Cette année le brame a du mal à commencer, trop chaud, trop sec, la montagne a beaucoup souffert de cet été caniculaire. Je ne l'ai jamais connue comme ça, même les versants nord sont desséchés, les sources perpétuelles sont quasiment taries, les souilles habituelles sont presque toutes asséchées ou réduites à une petite zone boueuse. Aujourd'hui c'est ma 5ième sortie sur le territoire. Depuis l'ouverture j'ai vu quelques animaux mais ils rentrent tôt le matin et sortent tard le soir. Pour le moment je n'ai qu'un cerf de moins de 10 cors (CEMC1) et une biche (CEF) à prélever mais j'espère qu'un bracelet de grand cerf se libérera un peu plus tard si un carabinier ne le ferme pas durant son séjour de chasse. Pour le moment, mes approches sont très compliquées sur ce terrain sec et très bruyant, j'ai approché plusieurs animaux entre 35 et 50 mètres et un magnifique cerf à 15 mètres mais trop gros pour mon bracelet. J'attends la pluie avec impatiente.
Vendredi, matin la météo annonçait la pluie pour une bonne partie de la journée mais elle ne tombera finalement que le soir après mon départ. Le matin, ayant entendu quelques brames timides le dimanche matin précédent, je m'attends à entendre bramer mais la montagne est silencieuse. J'attends un peu, dans la voiture, que le jour se lève tranquillement puis finis de me préparer et commence à descendre la piste en direction de Jumet. Il ne fait pas encore tout à fait jour mais la luminosité me permet de voir les formes. J'avance doucement en surveillant en-dessus et en-dessous de la piste dans les zones dégagées. En arrivant au départ de la prairie qui descend jusqu'aux granges en contrebas, j'aperçois une masse sombre. C'est un grand cervidé qui broute au bord du talus de fougères qui précède la prairie. Je me baisse derrière les fougères qui bordent le chemin et me redresse derrière un arbuste pour l'observer mais il a disparu. Un grondement d'alerte se fait entendre après un petit moment, dans le bois qui précède la prairie. L'animal m'a repéré et s'est éclipsé sans bruit. La luminosité croit tranquillement, je continue à longer la prairie tout en surveillant un grand penchant de fougères qui remonte vers la crête à ma droite. La prairie laisse place à un bosquet. Une bichette surgit sur le chemin à environ 80 mètres plus en avant. Je stoppe dans les fougères et l'observe un instant. Elle regarde en arrière vers le talus du chemin. Je commence une approche très lente et gagne environ 15 mètres quand une grosse biche surgit à son tour sur le chemin. Un raire puissant retentit plus en contrebas, la biche inquiète démarre et remonte le penchant de fougères avec la bichette. Je les perds vite de vue. Je presse un peu le pas en espérant couper la route du cerf. Je me poste un instant dans les fougères près de l'endroit où sont montées les biches. Impossible de voir le cerf et il reste silencieux. Je décide de laisser tomber. Je biaise à droite et quitte le chemin principal pour prendre un sentier qui remonte doucement vers la crête. Le sol caillouteux, jonché de feuilles mortes et de brindilles est très bruyant. J'avance avec une infinie lenteur tout en calculant chacun de mes pas et en faisant des pauses plus ou moins longues pour observer. Une haie de buis borde la gauche du sentier et m'empêche de voir derrière mais le bois clair de noisetiers de l'autre côté me permets de voir à environ 60 mètres. Les noisetiers alternent avec des zones de buis, brusquement, en regardant droit devant moi sur le chemin, j'aperçois un jeune cerfs plein travers à environ 50 mètres. Il regarde vers moi, je me fige et nous nous observons un instant puis il démarre et remonte dans les noisetiers, caché par quelques buis épais qui bordent le sentier. Je m'avance tout doucement et, alors que je passe les buis, je l'aperçois à environ 35 mètres dans les noisetiers. Il démarre avec un autre animal que je n'avais pas vu puis bifurque pour venir se caler derrière un noisetier à 45 mètres au-dessus de moi. L'autre animal a disparu. Nous nous observons un moment avant qu'il ne décide de repartir pour disparaître dans le bois.
