Ce matin, je décide d’aller faire un tour aux ragondins. Cela fait un bon moment que je les laisse tranquille et ils ont du se multiplier. Je vais commencer par le lac du « Tuco » à Labejan. J’ai mal jugé l’heure de lever du soleil et j’e me gare alors que je pourrais chasser déjà depuis 10 minutes.
Je descends vers le lac qui semble bien calme,
l’agriculteur est déjà au travail, il sort le fumier de la stabulation près du lac et je crains que ce remue-ménage n’ait compromis mes chances pour ce matin. Je descends tout de même au bord du lac, au bout des peupliers et regarde la surface de l’eau qui reste bien calme puis je tourne la tête sur ma gauche et aperçois 3 ragondins qui remontent le talus du lac en broutant. Et d’autres qui nagent, au milieu des poules d’eau, contre un arbre mort qui flotte en surface.
Je baisse ma cagoule et me rapproche doucement, j’avance lentement et stoppe à chaque fois que l’un d’eux s’arrête de brouter ou relève la tête et gagne petit à petit du terrain. Le plus près n’est plus qu’à 15 mètres environ mais un pas de trop au mauvais moment et il retourne à l’eau. Ses congénères, plus hauts sur le talus, n’ont rien remarqué et poursuivent leur repas. Plus loin au moins 3 autres ragondins sont assis, espacés de plusieurs mètres, au bord de l’eau. Je reste focalisé sur mon but premier et poursuis mon approche mais alors que j’arrive à 10 mètres environ, le tracteur redémarre dans la stabulation située derrière moi et les ragondins relève la tête et m’aperçoivent. Ils redescendent en courant vers le lac et se coule dans les joncs.
Je m’avance doucement, le tronc couché dans l’eau contre la berge est surmonté de 2 ou 3 ragondins juste à 7 ou 8 mètres. Le premier ragondin revenu à l’eau démarre devant moi à 5 ou 6 mètres et part tranquillement en surface. J’arme mon arc, vise et décoche. Ma flèche l’atteint en plein cœur et le sang jaillit abondamment dès l’impact. Le ragondin plonge et remonte rapidement pour se débattre un instant en essayant de garder la tête hors de l’eau puis s’immobilise.
L’eau bouge de toute part au pied des joncs et je ne prête que trop tard attention à un autre ragondin perché sur le tronc en surface. Il se met à l’eau et par en nageant en surface à moins de 10 mètres. J’arme rapidement, vise dans le mouvement et décoche atteignant mon ragondin sans pouvoir vraiment définir la zone d’impact. Il plonge dans une eau rougit par le sang et revient se caler sous les joncs à 3 mètres sur ma droite. J’attends un peu espérant le voir ressortir mais la végétation qui bouge et les remous trahissent la fuite de mon ragondin qui s’éloigne en rasant le bord. Je tente de l’intercepter en le dépassant mais les remous cessent et je le perds définitivement. J’attends un peu puis me remets à chercher mais rien n’y fait.
Je récupère mes flèches et mes ragondins alors que le tracteur passe dans mon dos. Alors que je récupère juste mon ragondin l’agriculteur arrive pour me saluer et discuter un peu. Je pose mon ragondin dans un peuplier puis pars vers le lac du « Lion » un peu plus haut dans la combe.
Un mouvement attire mon regard dans la mare juste au-dessus du lac mais je n’arrive pas à voir de quoi il s’agit et pense à une poule d’eau. Je contourne la mare en passant sous les clôtures électriques et en évitant la boue piétinée par les vaches quand j’aperçois 2 petits ragondins dans le coin diamétralement opposé. Il broute tranquillement mais je n’ai pas le temps de bouger qu’ils me repèrent et se jette dans les joncs. Je me rapproche doucement mais n’arrive pas à les trouver.
Je pars vers le lac en longeant un tout petit ru. Je jette un œil à la petite mare, au pied de la digue du lac, que je domine du haut du talus du ru. Rien ne bouge, je remonte la digue du lac puis décide de longer par la droite. Le grand lac, dont l’eau est couverte d’une petite brume matinale, est bien calme. 50 mètres avant le bout du lac, j’aperçois un ragondin qui longe contre la berge opposée. J’arme et vise mais il est trop loin. Il s’arrête et me fait face un instant. J’hésite puis me ravise et désarme alors qu’il se faufile sous la végétation et disparaît.
Je poursuis et longe doucement vers les terriers au bout du lac quand j’aperçois 2 gros ragondins assis juste à côté des terriers. Le plus en arrière est affairé à sa toilette et me tourne le dos alors que son compère, assis juste au bord de l’eau, semble m’avoir repéré et reste figé. J’avance avec une lenteur extrême, ils sont à 20 mètres environ. Un troisième ragondin, plus petit, joue à l’entrée du terrier puis rentre avant de ressortir et aller se blottir entre les 2 gros. Il commence sa toilette puis frotte sa joue contre le ragondin méfiant et finit par les perturber. J’avance toujours quelques centimètres par quelques centimètres alors que, maintenant, les 3 ragondins font leur toilette, agglutinés en une masse compacte.
J’approche encore un peu encore mais je suis totalement à découvert et je décide de tenter ma chance à environ 12. J’arme doucement, et vise le ragondin le plus à gauche et le plus haut sur la berge mais ma flèche est trop basse et atteint le plus petit des 3 un peu haut et un peu trop en arrière. Les 2 gros s’enfilent dans un terrier hors d’eau. Le malheureux se débat en grognant et se dégage avant que je n’aie eu le temps de réencocher. Il tombe à l’eau et parvient à se traîner au terrier et rentre à l’abri.
