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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 10:05

Ce matin, nous avons rendez-vous à 6 heures sur une grande propriété agricole qui élève des bovins pour chasser le capibara. Cet animal est visible surtout le matin au lever du jour et le soir et la nuit dans les zones chassées. Le réveil sonne vers 5 heures, nous nous préparons puis nous nous retrouvons devant un petit déjeuner avant de partir pour la zone de chasse. Nous arrivons sur place alors que le jour commence tout juste à se lever. Nous passons le portail d'entrée puis faisons le tour des bâtiments à la recherche du propriétaire sans le trouver. Nous tombons sur un de ses employés et discutons un peu avec lui. Nous nous garons près des bâtiments puis décidons de partir chasser sans attendre plus car le jour se lève de plus en plus.

Nous formons 2 binômes, je pars avec Christophe. J'ai pris ma caméra GOPRO que j'ai fixée sur le côté gauche de ma tête. Nous nous avançons derrière les bâtiments dans une prairie vallonnée. De chaque côté de la bute un petit marais couvert de moucoumoucous délimite le bas de la pente. Xavier et Olivier prennent un côté et nous l'autre. Il fait beaucoup de vent ce matin, il facilitera nos approches. Le ciel est couvert et je pense voir tomber rapidement la pluie. Je m'approche doucement du marais sans rien voir.

En arrivant juste au ras du marais, j'entends quelques cris caractéristiques du capibara et entends quelques animaux plonger sans pouvoir les voir dans la végétation très épaisse. Christophe reste derrière en observateur. Je suis tout doucement le bord du marais, Un gros oiseau ressemblant à un faisan décolle du sommet de la butte pour disparaître dans les moucoumoucous. Christophe me suit à distance mais j'arrive au bout du marais sans voir de capibara.

Nous retrouvons Olivier et Xavier au bout de la bute. Il ont vu un gros caïman mais pas de capibara. Nous n'avons l'autorisation de tir que sur les capibaras. Nous partons tous un peu plus loin pour retenter l'approche. Nous rejoignons un chemin de terre sur lequel de très grosses empreintes de capibaras sont imprimées dans la boue.

Nous longeons le chemin un moment puis nous nous séparons pour aller prospecter deux secteurs bien distincts. Avec Christophe nous prenons à gauche le long d'un petit bois qui surplombe un marais. Nous sommes pour le moment à mauvais vent. Nous avançons ainsi doucement jusqu'à rattraper le bout d'un très grand marais couvert de moucoumoucous et commençons à le longer tout doucement.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Cette fois, le vent est bon, il souffle face à nous. Le léger relief du terrain presque plat suffit à cacher parfois les capibaras. Nous avançons donc prudemment en arrivant en haut des petites buttes. Nous voyons pas mal d'indice de présences, des traces dans la boue du bord du marais et des tas de crottes. Des jacanas se débinent dans les moucoumoucous. Le secteur est parfois chassé à la carabine par Daniel, un ami de Xavier et au fusil par les employés du domaine.

Au bout d'un moment Christophe m'arrête et me montre un grand groupe de capibaras entrain de brouter, à une centaine de mètres, de l'autre côté du marais dans la prairie. Ils sont un peu plus de 15, il me semble.

Il nous faut faire un grand détour de plusieurs centaines de mètres autour du marais pour tenter une approche. Nous nous serrons au maximum contre le marais pour être au point le plus bas et tenter d'avancer cachés par les moucoumoucous qui poussent à 5 ou 10 mètres de la berge. Les capibaras eux sont à mi-pente d'une petite butte et dominent donc le secteur. Ils risquent de nous voir d'un moment à l'autre surtout que certains assis montent la garde pendant que d'autres mangent.

Nous progressons plus ou moins voûtés en fonction de la hauteur des moucoumoucous. Nous surveillons de temps en temps le groupe d'animaux qui est en train de passer derrière la bute. Un peu plus loin, alors que regardons à nouveau nous n'apercevons plus que le dos d'un capibara qui broute en crête. Il relève brusquement la tête. Nous nous baissons mais il ne nous a pas vus. Alors qu'il se remet à brouter nous reprenons notre marche rapide et perdons peu à peu l'animal de vue.

Arrivés au bout du marais Christophe qui a déjà analysé la trajectoire du vent me dit qu'il est dans notre dos mais qu'il souffle en biais vers le marais. Il souffle toujours aussi fort. Il va nous falloir serrer au maximum le bord de l'eau pour ne pas être senti. Christophe me dit d'allumer ma GOPRO pour ne pas oublier de l'allumer le moment voulu.

Nous commençons à avancer tranquillement en suivant le bord du marais en surveillant par moment la butte sur ma droite. Au bout d'un moment, j'aperçois un capibara pas très gros et en averti Christophe. Il est près du bord de l'eau et risque de nous voir car nous sommes à découvert. Je décide donc de continuer mon approche dans les hautes herbes qui borde l'eau. J'avance un petit moment ainsi puis regarde à nouveau. Cette fois c'est un très gros capibara qui est plein travers au bord de l'eau.

Je reprends ma progression mais le perds de vue à cause des herbes hautes.  Le téléphone vibre dans ma poche. Quand je regarde à nouveau, il n'est plus là. Je continue à avancer et ralentis en me rapprochant de la zone où étaient les capibaras. Je regarde la butte sur ma droite en espérant voir arriver des animaux au sommet. Je me suis décalé sur la droite des herbes et avance tout doucement quand j'aperçois un gros capibara assis au bord de l'eau derrière les herbes hautes à moins de 10 mètres.

Je stoppe net et me baisse, arme mon arc, me redresse et prends la visée sur le coffre de l'animal. Je n'ai jamais tiré un animal aussi gros dans cette position.

Je décoche, mon encoche lumineuse éprouvée par le séjour en forêt ne s'est pas allumée mais il me semble voir rentrer ma flèche au niveau du coffre. Mon capibara pousse un grognement et démarre en trombe pour foncer droit devant lui dans les moucoumoucous. Un autre capibara plus gros que je n'avais pas vu démarre juste derrière et fonce à 90° du premier pour rentrer lui aussi dans les moucoumoucous.

Je réencoche alors que Christophe me rejoint. Il me félicite pour mon tir mais, au fond de moi, je ne suis pas trop confiant, l'animal est parti dans l'eau et en plus dans les moucoumoucous qui sont très denses. Il n'a pas vraiment vu mon atteinte et me demande des précisions, je lui dis que je pense ma flèche bonne. Alors que nous nous approchons de la zone du tir, il me semble entendre un animal se débattre un très court instant dans l'eau. Je repère la provenance du bruit près d’une petite excroissance dans les moucoumoucous et en parle à Christophe qui pense qu'il s'agit du bruit d'un animal en fuite. 

Je reste un moment à écouter puis remonte sur la butte pour voir si un autre capibara ne serait pas derrière puis rejoints Christophe parti voir la zone du tir. Tout à coup, un mouvement se dessine sous la surface de l'eau couverte d'une espèce de végétation épaisse. J'arme mon arc et suis le mouvement quand une tête de petit capibara gros comme un beau ragondin refait surface au travers de la végétation. Christophe qui a armé lui aussi me dit de ne pas tirer. Je pense alors avoir fléché la mère de ce petit et veut le flécher mais Christophe insiste et je laisse ce petit rentrer dans les moucoumoucous et désarme.

Je pars ensuite vérifier mon tir, aucune trace de sang à l'endroit du tir

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

mais l'empennage de ma flèche dépasse des algues à 3 mètres du bord.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Il ne semble pas y avoir de sang sur les moucoumoucous un peu plus loin.  Il me semble voir mon capibara filer droit devant lui, je pense donc qu'il est passé par une ou l’autre des coulées qui se dessinent dans les moucoumoucous en face de moi.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Je demande à Christophe comment faire pour aller le chercher, je pense à une embarcation mais il me dit qu'il va aller le chercher à pied. Je suis très réticent à l'idée de rentrer dans ce marais sans voir où je mets les pieds. Je ne suis vraiment pas fan des eaux troubles dont on ne voit pas le fond mais Christophe se lance et me dit qu'il va se débrouiller seul.

Lâchement, je le laisse rentrer dans l'eau et s'enfoncer doucement dans le marais jusqu'à la taille. Il me fait passer ma flèche cassée juste après les empennages mais encore attenante à l'autre morceau. Une petite trace de sang est présente dans l'encoche lumineuse mais le reste de la flèche a été totalement lavé dans l'eau du marais. 

Christophe me dit d'appeler Xavier, c'est ce que je fais, je m'aperçois que c'est lui qui a essayé de me joindre pendant mon approche et apprends qu'Oliver a lui aussi fléché et qu'ils sont en train de chercher le capibara mais la flèche leur semble trop haute, peut être au-dessus de la colonne, et il ne trouve pas une seule trace de sang malgré une fuite sur terre de l'animal. La flèche est graisseuse. J'en averti Christophe qui rentre dans les moucoumoucous et commence à suivre les coulées.

