Ce matin, le réveil est difficile car la nuit n'a pas été très bonne. Xavier qui nous rejoint pour le déjeuner n'a pas bien dormi lui non plus. Ce ne sont pas les ronflements qui l'on dérangé mais un porc et pic arboricole (coendou)
qui avait décidé de traverser d'un arbre à un autre en passant par la bâche qui couvre son hamac en émettant de petits grognements. Il a été obligé de se lever pour le déloger et reprendre sa nuit.
Je me prépare et passe ma pommade avant de déjeuner. Mon repas terminé, je pars prendre quelques photos de mes caïmans d'hier soir avant de les vider.
Le plus petit se fait facilement, la technique et simple, il faut ouvrir l'animal coté ventre du cloaque à la tête puis découper le tour du cloaque et retirer ensuite toutes les tripes et les organes internes en remontant jusqu'à la tête puis couper la tête. Le gros par contre est beaucoup plus difficile à ouvrir, j'essaie de suivre la jonction entre les écailles qui est moins dure à couper mais je mets plusieurs minutes à l'ouvrir avant de pouvoir le vider. Les entrailles sont jetées dans la végétation non loin du camp. Une fois les 2 sauriens prêts, nous les mettons au frais. Avant de partir Olivier a mis la tête de son pécari et de son caïman à bouillir dans la grande bassine, avec de l'eau du fleuve, pour récupérer les crânes. J'y rajoute les têtes de mes 2 derniers caïmans.
Nous partons en chasse, Xavier veut que je parte avec lui en canoë pour remonter le fleuve mais je préfère partir sur mon secteur à agoutis et pécaris et le laisse partir seul. Olivier et Christophe repartent sur le même secteur que la veille avec le mince espoir de revoir le pécari blessé hier ou de retomber sur les autres animaux.
Ce martin, je décide de prendre au plus court pour rejoindre ma zone de chasse et de partir en longeant la crique.
Il me faut profiter de cette magnifique forêt, de ses sons, de ses animaux, de ses paysages car mon séjour en Guyane et bientôt terminé. Il fait encore aujourd'hui un soleil radieux et il fait très chaud. J'avance doucement en faisant des pauses pour observer. Je m'arrête un instant au pied de 2 très grands arbres qui semblent jumeaux
et dont les troncs semblent ne jamais se terminer.
Je repars sans avoir vu de gibier quand, un peu plus loin, je tombe sur quelques petites fleurs violettes qui poussent au pied d'un bel arbre mais semblent complètement hors de l'espace et du temps. Je ne m'attendais pas à voir ces petites fleurs toutes fragiles au milieu de cette forêt amazonienne. De petites taches de couleur atypiques dans ce paysage vert et brun.
Un peu plus loin, à peine à 150 mètres du camp, je trouve une bassine à pakiras fréquentée de frais.
Des projections de boue et des traces partent dans la montagne. Je décide de ne pas les suivre et de continuer sur mon idée première de rejoindre mon secteur de chasse en suivant le compas de mon GPS pour me poster. Un peu plus loin, je tombe sur un parterre de petits fruits jaunes de la taille et la forme de noisette qui sont presque tous mangés.
Puis sur une zone où plusieurs fruits étranges mais très beaux sont tombés au sol. Ces fruits possèdent une sorte de bogue épineuse brune avec de très gros piquants émoussés.
L'intérieur est de couleur rouge et rosée avec 3 grosses graines orangés très dures.
Je poursuis ma route, mais, ce matin, je ne rencontre pas d'animaux chassables. Je décide d'aller rapidement me poster mais un petit mouvement au sol attire mon regard, c'est un très jeune bazilic à peine visible sur les feuilles mortes.
Quelque chose me semble bizarre, il peine à se déplacer, sa tête est coudée à 90° de son corps. Je le capture et l'observe un instant dans ma main. Ce petit reptile a dû subir un gros traumatisme au niveau de ses cervicales car sa tête semble complètement bloqué dans cette position.
Je le relâche et continue mon chemin pour arriver un peu plus tard sur la zone où j'ai vu les agoutis hier. Je tourne un peu sur le secteur puis décide de me poster, assis sur un des troncs enchevêtrés. L'attente est longue et rien ne vient, au bout de 1 heure, je décide de quitter mon poste et d'aller me reposter un peu plus loin. Un petite perdrix se débine devant moi et disparaît dans la végétation. Je tente de me poster à plusieurs endroits, debout, mais aucun poste ne me plait vraiment. Au bout d'un moment, je décide de retourner me poster, assis sur les troncs.