Je reprends ma progression très lente, un peu plus loin un raire retentit en-dessous du sentier derrière la haie de buis. Je redouble d'attention quand j'aperçois un jeune cerf, 6 ou 8 cors, au gagnage entre les buis à environ 35 mètres en contrebas. Je n'ai pas de passage dégagé pour tenter une approche discrète. Je remonte un peu plus en espérant trouver ce passage mais un gros daguet m'apparaît contre les buis sur la gauche du sentier alors que je sors d'un léger virage du sentier. Il regarde vers moi, je suis bloqué, il est à environ 40 mètres. Je me serre au maximum contre les buis et me retrouve hors de sa vue. Je peux ainsi gagner quelques mètres à couvert mais il démarre et fait démarrer l'autre cerf. Le daguet fuit en remontant alors que le cerf semble fuir en parallèle du sentier. Je reprends ma progression lente et fais démarrer un animal dans les buis en contrebas sans réussir à le voir. Plus haut c'est un gros cerf qui démarre à environ 55 mètres au-dessus de moi. Il était gité dans la ramure d'un gros hêtres mort, tombé au sol. Il avance de 10 mètres en 10 mètres en poussant des grondements d'alerte puis disparaît pour de bon.
Je remonte tranquillement jusqu'à la crête qui sépare les feuillus sur la gauche des grands sapins sur la droite. Ces derniers redescendent vers une piste en contrebas. C'est dans ces sapins que j'ai fait mon CEMC1 l'an dernier. Je passe la crête et avance doucement dans les sapins en surveillant le secteur, le vent souffle maintenant dans mon dos. Il me semble entendre marcher un animal par moment mais impossible de le voir. Alors que je fais une pause pour observer. Un blaireau, qui a dû me sentir, surgit de sous une branche morte de sapin encore garnie de ses aiguilles sèches et fonce vers le bas en biaisant vers la droite pour rattraper le chaos de gros rochers qui descend depuis le pic rocheux qui domine d'environ 10 mètres le bois de sapin, au sommet de la crête. Il est 8h20 et il fait bien jour, il est rare de voir un blaireau dehors si tard à cette saison mais ici ils ne voient pas grand monde. Je biaise à mon tour vers les rochers pour rejoindre une belle coulée qui se fraye un chemin dans les rochers couverts de mousse, au milieu des sapins qui poussent épars sur cette pente raide. Ce paysage très vert est vraiment dépaysant, une pente très prononcée me domine jusqu'à la crête très accidentée. Un peu plus loin, alors que je fais une pause sur un énorme rocher qui domine un à pic de 15 mètres, un animal démarre bruyamment en-dessous de moi et je ne peux que l'entrevoir dans sa fuite. Les sapins laissent peu à peu place à une grande hêtraie qui revient vers ma voiture. Un peu plus loin un animal démarre en contrebas sans que je puisse le voir. Je biaise doucement vers la crête puis la suis sans rien voir jusqu'à ma voiture. Il est 9h30 passées, je décide de descendre chasser sur la piste de débardage en contrebas de ma voiture. Je coupe à travers bois et retombe sur la piste au niveau d'une belle souille qui semble avoir été fréquentée cette nuit. L'eau est encore bien boueuse. Je longe doucement la piste pour rejoindre un passage qui remonte le long d'un monticule de rochers couverts de mousse et colonisés pas les buis. Un passage remonte le long des rochers pour rejoindre une zone plane un peu plus haut, plantée du hêtre épars et dominée par une pente rocheuse prononcée jusqu'à la crête. Un petit cirque sur la droite est en partie bordé par les rochers et les buis. Une souille asséchée est creusée au fond de ce cirque et attire régulièrement des animaux.