Je l'observe de la berge sans oser me mettre à l'eau. La surface grouille de vie sous les algues, des poissons (je pense) viennent soulever les algues ou faire des remous en surface. Tout à coup, Christophe me crie qu'un jeune capibara de la même taille que celui vu tout à l'heure, lui tourne autour comme s'il était perdu, cette nouvelle augmente mes craintes d'avoir fléché la mère des jeunes.

Christophe cherche depuis un moment quand je l'entends crier et se débattre avec un bruit d'eau. Il vient de se faire attaquer par un nid de guêpes et revient rapidement vers la berge. Il a tenté de les faire fuir en s'aspergeant d'eau. Il souffre beaucoup et se sent mal, il met un moment à revenir à lui et à faire passer la douleur. Je me sens encore plus coupable de le laisser chercher à ma place. Un petit oiseau à tête blanche se pose sur un moucoumoucou coupé par Christophe.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Au bout d'un moment Christophe repart avec mon poignard pour se frayer un chemin. Il décide de chercher plus à droite vers où est parti le second capibara. Xavier me rappelle, ils renoncent à chercher le capibara qui ne semble pas bien touché et viennent nous rejoindre. Je leur explique un peu notre position par rapport aux repères du terrain.

Au bout d'un moment, je les vois passer de l'autre côté du marais et les appelle. Ils m'ont vu et arrivent. Je leur explique la situation et ils partent rejoindre Christophe. Cette fois, j'ai trop honte et prends mon courage à 2 mains et me mets à l'eau. En avançant dans les moucoumoucous, je trouve une sorte d'île enherbée et monte dessus. C'est en fait un sol meuble qui flotte sur l'eau qui bouge sous mes pas, c'est une sensation très étrange. Nous cherchons un moment sans succès et arrêtons les recherches.

Je n'y croyais pas trop de toute façon avant de commencer mais je suis abattu, les doutes sur mon tir m'envahissent. Je viens de perdre mon capibara. Nous vidons nos bottes alors que Daniel, un ami de Xavier qui chasse le capibara à la carabine sur le secteur, arrive avec son pickup sur la butte où j'ai vu passer Xavier et Olivier tout à l'heure.

Nous partons le rejoindre et nous lui expliquons la situation. Nous nous disons que nous reviendrons plus tard pour chercher mon capibara que les urubus trouveront peut-être et nous indiquerons sa position de leur vol tournoyant. Certains volent d’ailleurs au-dessus de la zone du tir mais ne font que passer. Nous partons à nouveau en chasse et formons deux groupes. Un soleil brûlant s'est levé. De nombreux passereaux peuplent cette propriété, l'un d'eux est particulièrement reconnaissable, c'est la sturnelle militaire dont le poitrail rouge métallique flache dans la végétation.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

D'autres oiseaux tout noirs, ressemblant à des pies unicolores, volent également dans le secteur, ce sont des anis. Cette fois Christophe a décidé de chasser et, refroidi par ma mauvaise expérience, je me mets plus en retrait. Alors que nous longeons un marais, Christophe repère 2 taches brunes à environ 80 mètres. Nous les observons et concluons qu'il s'agit de zones terreuses mais alors que nous avons fait environ 15 mètres, une tête de capibara se redresse puis une autre.

Nous nous figeons mais sommes à découvert. Les 2 capibaras se lèvent et se tournent vers l'eau. Christophe me dit de ne pas bouger. Nous les observons un moment alors qu’ils partent doucement vers le marais puis tentons de nous approcher alors qu'ils se sont mis à l'eau mais ils sont déjà à couvert.

Nous reprenons notre progression le long du marais. Pas d'autre capibara en vue. Nous retrouvons l'autre groupe et prospectons d'autres coins tous ensemble mais sans succès alors qu'Olivier repars vérifier son tir. Les zébus croisés de gasconnes nous observent. Il est assez amusant de voir que c'est une race de chez nous qui se croise avec les zébus.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Le secteur est très fréquenté, herbe broutée, traces, crottes et îlots mis à nu pars le passage des animaux mais pas de capibara en vue. Après le retour d'Olivier nous reprenons le pickup et partons prospecter plusieurs secteurs sans succès. Nous croisons le propriétaire qui nous indique quelques coins mais nous n'y auront pas plus de réussite. Nous voyons beaucoup d'oiseaux : passereaux, perroquets, hérons, jacanas, urubus... Nous finissons par une zone de marais plantée de grands arbres puis de grands palmiers, sur la rive opposée où Olivier a fléché son capibara. Une bande boisée borde l'eau.

Nous nous avançons doucement vers ces arbres quand des masses commencent à tomber au sol. Ce sont de très gros iguanes, certains tombent juste à côté de Christophe. J'aperçois l'un d'eux se jeter du haut d'un très grand arbre et s'écraser au sol avant de partir à toute pattes, courir sur l'eau pour s'agripper à un autre grand arbre qui pousse au milieu de l'eau et y monter en un éclair pour disparaître derrière le tronc. Nous nous dispersons un peu et longeons le marais quand, alors que Christophe me rejoint, un gros capibara démarre de son gîte sous des branches basses au bord de l'eau et rejoint les moucoumoucous de la berge opposée en quelques bons. Les jacanas se débinent par moment. Les arbres font place à de grands palmiers.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Arrivé au bout du marais, je reviens par la prairie vers la zone des iguanes.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Une buse blanche survole la cime des arbres et provoque le plongeon d'un gros iguane dans le marais. Je retrouve Christophe et nous partons rejoindre Daniel qui nous attend au Pickup. Xavier est parti se reposer un peu et Olivier est à la traîne, je l'appelle et lui dit que nous l'attendons au départ mais nous nous comprenons mal et Olivier pars à l'opposé.

Nous décidons de partir rechercher mon capibara en l'attendant. Les urubus ne semblent pas plus actifs que tout à l'heure. Nous nous approchons un peu avec le pickup puis partons à pied. Christophe qui a trouvé que j'avais tiré très vite me culpabilise un peu en me disant que j'aurais dû m'appliquer plus pour tirer. Son capibara fléché plein cœur en janvier n'avait pas fait 5 mètres. J'étais pourtant sûr que ma flèche était bonne mais les doutes m'envahissent de plus en plus. Daniel et Christophe repartent à l'eau et me dise de les attendre. Je m'assois dans l'herbe sous un soleil brûlant. Mes collègues ont disparu dans la végétation.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Une libellule avec une raie dorée sur le dos me tient compagnie et tourne autour de moi.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Le temps passe et je n'y crois pas du tout quand Daniel nous lance : "Je l'ai trouvé". Il lance un gros crâne de capibara en l'air et je pense à une plaisanterie mais il nous confirme qu'il l'a bien trouvé tout près des restes d'un autre capibara. Nous sommes passés à côté tout à l'heure.

Il est mort où je l'ai entendu se débattre tout à l'heure. Nous cherchions trop à droite. Christophe part l'aider pour le sortir du marais et je finis par les voir arriver avec le capibara gonflé par la fermentation. Il est énorme, il fait environ 65 kg. Je le dégonfle un peu en appuyant dessus et admire cette magnifique bête. Ma flèche était bonne, elle rentre au défaut de l'épaule et ressort un peu plus en arrière du côté opposé. Un pli d'intestin sort par la sortie de flèche. Nous constaterons au dépeçage que la zone vitale (cœur poumon) est très petite par rapport à la taille de l'animal et très avancée derrière l'épaule, le foie lui est assez gros.

Ma flèche passe les poumons et la mort est survenue sur environ 25 mètres. Nous testons les allaites de cette grosse femelle, elle n'a pas de laie, ce n'est donc pas la mère des petits vus tout à l'heure, je suis rassuré, bien que Daniel m'ait affirmé que les femelles s'occupent indifféremment de leurs petits et de ceux des autres. Je remercie vivement Daniel et Christophe sans qui je n'aurais jamais revu mon capibara.

Daniel habitué à chasser cet animal est équipé, il nous passe une sangle possédant une petite boucle pour passer aux dents de devant de l'animal et 2 bandes, de longueurs différentes pour éviter de se gêner en tirant, terminées chacune par une boucle à passer autour du torse en diagonale.

Nous attachons le capibara par les dents et passons les boucles avec Christophe pour tirer la bête jusqu'au pickup. Il nous faudra faire plusieurs pauses car il fait vraiment très chaud et le capibara pèse lourd.

Une fois l'animal chargé, nous partons chercher Olivier qui est revenu aux bâtiments et Xavier qui regarde la télévision avec des ouvriers occupés à leur pause repas. Il est près de midi nous rentrons pour dépecer la bête avant de manger.

