête vers la prairie de luzerne fauchée. Une chevrette est arrêtée au milieu du découvert à environ 50 mètres et regarde vers nous. Je poursuis mes appels mais elle fait demi-tour et se débine tranquillement pour rentrer dans la haie. J'appelle encore un peu mais pas de brocard, nous revenons sur nos pas pour retourner à la voiture.
Nous partons un peu plus loin et nous nous garons au bord de la route sur un passage qui permet d'accéder à une parcelle de chênes américains, en bordure d'un bois qui borde la route. Nous longeons un peu cette dernière puis rentrons dans le bois par une belle coulée qui rejoint une zone de fougères. Le sol est assez bruyant et je décide de me poster à environ 50 mètres de la lisière, juste à droite des fougères, derrière un arbre, pour ne pas trop déranger le secteur.
J'observe un court instant et commence mes appels. Plusieurs séries d'appels brefs mais le temps passe et rien ne vient. Je le décidé à changer d'appeau mais alors que je range le Buttolo dans ma poche un bruit au loin me fait lever les yeux alors que Lionel m'annonce au même moment l'arrivée d'un chevreuil. En levant les yeux, je l’aperçois qui arrive d'un pas décidé à environ 150 mètres. Il va droit vers la route. Je rattrape mon Buttolo et reprends mes appels. Le chevreuil continue droit vers la route et je le perds un instant de vue dans la végétation en lisière du bois. Je continue mes appels et le vois arriver droit sur nous. Je pose mon appeau sur ma poignée d'arc et arme alors qu'il arrive à un peu plus de 20 mètres.
Le brocard vient stopper de face à environ 18 mètres derrière un écran de branchages. Il cherche l'origine des appels en hochant la tête et renifle par moment le sol.
Je relance un ou 2 appels brefs étouffés. Le brocard démarre au trot et passe sur la droite de l'arbre contre lequel je suis posté. Je suis son mouvement dans mon viseur. Il passe l'arbre en accélérant un peu
puis vient stopper à 2 ou 3 mètres de Lionel, posté derrière moi un peu sur ma droite, mais redémarre aussi sec en l'apercevant, il fait une boucle pour revenir d'où il vient et stoppe très vite à environ 10 mètres, plein travers, pour regarder à nouveau vers nous. Je l'ai dans mon viseur mais une branche basse me gêne pour tirer et le brocard repart presque aussitôt. Je le laisse passer derrière l'arbre et pivote en lançant un ou 2 appels pour tenter de l'intercepter dans une trouée au milieu des branchages. Le brocard stoppe à environ 15 mètres plein travers, pile où je l'espérai. Je cale rapidement ma visée sur le défaut de mon épaule et décoche. L'impact retentit et le brocard démarre au galop mais rapidement il semble mal en point et disparaît dans les fougères à moins de 30 mètres de l'endroit du tir. Les fougères s'agitent un peu sur place puis plus rien, le calme s'installe. Je retire ma cagoule et me retourne vers mon ami, il a pu filmer la scène mais au moment du tir, le brocard était derrière un arbre de son angle de vue.
Assez rapidement nous partons chercher mon chevreuil. Je retrouve vite ma flèche plantée au sol. Je la récupère, elle est couverte de sang, je l'essuie un peu et la remets au carquois puis pars chercher les premières gouttes de sang que je ne tarde pas à trouver près de la zone du tir. De grosses gouttes espacées sont tombées au sol sur les feuilles mortes.
Après quelques mètres, le chevreuil a pris à droite pour franchir un petit butte de terre. Une petite goutte tombée sur le sol nu, au milieux d'une coulée très marquée nous indique la trajectoire du chevreuil. Je passe ce bourrelet de terre, de l'autre coté, une giclée de sang a marqué le tronc d'un petit merisier.
Je trouves quelques gouttes au sol puis des frottés sur les feuilles de fougères. De l'agitation se fait entendre dans les fougères alors que nous discutons et je crains que mon chevreuil ne soit reparti mais le calme revient vite. Lionel, pensant avoir repéré l'endroit où est tombé le chevreuil, s'avance dans les fougères et je le suis mais le chevreuil est introuvable. Nous tournons un instant et je décide de reprendre ma recherche en suivant le sang, je reviens sur mes pas et retrouve vite la piste et recommence à la suivre. Une belle giclée de sang au sol m'indique que le chevreuil a pris plus à gauche que ce que nous pensions et alors que je suis la piste qui s'intensifie. Lionel M'annonce qu'il a trouver mon chevreuil dans les fougère à un peu plus de 10 mètres devant moi. Je m'avance donc à sa rencontre et tombe sur mon chevreuil mort sur le flanc. La sortie de ma flèche est un peu en arrière du défaut de l'épaule.
C'est un brocard de petite corpulence au pelage roux clair, il porte 4 pointes, ses bois ont assez perlés mais clairs.