Je décide de me poster un moment dans les buis, près de la souille, assis sur un gros rocher. Ne voyant rien venir, vers 11 heures, je quitte les lieux et retourne à ma voiture pour faire une pause et dormir un peu avant de repartir en chasse.
Vers 13 heures, un randonneur passe près de ma voiture, nous nous saluons. Il remonte de Jumet. Vers 14 heures, je décide de repartir chasser, je descends doucement la piste, comme ce matin, mais laisse le sentier qui remonte en crête et continue à descendre la piste en lacets un moment. Rien ne bouge, pas un brame, beaucoup plus bas, je quitte le chemin au niveau d'un mirador pour remonter doucement au travers d'une zone herbeuse de bois clair. Toujours rien, je remonte jusqu'à un sentier qui longe le bas des buis qui remontent jusqu'à la crête. Je le suis tout doucement en surveillant le secteur mais rien, il me ramène près de ma voiture. En sortant des buis, je remonte dans les fougères vers la piste où je suis garé puis la redescends. Je reprends le petit sentier qui remonte vers la crête avant de bifurquer dans les buis en-dessous de ce dernier pour me poster un moment à l'écoute. Il est 15h30 passées. Je me cale dans un bouquet d'arbres. Au bout d'un moment, j'étends marcher mais c'est un écureuil qui cherche sa nourriture au sol à environ 30 mètres tout en remontant le penchant. Vers 17 heures, 2 véhicules descendent la piste puis des clarines retentissent. Un troupeau de brebis envahit le secteur. Je sais qu'elles ne vont pas inquiéter les cervidés qui ont l'habitude de cette présence et du tintement des clarines mais je ne supporte pas longtemps ce bruit agressif et décide de quitter mon poste pour aller chasser plus loin. Je biaise à travers les noisetiers pour rejoindre la piste en contrebas. Le sol herbeux du sous-bois est jonché de crottes de cerfs et de biches plus ou moins récentes, signe du passage très régulier des animaux sur ce secteur. Arrivé à la piste, je remonte vers la voiture, les brebis broutent tranquillement sous la piste dans la prairie et me regardent passer.
Arrivé à ma voiture, je décide de redescendre avec elle. Je passe un premier lacet et le départ d'une première piste de débardage puis descends encore un moment et me gare au départ de la seconde parallèle à la première. Je suis doucement la piste de débardage, presque plane, tout en surveillant en-dessous et en-dessus mais rien. Le vent qui semblait bon au départ de la piste n'arrête pas de tourner c'est pour cela que je n'en tiens pas vraiment compte en montagne jusqu'à ce que je repère un animal et élabore alors ma stratégie d'approche. J'arrive au bout alors que les hêtres laissent place aux buis. Je remonte dans les buis pour rejoindre l'autre piste à plusieurs centaines de mètres au-dessus. La pente est très raide. Je fais régulièrement des pauses pour observer mais rien. Ayant manqué de peu la fin de la piste, je suis trop monté et l'apercevant en contrebas, je la rejoins et commence à la longer doucement. La hêtraie est colonisée par les buis au-dessus de la piste. Tout à coup, une impression bizarre me fait stopper net. Un brocard est à 30 mètres en surplomb. Il est de 3/4 arrière et me regarde par-dessus la ligne de son dos. Nous nous observons de longues secondes. Je le reconnais, je l'ai déjà approché, à environ 300 mètres de là, également à 30 mètres, dans la feuille morte de hêtre en avançant très lentement d'un gros hêtre à un autre. C'est un 6 pointes au bois fins et au pointes peu développées. Il finit par démarrer pour disparaître dans les buis. Je continue tout doucement sur la piste et observant autour de moi. Un peu plus loin, je rejoins la goulotte qui remonte vers la zone où je me suis posté en fin de matinée.