Nous commençons par une petite séance photo.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014
Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

J'ai bien choisi mon endroit au milieu des fourmis rouges et je tente de garder le sourire alors qu'elles me piquent de toutes parts. De vives brûlures s'étalent sur mon corps et je suis obligé d'aller me doucher avant d'attaquer le dépeçage. A mon retour de la douche, je m'occupe de peler mon capibara avec Daniel qui me donne un cours pour peler et vider cet animal que je ne connais pas encore.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Une fois peler, vidé, nettoyé, découpé et mis en sac le capibara est mis au frais et nous partons manger un bout. Alors que nous allons passer à table, j'aperçois à nouveau l'iguane, vu hier, lové sur la même branche qu'hier.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Je le montre à mes collègues qui prennent à le voir. Il faut dire que j'y ai posé les yeux dessus alors qu'il bougeait un peu. Olivier n'est pas en forme. Après un bon repas façon Xavier nous partons nous reposer un peu. Daniel repart avec l'arrière du capibara qu'il a promis de nous cuisiner en confit et en blanquette car il n'est pas seulement un excellent chasseur de capibara mais il est aussi très fort pour le cuisiner. Olivier part se coucher, il a dû faire une petite insolation. La fin de journée sera consacrée à la détente, je vais en profiter pour faire une bonne sieste après avoir préparé le crâne de mon capibara.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

En arrivant en bas de chez Xavier, une belle araignée nous attend sur le mur.

Chronique Guyanaise, les capibaras au rendez vous, 31 mars 2014

Le soir venu, Xavier a invité des amis chasseurs pour manger un bon repas préparé par la femme d'un de ses amis brésilien. La soirée se passera dans une bonne ambiance détendue à écouter les histoires de chasse des uns et des autres. Pendant le repas la mygale du secteur se promène sur le mur puis part se caler sur une poutre à l’affût d'une proie. 

 

Alex

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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 19:36

Ce matin, après une bonne nuit de sommeil, nous nous levons et partons rejoindre Xavier et Christophe qui ont déjà attaqué de déjeuner sur la terrasse de Xavier d'où nous avons une vue magnifique sur la savane aux alentours et la forêt au loin.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Alors que je m'installe à table, j'aperçois une magnifique mygale (la fameuse matoutou) sur le mur en bois de l'habitation.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je m'approche pour la photographier, elle reste immobile et semble ne pas faire attention à moi. Un petit nid est calé sous le toit devant la fenêtre de la cuisine, c'est une petite tourterelle qui couve. 

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Après le déjeuner, nous descendons pour ranger un peu nos affaires et donner à Xavier notre linge sale pour qu'il puisse aller le laver en ville au lavomatique en allant amener le moteur du canoë à réparer pour que nous puissions l'avoir pour le prochain séjour en forêt. Xavier n'est pas branché au réseau d'eau potable, il tire son eau de grosses réserves d'eau de pluie. L'eau de boisson est achetée en bouteille. Xavier parti nous nettoyons un peu les glacières, le canoë et la barque.

Sous la terrasse de nombreux nids de guêpes maçonnes sont collés aux poutres et des nids de guêpes sont collés sous les feuillages qui bordent l'habitation. C'est ce style de nid qu'il faut éviter de déranger en poussant les grandes feuilles en forêt.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Une fois tout en ordre, nous prenons un peu de temps pour vérifier nos arcs et pour nous entraîner un peu sur un bloc de mousse. Mes tirs sont bons, j'ai encore passé de la pommade sur mon épaule ce matin et l'armement ne me pose pas de problème. Alors qu'Oliver règle l'arc de Xavier que ce dernier vient de récupérer récemment, je pars explorer la propriété de Xavier que je n'ai pas encore bien pu voir.

Christophe m'a dit qu'un petit caïman logeait dans un bassin près de la terrasse. Je m'approche donc du bassin et cherche un moment du regard avant d'apercevoir le petit caïman au milieu de la végétation qui retombe dans le bassin. Je l'attrape derrière la tête et constate qu'il est assez maigre.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je le relâche puis pars donc chercher un peu de chair de poisson, de l'acoupa que nous allons manger à midi, pour lui en donner un peu. Je le capture à nouveau, il ouvre grand la gueule.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je lui mets le poisson dans la gueule mais il la referme rapidement et son repas reste collé au palais alors qu'il ouvre à nouveau la gueule. Je tente de décoller le poisson en passant rapidement avec mon doigt mais c'était sans compter sur la rapidité de fermeture de ses mâchoires qui se referment sur le bout de mon doigt. Ses petites dents très pointues sont bien rentrées dans la pulpe du doigt et l'une d'elles a traversé mon ongle.

Je saigne pas mal alors que j’essaie de dégager mon doigt mais en tirant d'un côté, les dents rentrent plus de l'autre et inversement. Je finis par me dégager au bout d'un moment et entoure mon doigt dans du sopalin pour arrêter le saignement puis revient à la charge. J'ai trouvé un bouchon en liège et le fais mordre du bout de la mâchoire au petit caïman puis pousse le poisson à l'aide d'un bâton au fond de sa gorge et lui fais avaler par le vide laissé à l'arrière de la gueule avant de le relâcher dans son bassin après avoir retiré le bouchon.

Je pars maintenant faire un tour de la propriété de Xavier avec mon arc au cas où car je peux tomber sur des petites tourterelles ou un iguane. La maison de Xavier

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

est entourée de plusieurs petites habitations louées pour les vacances ou en permanence à des personnes travaillant dans le secteur. Celle que nous occupons vient juste d'être terminée par Xavier avant notre arrivée et se trouve au bout de la propriété.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Elle possède une petite terrasse qui donne sur la savane. Les petites tourterelles s’envolent parfois des hautes herbes sans que je puisse les voir posées et tenter une flèche par contre une fois posées dans un arbre, elles se laissent approcher à moins de 10 mètres comme si elles savaient qu'avec une lame mon tir doit être fichant.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Xavier a planté de nombreux arbres fruitiers sur son terrain : des papayes,

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

des bananiers

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

actuellement en fleur

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

et sur lesquels nous avons coupé un régime hier soir, des citronniers, des pamplemoussiers,

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

mais aussi des ananas

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

et toutes sortes de fleurs naturelles comme les oiseaux de paradis qui poussent ici à l'état sauvage

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

ou plantées.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014
Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014
Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Sur un côté de la maison, pousse un magnifique cocotier, j'observe les noix de coco qui me semblent énormes quand j'aperçois un gros lézard vert logé dans l'arbre.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je m'approche un peu pour le photographier, il n'est pas trop effrayé et se laisse tirer le portrait.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je pars à la recherche des iguanes sur tous les arbres du terrain mais impossible d'en voir un. Celui vu hier n'est plus là. Sur une grosse feuille j'aperçois une magnifique grenouille tigrée qui reste parfaitement immobile.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Xavier est de retour, je récupère la lessive pour l'étendre puis nous montons pour préparer le repas. Xavier nous cuisine de l'acoupa pêché par ses soins. Une averse incroyable s'abat sur le secteur.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Le bruit de l'eau sur le toit est incroyable. En entrée, Xavier nous a rappé une papaye verte de son jardin. Son acoupa est vraiment délicieux. Alors que le soleil est revenu, un bel iguane vient se caler sur une branche d'un arbre proche de la terrasse de Xavier. Je le montre à mes collègues qui auront beaucoup de mal à le voir. Alors que nous nous sommes rapprochés de la rambarde de la terrasse et que nous l'observons, il finit par partir se cacher au cœur de l'arbre.

Le repas terminé, nous partons nous reposer un peu puis préparons notre matériel. Ce soir nous allons chasser le capibara sur un petit fleuve à environ 30 minutes de chez Xavier. Xavier m'ayant dit qu'il était possible de tomber sur du caïman à lunette plus gros que les caïmans rouges que nous avons fléchés en forêt, je décide de monter mon moulinet de pêche sur mon arc.

Nous partons en fin d'après-midi avec Olivier et Christophe, avec le pickup de Xavier sur le toit duquel nous avons fixé le canoë. Arrivé au débarcadère, Christophe se gare dans l'herbe et nous descendons le canoë au bord de l'eau.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Une boîte avec des têtes coupées de poissons-chats qui bougent encore est posée au sol. Un fourgon ouvert semble abandonné mais j'aperçois rapidement un pêcheur au bord du fleuve. Nous le saluons en nous lançant sur le fleuve et essayons d'éviter sa ligne.

Un peu plus loin nous passons sous un pont, des dizaines de grosses chauves-souris volent sous l'ouvrage et se posent entre les poutres de soutènement du pont. L'odeur de leurs excréments et de leur urine est très forte. Des lignes de pêche pendent du pont et nous les évitons. De jeunes guyanais nous saluent alors que nous passons et nous échangeons quelques mots courtois en nous éloignant. Le fleuve est assez étroit et bordé de végétation dense qui avance dans l'eau.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Il s'agit en majorité de moucoumoucous, des plantes possédant un tronc avec de grosses épines émoussées et dont les racines s'encrent sous l'eau. De grosses feuilles terminent la plante à 1 à 1.5 mètres au-dessus de l'eau.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

D'autres plantes se mêlent à ces troncs épineux et forment parfois un véritable mur vert. Olivier et Christophe ont eu pitié de mon bras. Olivier est devant et Christophe est derrière et ce sont eux qui pagaient le plus. Ils sont assis alors que je suis à genoux sur le font du canoë et cette position est vite inconfortable. Je bouge souvent pour soulager mes douleurs de dos et de jambes. J'aide un peu en pagayant moi aussi de temps en temps.