J’attends un peux à genoux, face aux terriers, au cas où mais l’eau se calme et j’entends le ragondin finir de rentrer au fond du terrier. Je jette un coup d’œil sur le lac dans son beau manteau d’automne
puis traverse pour essayer de trouver mon ragondin. Je dois jouer un moment des sécateurs pour me frayer un passage dans les ronces et arriver sur un puits, creuser il y a 2 ans, qui donne sur le terrier et par lequel j’avais sorti un ragondin mort dans ce même terrier. Du contenu stomacal et du sang jonchent le fond de la galerie de droite. Je m’enfonce tête la première avec ma frontale pour regarder dans la galerie mais elle est trop profonde et s’enfonce dans le talus sous 4 mètres de terre. Encore un ragondin perdu et celui-là ne passera pas la matinée vivant.
Je reviens par la berge opposée et tente de retrouver le ragondin de tout à l’heure sans succès avant de revenir vers le lac du « Tuco ». Je me fais surprendre en arrivant par un ragondin qui plonge dans une petite étendue d’eau en pointe qui termine le ru juste avant la mare. Il est rentré sous les joncs juste en face de moi. J’attends un peu qu’il veuille ressortir et aperçois les 2 petits ragondins de tout à l’heure au même emplacement entrain de brouter. Je n’ai pas fait é pas vers eux qu’ils sont dans les joncs ! Ils sont vraiment très méfiants ! J’essaie de me rapprocher pour les voir mais rien faire, l’eau bouge mais ils sont invisibles.
Je reviens vers le ragondin que je surveillais et bien sûr il vient juste de quitter sa cachette pour se faufiler vers un terrier plus haut sur le ru. Je presse le pas mais, en regardant le ragondin, je plante profondément mon pied dans la boue et reste scotché. Le temps de me dégager, mon ragondin est à l’abri. Ce n’est pas mon jour !
Je repasse sous les clôtures et aperçois 2 petits ragondins qui broutent au bord du lac. Je me colle contre le bord du lac et avance doucement vers eux. Je m’arrête 3 ou 4 fois alors qu’ils relèvent la tête, inquiétés par les vaches que ma présence dérange et qui viennent vers moi pour détaler en suite. J’arrive doucement à 6 mètres environ du plus près, arme vise et décoche une flèche qui était sensée le clouer au sol mais qui vient de le traverser entièrement. Les ragondins plonge et je pense voir remonter l’un d’eux mort mais l’eau bouge contre la berge sans qu’un ragondin ne remonte. Seul l’empennage de ma flèche dépasse de l’herbe et il est couvert de contenu stomacal. Un remous m’indique qu’un ragondin longe contre la berge. Je le dépasse et l’attends mais il se cale dans un creux de la berge, trahit par ses remous. Il sort plusieurs fois la tête, les yeux écarquillés. C’est mon ragondin blessé mais je n’ai jamais le temps de décocher. Puis l’eau se calme, j’attends un peu puis m’approche pour l’achever mais il plonge juste avant ma décoche et je le perds pour de bon. Quand ça ne veut pas rigoler !
Je retourne à la voiture et pars pour une mare toute proche. L’eau bouge alors que je m’approche mais un héron décolle suivit de 2 colverts. Pas de ragondin, je fais tout de même le tour et regarde une toute petite mare assez sale où j’entends un ragondin rentrer au terrier sans le voir. Je remonte à la voiture puis pars pour 2 petits lacs entourés de peupliers juste un peu plus loin. Le cerf qui traîne dans le secteur est passé depuis la dernière pluie.
Le pied est énorme, ce doit être un beau cerf. Un gros sanglier a également retourné de frais le semé de colza. Un cormoran passe sur ma tête assez haut. J’arrive au premier lac par la gauche en remontant sous la digue. Une nuée de colvert est posée sur le lac et décolle par vagues successives en m’apercevant. 2 canes retardataires me laissent un peu approcher avant de s’envoler. Le second lac est désert.
Retour à la voiture puis je pars pour 3 autres lacs de l’autre côté de la colline par rapport au lac du « Lion ». Juste en arrivant je lève 4 perdreaux sur la route. Je me gare dans le champ et descends vers le premier lac d’où décollent par vagues des dizaines de colverts. Ce n’est pas la peine de chercher un ragondin sur ce lac, je descends vers le second et remarque une belle coulée qui descends vers l’eau au travers des ronces et qui forme plus bas un beau tunnel. Je décide d’aller voir où elle mène et la suis pour tomber sur une zone marécageuse marquée par des souilles de sanglier mais rien de frais.
Je vais longer le lac coté bois pour changer. Un gros bruit un peu plus loin sans que je puisse vraiment l’identifier… un envol ? Un démarrage ?... Un petit ragondin longe la berge plus bas puis s’éloigne pour rejoindre l’île. Je ressorts du bois et file vers le 3ième lac d’où s’envole à nouveau pas mal de colvert. Tout au bout, un ragondin se coule entre les saules qui poussent les pieds dans l’eau mais le temps d’arriver il est déjà à couvert et je fais décoller une sarcelle.
Je décide de rentrer quand, au sommet du coteau, à plusieurs centaines de mètres, au pied d’un pylône EDF, la silhouette d’un animal m’interpelle, il vient de bondir sur un mulot dans l’herbe haute et à sa queue longue et fine je pense à un renard galeux. Je décide de tenter une approche. Je dois faire une grande boucle pour remonter à couvert le long d’un bois. En me rapprochant, je ne vois plus l’animal, un moment perdu de vue derrière le relief, au pied du pylône mais il me semble reconnaître un chat sur le mur du cimetière un peu plus haut. Je m’approche un peu et effectivement il s’agit d’un chat. Cette fois je rentre.
Alex