Cette fois l'attente ne sera pas aussi longue. Un mouvement attire mon regard, un agouti arrive, sans un bruit, par ma gauche à 6 ou 7 mètres, je tente de tourner les yeux vers lui mais il devient immédiatement très inquiet. Je n'ai pas vraiment bougé mais il se met à lever et descendre la tête nerveusement puis se débine dans la végétation sans que je puisse tenter quoi que ce soit. Les animaux habitués à être prédatés sont toujours sur l’œil et très nerveux, chasser le chevreuil chez moi est très facile par rapport à cette chasse en forêt amazonienne.
Je reste un moment posté mais aucun autre animal ne voudra se montrer. Je décide donc de quitter mon poste pour essayer d'en trouver un autre. En vadrouillant le long de la crique, j'entends des cris d'oiseaux. Il me semble reconnaître les cris des agamis, je m'avance un peu quand j'aperçois un groupe d'une quinzaine d'agamis à 20 mètres environ, de l'autre côté d'un méandre de la crique.
Je tente de m'avancer un peu et gagne 5 mètres mais les agamis commencent à s'éloigner. Xavier m'a montré rapidement comment les appeler et j'essaie de l'imiter en faisant des espèces de bisous sur le plat de ma main. Les oiseaux arrivent tous vers moi et se plantent en ligne le long du bord de la crique. Ils sont à environ 12 mètres. J'arme et vise celui du milieu qui me semble le plus dégagé. Ma flèche heurte une branche juste devant l'oiseau et se plante à 1 mètre en dessous de lui dans le talus de la crique.
Les oiseaux partent à peine, je les rappelle, ils reviennent. J'arme et vise un second plus à droite. Cette fois, ma flèche le frôle sur la droite. L'oiseau fait un bon de 2 mètres et retombe dans un creux du terrain derrière un arbre mort puis ressort tranquillement comme si de rien n'était. Je réarme et le retire alors qu'il semble dégagé, encore une fois ma flèche dévie et va se planter plus loin dans un arbre. Mon encoche lumineuse est bien visible à 40 mètres de moi environ, bien sur la droite de la trajectoire de départ de ma flèche.
Je rappelle les oiseaux qui ne sont pas allés bien loin puis décoche sur eux encore 2 flèches qui seront encore déviées et finiront dans des branches. Je n'ai plus de flèche, je suis dégoûté, la forêt ne me réussit pas, chacune de mes flèches est toujours déviée par une brindille que je n'avais pas vue au moment du tir. Les agamis sont toujours là, je commence à m'avancer pour aller chercher mes flèches et ils vont mettre un moment à s'éloigner. J'aurais pu m'approcher plus.
Je traverse la crique et retrouve toutes mes flèches grâce à mes encoches lumineuses. Ma seconde flèche, plantée au sol, porte quelques minuscules plumes mais pas la moindre trace de sang. Une de mes lames s'est brisée dans un arbre, une autre est tordue. Je n'ai pas de lame de rechange et il ne serait pas raisonnable de tirer un gros gibier avec ces lames émoussées. Il me reste 3 lames potables, je tente de retrouver les agamis mais ils se débinent devant moi puis l'un d'eux s'envole et par magie tout le monde disparaît. Plus un bruit, je n'arrive pas les retrouver.
Je décide de rentrer doucement vers le camp, un peu plus loin, près de la crique, j'aperçois une grosse perdrix
qui se débine en longeant l'eau et disparaît derrière un gros arbre qui pousse juste au bord de l'eau. Je tente de m'approcher doucement et arrive juste à côté de l'arbre sans rien voir. Je suis en train de me dire que l'oiseau a dû piéter dans le lit de la crique un peu encaissé et que je ne l'ai pas vu passer quand la perdrix s'envole juste à côté de moi. Elle s'était calée entre 2 contreforts de l'arbre. Elle m'a bien eu.
