Ce soir, Michel, un ami qui chasse a l'approche le chevreuil mais à la carabine m'a invité à chasser avec lui avec mon arc sur L'Isle en Dodon. Je connais très peu ce secteur situé sur la Haute Garonne et limitrophe du Gers, j'y suis allé une fois avec lui pour l'accompagner à la chasse il y a 2 ans. Nous nous retrouvons vers 19 heures dans le village où je laisse ma voiture. Nous partons avec son petit fourgon pour une chasse au Butollo. Il fait beaucoup de vent ce soir. Nous nous arrêtons sur un premier secteur boisé. Nous prenons un chemin enherbé qui borde à gauche un bois assez clair et à droite une plantation de pins. Un peu plus loin, Michel se poste dans les pins et moi dans le bois où je commence à appeler. Au bout d'un moment, ne voyant rien venir, je le rejoins puis nous tentons quelques appels dans les pins sans succès.
Nous retournons au fourgon puis partons pour un autre secteur. Michel se gare au bord de la route puis nous partons en longeant un chemin de terre. Sur notre droite un champ de tournesols remonte jusqu'à la crête, il est suivi d'une luzerne ponctuée d'un petit îlot et remontant jusqu'à un bois qui longe la crête. Sur notre gauche, un champ de maïs couvre le penchant opposé et précède une prairie qui remonte jusqu'à un autre bois qui longe également la crête. Michel est entrain de m'expliquer qu'il voit tout le temps une chevrette dans le secteur quand j'aperçois justement un chevreuil à 250 mètres environ dans la luzerne près du chemin. Michel le jumelle, c'est une chevrette, elle remonte vers la crête. Ne voulant pas l'affoler nous remontons vers la crête à travers le tournesol et perdons la chevrette de vue. Arrivés près de la crête, nous traversons la haie qui sépare le tournesol de la luzerne puis partons nous poster au bord du bois contre sur la crête. Nous regardons vers le penchant opposé, à notre droite le bois redescend dans la luzerne et un passage de débardage rentre en longeant la crête dans une petite friche entourée par le bois. Personnellement, je me serais posté dans la friche mais le champ de vue pour la carabine serait trop réduit. J'ai remarqué depuis longtemps qu'un brocard vient beaucoup plus facilement quand on appelle à l'intérieur du bois qu'à découvert à part si le brocard est en vue sur le découvert.
La cassure du terrain, à 30 mètres environ, nous cache une partie de la luzerne. Le temps passe et rien ne vient, nous quittons notre poste pour rejoindre l’îlot boisé en contre bas et reprendre les appels mais toujours rien. Nous n'avons pas vu passer la chevrette et nous la pensons couchée dans la luzerne, nous nous décalons sur la droite de l’îlot boisé et observons la luzerne. Michel vient d'apercevoir quelque chose dans ses jumelles mais il n'arrive plus à y mettre les yeux dessus. Je finis par apercevoir les oreilles de la chevrette. Elle est couchée dans la luzerne plus haute du bas de pente. Je tente de l’appeler pour m'amuser mais elle ne réagit pas. Le vent fort et face à nous ne lui permet peut être pas de m'entendre. Je tente d'alterner mes appels avec des aboiements, la chevrette commence à tourner les oreilles vers nous puis se redresse et commence à venir d'un pas lent dans notre direction. J'alterne les appels et les aboiements avec des moments de calme. Petit à petit, la chevrette vient vers nous en s'arrêtant régulièrement pour manger. La scène est surréaliste. Nous sommes debout, en plein découvert à 15 mètres de l'îlot et la chevrette continue à monter droit sur nous, sans nous regarder alors que nous discutons à voix haute. Elle finit par se planter à moins de 20 mètres de 3/4 face, regarde autour d'elle puis se remet à manger. Michel me lance : " Et si on allait chasser. " Nous nous remettons en marche pour redescendre vers le chemin de terre, cette fois la chevrette démarre et file à toutes pattes vers les tournesols qui font suite à la luzerne.
Nous revenons au fourgon et Michel repart par les petits chemins pour arriver près d'un petit bois entouré de tournesols. Nous nous arrêtons, Michel par se poster contre le bois et je me cache dans le tournesol au bord d'un fossé mais rien ne vient à mes appels et nous reprenons la route. Un peu plus loin Michel me montre un secteur de prairie et de bois qui me plait beaucoup mais la présence d'un tracteur qui charge des balles de foin le dissuade de s'arrêter. Il poursuit sa route mais je parviens à le persuader de tenter d'appeler dans le grand bois un peu plus loin. Nous nous garons au coin du bois, à l'opposé du tracteur puis partons en longeant le bois pour rattraper un chemin forestier à 200 mètres environ qui rejoint une langue de prairie d'environ 30 à 40 mètres de large qui rejoint la prairie où travaille le tracteur. L'endroit me plait beaucoup. Michel se poste au bord du bois sur la droite et je m'avance un peu plus pour trouver un passage pour monter me poster dans le bois. Une coulée très fréquentée est piétinée de nombreux pas de chevreuil, la terre est à nue suite aux passages répétés. Je remonte par cette coulée et me poste un peu au-dessus de Michel dans le bois derrière un arbre. Je suis dans une sorte de cirque de 50 mètres de diamètre, tout autour de moi le terrain remonte de 5 ou 6 mètres très rapidement. Je commence mes appels, au bout d'un moment un bruit de pas résonne dans le sous-bois, je continue mes appels mais le bruit finit par cesser, je module le son de mes appels et insiste un moment mais rien ne vient. Je finis par renoncer et rejoint Michel qui a lui aussi entendu le pas craquant. Nous retournons au fourgon.