J'hésite à remonter mais je décide finalement de continuer. Un peu plus loin la piste est bordée par une barrière de gros rochers couverts de mousse et derrière lesquels se trouve une zone plane dégagée, sous les hêtres épars, et qui se termine par un léger penchant de fougères herbeuses avant que la pente ne s'accentue. Les animaux viennent souvent manger sur ce secteur. Un passage de débardage traverse cette zone pour venir rejoindre la piste un peu plus en avant où se trouve une souille creusée au milieu de la piste principale. J'avance tout doucement derrière l'écran de rochers quand j'aperçois l'arrière d'un animal au gagnage dans les fougères. Un gros hêtre cache par moitié avant. Je me décale doucement et aperçois la tête, c'est un beau 6 pointes au bois clairs mais déjà bien développés. Certainement un cerf de 3 ou 4 ans. Idéal pour mon bracelet, il est à environ 50 mètres et avance tranquillement en broutant tout en biaisant doucement pour s'éloigner de la piste. L'approche ne va pas être simple. Je me recule à couvert des rochers puis commence à remonter doucement au travers de ces derniers pour me caler derrière un hêtre quand une biche et son faon démarrent dans le sous-bois à environ 80 mètres, plus en avant dans le bois. Ils foncent bruyamment dans les feuilles mortes pour rejoindre la pente raide de rochers qui remonte jusqu'à la crête. Le cerf relève la tête et les regarde fuir un instant puis se remet à manger. Je n'ai gagné que quelques mètres et le cerf est beaucoup trop loin pour tenter un tir. Je cherche comment m'approcher plus sans être vu mais le vent va en décide autrement en portant mon odeur vers le cerf. Qui relève brusquement la tête, hume l'air et détale pour disparaître en un éclair dans le bois plus dense au-dessus des fougères. Je suis dégouté mais, presque aussitôt, un bruit de pas se fait entendre. Un jeune cerf arrive par le bas de la pente rocheuse et biaise doucement pour venir d'où est parti l'autre cerf. Il trottine et passe sur le haut des fougères, à environ 50 mètres. Son passage bruyant ne passe pas inaperçu et l'autre cerf énervé par cet intrus se ravise et redescend bruyamment pour foncer sur lui sans que je puisse le voir derrière les arbres. Le jeune cerf accélère pour s'éloigner rapidement. J'attends un peu mais le calme revient.
Je reprends la piste. En arrivant à la souille qui se trouve en-dessous de là où était garée ma voiture ce matin, je constate des éclaboussures de boue fraîches tout autour, un piétinement frais et un rond de crottes de biche dans la souille qui n'y étaient pas ce matin. Elle ne doit pas être loin, je me cale au bord du chemin au-dessus de la pente et observe le secteur quand des bruits de pas se font entendre en contrebas. Mes yeux se posent sur un faon qui tourne en bas d'une zone dégagée herbeuse parsemée de quelques fougères. Il avance tranquillement en broutant sous les premiers arbres après le clair. Il est à un peu moins de 30 mètres, il ne doit pas être seul. J'entends marcher d'autres animaux maintenant, une belle biche broute plus à gauche au bord de l'herbe derrière des noisetiers. Je l'observe un instant puis me décale un peu alors qu'elle a fait un virage à 180 degrés pour descendre doucement dans le bois mais je me fais repérer par la bichette que je n'avais pas vue, beaucoup plus bas et tout ce petit monde file, je n'étais pas là pour eux, ce n'est pas grave. Je rejoints le bout de la piste de débardage puis descends tout doucement la piste principale pour essayer de ne pas trop faire crisser le gravier. Plus bas se trouve une zone herbeuse juste sous la piste où se trouvent souvent des animaux. En arrivant sur le secteur, rien ne bouge, je descends doucement dans la petite clairière puis me dirige doucement vers l'enclos qui protège des cervidés un agrainoir à sanglier accroché dans un arbre. Je longe la pointe de bois prise entre la piste et l'herbe. J'observe un moment tous les quelques pas quand j'aperçois à environ 200 mètres, derrière l'enclos de l'agrainoir, un animal qui avance doucement de face en mangeant au sol. J'essaie d'avancer un peu à couvert des noisetiers qui bordent le haut de la clairière herbeuse mais le vent n'est pas bon et je suis vite repéré malgré la distance. L'animal démarre et s'éloigne au galop. Je biaise à travers bois pour rejoindre la piste. Il fera nuit dans 30 minutes, je rejoins ma voiture pour rentrer chez moi. Sur le retour, les averses se succèdent.
