Ce matin, je repars chasser avec mon Butollo mais sur un autre secteur de Labéjan, je me gare au village vers 7h30 avant de partir en chasse en suivant un chemin enherbé qui descend vers un bois étroit. Je n'ai pas fait 2 pas que j'aperçois déjà un premier chevreuil au gagnage juste contre les habitations. Je me fige et l'observe un instant, il regarde un moment vers moi puis commence à descendre tranquillement vers le bois en broutant. Je tente de descendre rapidement en longeant derrière une petite haie qui borde une partie du chemin à ma gauche mais, tout à coup, le chevreuil m'aperçoit et démarre. Il remonte vers les maisons comme s'il voulait rentrer dans les jardins. J'hésite à remonter pour l'intercepter mais il fait demi-tour et commence à redescendre suivi de 2 chevreuils plus petits. C'est en fait une chevrette et ses chevrillards. Elle a pris le temps d'aller les chercher avant de s'enfuir, Je tente de les appeler mais ils poursuivent leur fuite, je les perds de vue dans un creux de la prairie.
Je recommence à descendre et rattrape le bord du bois, un dernier coup d’œil en arrière sur les chevreuils qui sont remontés en crête de la colline et se sont arrêtés pour observer puis je longe un peu le bois, le traverse par un passage enherbé puis remonte dans un pré bordé par le bois qui forme un U très large pour me poster en lisière au bord d'une sorte de gros fossé, sur la droite du pré. Je commence mes appels mais ils restent sans réponse. Je ressors du bois alors que le brouillard enveloppe le secteur. Je traverse le pré pour aller me poster vent de face dans l'autre angle du pré. Je m'avance un peu dans le bois puis me poste et commence mes appels. Rapidement, un galop retentit et je tente d'apercevoir le ou les chevreuils mais en bougeant légèrement l'un d'eux qui venait droit sur moi me repère et décrit une grande boucle dans le bois alors que j'appelle toujours. Je les vois enfin, c'est une chevrette et ses 2 chevrillards, ils passent à 30 mètres au-dessus de moi. Je les perds de vue alors qu'ils arrivent à la lisière du bois. Je continue mes appels. Cette fois ils sortent sur le pré, dans le brouillard, pour me contourner et me prendre au vent. Je me retourne lentement, la chevrette est arrêtée à moins de 20 mètres plein travers mais les branchages m'empêchent d'envisager un tir. Elle ne va certainement pas tarder à me sentir mais je tente de la faire venir d'avantage. Elle s'arrête souvent et n'avance que pas à pas puis fait brusquement volte-face pour rentrer au bois en entraînant ses petits. Je les perds vite de vue puis le calme revient.
Je tente d'appeler encore un moment au cas où mais ne voyant rien venir, je sors du bois. 3 chevreuils qui regardent vers moi en crête à 200 mètres environ me font stopper net. Je tente de les appeler mais ils restent immobiles. Je tente de me rapprocher un peu jusqu'à une bande de ronces et reprends mes appels mais ils ne bougent toujours pas. Je me décale encore un peu, cette fois les chevreuils disparaissent derrière la crête. Je remonte rapidement mais arrivé en crête, je ne les vois plus. Je commence à descendre vers un autre bois quand j'aperçois au loin, à plus de 600 mètres, 3 tâches sombres dans un chaume de blé du versant opposé derrière le bois. Je me fige et observe un instant, ce sont des chevreuils, ils avancent vers un lac entouré par le bois. Je tente de descendre rapidement à découvert mais arrivé presque au bois je les vois qui s'enfuient vers le bois du Turc au loin.
En tournant la tête, j'aperçois furtivement un chevreuil qui se débine devant moi, caché derrière un roncier, il m'a vu avant que je ne le vois et il se défile maintenant dans le bois en passant sous les fils de fer barbelés. Je rattrape la bordure du bois et le longe par la droite pour me poster 2 fois et appeler mais, ne voyant rien venir, je poursuis ma route jusqu'à une haie qui sépare deux prés. Je la traverse par un passage et observe les alentours.