J'appose mon bracelet et lui rends les honneurs
avant de le sortir du bois pour faire quelques photos souvenir. Ma flèche rentre pile où je visais au défaut de l'épaule et traverse les 2 poumons.
Je vide mon chevreuil avant de retourner à la voiture et de le charger puis nous partons pour un autre secteur avant qu'il ne fasse nuit. Je me gare au départ d'un chemin de terre enherbé qui remonte vers un grand bois entre 2 parcelles de tournesols. Nous suivons le chemin pour remonter vers une parcelle de pins inclue dans le grand bois. Les tournesols laissent place à une luzerne fauchée qui remonte jusqu'à la crête délimitée par une grosse haie. En arrivant au bord de cette dernière, nous prenons à droite sur une grosse coulée qui rentre sur le haut des pins. Certains arbres ont été frottés, jusqu'à perdre leur écorce, par les sangliers.
Nous nous postons et appelons un moment mais rien ne vient.
Nous retournons à la voiture pour partir pour le dernier secteur de la soirée car la luminosité décroît. Je me gare près de 2 lacs, le long d'un chemin blanc et nous partons en le longeant. En arrivant près du bois qui surplombe le chemin sur notre gauche, nous dérangeons une volée de corbeaux. Alors que nous longeons la bande de soja étroite qui borde le bois, il me semble apercevoir un brocard en bordure du bois à environ 200 mètres. Je le signale à L. qui n'arrive pas à le voir puis nous tentons de nous rapprocher du coin d'un petit bosquet qui borde la rivière et avance dans le soja jusqu'au chemin à mi distance du chevreuil. Nous avançons baissés sur la droite du chemin mais il me semble que le chevreuil nous regarde. Je décide de continuer à avancer car nous sommes à découvert et appeler d'ici ne me permettra pas de tirer. Alors que nous nous rapprochons du bosquet, je comprends que je suis juste en train d'approcher une touffe de végétation et je me redresse pour reprendre ma progression normalement. Un petit coup d'œil derrière le bosquet, pas de chevreuil dans le soja. Nous poursuivons jusqu'à une grosse haie qui descend à la rivière sur notre droite. Je m'avance tout doucement pour regarder derrière et aperçois un brocard couché à environ 100 mètres près de la haie.
Je le recule rapidement et le signale à Lionel en accrochant mon décocheur. Je me ravance doucement juste au coin de la haie et commence à appeler. Dès les premiers appels le brocard semble intéressé mais une seconde tête surgit de l'herbe un peu plus à gauche, près d'un bout de haie perpendiculaire qui coupe la prairie. Je poursuis mes appels, le brocard se lève et la chevrette suit rapidement mais les 2 animaux nous observent sans bouger. Je tente d'appeler au Rottumtaler, cette fois la chevrette réagit et commence à venir, entraînant le brocard à sa suite.
Nous commençons à y croire quand un grondement semble se rapprocher par le chemin sur notre droite. Les chevreuils stoppent et le brocard regarde vers ce bruit sourd.
Des lumières se dessinent au loin sur le chemin, ce sont des quads qui se rapprochent. La chevrette est passée derrière le bout de haie et le brocard reste statique. Je tente d'appeler encore pour essayer de précipiter l'approche des chevreuils avant que les quads ne soient trop près mais rien à faire, les chevreuils inquiets ne veulent plus avancer. Le grondement se faisant de plus en plus présent, je stoppe mes appels et attends l'arrivée des quads sans bouger.
Nous les saluons de la main à leur passage puis attendons qu'ils s'éloignent suffisamment pour reprendre les appels. Les chevreuils qui ont commencé à s'éloigner ont vite stoppé pour les regarder passer. Je reprends mes appels mais les chevreuils bien que semblant intéressés ne veulent plus avancer, ils se contente de nous regarder un moment.
Les animaux finissent par s'éloigner en rejoignant la haie et mes appels n'y change rien. Les ayant perdu de vue contre le fond de la haie, je décide de tenter un dernier secteur. Nous reprenons le chemin quand j’aperçois le brocard qui semble revenir vers nous en longeant la haie mais il nous a vu et repart en longeant la haie avec sa chevrette. Nous suivons un peu le chemin puis prenons un passage à gauche pour longer entre une haie et un tournesol et rejoindre une prairie fauchée. A l'entrée de cette dernière, j'observe un instant sans rien voir. Nous nous avançons en longeant la haie de droite pour nous poster un peu plus loin, au coin de cette dernière qui remonte sur notre droite. La luminosité baisse vite alors que mes appels restent sans réponse. Nous faisons demi-tour. En revenant vers le chemin, une tache sombre dans la prairie m'intrigue, j'avance baissé mais c'est encore une touffe de végétation, je commence à voir des animaux partout. Il est temps de rentrer pour aller dépecer et découper mon chevreuil.
Alex
Vous retrouverez cette aventure en vidéo le 23 août 2021 sur la chaîne internet du chasseur francais