Ce samedi matin, le réveil sonne vers 5h15, je me prépare rapidement et pars vers 5h30 pour la montagne. Il a plu une bonne partie de la nuit, l'approche devrait être plus simple aujourd'hui. En sortant du village de Beyrède, une chevrette traverse juste devant ma voiture et je freine pour ne pas la percuter. Elle saute sur le talus rocheux et abrupt sur ma droite et disparaît. Je recommence à avancer quand je l'aperçois, elle est bloquée dans une faille de la roche et retombe sur la route avant de retenter sa chance un peu plus loin et remonter sur le talus pour rejoindre le bois un peu plus haut. Je me gare en haut de la piste comme à mon habitude, j'attends que le jour se lève avec la portière ouverte. Pas un brame, la montagne est calme. Le rut peine vraiment à démarrer sur ce secteur. Aux premières lueurs du jour, je quitte ma voiture pour descendre doucement la piste vers Jumet. Alors que j'avance tout doucement, j'entends un bruit qui ressemble au chant d'une rainette, un peu plus en avant, au sommet du talus abrupt qui remonte vers quelques arbres qui remontent dans le penchant de fougères. Ce bruit m'intrigue car je ne pense pas qu'il y ait de rainette ici, je serre le bord du talus et m'avance tout doucement. La luminosité est encore faible, brusquement un animal démarre dans un gros fracas à quelques mètres au-dessus de moi. Je viens de déranger un cerf qui est remonté dans le petit bouquet d'arbres et pousse maintenant des grondements d'alerte un peu plus haut. C’était en fait le cerf qui se prenait pour un batracien, c’est la première fois que j’entends ça en 10 ans de chasse au cerf. Les pas d'un animal et des craquements se font entendre juste au-dessus de moi. Je me cale et attends en espérant voir sortir un animal mais le bruit cesse. Le cerf gronde toujours un peu plus haut, je décide de tenter de m'approcher, je remonte difficilement la talus raide que la pluie a rendu très glissant puis m'avance sous les arbres. Le secteur est très ouvert mais se comble vite et approcher dans cette végétation très dense, sans bruit est impossible. Je renonce et redescends vers la piste pour continuer à la suivre. Je ne vois rien jusqu'au petit sentier qui remonte vers la crête. Je commence à remonter le passage qui monte à une grange et d'où part le sentier quand j'aperçois, à 35 mètres en-dessous, sur la piste, une jeune biche et son faon, arrêtés de cul. Je reste immobile à les observer puis ils s'avancent tranquillement et je les perds de vue un peu plus loin.