Devant moi, se trouve un gros rond de rosés de prés, je reviendrai les chercher plus tard si j'ai le temps.
L'an dernier, à cet endroit j'ai fait venir une chevrette à l'appeau. Je me poste donc pour appeler un moment mais rien ne semble venir quand, au loin, près de la ferme, j'aperçois 3 chevreuils qui passent la route de crête. Ils s'arrêtent et regardent vers moi. 2 autres les rejoignent, je recommence mes appels, ils semblent m'entendre mais ne semblent pas disposés à venir. Tout à coup, 3 d'entre eux descendent au petit trot et biaise à droite vers un bouquet d'arbres sous la ferme puis s'arrêtent au pied des chênes pour brouter, les 2 autres avancent doucement en broutant plus en arrière.
Mes appels semblant non efficaces, je décide de me rapprocher, je longe le bois sur ma gauche, doucement, voûté au maximum et en appeautant régulièrement pour les tranquilliser. Passé à couvert derrière un petit bosquet perpendiculaire au bois, je finis de descendre au fond de la combe au pas de course. Arrivé contre le petit bosquet, je remonte doucement la pente boisée pour rejoindre la lisière où je me poste pour observer un moment. Les chevreuils broutent toujours près des gros chênes.
Je recommence mes appels mais cette fois les chevreuils semblent inquiets et se regroupent avant de commencer à descendre en biaisant vers le bout du bosquet à ma droite.
Comprenant rapidement ce qui va se passer, je quitte mon poste et rejoins le fond de la combe que je longe au pas de course pour tenter d'intercepter les chevreuils. Je les aperçois au travers des branchages, ils viennent bien vers le bout du bosquet. J'aperçois un rond de ronces avec un gros arbre mort au milieu un peu après le bout du bosquet et décide de me poster derrière.
J'arrive au bout du bosquet mais les chevreuils sont déjà trop proches et je ne peux pas rejoindre l'îlot de ronces sans être vu. Je me poste donc au bout du bosquet et observe les chevreuils au travers des branchages, je ne vois que 4 animaux, une grosse chevrette, une plus petite et 2 chevrillards, ils semblent vouloir passer entre l'îlot de ronce et le bout du bois.
Ils s'arrêtent un moment à 30 mètres environ et observent. La chevrette de tête semble inquiète et commence à biaiser pour passer après les ronces, les choses se compliquent, au plus près les chevreuils vont me passer à 15 mètres mais très certainement à plus et je ne peux pas bouger sans être vu, de plus le vent qui souffle en longeant le bosquet dans mon dos risque de me faire repérer. Tout à coup, j'aperçois le 5ième chevreuil, c'est un brocard, il vient vers le bout du bosquet et biaise doucement pour passer à travers le bois dans mon dos. Je tente de me tourner un peu pour essayer de l'apercevoir au travers d'une trouée dans la végétation.
La chevrette m'a aperçu au travers des feuillages et commence à devenir très nerveuse, elle tourne sur place et frappant du sabot le sol puis démarre en aboyant pour partir vers le bout du bois dans mon dos avec les 3 autres à ses trousses. Elle va tout gâcher, je m'attends à voir démarrer le brocard d'un instant à l'autre, je l'ai perdu de vu derrière le petit bosquet. Il met un moment à réagir puis démarre et me passe à moins de 10 mètres au trot, j'arme mon arc au cas où mais il rejoint le rond de ronce et s'arrête derrière alors qu'il semblait vouloir le contourner. Je me tiens prêt au cas où il déciderait de traverser au plus près de moi, environ 15 mètres nous sépareraient.
