Hier soir, les minutes me semblaient durer des heures sur l’horloge de l’écran de mon ordinateur. Enfin 17h30, je rentre chez moi, enfile ma tenue camo, prends mes affaire et me voilà parti. Arrivé chez le président de la chasse de Justian-Roques-Lagardère près de Vic Fezensac, je récupère l’arrêté et les bracelets et cette fois ça y est…
Je pars directement à pied, le vent n’est pas bon, je l’ai dans le dos, je décide de commencer par rester loin du grand bois en longeant une bande étroite de bois qui surplombe une friche normalement très fréquentée. Il est 19h et le coin est encore calme. Je qui la bordure de la bande boisée et remonte en biais à travers la friche pour rejoindre la route de crête. Je regarde vers un bout de haie épais posé au milieu de la friche mais rien encore.
Je traverse la route de crête et bascule sur l’autre versant, je longe le champ de fèveroles en bordure du bois. La végétation très haute, très épaisse et très dense ne me donne pas de visibilité. Les sangliers ont dessiné des coulées en écrasant les fèveroles. Je finis par tomber sur un champ travaillé, nu de végétation. Je passe le coin du bois et remonte maintenant en longeant entre un champ de blé et le bois. Le coin semble calme, j’avance doucement. Un petit bruit atypique attire mon attention dans le bois. Je cherche sa source du regard et aperçois, au travers des branches, une grive musicienne affairée à frapper un escargot sur une pierre à quelques mètres du bord du bois.
Je poursuis. Un peu plus loin je fais démarrer un animal en bordure du bois sans le voir, au bruit je pense à un chevreuil mais même en me décalant un peu je ne le verrai pas.
Je retombe sur la route qui revient vers la friche entre deux bois. Au coin du bois, j’observe dans la friche. Il me semble apercevoir un chevreuil couche contre le bout de haie épaisse. Je descends au travers d’une petite culture à gibier et arrive au bord de la haie. Un gros brocard se lève à une centaine de mètres au bord du bois sur ma gauche et disparaît en aboyant. Je longe doucement le bout de haie mais je ne retrouve pas le chevreuil couché qu’il m’avait semblé voir.
Je rejoints la bordure du bois et cherche un passage au travers des épines noire pour rejoindre la friche partiellement boisé qui se trouve de l’autre côté du bois. Je finis à 4 pattes dans une coulée de sanglier pour parvenir à ressortir sur la friche. Je déambule un moment sur les chemins girobroyés l’an passé et qui sont en train de se recombler. Rien ce soir à part une nuée de moustiques qui commence à s’occuper de moi.
Je finis par ressortir de la friche et descends sur le chemin de terre qui longe à travers bois la rivière. Je le remonte vers un passage qui me permet de traverser la haie épaisse qui me sépare du champ de blé qui borde la rivière. Arrivé au passage, j’aperçois au bout du champ de blé, en bordure d’un bras mort de rivière devenu mare aujourd’hui, un chevreuil. La distance ne me permet pas de l’identifier (je chasse sans jumelle), il est bien à 250 mètres.
Je tente de me rapprocher en longeant la haie côté blé. J’avance assez rapidement en tentant d’éviter les branches mortes qui me barrent la route et rentre dans le blé. J’essaie de passer sous les feuillages au maximum et progresse rapidement sur 150 mètres sans être repéré. Le chevreuil, la tête dans le feuillage, broute tranquillement. Je finis par ne plus le voir car je viens de dépasser le coin du bois qui longe le bras mort de rivière. Quelque chose de petit se débine dans le blé, certainement un lapin. Je reviens doucement en biais à travers le blé en tentant de faire craquer le moins possible la végétation et parviens au coin du blé, à 30 mètres d’où je voyais le chevreuil. Les ragondins ont brouté le blé sur la bordure de la mare et ces tiges cassantes sont très bruyantes, je tente de poser mes pas pour les éviter. Je m’attends à le voir d’un moment à l’autre et la tension monte d’un cran.
Au travers des arbres, j’aperçois la surface de l’eau qui s’agite et les colverts qui commencent à cancaner nerveusement. « Ce n’est pas vrai quand ce n’est pas au ragondin il faut qu’ils viennent me faire ch… au chevreuil. » Je crains un décollage en masse qui ferrait fuir mon chevreuil. J’avance doucement en tentant d’ignorer les moustiques qui me dévorent mais une vingtaine de colverts finit par décoller et me faire perdre tout espoir. Je tente tout de même d’avancer encore un peu et là je l’aperçois, c’est un brocard, un petit six à pointes bien blanches et aux bois bien sombres. Il traverse tranquillement la pointe du champ de blé. Je me voûte et avance doucement alors qu’il arrive sur la bande enherbée. Je marque une pause et observe, il est maintenant plein travers sur la bande enherbée, sa tête apparaît et disparaît alternativement au rythme de sa prise de repas. Je tente de ma rapprocher un peu pour me positionner à son aplomb et parviens avec une extrême lenteur à environ 18 ou 20 mètres de lui. Encore un petit animal qui se débine dans le blé.