Certains passages du fleuve se ferment plus ou moins à cause de la végétation et avancer est parfois difficile.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

A d'autres endroits le fleuve s'ouvre sur la savane inondée ou sur des zones couvertes de grands nénuphars.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

2 passages vont être particulièrement difficiles, un premier passage au travers d'une végétation complètement fermée que nous peinons à traverser et un autre passage très étroit où nous naviguons dans un amas très compact de débris végétaux en tous genres agglomérés sur une dizaine de mètres de long et environ 30 centimètres d'épaisseur. Nous débouchons enfin sur une zone ouverte, sur un grand marécage couvert d'herbes hautes ou le fleuve se ferme totalement sur plus de 10 mètres.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Nous décidons d'accoster au pied d'un grand arbre mort aménagé en affût, des laissés de capibaras flottent en surface du fleuve contre la berge. Déplier mes jambes fait un bien fou. Nous attachons le canoë puis jetons un coup d’œil au secteur. Le terrain ferme sous nos pied est pour le moment hors d'eau et l'herbe broutée est parsemée de laissés de capibaras.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Sur la droite, le marais est bordé par la forêt et devant nous s'étend une immense surface de marais constituée de hautes herbes poussant dans 20 centimètres à un mètres d'eau et parsemée de trous d'eau, de petites butes hors d'eau et de zone de buissons ou d'arbustes, sous l'eau le sol est un peu mouvant et constitué de l'accumulation des végétaux pourris, il fait beaucoup de vent ce soir.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je démonte ma flèche pêche et rembobine le câble dans mon moulinet, Christophe me confectionne un carquois de dos avec mon carquois d'arc et une corde. Il me laisse partir devant par une grosse coulée au milieu des herbes hautes avec de l'eau jusqu'à mi-mollets. J'avance doucement en surveillant bien les alentours mais pas le moindre capibara. J'avance ainsi sur environ 100 mètres sans voir autre chose que des jacanas noirs qui s’envolent par moment des hautes herbes pour aller se poser un peu plus loin.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Je fais demi-tour et retourne vers mes collègues. Nous décidons de continuer à avancer doucement dans les marais. Nous progressons dans l'eau, je suis devant à 30 ou 50 mètres de mes collègues et explore le secteur. Par moment, je retourne sur la terre ferme et tombe sur des zones broutées avec de nombreux laissés. Les coulées de capibaras sont bien marquées, les zones arbustives semblent très fréquentées mais pas le moindre capibara en vue. J'attends de temps en temps mes collègues pour discuter un peu du plan de chasse puis repars devant.

Sur notre gauche, un grand trou d'eau couvert de nénuphars, pas de caïman en vue, je poursuis quand, au loin, des taches sombres se détachent de la végétation. Je pars voir mes collègues qui les ont vu également puis tente une approche mais il s'agit en fait de touffes de végétation. Nous attendons un moment dans le marais que la nuit tombe. Les moustiques commencent à nous tomber dessus. Une fois la nuit tombée nous repartons vers le canoë à la lumière des frontales en espérant voir des yeux briller. Des jacanas s’envolent régulièrement mais pas le moindre capibara en vue. Tout à coup, un œil attire mon attention, je m'approche doucement mais il s'agit d'un très gros crapaud buffle.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

En m'approchant, je dérange un jacana qui se débine devant moi en abandonnant son poussin complètement perdu dans le faisceau de ma lampe frontale. Il finit par disparaître dans la végétation. Les assauts des moustiques se calment un peu avec la nuit noire. Nous rejoignons le canoë en nous arrêtant régulièrement pour éclairer le marais mais sans voir de capibara Je ne crois d'ailleurs pas trop faisable d'en voir un dans l'épaisseur de la végétation mais Christophe semble penser que cela est faisable. Nous reprenons le fleuve, je remonte ma flèche pêche.

Nous descendons doucement, un œil rouge s'allume sur ma gauche dans les moucoumoucous, c'est un boa de Cook qui est sorti pour chasser en profitant de la fraîcheur de la nuit. Nous nous arrêtons dans les zones ou le fleuve s'ouvre sur le marais mais toujours rien. Christophe descend parfois pour s'avancer dans le marais mais sans rien voir. Nous nous battons un peu avec les moustiques et parfois une guêpe attirés par nos frontales.

Un très gros papillon possédant des ocelles ressemblant fortement à des yeux vient taper plusieurs fois sur nous avant de se mettre à l'eau sans que je puisse l'en sortir. Les passages difficiles de jours prennent une autre dimension de nuit. Arrivés dans le secteur ou le fleuve est fermé par 2 murs de végétation nous attendons un peu puis faisons demi-tour pour revenir vers l'endroit où nous avons accosté de jour.

Avancer sans bruit sur l'eau est très difficile car les pagaies tapent parfois contre le canoë et nous nous accrochons dans la végétation au niveau des passages difficiles. Nous ne verrons pas le moindre caïman ni le moindre capibara.

Cette fois, nous rentrons tranquillement vers le débarcadère. Les chauves-souris ne sont plus sous le pont, elle sont certainement parties en chasse mais leur odeur nauséabonde est toujours là. De retour chez Xavier les gros crapauds buffles sont à leur repas sous les néons. J'en attrape un avant de le relâcher.

Chronique guyanaise, Une journée chez Xavier, 30 mars 2014

Nous rangeons nos affaires et déchargeons le canoë avant d'aller nous coucher. 

 

Alex

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 07:00

Ce matin, nous devons plier le camp pour rentrer. Notre premier séjour en forêt est terminé. Au lever, je me passe ma pommade sur l'épaule car je sais qu'une dure journée nous attend sur le fleuve. Après le déjeuner, nous commençons à plier et à rassembler nos affaires.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Nous plions ensuite les bâches des carbés et rassemblons les affaires pour ne rien oublier. Une fois ceci fait, nous attaquons de peler les caïmans tués le premier jour. Je me charge d'un des miens

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

et Christophe d'un autre.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Mon caïman dépecé, Xavier me charge de découper 2 caïmans en petits bouts pour que nous puissions les manger en fricassée à notre retour. Pendant ce temps, Christophe s'occupe de dépecer le caïman d'Olivier que Xavier donnera entier au propriétaire de l'exploitation agricole où nous devons chasser le capibara cette semaine. Une fois les 2 caïmans en morceaux dans des boîtes en plastique, Xavier les assaisonne avec du citron vert et du sel puis referme les boîtes et les remet dans la glacière.

Nous rapprochons ensuite toutes nos affaires de la barque avant de la charger. Olivier et Christophe se répartissent mes flèches dans leurs valise d'arc car mon tube en carton qui a pris l'eau n'est plus utilisable. Cette fois nous y sommes, nous embarquons, il est temps de dire au revoir à cet endroit dont nous avons troublé la quiétude pendant quelques jours. Nous avions remarqué que la chienne se léchait la patte depuis 2 jours et qu'elle boitait un peu ce matin. En l'attrapant pour l'embarquer nous constatons qu'elle a un gros trou dans un orteil sous la griffe. De gros vers blancs lui mangent les chairs en creusant dans son orteil, il va falloir la soigner en rentrant. Xavier nous raconte que cette mésaventure lui est personnellement arrivée. C'est alors que je regrette fortement d'avoir parfois marché pieds nus dans le camp.

Cette fois la chienne restera sur les glacières derrière moi pour éviter un nouvel accident digestif. Rapidement nous arrivons aux premiers obstacles, avec les dernières pluies, le niveau de l'eau est remonté et certains arbres sous lesquels nous sommes passés à l'allée passent maintenant sous la barque sans trop de problèmes. Il nous faudra tout de même jouer un peu du sabre.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Rapidement, dans un virage, Christophe nous annonce qu'il sent une odeur de charogne. Je n'ai encore rien senti quand 2 urubus à tête rouge, posés sur un arbre couché au-dessus de l'eau prennent leur envol à quelques mètres devant nous. Une grosse loutre géante en décomposition et toute gonflée a été posée sur l'arbre par la montée du fleuve.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Les grands martins pêcheurs accompagnent toujours notre périple fluvial.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

De temps en temps, nous apercevons également un matin pêcheur plus petit de la taille de notre martin pêcheur métropolitain (martin pêcheur nain).

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Mon arc est prêt à côté de moi au cas où. Plus loin, un très gros remous attire notre attention dans un virage, Christophe et Xavier annoncent ensemble "maïpouri", je sors vite mon arc de sa housse mais l'animal a déjà disparu quand nous passons le virage alors que le remous s'atténue. Je range mon arc dans sa housse.