Au bout d'un moment, il se décide et passe au petit trot pour rejoindre le bois, je vise en avant et décoche mais je passe juste derrière. Je l'aboie alors qu'il va rentrer au bois en réencochant une flèche. Il s'arrête au ras du couvert, à un peu plus de 40 mètres, puis fait demi-tour et commence à revenir vers moi en zigzagant d'un pas lent. Je monte doucement mon arc pour me préparer à l'armement mais je suis découvert et armer sans être vu sera difficile. Petit à petit, il arrive en me présentant tantôt un plein travers, tantôt un 3/4 face. Alors qu'il est à 20 mètres environ, il me semble détecter une baisse d'attention et je commence à armer mais je me ravise vite car il regarde maintenant vers moi. Il vient toujours sans s'arrêter, cette fois, il rebaisse sa garde et ce sera ma seule chance il va être trop proche. J'arme doucement et prends la visée. Le brocard vient se planter à 15 mètres, plein travers, tourné vers le bois. Ma visée est prise, je décoche mais il démarre à ce moment-là et ma flèche semble taper trop en arrière alors qu'un bruit de fracture impressionnant retentit.
Le brocard démarre en trombe et rentre au bois avec une course saccadée caractéristique d'un animal touché. Avant de rentrer au bois je le vois perdre un gros jet de sang et aperçois quelques plis d'intestins qui semblent pendre sous son ventre. Il remonte la pente du bois et je le perds de vue, je le suis encore un instant à l'oreille avant d'entendre un gros fracas puis plus rien.
J'attends un moment puis pars chercher mes flèches, la seconde est brisée en 3 morceaux à partir de l'empennage et l'encoche a sauté, l'autre est postée dans l'herbe près du bois. Je me dirige vers là où j'ai vu rentrer le chevreuil au bois. Les feuilles mortes dans la montée sont marquées de grosses gouttes de sang alors que je n'ai pas su voir de traces de sang dans le pré.
Je remonte la pente en suivant les gouttes et arrive sur une zone plane près d'une grosse souche renversée, les gouttes de sang sont éparpillées sur un rond de 2 mètres de diamètre et ne suivent plus une ligne comme précédemment.
Je tourne un petit instant en essayant de dénouer la piste puis aperçois des gouttes à quelques mètres sur ma droite. Je me rapproche et constate que le sang est mélangé à du contenu stomacal, les chevreuils arrivaient bien du chaume de maïs au-dessus du lac où je casse souvent car je trouve des grains de maïs dans les traces de sang.
La piste est bien marquée et facile à suivre.
Je la suis tranquillement, elle remonte doucement vers la lisière haute du bois. Rapidement, je tombe sur une première reposée debout, le sol est marqué d'un gros rond de sang constitué de gouttes tombées à la verticale, le chevreuil est resté là un moment.
Au redémarrage, le chevreuil a perdu pas mal de sang, de nombreuses gouttes éparses couvrent les feuilles mortes.
A nouveau, le sang est mélangé à du contenu stomacal, la piste est toujours très abondante et facile à suivre.
Tout à coup, un chevreuil démarre en lisière du bois au-dessus de moi. Je me fige et attends un moment, le bruit s'arrête vite. Après une petite attente, je reprends ma recherche et tombe rapidement sur une seconde reposée debout bien marquée.
La piste reprend juste un peu moins marquée mais toujours facile à suivre.
A l'endroit où se trouvait le chevreuil qui a démarré, je retrouve une reposée où l'animal s'était couché.
Je m'arrête un moment et scrute l'intérieur du bois car, au bruit, je pense que le chevreuil n'est pas allé loin. Je raccroche mon décocheur et reprends ma recherche tout doucement. La piste redescend maintenant et le sang se fait plus rare, je suis tout de même bien la piste également tracée par les feuilles mortes retournées.