Je reprends mon GPS et rentre tranquillement vers le camp en rattrapant le bord du fleuve. Je jette un coup d’œil à gauche
puis à droite
au cas où je pourrais voir un animal puis repars. Alors que je longe doucement le fleuve un peu dans la végétation. J'entends un bruit de moteur. Je biaise rapidement vers le fleuve en sifflant et intercepte Xavier qui revient vers le campement. Il se rapproche de la berge, j'aperçois 3 agamis et 2 hoccos dans le canoë, ils ont été tués au fusil par Xavier. Les agamis sont venus en file indienne de très loin alors que Xavier les appelait et un coup de feu a suffi pour en tuer 3. Xavier me raconte qu'il a approché un petit cariacou mais qu'il n'a pas voulu le tirer au fusil. Il a aussi navigué un instant en compagnie de loutres qui ne sont même pas intéressées à lui.
Nous rentrons au camp. Les urubus ont investi le camp, ils s’envolent dans les branches hautes à notre arrivée mais restent perchés sans bouger à portée de tir comme s’ils savaient qu'ils ne risquaient rien. Ils sont venus manger les entrailles que nous avons jetées autour du camp. L'un d'eux est d'ailleurs parti avec des entrailles qu'il continue à manger sur sa branche. La présence de ces grands oiseaux a fait fuir tous les singes coutumiers des alentours du carbé.
Xavier part se baigner dans le fleuve. Le bois en brûlant a déséquilibré la bassine où se trouvent les crânes mis à bouillir et elle s'est renversée en éteignant le feu. Je récupère la tête de mon gros caïman et la décharne au maximum. Le dessus des yeux est protégé par une petite plaque osseuse articulée qui permet de rentrer l’œil dans le crâne pour le protéger mais cet os très fragile se casse alors que j'essaie de le dégager. Je ne pourrai donc pas le garder. Une fois le crâne bien décharné, je constate qu'il possède une structure alvéolée particulière qui lui confère une grande solidité malgré son faible poids.
Je pars le laver dans le fleuve, les petits poissons se jettent sur les morceaux et se les disputent. Certains emportent des morceaux plus gros qu'eux. Le départ de la crique est très poissonneux, ce sont des poissons que nous sommes plus habitués à voir dans les aquariums des animaleries que dans un cours d'eau.
Je pars ensuite décharner un peu le crâne de mon autre caïman mais il se démonte en plusieurs morceaux. Je décide donc d'abandonner et tente de m'attaquer au crâne du pécari mais il n'a pas assez cuit. Il faut donc le remettre à cuire. Xavier ayant fini de se laver j'y pars à mon tour. Cela fait bizarre de se baigner dans le fleuve sachant que les piranhas le fréquentent et je ne peux m'empêcher de penser au candirou (petit poisson chat pouvant rentrer par l'urètre).
Christophe et Olivier arrivent. Olivier a revu les pécaris mais le vent tournant l'a trahi et il n'a pu que les regarder s'enfuir. Il n'a pas retrouvé son pécari blessé la veille. Christophe n'a pas vu grand-chose. Ce séjour contraste beaucoup avec sa grande réussite du séjour précédent. Nous mangeons un bout et discutons de notre retour. Xavier voudrait partir cette nuit vers minuit pour arriver avec la marée haute au débarcadère vers 9 heures mais nous ne sommes pas trop chauds car de jour le fleuve est déjà difficile alors, de nuit, ça risque d'être un sacré parcours du combattant.
Finalement nous décidons de partir tout de suite. Nous plions donc nos affaires et démontons le camp pour laisser le moins de traces possibles de notre passage. Nous vidons l'eau des glacières pour ne garder que la glace. Cette fois nous rentrons avec du gibier : 2 pécaris, 5 caïmans dont 3 gros, 6 hoccos, 4 agamis et 3 pigeons. Nous chargeons les embarcations. Un dernier petit tour sur le camp pour vérifier que nous n'avons rien oublié et nous partons.
Nous peinons un peu pour quitter la crique car ces 3 jours de beau temps ont fait bien baisser le niveau du fleuve. Ça promet pour le retour car la plupart des obstacles seront certainement plus compliqués à passer. Il est 17 heures passé et la nuit sera vite là. Très rapidement nous tombons sur les premiers obstacles. Les passages faits à l'allée sont inutilisables aujourd'hui car bien au-dessus de l'eau dans les embâcles. Il nous faut déjà jouer du sabre, de la hachette et de la tronçonneuse. La luminosité baisse rapidement quand nous arrivons sur un très gros embâcle. Le temps d'en venir à bout et de pouvoir passer, il fait nuit noire.