La chienne de Xavier s'est calée derrière nous et reste imperturbable malgré les obstacles et les branches basses qui nous repeignent de temps en temps.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Avec Olivier nous sommes à la manœuvre à la pagaie à l'avant. Xavier et Christophe sont ensemble à l'arrière. J'évacue régulièrement par-dessus bord des grosses fourmis ou des araignées qui nous tombent dessus quand nous passons des feuillages.

Alors que nous passons dans un passage resserré, une masse noire se laisse tomber à l'eau au milieu de la végétation sans que je puisse l'identifier, je demande à Xavier si il a vu de quoi il s'agissait et il me dit qu'il s'agit d'une sorte de cormoran amazonien (l'anhingas). Nous en verrons d'ailleurs un s'envoler un peu plus loin pour disparaître au-dessus de la canopée.

Les petites chauve-souris brunes sont toujours au rendez-vous et s'envolent à notre passage des creux de la berge ou des branches qui ressortent de l'eau.

Bien qu'il nous faille parfois manœuvrer et couper quelques branches la descente du fleuve semble beaucoup plus facile que la remontée. Un beau balbuzard pêcheur annoncé par Christophe nous passe juste au-dessus. Tout à coup, Xavier me lance : "Attention Alex, une grosse araignée juste à côté de ta main !" Ne sentant pas d'inquiétude dans sa voix et commençant à le connaître, je ne m'inquiète pas plus que ça et tourne la tête pour apercevoir une énorme sauterelle posée juste à côté de ma main sur une touque.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Elle sautera à l'eau un peu plus loin alors que je suis en train de la prendre en photo. Elle fera certainement le bonheur d'un gros poisson.

Nous faisons une petite pause avant de quitter le bras du fleuve pour nous dégourdir les jambes et manger un bout car les heures de navigation s'enchaînent. Un peu plus loin Xavier, qui connaît bien le fleuve, nous montre un raccourci qui est praticable quand l'eau monte un peu plus, il coupe un virage du fleuve qui serpente dans la forêt et forme aujourd'hui une sorte de petit rapide.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Les virages sont parfois très serrés et il suffit d'un petit passage de quelques mètres à quelques dizaines de mètres pour couper un lacer et s'économiser 15 à 30 minutes de navigation. Nous finissons par arriver au bout du bras, le fleuve devient alors beaucoup moins étroit et moins encombré.

Les obstacles deviennent de plus en plus espacés et de plus en plus faciles à passer.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Le paysage s'ouvre et les vols d'oiseaux s'enchaînent. Toucans et autres perroquets nous survolent. De temps en temps un papillon morpho survole le fleuve. Xavier en profite pour accélérer.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Christophe en profite pour reposer un peu son dos en s'allongeant sur une glacière.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Je repère de loin un très bel arbre aux allures de bonzaï que j'avais déjà repéré à l'aller.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Il est penché au-dessus de l'eau et son feuillage clair tranche avec la végétation plus sombre qui l'entoure. Régulièrement, alors que nous passons près du bord, des gros iguanes se laissent tomber à l'eau en faisant des plats très bruyants. Un peu plus loin Xavier commence à ralentir et consulte son GPS pour retrouver l'endroit où nous avons laissé le canoë. Quand nous arrivons sur place, j'ai du mal à reconnaître l'endroit car l'eau est montée d'environ 1 mètre. Nous accostons, cette fois c'est Christophe qui reste sur la barque. Je pars aider Xavier et Olivier.

A peine en forêt, une grosse quantité de moustiques nous assaillit et nous nous pressons pour remonter la pente raide en haut de laquelle se trouve le canoë retourné sur son moteur mis ainsi à l'abri. Nous redescendons séparément l'embarcation et son moteur puis les assemblons au bord de l'eau avant d'attacher le canoë au cul de la barque.

Je regarde bien les zones de végétation inondée car Christophe m'a dit qu'au dernier séjour ils avaient entraperçu des lamantins dans les parages mais impossible d'en voir. Nous apercevons par moment des traînées de bulles qui remontent du fond mais impossible d'affirmer que ce sont bien eux. Les changements de niveau du fleuve laissent une bande de végétation marquée par la boue à plus ou moins 1 mètre au-dessus du niveau actuel.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Un peu plus loin Xavier nous annonce un serpent et je peine à apercevoir un serpent vert tout fin  mais assez long qui traverse le fleuve. Les vagues provoquées par la barque vont le secouer un moment après notre passage et le désorienter un peu.

Un bon moment après ce premier serpent un second de couleur brune mais tout aussi fin traverse à nouveau le fleuve.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

C'est encore Xavier qui l'a vu le premier. Il manœuvre pour suivre le reptile fonce à toute allure et qui remonte en un éclair dans les branchages penchés sur l'eau.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Le voyage continue ainsi, à observer la faune et la flore, jusqu'à ce que le pont se dessine au loin.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Nous nous rapprochons du débarcadère. Un gros canard de barbarie, reconnaissable à son plumage noir avec ses ailes barrées de blanc, décolle devant nous et bifurque pour passer par-dessus la forêt, nous le perdons de vue. Ce canard que j'ai l'habitude de voir dans les cours de ferme gersoise est ici à l'état sauvage et vole très bien malgré un décollage difficile et maladroit.

La marée est haute et va faciliter notre accostage. Nous déchargeons nos affaires alors que Xavier se change pour partir faire du stop pour aller chercher son pickup et la remorque au village le plus proche. L'oiseau gris au ventre jaune présent à notre départ sur la rambarde du pont est à nouveau là.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Un automobiliste saramaka s'arrête pour prendre Xavier en apercevant la barque mais il est en fait intéressé par du poisson ou du gibier et vient droit vers la barque après s'être arrêté au bord de la route. Sans gêne, il commence à essayer d'ouvrir les glacières et Xavier doit lourdement insister pour l'en empêcher. Il nous demande du poisson ou du gibier pour prendre Xavier en stop et insiste très lourdement.

Il faut s'avoir qu'en Guyane la viande de forêt et le poisson péché à la ligne sont très prisés et que les gens viennent souvent acheter directement aux chasseurs ou pêcheurs à leur retour de la pêche ou de la chasse. Ce qui chez nous est plus ou moins tabou est ici normal. Xavier finit par le raccompagner à sa voiture et décide d'appeler un de ses collègues de boulot pour qu'il vienne le chercher. Ce dernier arrive assez rapidement et Xavier part avec lui.

Le soleil est brûlant et nous cherchons l'ombre en l'attendant une fois les affaires débarquées. Xavier revient assez rapidement.

En manœuvrant pour reculer la remorque au débarcadère Xavier recule un peu trop dans la végétation qui casse l'arrière de la remorque en plastique où se trouvent la plaque d'immatriculation et l'éclairage. Nous chargeons la barque sur la remorque, le canoë sur le toit du pickup puis les affaires dans la barque et le pickup puis nous partons.

Christophe fait la circulation le temps que nous prenions la route puis monte dans la voiture. Il est environ 17 heures. Juste au moment où nous partons les gendarmes arrivent derrière nous. Je pense les voir nous arrêter mais ils nous suivent un moment puis nous doublent comme si de rien n'était. En métropole ils nous auraient arrêtés pour défaut de signalisation sur la remorque. Après une heure de route nous voilà arrivé chez Xavier.

Nous déchargeons nos affaires puis passons un coup de fil à nos proches, il est environ 18 heures ici mais 4 heures de plus chez nous. Alors que je suis au téléphone, j'aperçois un jeune iguane posé sur un arbuste aux grandes feuilles. Il saute au sol alors que je m'approche pour le prendre en photo et se précipite vers un massif fleuri

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

autour duquel butinent des colibris aux couleurs vives et métalliques.

La nuit va vite tomber. Nous nous occupons ensuite un peu plus de nos affaires puis partons prendre une bonne douche qui fait un bien fou. Nous nous posons un peu puis préparons le repas du soir. Xavier nous prépare mes 2 caïmans. C'est un délice, de plus manger du caïman que j'ai fléché a une saveur toute particulière.

Pour le dessert Xavier me propose d'aller chercher des bananes dans son jardin. Il s'équipe de sa machette et nous partons couper un régime de bananes. Les crapauds buffles patrouillent sur la terrasse couverte à la recherche des insectes attirés par la lumière des néons.

Xavier me dit de faire attention aux nids de fourmis rouges qui parsèment son terrain. Ils sont repérables aux petits tas de terre qui poussent au-dessus de l'herbe mais sont très près du niveau du sol. Les bananes les plus mûres tombent au sol alors que Xavier coupe le régime. Nous remontons un peu plus tard avec un gros régime et les bananes tombées au sol.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Elles sont excellentes. Les bananes encore vertes mûriront sur le régime et nous les mangerons dans les prochains jours.