Le chevreuil redémarre devant moi sans que je puisse le voir mais à nouveau le bruit s'arrêt rapidement. J'attends un moment puis poursuis ma recherche. Je retombe un peu plus loin sur une seconde reposée couché à seulement 20 mètres de la première, signe que mon chevreuil n'est pas bien. Je continue à suivre la piste qui débouche dans une sorte de large fossé qui longe juste à la lisière, à l'intérieur du bois. Le sang devient de moins en moins abondant.
Après 10 mètres environ, la piste bifurque à droite et ressort sur le pré en direction du bosquet au bout duquel j'ai fléché le brocard. Sur le pré, je ne trouve plus de sang et décide d'arrêter la ma recherche et d'appeler le chien de sang. Je traverse tout de même le pré pour examiner le bord du bosquet quand j'aperçois mon brocard qui surgit du sale un peu plus loin retraverse le pré et rentre dans le grand bois qui surplombe le lac.
J'appelle donc le conducteur de chien de sang mais il m'annonce une triste nouvelle, son chien lui a échappé lors d'une balade avec sa longe et il le cherche sans succès depuis plusieurs jours. Il est justement en train de le chercher. Il me rappellera dans 2 heures pour me dire s'il peut venir avec sa jeune chienne. Je décide de retourner à la voiture pour passer le temps et de revenir pour ramasser les rosés des prés.
En route, j'aperçois 4 chevreuils qui arrivent dans un léger brouillard en suivant la crête d'une colline. Je suis en plein découvert et ils regardent vers moi. Ils sont à environ 150 mètres. Je me voûte et avance doucement en faisant de petits appels brefs au Butollo. J'arrive ainsi à passer derrière un bout de haie et à rejoindre la bordure du bois à 40 mètres environ sans faire fuir les animaux. Je me cale ensuite derrière le bout de haie à son extrémité et commence à appeler. La chevrette de tête hésite, elle fait quelques pas vers moi, se retourne vers les trois autres puis se fige et regarde vers moi un moment avant de biaiser pour descendre vers le fond de la combe. Je me décale pour être masqué par le relief et avance vite d'environ 50 mètres avant de me figer à la vue des chevreuils.
A nouveau, la chevrette hésite puis fait brusquement demi-tour pour repartir d'où elle vient. Les animaux s'arrêtent régulièrement pour regarder derrière eux puis rentrent au bois.
Je finis d'arriver à ma voiture où je retrouve Hémo, mon teckel de 4 moins 1/2 que je dresse à la recherche au sang. Il m'a sagement attendu et dort en boule sur le siège passager. Je prends la voiture et pars me garer près de l'endroit où les chevreuils ont traversé la route de crête puis je redescends avec un sac pour aller chercher les champignons.
En traversant le petit bosquet, je trouve du sang, le chevreuil a donc longer ce dernier avant de s'arrêter dans un bouquet de buissons noirs.
Je laisse le coin tranquille puis pars chercher mes champignons et je reviens avec un poche de plusieurs kilos vers la zone du tir, je continue à perdre un peu de temps en prenant des photos du paysage et de la piste au sang quand une voix m'interpelle. "Hep", je cherche d'où vient cette voix, "Hep", cette fois j'aperçois le chasseur, je le connais bien et vais à sa rencontre.
"Tu as tiré un chevreuil ce matin ?"
"Oui, tu l'as trouvé?"
"Oui.....
Nous discutons un moment puis il me conduit à mon chevreuil qui est mort sur un ancien chemin dans le bois où je l'ai vu rentrer, à 40 mètres environ de la lisière.
Il a parcouru environ 200 mètres sur la totalité de sa fuite. Ma flèche est très en arrière, elle est basse dans les intestins et touche les 2 genoux en écaillant un des tibias, d'où le bruit de fracture.
Qu'elle n'est pas ma surprise quand voulant le prendre en photo, je l'attrape par les bois pour le positionner. Le bois de gauche me reste à la main avec un morceau du pivot. Une vielle fracture entrain de cicatriser, le morceau ne tenait que par la peau.