Ce matin, je participe à une battue sur la société de chasse de Justian/Roques/Lagardère, Rendez-vous est pris à la salle des chasseurs de Lagardère vers 8 heures. Comme d'habitude je suis le seul archer. Le président de la chasse m'indique mon poste et après les consignes, nous partons nous poster. Je ne connais pas ce secteur sur la commune de Lagardère que je n'ai encore jamais chassé en tir d'été. Mon poste est facile à trouver "la grosse coulée près du panneau de priorité à droite, tu rentres de 5 ou 6 mètres dans le bois ". Je passe devant en voiture et me gare un peu plus loin au coin du bois puis reviens à pied en longeant le bois. Je repère très facilement la coulée très fréquentée près du panneau, de la boue couvre les ronces, les sangliers ont dû passer par là.
Je rentre dans le bois par la coulée, un gros chêne est tombé sur ma gauche et forme une barrière naturelle perpendiculaire à la route. De nombreuses coulées très marquées convergent vers la sortie que j'ai empruntée. Une belle coulée longe à 10 mètres environ de la route. Le sol du bois est ponctué de massifs de fragon. Je me poste à 3 mètres environ à droite de la coulée qui sort du bois à pied d'un gros chêne, à environ 6 ou 7 mètres de la lisière. Devant moi, un arbre mort tombé au sol dans un massif de fragon est partiellement couvert de ronces.
Je suis très content de mon poste, je le sens bien, j'ai une bonne visibilité sur 10 à 12 mètres à ma gauche
Le vent est face à moi. Les piqueurs sonnent le début de traque sur ma gauche et sortent les teckels qui, déjà très excités, donnent un peu de la voix. Les piqueurs se séparent en rentrant dans le bois en donnant de la voix pour encourager les chiens. L'un des piqueurs arrive droit sur moi avec un des teckels, ce dernier vient faire ses besoins juste sur la coulée à quelques mètres devant moi puis vient passer à mes pieds. Le piqueur m'a vu, il passe rapidement et recommence à donner de la voix à 30 mètres sur ma droite puis je les perds de vue.
Un oiseau décolle, je me retourne vers lui, c'est une bécasse qui a laissé passer le piqueur avant de s'envoler. Les chiens donnent de la voix par moment quand des coups de feu claquent à l'autre bout du bois. Le temps passe, au bout d'un moment un pas craquant se fait entendre sur ma droite, je me tourne doucement pour chercher sa provenance mais il stoppe net. Impossible de mettre les yeux sur l'animal au travers des branchages. Tout à coup, un bruit de galop se fait entendre et j'aperçois 3 chevreuils qui se débinent à environ 20 mètres devant moi et partent vers la gauche du bois. Ils ont dû me voir, je les suis sur environ 50 mètres du regard, ils descendent dans le lit d'un ruisseau qui traverse le bois puis je les perds de vue alors qu’ils viennent de remonter le talus du cours d'eau. Rapidement des coups de feu claquent. Un des chevreuils est tombé.
Peu de temps après, les chiens poussent au loin, un animal arrive au pas de course en face de moi. J'aperçois une petite silhouette rousse au travers de la végétation. J'arme mon arc en orientant ma flèche vers le bas. L'animal surgit à découvert, c'est un gros renard en poil d'hiver bien touffu, il me semble roux clair avec le dessous blanc. J'aligne rapidement ma visée et le tire en pleine course à environ 2 mètres sur ma gauche. Il me semble voir une atteinte au niveau de l'épaule mais tout va très vite. Le renard trébuche, se relève sans s'arrêter et file dans mon dos pour longer à quelques mètres de la route mais sa démarche est très bizarre. Il secoue la tête et fait des bons tout en courant. Je le perds rapidement de vue.
Les chiens arrivent rapidement et prennent la trace du renard, la menée s'éloigne, un coup de feu claque au coin du bois et je pense mon renard mort. Les chasseurs tentent d'arrêter les chiens, les piqueurs les rappellent. Je contrôle mon tir, ma flèche est plantée au sol mais ne porte pas de trace de sang
En la retirant du sol, je constate que beaucoup de poils sont coincés dans les lames et que quelques poils sont collés sur l'empennage. Près de ma flèche, je trouve du poil et un bout de peau couvert de poils ras très noir avec une bordure rousse,
en le ramassant, je constate que sur l'autre face il y a un tout petit bout de cartilage, j'en conclue que j'ai dû couper le bord de l'oreille du renard mais il me semblait pourtant l'avoir traversé. Là où le renard a chuté, je trouve pas mal de poils collés sur les feuilles mortes.
Je cherche du sang sur la trajectoire de fuite du renard sans succès quand, près de la zone de tir, je trouve une toute petite goutte de sang sur une feuille de lierre
puis quelques minutes plus tard un seconde goutte à 2 mètres de la première puis plus rien.
Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il s'est passé. Je me reposte un moment puis la sonnerie de fin de traque retentit. Je ressors du bois et discute de ma mésaventure avec les postés et apprends que le renard n'a pas été tué, un posté l'a vu et m'annonce qu'il ne semblait pas blessé. Je sais qu'il est touché mais je ne peux pas le retrouver s'il ne perd pas de sang. Nous devons aller nous reposter autour d'un autre bois à quelques centaines de mètres. Je reviendrais chercher des indices à la fin de la chasse. 3 chevreuils sont tombés lors de cette traque.
Le président de la chasse me demande d'aller me poster au coin du second bois, près d'une habitation, ce poste ne pouvant pas être pris par une arme à feu. Je longe donc une ligne de postés et arrivé au coin du bois je rentre doucement de 15 mètres dans le bois pour me poster au pied d'un gros chêne en bordure une clairière. Je pose mon carquois d'arc au pied du chêne. Sur ma gauche le bois touffu fait place à un tapis de ronces et de fragon qui couvrent la clairière au bord de laquelle je suis posté sur environ 12 mètres.
Sur ma droite le bois est beaucoup plus clair et me permet de voir à environ 25 mètres. A peine posté, j'entends déjà les piqueurs et les chiens qui arrivent face à moi. Le vent souffle dans mon dos avec un angle qui change régulièrement. Ce n'est pas très bon. Rapidement, un petit bruit me fait tourner la tête à droite, un renard roux foncé au ventre gris foncé se débine tranquillement à environ 12 mètres en bordure de la clairière. J'arme mon arc et tente de prendre la visée mais la végétation me masque souvent le renard et j'hésite à décocher, il disparaît dans le fragon. Je désarme et surveille le massif un moment en espérant le voir ressortir mais le temps passe et les chiens arrivent.
Je me retourne face à la traque mais rapidement un pas léger se fait entendre dans mon dos. Je me retourne à nouveau et aperçois le renard qui se débine en suivant la lisière du bois à près de 15 mètres avant de bifurquer pour venir droit sur moi.
Il ne m'a pas vu, j'arme mon arc et le laisse venir sur une belle coulée qui passe entre 2 gros chênes, au moment où il passe les chênes il n'est plus qu'à 10 mètres de face, mon viseur se cale, 9 mètres, 8 mètres, je décoche. Je ne vois pas passer ma flèche qui heurte violemment un bout de boit dans un bruit sec.
Le renard bifurque brusquement à 90° sur ma gauche pour suivre la lisière, sa patte avant gauche est cassée, elle pend et est maculée de sang, il fonce sur 20 mètres puis semble percuter un arbre et bifurque à nouveau à 90° pour foncer vers le centre du bois. Je le perds rapidement de vue. J'attends un moment. Les chiens finissent par lancer, le piqueur cri "chevreuils" mais les animaux réussissent à sortir du bois sans être tirés.
La battue se calme, je décide d'aller chercher mon renard. Je pars vers la zone du tir et trouve rapidement du sang épais sur une feuille de ronce.
Je trouve ma flèche fichée dans une branche de bois mort, je la récupère. La piste assez abondante est facile à suivre.
J'arrive au niveau du chêne que le renard a percuté, une grosse tache de sang marque le pied de l'arbre, le renard est passé entre les 2 troncs du chêne.
Il file ensuite vers un roncier un peu plus loin.
Le sang est de plus en plus abondant, les taches se suivent et sont de plus en plus rapprochées.
La piste rentre dans les ronces.
J'aperçois mon renard sur le flanc à 4 mètres sous les ronces, il semble mort, je commence à m'approcher mais le renard semble essayer de se lever sans vraiment pouvoir bouger. Je décide de ne pas prendre de risque et lui décoche une flèche en plein coffre. Il ne réagit même pas. J'écarte alors les ronces et récupère mon renard mort et constate que son oreille gauche est coupée en 2 et son cou très profondément entaillé ce qui ne correspond pas du tout à mon tir de face.
Je comprends vite en voyant la profonde entaille sous le poitrail et la patte cassée. Je viens de retirer le renard de la première traque, c'est incroyable ! Je ne l'avais pas reconnu en le fléchant pour la seconde fois et je n'avais pas vu sa blessure. Un des piqueurs arrive, je lui montre mon renard et nous discutons un peu de la chasse puis il repart. Je reprends mon poste mais la fin de traque est rapidement sonnée. Je suis le seul à avoir fait un animal sur cette seconde traque.
Nous reprenons les voitures pour partir un peu plus loin mais lors de cette dernière traque aucun animal ne sera prélevé, les chevreuils passeront au travers des mailles.
Alex