Ce soir, je vais partir avec Christophe pour aller chasser de nuit autour du ball-trap de Kourou où Xavier pense que nous pouvons voir des animaux. J'équipe mon arc pour la chasse de nuit et prends ma frontale. Une grosse sauterelle verte est posée sur la boîte aux lettres de Xavier.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Nous partons donc avec le pickup et nous garons devant le portail du ball-trap puis rentrons dans l'enceinte avec nos frontales à la recherche des cabibaras. Nous avançons doucement et balayons les alentours avec le faisceau de nos lampes. Christophe me montre un engoulevent qui passe un peu plus loin. J'aperçois une grosse rainette dans l'herbe à mes pieds.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Quelques lucioles scintillent dans la nuit noire. Le ball-trap est entouré de marais que nous longeons sans rien voir. Nous nous avançons parfois un peu dans les marais mais nos pauses d'observation ne donnent rien. Nous finissons de faire le tour du ball-trap et décidons de rentrer car aucun indice de présence des capibaras n'est présent sur le terrain.

J'aperçois alors un œil rouge dans l'herbe près du chemin de terre d'accès au ball-trap. J'éclaire et aperçois un engoulevent posé au sol.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Je m'approche doucement jusqu'à 2 ou 3 mètres

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

et alors que je le prends en photo, il s'envole. J'aperçois alors une petite boule de duvet au sol, cet adulte protégeait en fait son jeune.

Chronique guyanaise, fin du premier séjour en forêt, 29 mars 2014

Je le prends en photo puis m'éclipse rapidement pour ne pas trop le déranger. Nous rentrons.

 

Alex

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 18:39

Ce matin, c'est le grand jour, nos professeurs nous pensant près à chasser seuls vont nous laisser partir chacun de notre côté. Cette nuit, j'ai dormi avec des habits légèrement mouillés pour tenter de les sécher car, sur les barres du carbé, ils ne séchaient pas. J'ai mis un pantalon beaucoup plus ample qu'hier et mes irritations de la veille ne me font plus souffrir. Comme chaque matin la cigale du camp commence ses vocalises. 

Alors que nous nous préparons, le bruit d'un souffle retentit dans le fleuve en face du camp. Nous pensons tous à la même chose, c'est certainement le maïpouri. J'attrape mon arc et pars rapidement vers le bord de l'eau mais rien en vue. Je descends un peu le long du fleuve mais toujours rien. Il doit déjà être remonté en forêt. Je retourne vers le camp pour masser mon bras et faire quelques étirements. Je constate alors que ma visette d'arc est de travers, elle a glissé d'un côté, je la redresse, sans difficulté, en espérant qu'elle est revenue comme avant et que cette mésaventure ne faussera pas ma visée. Certaines de mes encoches lumineuses ont fonctionné toute la nuit et sont maintenant faibles. La journée commence bien. Comme tous les matins, nous nous retrouvons autour d'un petit déjeuner puis nous nous dispersons pour aller chasser.

Christophe va prendre la barque pour aller chasser sur l'autre rive du fleuve alors que nous nous dispersons en forêt. Je pars pour tenter de retrouver les terriers et les bassines trouvés avant hier soir en remontant le long du bras du fleuve qui démarre devant le camp. Juste à 40 mètres du camp, je tombe sur une bande de petits singes sombres à la queue préhensile et les observe un instant avant de repartir. Alors que les autres chasseurs viennent de quitter le camp, la chienne se met à hurler au perdu. 

J'essaie d'avancer doucement et de m'arrêter souvent pour observer mais à part des insectes, je ne vois pas d'animaux. De plus, impossible de retrouver les terriers et les bassines, je n'ai pas marqué les coordonnées sur mon GPS.

Je laisse donc tomber et bifurque pour rentrer en forêt. Rapidement, le relief devient plus prononcé et je tombe dans la pente sur une bassine qui ne semble pas fréquentée, les restes d'un crabe terrestre jonche le sol au départ de la bassine.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Alors que j'observe les reliefs de ce repas, une tache sombre, sous l'eau, à l'opposé de la bassine attire mon attention, on dirait une carapace de tortue. Je m'avance, et ramasse l'objet qui est bien une petite tortue d'eau noire et jaune dont le long cou vient se replier contre l'une de ses pattes avant. C'est une platémyde à tête orange, espèce intégralement protégée en Guyane.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014
Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014
Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Je repars ensuite et tombe sur un gros morceau de branche entièrement couvert de plantes épiphytes, on ne voit même plus l'écorce. Le poids de ces dernières fait parfois chuter les branches ou même les arbres.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Une belle orchidée trône au milieu de ce feuillage bien vert.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Un peu plus loin sur une clairière crée et barrée par la chute d'un gros arbre qui en a abattu d'autres plus petits. De grosses lianes possédant une ligne sinueuse sombre ressemblant à un serpent ont été rabattues au sol.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Le sol grouille comme souvent de grillons mais un criquet aux ailes rouges attire mon attention en s’envolant au milieu de ce grouillement. Il saute plusieurs fois en déployant ses ailes pour venir se poser sur une branche couverte de mousse un peu plus loin.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Je fais une petite pause d'observation sur le secteur mais au bout de quelques minutes, ne voyant rien venir, je reprends ma progression lente. Les pauses d'observation se succèdent mais pas le moindre gibier, je commence à ne plus y croire.

A part la biche rouge vue lors de la première sortie en forêt je n'ai pas vu le moindre animal chassable. Olivier lui a pu voir des agoutis et quelques oiseaux et je commence à douter de mes capacités à chasser en Guyane. De plus, mon sac à dos qui s'accroche partout ne m'aide pas à être discret et me fait perdre patience voir à sérieusement m'énerver. Ma motivation est en berne.

J'essaie de me reprendre et de recommencer à chasser alors qu'un magnifique morpho vient se poser près de moi.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Un gros tronc creux est posé au sol, je m'approche doucement et éclaire l'intérieur qui n'est habité que par des araignées-scorpions.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Un mouvement attire mon regard à l'entrée d'un terrier, c'est une belle mygale noire avec des rayures claires verticales au niveau des articulations des pattes. Le temps d'attraper mon appareil photo, elle est déjà rentrée au fond de son terrier, effrayée par les vibrations du sol provoquées par mes pas et transmises par le tunnel de soies qui tapisse l'entrée de sa tanière.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Je ne comprends pas que je sois capable de voir le moindre insecte dans le sous-bois mais que je sois incapable de voir du gibier. Ai-je la poisse ou ma technique de chasse n'est-elle pas la bonne ? Je redescends maintenant vers un marais asséché au milieu des bruits de la forêt.

Les cris d'un toucan qui passe au-dessus de ma tête me font lever les yeux sur lui qui vient de se poser à la cime d'un grand arbre dégagé.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Arrivé sur la zone du marais plus dégagée, j'observe bien les alentours mais toujours rien, pourtant un gros œuf bleu de perdrix mangé par un prédateur ou éclos est posé sur le fond d'un chenal asséché.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Je reviens tranquillement vers le bord du fleuve, je ne suis plus très motivé pour chasser ce matin. Arrivé au bord du cours d'eau, je commence à le remonter pensant tomber sur le camp mais alors que je vérifie mon GPS je me rends compte que je m'éloigne du camp. Je repars en sens inverse et longe toujours le fleuve, mon GPS m'indique que je me rapproche du camp, tout va bien. Le grondement de la pluie résonne au loin et je presse le pas pour essayer d'arriver au camp avant qu'elle ne me rattrape. 

Au bout d'un moment, je regarde à nouveau mon GPS qui m'indique à nouveau que je m'éloigne du camp. La pluie m'a rattrapé et s'abat avec force sur moi. Je vérifie le cap avec ma boussole qui me fait repartir en forêt. Je me fis donc au cap de la boussole, la distance diminue mais, rapidement, elle augmente à nouveau. Je n'y comprends plus rien, je ne retrouve pas mon chemin et le temps passe, parfois je m'éloigne du fleuve parfois j'y reviens. 

Au bout d'un moment, je me rends compte que je tourne en rond grâce à un gros nid de guêpe accroché au ras du sol sur une petite liane, je suis passé déjà 3 fois à cet endroit. Le nord de ma boussole ne semble pas constant. Je ne sais plus quoi faire. J'essaye de me calmer et de réfléchir. J'ai lu quelque part que la boussole pouvait être perturbée par certaines roches magnétiques.

Je tourne depuis un moment dans un marais coincé entre le fleuve et 2 criques. 2 pigeons que la pluie a contraint de se poser au sol, décollent et se posent à moins de 2 mètres du sol sur un buisson au bord du fleuve. J'arme et vise le plus dégagé mais me ravise car je n'ai aucune idée d'où peut partir ma flèche. Il finit par s'éloigner.

Je décide de sortir du marais et de reprendre ensuite mon cap boussole et GPS. Ma stratégie marche, je me rapproche maintenant du camp. Eprouvé par cette expérience très désagréable, je décide de rentrer en ne me concentrant que sur mon cap et rejoints le camp en environ 30 minutes. Je me change et mets mes affaires à sécher sur les barres du carbé avant de me poser dans mon hamac en attendant le retour de mes collègues. Je suis un peu dégoûté, le séjour ne commence pas comme je l'espérais, je ne vois pas ou peu d'animaux chassables alors que les autres voient tout de même quelques petits animaux chassables. Je ne comprends pas. Je remarque que la chienne a complètement rongé sa laisse, elle a dû partir à notre recherche et a encore dû perturber les animaux.