Je prends le sentier et commence à remonter doucement en espérant revoir les cerfs vus hier mais rien en vue ce matin. Plus loin, je suis repéré par un animal plus haut dans le bois sur ma droite. Il pousse des grondements alors que je continue tranquillement mon ascension. J'arrive en haut de la montagne sans avoir rien vu. Comme la veille, je redescends dans les sapins puis reviens par la grosse coulée du versant opposé. Rien dans la zone des sapins et des éboulis de rochers couverts de mousse. Alors que j'arrive dans la zone des hêtres j'entends casser une branche un peu plus en avant, je redouble d'attention et fais régulièrement des pauses pour observer quand j'aperçois une chevrette immobile, plein travers à environ 60 mètres contre quelques arbres. Je tente une approche pour m'amuser mais elle regarde vers moi. J'avance tout doucement et elle me fixe sans bouger jusqu'à ce que j'arrive à environ 30 mètres. Elle détale et remonte vers la crête, les chevreuils, peu chassés sur ce secteur se laissent facilement approcher, c'est assez étonnant. Je remonte moi aussi vers la crête puis la suis un instant avant de prendre une belle coulée dans le penchant de fougères qui domine la piste en contrebas. J'espère y croiser le cerf de tout à l'heure. Je descends un peu puis prends à gauche pour biaiser vers le bouquet d'arbres d'où a démarré le cerf. La tête d'un petit daguet surgit des fougères à environ 25 mètres. Je me fige et nous nous observons un instant, ses petites dagues sont encore en velours. Il finit par démarrer et fonce droit dans la pente où je le perds vite de vue. Je tourne un moment dans les fougères sans voir d'autres animaux malgré les nombreuses coulées et les couches fréquentées au pied de chaque arbuste. Je remonte vers la crête et la suis pour revenir vers ma voiture. Arrivé à cette dernière, un brame retentit sur le penchant au-dessus de Jumet. Je descends vite dans les fougères pour rattraper le petit sentier qui longe les buis qui couvrent les blocs de rochers qui descendent de la crête. 2 autres brames retentissent alors que je rattrape le sentier mais le calme revient alors que m'avance tranquillement sur le sentier. Je stoppe régulièrement pour observer mais rien à part un bel écureuil au pelage sombre que j'observe un moment en train de chercher sa nourriture dans les noisetiers en contrebas du sentier. Un peu plus loin, je bifurque sur un autre sentier qui remonte pour passer la crête.
Rien jusqu'à la crête, je redescends tout doucement dans les rochers de l'autre côté en surveillant la grande place, sous les hêtres, au-dessus de la zone où j'ai vu le beau six hier.
Rien, je traverse la zone et passe un une sorte de crête de bloc rocheux qui redescend vers la piste en contrebas. J'avance doucement entre les buis quand j'entends un animal se déplacer bruyamment en contrebas sans pouvoir le voir. J'attends un instant mais le calme revient, je repars puis me cale sur un replat au-dessus de la placette où se trouve la souille asséchée près de laquelle je me suis posté un moment hier. J'attends un moment quand un bruit de bois cassé retentit dans les buis près de la souille asséchée. J'attends un moment mais plus un bruit, je décide de descendre un peu mais un animal démarre dans un gros fracas dans les buis. C'était certainement un cerf. Je redescends à la piste et la longe tranquillement
sans rien voir puis remonte à travers bois jusqu'à ma voiture où je me pose un instant avant de m'entraîner un moment. J’en profite pour régler mon viseur jusqu'à 50 mètres. Je retourne ensuite à ma voiture pour dormir un peu.