Je reste un peu en observation, le brocard se lèche frénétiquement l’épaule. Le craquement d’une tige lui fait redresser la tête avant qu’il reprenne sa toilette. Il tourne la tête à droite à gauche et je finis par ne plus savoir dans quel sens il se trouve. J’hésite, longer vers la droite ou vers la gauche. Il finit par sembler vouloir partir à droite et je commence à avancer doucement vers le bout de la pointe du champ qui va me rapprocher doucement de ma proie, mais je m’arrête rapidement sa tête qui ressortait à intervalles régulier ne se montre plus. J’attends un peu. Rien, plus de brocard. Je pense comprendre, il a du se coucher.
Je décide donc de traverser à travers blé et avance très doucement, je sens qu’il se rapproche et mon décocheur accroché exerce une légère tension, je suis prêt à armer d’un moment à l’autre, … 15 mètres, 10 mètres, 6 mètres … je ne le vois toujours pas. Mon dernier pas est de trop. Le brocard se redresse d’un bon à mètres devant moi. A peine le temps de cligner des yeux qu’il démarre en trombe sur la bande enherbée. J’arme et aboie pour le fun mais c’est trop tard. Il marque un temps d’arrêt dans les hautes herbes puis traverse le blé 80 mètres plus loin. Je pars en courant vers le bord de la haie au cas où en m’arrêtant en même temps que lui mais il est au passage avant que je n’aie pu tenter un contournement. J’ai joué, il a gagné… la saison commence bien…
Je traverse la haie au coin du bois par un passage fais par la tombée d’un arbre mort et reprends le chemin forestier pour rejoindre la friche. Je remonte vers une haie qui coupe la friche à mi pente. Une chevrette avance en broutant sur ma gauche, je la laisse et traverse la friche à mi-pente en dessous du bois en long que je longeais au départ. 2 oreilles bougent dans les hautes herbes. C’est un lièvre qui finit par détaler à mon approche.
Toujours pas de chevreuil dans la friche, je remonte en biais et reprends la route de crête pour contourner le bois et le longer en sens inverse de tout à l’heure. Toujours pas de chevreuil. Un lièvre se lève du fossé au moment où j’arrive au coin du bois. Un petit taillis coupé en 2 par le passage de la ligne électrique forme un îlot au milieu des fèveroles. Taches rousses se détachent au milieu du coupe-feu.
Je remonte contre le bois, rejoint la route et tente une approche par le dessus du bosquet mais je tombe sur une chevrette au bord de la route qui me regarde arriver. Elle fait vole face et redescend sous la ligne électrique. Je me rapproche tranquillement. Un énorme lièvre démarre contre le talus de la route et rentre dans le bosquet. La chevrette a disparu.
Plus loin sur la route un masse noire vient vers moi, je n’identifie pas tout de suite ce gros chat qui bifurque pour traverser une haie. Je quitte la route pour le chemin de terre qui passe sous le cimetière. J’aperçois encore, au travers de la haie, un gros lèvre qui détale dans le champ travaillé, puis encore un autre qui démarre du fossé sur ma gauche.
Je poursuis le chemin de terre pour retomber sur la route, la longe un peu pour rentrer dans les blés par un chemin de tracteur. Je m’avance jusqu’au pont qui enjambe l’Osse, l’eau est agitée. Devant moi à 100 mètres environ, 2 lièvres se coursent. Un plongeon sous mes pieds, 2 ragondins se poursuivent sur l’eau, je laisse tout ce petit monde et reprends la route pour revenir vers la friche par le chemin forestier qui rattrape la route au niveau du moulin.
Je longe le chemin alors que la luminosité décroît rapidement. Je dérange 2 palombes qui s'étaient posées pour la nuit leur envol me fait sursauter. Je dépasse la haie qui borde la gauche du chemin et décide de remonter dans la friche pour rentrer quand un chevreuil se détache dans l’herbe, il redescend vers le chemin 150 mètres plus loin sur ma gauche. Demi-tour, je reviens au départ de la haie à 40 mètre du chevreuil qui s’avère être une chevrette. Cette fois la nuit tombe, je rentre en dérangeant à nouveau un lièvre et un lapin.
Alex