Mes collègues finissent par revenir, Olivier comme d'habitude a vu des perdrix Christophe a trouvé une zone de marais avec beaucoup de fruit et très fréquentée par les tapirs. Xavier a lui attrapé une sorte de plaque rouge dans le dos dont certaines zones plus ou moins étalées ressortent en relief. Nous pensons à une allergie car cette zone le démange fortement mais il s'agit en fait d'un ascaris, une sorte de vers parasite qui sera diagnostiqué par son médecin quelques jours après notre départ. Et Xavier devra prendre un anti-parasitaire (Zentel) pour s'en débarrasser. Durant les prochains jours ces plaques ressortiront régulièrement dans son dos.

Nous mangeons un morceau avant d'aller nous laver au fleuve. N'étant pas trop fan du bain en pleine eau dans la nature, j'opte pour récupérer de l'eau dans une grande bassine et de me laver avec.

Nous faisons également un peu de lessive pour ne pas ramener demain des affaires trop sales. Alors que Christophe revient vers le camp avec la grande bassine métallique, un scarabée rhinocéros d'un rouge métallique éclatant fonce droit dans cette dernière. Je le récupère et tente de le prendre en photo mais il se dégage avec ses pattes puissantes et s’envole. Nous partons nous reposer un peu.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Ce soir, Xavier nous prépare un demi aymara.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Il ouvre ce gros poisson aux allures préhistoriques sur le dos car la peau du ventre plus dure tiendra mieux la cuisson.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Nous allumons le feu puis préparons une petite grille improvisée avec des bouts de branche soutenus par 2 branches elles-mêmes soutenues par 4 branches en Y. Le poisson est une femelle pleine d’œufs.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Xavier pose le poisson côté ventre sur notre grille improvisée puis entaille la chair et l'arrose de jus de citron vert, sel, ail et s'est parti pour la cuisson.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Après un moment, il recouvre le poisson avec de grandes feuilles pour éviter que le poisson se desséché.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Nous changeons les feuilles à chaque fois qu'elles sèchent trop et prenons un petit apéro devant notre repas entrain de cuire. Au bout d'un moment nous commençons notre repas par des toasts d’œufs d'aymara sur des tranches de pain de mie.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Nous attaquons ensuite le poisson en le décortiquant directement sur le grill avec les doigts. C'est excellent, Xavier est vraiment un bon cuisinier, il nous régale régulièrement avec ses plats à base de gibiers et de poissons locaux. Il nous a déjà fait manger du caïman et du pécari, un vrai délice.

La nuit tombe doucement alors que nous nous régalons.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Après le repas nous nous posons un moment et nous préparons pour partir chasser en forêt. Olivier remarque une petite grenouille en tenue camouflage posée sur la lanière de son sac à dos mis à séché sur le carbé et la prend en photo,

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

au bout d'un moment, dérangée par la séance, elle finit par bondir et s’agripper à la corde de son arc tout proche pour commencer à la remonter.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Je vérifie mon matériel et constate que la petite lumière latérale qui éclaire la fibre optique de mon viseur ne marche plus. Je tente alors de changer les piles mais me rends compte que je n'ai pas les bonnes piles. J'ai pris en référence les piles de l'autre éclairage beaucoup moins discret et fixé directement sur le rond du viseur et ces dernières ne sont pas les mêmes. Je ferai donc avec l'autre éclairage. Je fixe ma lampe d'arc sur l’emplacement du stabilisateur. Xavier décide de rester dormir.

Je pars donc avec Christophe et Olivier en barque pour traverser le fleuve et rejoindre le secteur chassé par Christophe ce matin. Une fois sur la rive, nous nous répartissons, 1 tous les 30 ou 40 mètres et commençons à avancer. Je me retrouve rapidement en difficulté, la végétation est trop épaisse et je galère pour avancer. Je fais un bruit terrible, de plus, ma lampe frontale n'éclaire pas assez et je ne vois pas très loin.

Rapidement pour rajouter au reste, les guêpes viennent m'attaquer en visant ma frontale. J'appelle mes collègues qui avancent plus rapidement pour ne pas les perdre et leur explique que mon secteur est impraticable. Je n'ai même plus envie de chasser et décide de laisser Christophe et Olivier chasser tranquilles. Ils me rédépose au camp avec la barque.

Un opossum reste un moment dans la lumières de nos frontale sur un arbre de l'île en face du camp puis je les laisse repartir et pars faire juste un petit tour autour du camp. Je pars en suivant le fleuve, les yeux d'un opossum attirent mon regard au pied d'un arbre. Il reste un instant puis disparaît derrière le tronc. Les yeux des insectes brillent de partout au milieu des lucioles. Une grosse araignée type mygale se laisse approcher de très près.

Chronique guyanaise, première sortie en solo, 28 mars 2014

Il fait très chaud, je transpire à grosses gouttes. Après un petit tour dans la forêt, je décide de rentrer et allume mon GPS qui me conduira au camp non sans difficultés car de nuit les repères sont encore moins faciles que de jour et les obstacles plus compliqués.

Olivier et Christophe reviendrons un peu plus tard alors que je suis déjà dans mon hamac. Ils n'ont rien fait mais ont vu pas mal de caïmans, Christophe en a même attrapé un petit dans un marais avant de le relâcher.

 

Alex

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 12:23

Ce matin, je me réveille avec le froid sur moi, ma nuit n'a pas été très bonne encore une fois. Je n'arrive pas à trouver une position confortable pour dormir dans mon hamac. Le jour se lève tranquillement, une cigale qui a élu domicile dans un arbre entre notre carbé et le fleuve commence à lancer son chant encore éraillé. Xavier nous rejoint et nous déjeunons tranquillement avant de nous préparer.  Comme chaque matin, une séance massage avec ma pommade magique sur mon bras endolori.

Aujourd'hui Xavier et Christophe ont décidé de redescendre un peu le fleuve en barque pour aller chasser un peu plus en aval. Nous prenons donc la barque et commençons à descendre le fleuve.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

2 urubus dominent la forêt perchés à la cime d'un arbre dont les dernières branches sont mortes.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Un peu plus loin nous décidons d'accoster, un gros tronc va nous permettre de remonter la berge pour atteindre la forêt. J'attrape mon arc et mon sac à dos et passe devant. Un arbre aux fleurs blanches parfumées domine l'endroit où nous avons accosté.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

J'attache la barque alors que mes collègues de chasse préparent leurs affaires. 

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Une fois les hommes, la chienne que nous avons prise avec nous et le matériel débarqués, nous commençons à élaborer le plan de la matinée. L'heure du retour est fixée à 15 heures, je partirai aujourd'hui avec Christophe et Olivier avec Xavier. La forêt ne semble pas très épaisse dans le secteur.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Nous attachons la chienne à un arbre près de la barque puis nous nous séparons et commençons à rentrer en forêt. Nous tentons de progresser dans les zones les plus dégagées pour éviter de faire du bruit et rejoignons un peu plus loin une crique partiellement asséchée.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

En descendant un talus abrupt pour traverser, je glisse et chute lourdement sur le dos en essayant de protéger mon arc. Je suis plein de terre. Nous rigolons un peu de ma chute avec Christophe avant de repartir. Nous progressons un instant dans la forêt, comme hier soir, Christophe me suit à distance mais la végétation devient très dense et trop bruyante. Nous décidons de contourner cet obstacle et rejoignant la crique asséchée toute proche.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Le problème est que les brindilles et les feuilles accumulées sous l'eau n'ont pas pourri et craquent maintenant comme des chips, je tente d'avancer sans faire trop de bruit mais c'est assez difficile. Au loin le hurlement à la mort de la chienne laissée seule à la barque retentit. Nous regagnons dès que possible la forêt et continuons à avancer en nous arrêtant régulièrement pour observer mais pas le moindre gibier en vue. Près de la crique, je trouve de gros fruits orange, certains sont plus gros que des pamplemousses et ont un parfum très agréable.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Je les montre à Christophe et nous décidons d'en ramasser quelques-uns pour les ramener au camp en espérant attirer des agoutis. Nous reprenons notre marche tranquille. Mon sac à dos alourdi par les fruits tire sur mes épaules et me gêne toujours autant, il s'accroche partout et me fait perdre patience. Nous trouvons beaucoup de fruits variés au sol dans cette partie de la forêt et pensons le coin bon mais pour le moment toujours pas de gibier. Je trouve quelques fruits de l'arbre à boulets de canon qui porte bien son nom. Certains sont rongés par les agoutis. Je ramasse un de ces fruits de la taille d'une boule de pétanque.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Une coque très rigide en bois constitue l'extérieur du fruit que seules les dents d'un rongeur peuvent entamer. La chute d'un tel fruit sur la tête d'un passant peut avoir de graves conséquences. Nous arrivons maintenant dans une zone de marais et de criques, des traces plus ou moins fraîches de maïpouris traversent les canaux asséchés, ces empreintes sont facilement reconnaissables d'une part par leur grande taille et d'autre part par le fait que le tapir est le seul mammifère de Guyane dont l'empreinte marque 3 doigts en forme de trèfle.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Les traces sont difficiles à suivre car elles ne marquent que dans les zones très humides au sol meuble, malgré son poids pouvant dépasser 200 kg, le tapir ne laisse pas beaucoup de traces ailleurs que dans ces zones au sol meuble. 

