17h30, ça y est c'est les vacances, mes affaires sont dans la voiture, je pars directement du boulot pour Sarrancolin. 1 heure plus tard je suis au pied de la montagne dans le dernier virage de chemin qui mène "A Panès". Le piqueur que je croise tous les dimanches arrive avec son 4x4, nous discutons un peu puis il poursuit sa route et je finis de me préparer. Ça y est la chasse commence, je remonte vers la ferme aux patous puis attaque la montée au plus raide, mes poumons sont en feu, je grimpe rapidement pour ne pas perdre de temps, mon pou s'accélère. Le vent est bon il souffle face à moi.
Un sifflement retentit, je me retourne, c'est le piqueur il a vu un cerf contre le flanc opposé de la montagne. Je le regarde un court instant puis recommence à monter en surveillant par moment le cerf qui finit par rentrer au bois. Je débouche à bout de souffle sur la première petite placette enherbée. Je suis en train de reprendre mon souffle quand un raire étouffé retentit derrière les genets dans une zone de fougères. Ça doit être le cerf vu dimanche soir. Je me rapproche doucement de la bordure des genets au niveau d'une trouée. Le cerf est là, à 40 mètres couché, ses bois dépassent des fougères, il brame. Il a l'air pas mal. Je m'avance doucement vers 2 gros houx peu espacés qui font un bon écran de camouflage. Juste au moment où j'arrive derrière les houx sur la pointe des pieds en essayant d'éviter les feuilles sèches très craquantes, le cerf se lève, des herbes sèches et des fougères ornent ses bois. Il est à 30 mètres environ de 3/4 face, immobile à l'écoute de ses rivaux. Il brame à nouveau puis plonge la tête dans les fougères et commence à tout arracher en faisant des mouvements de tête. Que faire ? Il me faut me déplace un peu à découvert pour rejoindre un petit bouquet d'arbuste et de genets. Le cerf redresse la tête puis commence à biaiser vers moi. Il me semble qu'il boite très légèrement de l'antérieur droit, je commence à me demander si ce n'est pas mon cerf blessé. Mon cœur tape fort dans ma poitrine et le sang me monte aux tempes. Il s'arrête brame puis reste un moment à l'écoute, ses rivaux brament au loin. Il recommence à donner des coups de tête dans les fougères puis se remet en marche pour passer à environ 20 mètres en dessous de moi.
Il passe derrière le bouquet d'arbustes, c'est le moment d'avancer encore un peu. Je progresse en calculant chaque pas mais le sol est jonché de feuilles de houx sèches très bruyantes et je fais des pauses entre chaque pas pour observer les réactions du cerf au travers des branchages. Pour l'instant, il semble tranquille. Je tente un grand pas mais pose le pied sur une brindille qui craque puis casse. Je me fige en semi grand écart alors que le cerf regarde vers moi au travers des branchages. Je reste un moment immobile dans cet équilibre précaire puis le cerf se remet en marche et brame un coup. Je parviens à me caler derrière le bouquet d'arbre. Je me poste sur sa droite et observe. Le cerf qui avance doucement. Il arrive petit à petit, la pression monte, mon cœur tape fort, ça ne m'arrive pas souvent. Mais, tout à coup, le cerf qui venait pour me passer à portée de tir se couche à l'écoute. Il va falloir attendre, je l'observe quand je me rends compte que le vent qui caresse ma nuque a tourné, il n'est vraiment pas bon, légèrement en bais il descend vers le bois après les fougères et je crains que le cerf ne me sente d'un moment à l'autre. Le temps passe et il ne bouge pas, je me penche légèrement et doucement pour mieux le voir mais il détecte le mouvement et regarde vers moi. Quel couillon !
Je me fige en espérant qu'il m'oublie, mais, curieux, il se lève et s'avance de quelques pas, regarde vers moi. C'est à ce moment que je l'aperçois le bout de ma flèche resté dans le cerf blessé est là, juste sous la peau, derrière son épaule. C'est mon cerf blessé ! Moi qui pensais que c'était le cerf chocolat... la pression monte d'un cran et ma motivation avec. Il avance à nouveau, j'arme mon arc, il s'arrête et regarde vers moi, il reprend sa marche et s'arrête 2 pas trop tôt, je n'ai pas de fenêtre de tir, seul son cou est dégagé et ce vent dans mon dos.... "Allez avance encore un peu". Mais le cerf pousse un grondement et fuit droit vers le bois en contrebas. Il m'a senti. Je grogne moi aussi et agite le genet devant moi. Le cerf à 45 mètres environ, s'arrête et revient de quelques pas vers moi. Il m'observe de face en lisière du bois. Je grogne encore et agite toujours le genet mais le cerf se débine doucement dans le bois, cassant quelques branches au passage. Je suis vert.
"Bon, demain soir je reviens me poster à bon vent pour l'intercepter lors de son arrivée sur la place". Je m'éclipse doucement et pars vers le col. Je débouche doucement sur la place de brame à la sortie du tunnel de noisetiers. Les chevaux broutent au milieu des genêts. J'écoute un moment mais les brames sont lointains. Je m'avance doucement sur le col pour rejoindre la piste. Une cavalcade attire mon attention dans le bois sous la piste. Il semble qu'un animal monte vers moi. Je m'agenouille dans les fougères et attends mais le calme revient. Je m'avance doucement vers la bordure du bois et aperçois un animal qui se débine de cul. Je me fige et observe, il s'arrête mais je n'arrive pas à déterminer de quoi il s'agit puis il repart et remonte plein travers dans les fougères. C'est un jeune 8 pointes. Il disparaît dans la végétation. Un brame retentit dans les fougères, dans la pente qui redescend vers ma voiture. Je pars me poster un moment derrière un houx à l'écoute et les yeux grands ouverts.
Vers le bout de la piste taillée dans le rocher un bruit de bois se fait entendre, soit des cerfs se battent, soit un cerf est entrain de malmener un arbre. J'hésite, que faire ? Partir vers ce bruit ou resté posté... je craque et pars vers le bruit de bois mais un brame me rappelle à l'ordre, on dirait que ça vient de la zone de mon approche de tout à l'heure. Peut-être que mon cerf est ressorti. Je repars vers cet endroit. Après les noisetiers, une biche surgit des genets devant moi et traverse le chemin pour s'arrêter à découvert un peu plus loin et me regarde arriver puis je la perds de vue derrière des genets et la vois s'enfuir en arrivant sur la placette. Elle rentre dans les genets à grand bruit.
un cerf gronde dans le bois sous la zone de fougères, je pars assez loin pour ne pas être trahi par le vent puis je descends vers le bois au travers de fougères. La nuit tombe doucement et le sous-bois devient sombre. Le sol est craquant et le cerf finit par se taire. Je décide de renoncer et retourne à la voiture en me faisant les plans pour le lendemain.
Alex