En route, j’aperçois au loin, en contrebas, au bord d'un bois qui borde un chaume de blé, plusieurs chevreuils mais les perds rapidement de vue derrière la haie éparse qui borde la route. Je l'annonce à Michel puis les lui montre un peu plus loin au travers d'une trouée dans la haie. Nous nous garons plus loin au bord de la route, au niveau du bord du bois, après le chaume de blé dans un virage puis revenons doucement sans arme vers la haie qui borde la route. Les chevreuils sont là à 70 ou 80 mètres, une chevrette et ses 2 jeunes qui broutent tranquillement. Nous les observons un instant, un jeune finit par rentrer au bois puis sa mère et le second suivent peu de temps après. Nous repartons vers le fourgon et Michel reprend la route. Nous allons vers un secteur où il connait un couple de chevreuils qu'il voit régulièrement.
Arrivés près du secteur, la route descend vers le village, en nous cherchons un endroit où nous garer pour attaquer la chasse en remontant mais impossible de trouver une place, nous faisons demi-tour et remontons quand, tout à coup, j'aperçois 2 chevreuils au gagnage dans un pré derrière une haie qui les sépare d'un petit chaume de blé. Je l'annonce à Michel mais la haie les cachent maintenant, nous poursuivons notre route et nous nous garons mais le vent descend vers le village, nous reprenons le fourgon et redescendons vers le village mais impossible de trouver un accès au travers des habitations. Michel décide alors de partir se garer bien plus haut et de tenter une approche en contournant la colline. Nous nous garons donc bien plus loin près d'un chemin de terre qui redescend vers le village. Michel en profite pour me narrer ses chasses passées dans le secteur. Nous quittons le chemin pour longer au sommet du talus de ce dernier et commençons à contourner la colline. Je finis par apercevoir un chevreuil à 400 mètres environ contre la haie qui sépare le chaume d'un chemin de terre qui remonte vers la route, Michel l'observe dans sa lunette sans pouvoir identifier son sexe. Impossible d'approcher en plein découvert, nous rejoignons une grosse haie qui descend vers la route puis la longeons un instant avant de la traverser pour avancer à couvert jusqu'à un autre passage qui nous permet de retraverser. Nous reprenons notre approche derrière la haie qui sépare le chaume du pré et avançons rapidement jusqu'à une trouée dans cette dernière. Les chevreuils sont à 200 mètres environ et reviennent en broutant vers le milieu du pré. Je décide de continuer notre approche, nous nous décalons rapidement sur la droite et alignons un gros figuier entre nous et les chevreuils pour avancer rapidement vers ces derniers sans être vu. Le vent souffle toujours assez fort face à nous et masque le bruit de notre progression. Nous gagnons ainsi un peu de terrain, la haie se termine à ce figuier mais à 15 mètres environ se trouve un petit buisson dans son prolongement. Les chevreuils avancent toujours vers le milieu du découvert. Nous nous baissons et avançons jusqu'au buisson. Je me poste juste derrière et Michel se poste un peu en arrière sur ma droite. Il observe les chevreuils dans la lunette et me confirme la présence d'un brocard. Il me laisse la priorité du tir. Les chevreuils sont à environ 90 mètres, une formalité pour lui. La luminosité commence à baisser.
Je me cale bien et commence mes appels, un des chevreuils réagit rapidement et arrive au trot puis d'un pas rapide comme pour venir sur ma droite puis s'arrête. Il regarde vers nous et cherche d'où viennent les appels. Je relance quelques appels, il redémarre au galop et revient brusquement sur ma gauche. Il s'arrête et regarde un moment. Je reprends mes appels, cette fois il arrive d'un pas rapide sur ma gauche, il n'est plus qu'à 40 mètres, 30 mètres, 20 mètres... j'arme doucement mon arc. Le chevreuil se positionne plein travers à 12 mètres, je ne vois pas tout de suite les bois et hésite un long moment avant de voir ses petits bois au moment où il baisse les oreilles. Michel est prêt, il a positionné sa visée, je vise le coffre de l'animal et décoche. Je vois nettement ma flèche rentrer dans le coffre du brocard et entends distinctement l'impact. Le brocard démarre en trombe, je le perds un instant de vue derrière une ligne de balles rondes de paille parallèle à la haie puis il bifurque et traverse, dans une trouée, la haie qui borde le chemin qui remonte à la route. Je me retourne vers Michel qui n'a pas compris ce qui vient de se passer, c'est la première fois qu'il assiste à un tir à l'arc. Je lui explique que le chevreuil est certainement déjà mort, que j'ai bien vu l'atteinte de ma flèche et qu'elle semble très bonne mais il reste un peu incrédule. La nuit commence à tomber. Je pars chercher ma flèche mais ne la trouve pas. A la lumière de mon portable, je retrouve les premières gouttes de sang et commence à les suivre alors que la nuit s'installe. Michel qui ne croit pas trop à ma recherche de nuit à la lumière de mon portable me propose d'aller chercher son chien de sang au fourgon mais je lui dis que j'ai l'habitude et poursuit ma recherche. Le sang n'est pas très abondant mais j'arrive à le suivre facilement. La piste me conduit, environ 80 mètres plus loin à la trouée dans la haie, nous traversons le chemin de terre puis longeons sur quelques mètres le talus, très abrupt et de plusieurs mètres de haut qui borde la route pour retrouver mon brocard mort en essayant de remonter vers la route. Je remercie vivement Michel pour cette soirée de chasse et j'ai une grosse pensée pour mon ami Arnaud d'HAVA Archerie qui a passé son dimanche après-midi à réviser mes arcs, j'ai eu pas mal de problèmes avec mes 2 arcs ces temps-ci et j'espère que la malchance est terminée.
Ma flèche traverse les 2 poumons, Un grand merci à Arnaud et à Michel grâce à qui j'ai pu flécher ce brocard.
Alex
Trophée :
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