Nous suivons un petit moment le marais quand un mouvement près de mon pied attire mon attention sur une sorte de grenouille-feuille à peine visible sur le sol couvert de feuilles mortes et de débris de végétaux.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Le ciel commence à s'obscurcir, un peu plus loin le vrombissement de la pluie se fait entendre et un déluge s'abat sur nous. Plaquant immédiatement nos vêtements contre notre peau. Nous progressons maintenant dans une zone de lianes quand j'entends décoller un gros oiseau, j'ai juste le temps de l'apercevoir sans pouvoir l'identifier. Christophe m'annonce un hocco mais il est déjà haut perché et, alors que je cherche à l'apercevoir, il s'envole pour disparaître définitivement.

En avançant un peu plus loin, mes pieds se prennent l'un après l'autre dans des lianes et je pars tête la première vers un arbre que j'évite de justesse pour chuter lourdement au sol au milieu des lianes dans lesquelles je me retrouve emmêlé. Le temps de reprendre mes esprits et de vérifier que mon arc n'a rien pris, je me relève péniblement. Il pleut toujours mais l'averse se calme petit à petit. Nous sommes trempés et j'ai beaucoup de mal à sécher l'objectif de mon appareil photo heureusement étanche car je n'ai plus rien de sec pour l'essuyer pour prendre des photos. Je remarque au sol une branche couverte de champignons,

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

je n'ai pas vu un seul champignon pousser sur le sol depuis que je suis arrivé, il semble que les différentes espèces de champignons poussent toutes sur du bois mort. Un peu plus loin une nouvelle grenouille-feuille se trahit en sautant à coté de mon pied.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Nous partons maintenant vers les montagnes, ici le relief est bien plus escarpé que tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. Sur ce secteur, il y également beaucoup de terriers mais impossible d'en voir les habitants.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Nous remontons à flanc de montagne vers des bassines à pakira qui n'ont pas été fréquentées de frais. Nous continuons toujours à faible allure en regardant bien autour de nous mais impossible de voir des animaux. En crête nous tombons sur un très gros tronc creux d'une vingtaine de mètres de long. Une très forte odeur semblable à l'odeur dégagée par une couleuvre à collier qui fait la morte envahit nos narines et un son ressemblant à un animal qui frappe le sol retentit. Je m'agenouille devant l'ouverture du tronc et éclaire l'intérieur, une grosse sauterelle verte et noire, plusieurs araignées-scorpions et des chauves-souris qui volent en tous sens, dérangées par le faisceau de ma lampe, colonisent cette cavité qui débouche à l'autre extrémité du tronc.

Nous descendons doucement dans un bas fond composé d'un grand marais. Le sol est couvert de petits palmiers qui poussent au pied de très grands palmiers. Toujours rien en vue, le grondement de la pluie revient et à nouveau un déluge s'abat sur nous. Nous décidons d'attendre un peu au cas où l'averse se calmerait rapidement mais nous finissons par reprendre notre chemin pour remonter à nouveau le travers d'une petite montagne assez pentue. Un beau papillon brun barré d'un gros trait orangé qui dessine une sorte de V sur le dessus de ses ailes vient se poser sur un arbuste devant moi. Je me mets à genoux

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014
Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

pour le prends en photo puis l'attrape entre mes doigts avant de le relâcher. Nous continuons à monter quand mes 2 pieds glissent en même temps et je m'écrase lourdement au sol face contre terre en protégeant mon arc tenu à bout de bras. Christophe qui pense que je me suis assommé se précipite pour m'aider mais je me relève seul couvert de boue couleur rouille.

Le temps passe et il va être le temps de revenir vers la barque. Christophe passe devant avec son GPS et nous revenons doucement vers notre point de départ. Dans un marais partiellement asséché, au pied d'un arbre à contreforts, je trouve les restes d'une tortue de terre dévorée par un félin.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Il n'a laissé intact que le plastron de l'animal. Des bouts de carapaces sont répartis autour et je ramasse le crâne de l'animal posé sur le plastron puis le repose à sa place et nous repartons.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Il n'a laissé intact que le plastron de l'animal. Des bouts de carapaces sont répartis autour et je ramasse le crâne de l'animal Ici aussi, nous trouvons de gros fruits orange, certains ont été mangés, l'animal n'a laissé que 4 gros noyaux qui semblent composer le cœur de chaque fruit. La pluie se calme. 

Tout à coup, alors que je suis empêtré dans des lianes accrochées à mon sac à dos et en train de pester après ce dernier qui ne cisaille les épaules depuis des heures et s'accroche partout, Christophe entend démarrer un tapir à environ 30 mètres de lui.

Une fois dégagé, je rejoins Christophe et nous tentons de suivre la piste de l'animal. Nous trouvons ses traces toutes fraîches dans un trou d'eau peu profond rempli par les grosses pluies de la matinée mais perdons vite sa trace sur le sol jonché de feuilles mortes. La végétation est très épaisse et nous peinons à avancer. Il nous faut souvent faire de gros détour pour trouver un passage plus praticable.

Christophe qui me précède bute dans un gros nid de guêpes et évite les piqûres en piquant un sprint alors que je reviens rapidement en arrière. Un nuage de guêpes me sépare de lui, il me faut faire un détour pour les éviter. Nous finissons par arriver à la barque et retrouvons nos collègues qui ont suivi à l'odeur les pakiras sans les voir. Olivier a à nouveau vu des perdrix. Il semble que la chienne, après avoir hurlé au perdu un moment, se soit libérée pour rejoindre Xavier qui a dû faire demi-tour pour la rattacher. Avant de monter dans la barque, je me rends compte qu'une sangsue se balade sur la boucle de ma ceinture, je la dégage rapidement avant de devoir la retiré de ma peau.

Nous retournons au camp tranquillement, je suis un peu démotivé. En arrivant nous mangeons un petit sandwich puis nous changeons pour mettre à sécher nos affaires trempées avant de faire une petite sieste avant le repas du soir. Au loin des craquements retentissent suivis d'un énorme boum. Un gros arbre vient de s'abattre au sol. Même sachant qu'il est loin c'est assez impressionnant.

Les vêtements mouillés en frottant sur la peau nous ont causé des inflammations assez douloureuses, plus ou moins importantes surtout sur la zone de frottement à l'entre cuisse.

Nous sommes tous fatigués et ce soir après le repas personne n'est motivé pour aller chasser. J'ai remarqué que mes encoches lumineuses des flèches sur mon carquois d'arc s'allument toutes seules depuis que nous avons pris la pluie. Christophe a passé un coup de bombe imperméabilisante dessus mais rien n'y fait. Je les éteins et elles se rallument très vite. Encoches lumineuses et fortes pluies ne font pas bon ménage. Un gros iule profite de la nuit pour visiter notre campement. posé sur le plastron puis le repose à sa place et nous repartons.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Nous partons nous coucher mais au milieu des bruits de la forêt le chant très intense d'un grillon se fait entendre et nous empêche de nous endormir. Christophe craque le premier et cherche autour du carbé. J'ai vu plusieurs grillons ces jours-ci sur les barres du carbé et pense qu'il s'agit de l'un d'eux mais Christophe n'arrive pas à trouver l'insecte bruyant. Le son est tellement fort qu'il ne lui est pas possible de le localiser. Je décide de me lever à mon tour et tourne un moment autour du carbé sans trouver ce grillon. J'aperçois, en cherchant, un beau gecko à tête orange dans un coin du carbé sous la bâche.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Tout à coup, en regardant par terre je l'aperçois au pied d'un pilier du carbé, c'est un grillon gris.

Chronique guyanaise, 2ième jour de chasse accompagnée, 27 mars 2014

Je ramasse la feuille sur laquelle il se trouve ce qui ne l'empêche même pas de chanter puis je le relâche un peu plus loin avant de retourner me coucher. Nous pouvons maintenant dormir, le doux parfum des fruits ramassés dans la forêt et déposé dans un angle du carbé flotte dans l'air, la mélodie des chants d'insectes et de grenouilles nous accompagnera dans notre sommeil.

 

Alex

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  • : Le blog de Alex.bowhunter
  • Le blog de Alex.bowhunter
  • : Je chasse avec un arc de type compound, principalement le grand gibier et le ragondin, à l'approche en grande majorité, quelques fois à l'affût au sol (seul ou en battue) ou à l'appel, je n'utilise jamais de tree stand. Je chasse léger (pas de jumelles, pas de télémètre)... juste mon arc, mon couteau, parfois un appeau et ma tenue camo...vous trouverez ici un recueil de mes récits de chasse.
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