Les choses se compliquent sérieusement car de nuit, éviter les troncs immergés ou trouver un passage dans un obstacle n'est vraiment pas évident. De plus, ma frontale n'est pas très puissantes et ne me permet pas de très bien voir. Les obstacles s’enchaînent et la fatigue se fait sentir,
mon bras me fait souffrir. Je n'ai pas de force pour couper les troncs et les branches et fatigue de plus en plus. De plus, il me faut pagayer de toutes mes forces pour aider Xavier a passer les virages et les troncs. Je percute parfois des branches qui me rentrent dans le torse ou les flancs sans pouvoir les éviter. L'élan de la barque me coince parfois contre des troncs. Il faut faire très attention à une plante qui pousse sur la berge et dont les petits piquants acérés et en rang très serrés peuvent nous emporter un bon morceau de peau au passage.
Je peste beaucoup, ce qui fait rire mes collègues. Nous passons souvent les obstacles seulement Xavier et moi, Olivier et Christophe profitent ensuite du chemin fait mais parfois ils viennent tout de même nous aider sur les très grosses galères. Alors que je suis en équilibre sur un tronc, les jambes dans l'eau pour faire passer la barque, je glisse et tape mon tibia sur une branche. Une vive douleur me paralyse un instant et je pousse un hurlement de douleur dans la nuit noire. Xavier est mort de rire. Christophe et Olivier rigole un moment eux aussi mais peu de temps après c'est le tour de Christophe de se faire mal au tibia. Nous finissons, non sans mal a passer cet obstacle. Les galères continuent à s’enchaîner, nous apercevons de très nombreux caïmans grâce à leurs yeux rouges.
Je suis à bout de force mais il faut lutter encore et encore pour diriger la barque et passer les obstacles en coupant des branches. Xavier doit s'arrêter pour changer les piles de sa frontale qui baisse en puissance. Plus nous nous éloignons du camp plus les caïmans se laissent approcher, nous passons parfois juste à côté de certains qui ne s'immergent qu'au dernier moment. Nous en voyons même plusieurs posés tranquillement sur la berge qui ne plongent même pas alors que nous passons près d'eux. Xavier aperçois, un boa de Cook dans les feuillages d'un arbre au-dessus du fleuve, son œil brille du même rouge que celui des caïmans.
Nous l'observons un peu puis continuons. Il nous faut plusieurs heures pour rejoindre la partie du fleuve un peu plus praticable. Les caïmans deviennent alors moins nombreux mais nous en voyons tout de même quelques-uns. Xavier commence à surveiller les berges, il a son fusil à côté de lui et veut profiter de la descente de nuit pour chasser le paca. Il aperçoit à nouveau un boa de Cook dans des feuillages.
Nous nous approchons pour l'observer. Malgré les mises en garde de Xavier qui me dit que ce serpent peut mordre. Je le dérange un peu avec ma pagaie et le fais descendre un peu puis l'attrape par la queue avant de la saisir derrière la tête.
Alors que je l'examine, il s'entoure autour de mon bras et serre de toutes ses forces.
Il dégage une très forte odeur de charogne comme le fait une couleuvre à collier qui se sent menacée. Je le dégage en le détourant par la queue puis le lance dans les branchages où il s'agrippe. La manche de mon T-shirt a pris l'odeur du serpent, un vrai régal. Nous continuons, je garde la pagaie avec moi mais les obstacles deviennent plus rares. Tout à coup, Xavier freine et m'annonce un paca. Il accoste rapidement et part en forêt, torse nu, en short et chaussé de ses crocs. Christophe et Olivier que nous avons distancés un peu nous rejoignent et accostent à côté de moi. Je suis la progression de Xavier grâce au faisceau de sa lampe. Je conseille à Christophe de s'avancer un peu car je crains pour leur sécurité au cas d'un tir de Xavier.
Xavier finit par revenir sans avoir revu le paca. Nous repartons et retrouvons nos collègues un peu plus loin, ils sont à une trentaine de mètres d'un petit caïman. Olivier lui a semble t-il heurté légèrement la tête avec sa pagaie sans que ça le dérange plus que ça. Nous repartons en tête. Au bout d'un moment, Xavier repère à nouveau un paca, je n'ai rien vu. Il manœuvre et se présente face à la berge. Il surveille la berge debout avec son fusil, la barque dérive un peu quand il tire un coup de feu. N'ayant pas vu le coup venir, j'ai fait un bon et n'ai pas eu le temps de me boucher les oreilles.
