Ce soir, je retourne sur le secteur chassé mardi en espérant revoir le renard galeux ou les sangliers. Arrivé sur place, je commence à longer le maïs qui borde le lac mais le renard n'est pas là. Je dépasse le maïs et surveille le chaume du tournesol semence qui a été récemment broyé mais toujours rien. Je poursuis en longeant le lac, puis le ruisseau d'alimentation et le traverse par le passage busé en direction du second maïs. J'arrive prudemment au coin de la culture au cas où un chevreuil se trouverait sur la bande enherbée mais rien ne bouge. Je longe tranquillement entre le bois et les céréales. En arrivant près du coin du bois, au niveau de mon poste à blaireau, je décide de me rapprocher du bois pour inspecter une souille dans le fossé qui longe la bande enherbée. Alors que j'ai fait quelques pas et que je me retrouve à découvert, j'ai une impression bizarre et tourne la tête à droite. Un jeune brocard daguet m'observe, immobile, plein travers à environ 50 mètres. Je me fige mais il est trop tard. Nous gardons la pause un moment mais le petit cervidé décide de mettre fin à ce jeu et gravit le talus du champ travaillé d'un bon puis s'éloigne en remontant vers l'angle du bois.
Je le regarde s'éloigner puis remonte le champ travaillé pour rattraper le chemin de terre en crête de la colline. Du chemin, je regarde la combe suivante espérant voir quelque chose mais rien ne bouge. Je poursuis mon chemin en direction de la grande luzerne au fond de laquelle se trouve le petit bosquet où se gîtent les sangliers. Du chemin de crête j'observe la combe quand j'aperçois la silhouette furtive d'un petit chevreuil qui avance en broutant dans la luzerne. Il me faudrait arriver sans être vu jusqu'à une ligne de balles rondes laissées à environ 20 mètres de la bordure du bois. Je longe rapidement le chemin pour que le chevreuil se trouve masqué par le bosquet, puis je m'avance dans la luzerne en direction du bosquet que je longe doucement en descendant vers l'angle. Arrivé au coin du bosquet, j'observe un instant le chevreuil qui est en fait un chevrillard, certainement celui qui s'est séparé de sa mère mardi. Comment me rapprocher en plein découvert ? Le chevrillard me tourne le dos et avance lentement en louvoyant au grès de ses prises de nourriture, puis il disparaît derrière une bosse du champ. C'est le moment, je me décale rapidement vers les balles rondes mais le vent est dans mon dos, il me faut me décaler plus à droite pour espérer réussir mon approche. Je suis en plein découvert et j'avance très doucement car la luzerne craque sous mes pas. Petit à petit, je me rapproche de la bosse qui me cache le chevreuil quand, tout à coup, la tête du chevrillard surgie de la végétation. Il était couché et vient de me sentir. Je me fige mais il détale aussitôt vers la bande de bois sur ma droite.
Bon passons aux choses sérieuses. J'ai repéré le weekend dernier une belle souille dans le fossé qui borde le bosquet, elle se trouve au bout d'une très grosse coulée qui descend du bois. La remise est à 40 mètres environ de là. Le vent est très mauvais, je rentre par la coulée et me cale à sa droite derrière un petit noisetier juste en bordure du bois en espérant que les sangliers sont gîtés plus haut et qu'ils ne vont pas me sentir. Plusieurs coulées descendent vers la souille et se réunissent pour sortir du bois, d'autres coulées passent plus haut parallèlement à la bordure du bosquet. Le poste me plait bien et l'attente va être brève, au bout de 5 minutes environs, il me semble entendre un craquement parmi le bruit des glands qui tombent au sol. Les craquements deviennent de plus en plus audibles, c'est sûr ce sont les sangliers. Tout à coup, les craquements semblent descendre droit sur moi et j'arme mon arc mais le temps passe et le bruit fait du sur place.
Je désarme. Au bout d'un moment, les sangliers décident cette fois de descendre d'une traite. Je réarme. Un sanglier d'environ 70 kg se présente à environ 12 mètres plein travers. Mon viseur se cale et je le suis alors qu'il s'avance pas à pas en fouillant le sol, un autre sanglier de la même taille se présente 3/4 arrière, plus haut, à 15 mètres sur une grosse coulée qui longe dans le bosquet et je devine un autre sanglier plus petit qui descend vers moi par une coulée plus proche. Je me ravise, le premier sanglier doit être la laie meneuse, je désarme et laisse faire. Les 2 premiers sangliers sont maintenant dans les branchages et non tirables mais le plus petit descend de plus en plus en fouillant le sol. Je réarme et le suis, il est à moins de 10 mètres, j'attends de bien voir son coffre se dégager. Mon viseur est calé, je décoche.
A l'impact, le sanglier tombe sur place et se met à couiner sans bouger. Les autres sangliers qui n'ont pas compris le regardent d'un peu plus haut. C'est une flèche de colonne, il me faut rapidement l'achever. Je prends mon couteau et m'avance vers lui mais un des sangliers fonce sur moi et stoppe à 3 mètres face à moi. Je range mon couteau et réencoche une flèche au cas où mais ce dernier semble comprendre et fait demi-tour en poussant un souffle rauque puis s'immobilise à 12 mètres environ au-dessus de moi pour m'observer alors que son collègue s'éloigne en soufflant. Le sanglier, que je croyais immobilisé, se redresse sur ses patte avant et me charge. Je l'évite sans problème et le laisse passer, au passage j'ai pu voir ma sortie de flèche 30 cm avant le cuissot en plein milieu de la hauteur de l'abdomen. Ma flèche n'est pas bonne et je ne comprends pas pourquoi, a t'il bougé à la décoche ? Mon arc est pourtant bien réglé. Le sanglier chute lourdement à 6 mètres environ et se met à tourner sur lui-même sans pouvoir se relever. Il se fatigue vite et se couche sur le flanc en me présentant son ventre. Je lui ajuste une flèche d'achèvement qui rentre 15 cm derrière la patte avant, casse la colonne et traverse les poumons. Le sanglier bronche à peine et rend rapidement son dernier souffle.
Alex
Atteinte :