Vers 15 heures, il commence à bien pleuvoir, je repars en chasse. Je descends tranquillement la piste en direction de Beyrède. Les brebis se sont abritées dans le bois au milieu d'une zone de rochers sur la gauche de la piste. Je descends jusqu'au premier virage alors que la pluie s'intensifie. Je quitte la piste principale pour prendre un petit sentier qui prend à droite dans le bois. Il serpente, au départ, au milieu des rochers et des buis puis la pente s'accentue de plus en plus et le paysage s'ouvre sur une grande hêtraie sur la gauche. Les buis barrent la vue sur la droite. Je descends tranquillement un moment sans voir d'animaux et rejoins une palombière dans les buis. Je descends encore un peu et cherche un passage sur la droite quand j'aperçois une belle clairière herbeuse au travers des buis. Je n'ai jamais chassé sur ce secteur jusqu'à présent. Je passe les buis et m'avance doucement dans la clairière ponctuée de noisetiers. J'avance tout doucement, il va être 16 heures. J'aperçois un gros cerf en contrebas à environ 60 mètres. Je contrôle le vent, il est parfait, je ne vois pas bien ses bois mais ils ne sont pas longs et portent juste 2 pointes à leurs extrémités, avec un peu de chance c'est un moins de 10. Je continue à descendre doucement vers lui d'une touffe de noisetiers à un autre. Le cerf broute tranquillement sous un talus, les noisetiers s'espacent de plus en plus et l'approche se complique. Alors que je suis à environ à 35 mètres, je stoppe un instant pour chercher une solution pour finir mon approche mais le cerf relève brusquement la tête et regard vers moi. Il l'observe un moment, seul son cou est dégagé. J'ai du mal à compter les pointes mais il semble que ce soit un 10 pointes, trop gros pour mon bracelet. Après quelques secondes à me fixer sans bouger, il détale et fonce dans la pente raide. Je le perds de vue à plus de 100 mètres en contrebas. Je me décale à gauche pour rejoindre la bordure arrondie des buis et remarque une grange abandonnée à environ 40 mètres. Je pars jeter un coup d'œil à l'intérieur par la porte entrouverte. Le plafond s'est effondré en partie mais le toit est encore bon. Pas de crottes, les animaux s’abritent souvent dans ces granges abandonnées mais celle-ci ne semble pas fréquentée. Je longe les buis puis commence à descendre tranquillement en essayant de rester le plus caché possible au cas où un animal serait encore dans les parages mais rien en vue. Beaucoup plus bas, je rejoins une piste herbeuse, taillée dans le flanc de la montagne. Elle part sur la droite plus ou moins à plat alors que le lit d'un ruisseau asséché descend de façon assez prononcé sur ma gauche en s'écartant progressivement de la piste. Je jette un coup d'œil sur Google Maps, en confirme mon impression, la piste principale est sur ma droite mais cette piste n'est pas référencée. Je m'avance sur le piste et surveille en-dessous et en-dessus dans le bois de hêtres. La pluie s'intensifie. Pas d'animaux en vue, après avoir marché un moment, je tombe sur une belle souille au milieu du chemin, elle semble très fréquentée. Plus loin, les hêtres serrés laissent place à une sapinière, les conifères sont très espacés et le sous-bois herbeux parsemé de grandes fougères. Je recontrôle Google Maps et constate que je me dirige vers bien vers la piste principale, le bout de la piste sur laquelle je suis est référencé, je peux continuer tranquillement et range mon portable. Je progresse tranquillement quand j'aperçois une bichette en train de brouter à 30 mètres en contrebas, j'hésite à tenter une approche. J'avance d'un pas et aperçois un gros cerf qu'un sapin me cachait. Il est à environ 15 mètres en-dessous de moi. Sa tête est cachée derrière un arbre, j'essaie de me décaler un peu mais le vent tourne et il démarre avec la bichette sans que je puisse voir sa tête, cachée par les arbres. Ils foncent dans la pente et disparaissent au loin dans le bois. Je continue un moment en surveillant les sapins et rattrape la piste principale alors que brouillard enveloppe la montagne. Je suis descendu très bas, je suis presque à la carrière, il me faut remonter pour rejoindre la piste au bout de laquelle je m'étais garé hier après-midi. Alors que j'avance doucement sur la piste, sous la pluie, je remarque une silhouette rousse dans un tas de branches sur la droite du chemin. C'est un brocard couché qui se présente de 3/4 arrière. Il regarde à l'opposé et me laisse l'approcher à environ 10 mètres. C'est un assassin, je reste un moment à côté de lui avant qu'il me repère et s'enfuit. Je continue mon ascension et rejoins la piste de débardage sur la gauche.