Xavier se rapproche rapidement de la berge et accoste. Il cherche un moment mais ne retrouve pas son paca qu'il a certainement manqué en pleine course. Nous repartons. Christophe et Olivier sont partis en tête. Au bout d'un moment de navigation sur le fleuve qui est maintenant bien ouvert et dépourvu de caïman. Xavier aperçois un œil blanc dans la végétation. Encore une fois je n'ai rien vu. Il accoste rapidement et part en forêt. Rapidement, il tire un premier coup de feu puis un second. Il me demande ensuite de venir l'aider. Je descends donc de la barque et lui demande ce qu'il a tiré.
C'est une belle biche rouge. Sa deuxième cartouche de double 0 (la munition à tout faire utilisée par Xavier) lui a explosé la tête. Nous la portons et la déposons sur les glacières dans la barque. Elle pèse environ 40 kg. Nous repartons, Xavier ne repérera pas d'autres animaux jusqu'au débarcadère où nous retrouvons nos collègues qui viennent d'arriver. A cette heure nous ne trouverons personne pour ramener Xavier en stop. Nous prenons Olivier avec nous pour nous aider et laissons Christophe sur place avec le fusil au cas où. La Guyane n'est pas toujours très sûre.
Xavier met les gaz pour rejoindre par le fleuve le village où il a laissé le 4x4 et la remorque. Nous filons à vive allure, j'éclaire les berges avec la lampe torche d'Olivier. Par 2 fois, j’aperçois 2 yeux rouges au bord de l'eau. Il ne semble pas que ce soit des caïmans mais je n'arrive pas à voir ce que c'est, c'est trop loin. Un peu plus loin, j'aperçois des yeux jaunes dans un arbre. Nous finissons par arriver au débarcadère bétonné du village. Une odeur de poisson pourri flotte dans l'air.
L'eau boueuse est souillée par de nombreux poissons en décomposition qui flottent à la surface de l'eau. Ce sont des sortes de poissons-chats, de couleur beige, très maigres avec une queue très fine et très longue. Ce sont des cron-crons.
Nous devons descendre dans cette eau pourrie pour tirer la barque au sec. De nombreux cron-crons pourrissent aussi sur le débarcadère. Ce sont certainement des rebuts de la pêche. Xavier part chercher le pick up et la remorque et nous l'attendons en tuant les moustiques qui nous harcèlent. La remorque reculée au bord de l'eau nous chargeons la barque et partons chercher Christophe.
Quand nous arrivons au débarcadère, il nous attend depuis près de 1 heures en se battant contre des nuées de moustiques. Nous chargeons nos affaires et le canoë le plus vite possible avant de courir nous réfugier dans la voiture où nous suivent les moustiques. Nous ouvrons les vitres pour les faire sortir en roulant. Nous arrivons chez Xavier une heure plus tard accueillis par ses chiens qui nous font la fête.
Je m'occupe de peler la biche pendant que mes collègues commencent à décharger un peu nos affaires. Je n'ai jamais pelé un cervidé avec une peau aussi épaisse et accrochée à la viande, Il va me falloir plus de 1 heures pour peler cet animal, là où un chevreuil est dépecé en 30 minutes. Pendant le dépeçage, la fatigue aidant, j'ai réussi a me faire 2 bonnes entailles dans les doigts qui saignent abondement. Nous nettoyons la petite cabane ou nous venons de peler et passons un coup de raclette puis nous montons chez Xavier et mangeons un peu avant de partir nous coucher. Un magnifique sphinx pourpre et or est posé sur le mur de la terrasse de Xavier près de l'éclairage.
Il chute sur le meuble en dessous alors que je l'embête un peu pour mieux le voir. C'est là que j'aperçois sa trompe.
Chez cette famille de papillon, elle est bien plus longue que leur corps et s'enroule dans une sorte de fourreau sous la tête. Il est bientôt 5 heures du matin, je suis complètement crevé mais je passe tout de même un coup de fil à ma compagne pour la rassurer avant de partir me prendre une bonne douche et de me coucher. La journée a été rude, j'ai mal aux bras et aux épaules. J'ai hérité de quelques bleus et égratignures.
Alex