Je la suis doucement comme hier mais rien, un peu avant le bout de cette dernière, je remonte la montagne au plus raide pour rattraper l'autre piste parallèle à plusieurs centaines de mètres au-dessus où je sais qu'il y a toujours des cerfs. Il pleut toujours mais la pluie est moins forte. Arrivé à la piste, je la suis doucement. Au niveau de la goulotte qui remonte le long des buis et des rocher, je décide de remonter doucement en espérant voir des animaux. J'avance doucement quand j'aperçois un cerf se faisant les bois sur les buis à environ 40 mètres au-dessus de moi. Il est plein travers, j'approche tout doucement jusqu'à 25 mètres, j'accroche mon décocheur mais impossible de voir ses bois car il est toujours en train de s'acharner sur le buis. Brusquement, il se fige en pliant légèrement les pattes pour observer par dessous la branche de buis meurtrie. Il regarde vers moi un instant et démarre. Le vent m'a trahi, il disparaît dans les buis sur ma droite. Je remonte doucement pour tenter de l'apercevoir et le retrouve vite. Il est à environ 40 mètres sur ma droite, plein travers et à moitié caché par les buis. Seul son arrière train dépasse. J'en profite pour m'approcher un peu, le vent de travers est bon. Je l'approche à nouveau à 25 mètres puis accroche mon décocheur et me décale doucement à gauche, je vois maintenant sa tête mais c'est un beau 10, peut être celui entendu ce matin. Il m'aperçois et fonce dans les buis. Je redescends et reprends la piste. Un peu plus loin j'arrive derrière les rochers couverts de mousse qui bordent la piste. J'avance tout doucement et regarde par-dessus en espérant voir le 6 pointes d'hier quand j'aperçois un jeune cerf qui broute au milieu de la petite zone herbeuse, dans les fougères, à environ 60 mètres au-dessus de moi, dans les hêtres.
Comme hier, le vent n'est pas bon, il vient de ma droite et biaise légère en arrière pour remonter vers la zone où se trouve le cerf. Je ne vais pas faire 2 fois la même erreur. Je fais demi-tour et longe la piste, baissé derrière la barrière de rochers, perdant ainsi le cerf de vue. J'avance suffisamment pour que le vent porte mon odeur en arrière du cerf puis remonte tout doucement au milieu des rochers.
Le cerf broute toujours paisiblement. Je rejoins très lentement le premier arbre en surveillant les réactions du cerf qui est toujours aussi insouciant. J'observe un instant puis traverse tranquillement la zone dégagée, sur environ 30 mètres, en avançant d'un gros hêtre à un autres en profitant d'un bouquet de noisetiers, au bord des fougères qui me cache du cerf. J'arrive ainsi à 30 mètres de lui et me cale contre le tronc d'un gros hêtre.
Le cerf descend doucement en broutant. Je l'observe à travers les noisetiers. Il tourne un peu et semble remonter puis se ravise et descend droit sur moi. Je reste immobile, Il se dégage à 25 mètres et se tourne presque de travers. J'arme doucement, aligne ma visée et décoche. Ma flèche l'atteint pleine épaule, il fait volte-face et fuit au galop pour rejoindre les buis à environ 90 mètres sur ma gauche. Il n'a pas fait 60 mètres que ses pattes se dérobent et ses articulations commencent à ne plus pouvoir le porter, il fait encore péniblement 15 mètres et tente de remonter la pente qui s'accentue. Il prend alors à droite et je le perds de vue derrière un gros buis. Il reste un court instant sans bouger puis se met à reculer avant de basculer en arrière et de tomber sur le dos. Il se débat au sol.
Je vais chercher ma flèche sans succès, je laisse mon cerf mourir et rejoins la piste pour aller chercher ma voiture. J'en profite pour appeler le président de la chasse qui me dit qu'il arrive avec la remorque pour charger le cerf. Je remonte à travers bois puis descend garer ma voiture au bout de la piste. Je pars ensuite chercher mon cerf et faire quelques photos avec mon appareil photo que je n'avais pas pris à cause du mauvais temps.
J'appose mon bracelet puis déplace mon cerf pour faire quelques photos ce qui dégage ma flèche qui était restée en travers. Elle est rentrée en cassant le bas de l'omoplate, au ras de l'humérus et est ressortie un peu avant les dernières côtes en touchant les poumons et entaillant le foie. Je rends les honneurs à mon cerf et fais les photos
puis je descends mon cerf à la piste. Au même moment, le président arrive avec son fils, nous chargeons le cerf pour redescendre à la salle de découpe. Il me faut maintenant vider, peler et découper mon cerf avant de rentrer chez moi le mettre en chambre froide. Je finirai de préparer la viande demain.
Alex