Mardi soir, n’ayant plus de bracelet pour le chevreuil, je me décide à aller faire un tour sur le territoire à 5 minutes de chez moi où j’ai fléché mon premier brocard de la saison. Je me gare devant l’habitation du président de la société de chasse et pars, vent dans le dos, pour revenir à bon vent sur une zone où les renards ont été vus lors des moissons.
Je longe un moment le chemin de terre qui conduit à la ferme, puis au bout de 400 mètres environ, bifurque sur la gauche, gravis le talus, traverse une haie pour me retrouver en bordure d’un grand champ de blé. Un bref arrêt pour scruter les alentours mais rien ne bouge.
Je me remets en marche, j’avance tranquillement sur le haut du champ sur une bande de 1 à 2 mètres où le blé a été complètement mangé par les lapins. J’en entends d’ailleurs démarrer un de temps en temps dans la haie sur ma droite puis dans le bois qui lui fait suite. La bordure du bois redescend vers le bas du champ puis bifurque à nouveau à 90°.
Le blé se termine par une bande de 40 mètres de large. Je rentre dans la bordure du bois, me dissimule derrière un gros genet et lance quelques appels au Butollo pour tenter d’apercevoir le maître des lieux qui n’a rien à envier à mon brocard du 11 juin. Au deuxième appel, un bruit de feuille et de brindille qui casse, une chevrette surgit, de la haie qui délimite le bas du champ, dans le blé et monte au grand galop pour se planter à 10 mètre sur ma droite. Ses naseaux grands ouverts, elle a vite fait de me flairer et fait demi-tour, s’en m’avoir vu. A toute allure, elle traverse la haie puis le petit champ de blé et disparaît dans le bois d’en face. Quelques autres appels mais le brocard n’y répondra pas.
Je m’enfonce dans le bois pour continuer à progresser vent dans le dos et ressortir dans un grand champ de tournesol qui délimite la partie haute du territoire. Je suis donc la bordure du bois sur ma gauche pour me diriger vers la « zone à renard ». Quelques têtes de tournesol sont mangées ou coupées par les chevreuils.
Je tente à nouveau d’appeler au Butollo histoire de voir. Au bout de quelques appels, un fracas se fait entendre dans le bois. Un chevreuil vient droit sur moi mais je n’arrive pas à le distinguer. A chaque appel, il bouge, vient vers moi, longe la bordure dans un sens puis dans l’autre mais ne sortira jamais et finira par s’éclipser sans un bruit.
Je me remets en marche, le champ de tournesol se termine pour laisser place à une friche clairsemée de petits chênes qui peinent à pousser. Je ralentis l’allure, ma visibilité est plus limitée et je pourrais me faire surprendre. Je marche un moment sans rien voir et arrive au niveau de vielles petites ruines dont le toit menace de s’effondrer.
Je jette un coup d’œil en restant sur le palier de la première, rien, puis à la seconde. Une petite chouette chevêche, perchée sur une poutre maculée de fientes blanches me regarde quelques secondes avant de s’envoler par un trou du toit.
Je progresse maintenant vent de face, la chasse commence. Je m’arrête au sommet d’une butte pour jouer à nouveau de mon Butollo. J’ai un grand champ de vision sur les alentours, pas un seul chevreuil ne répond à mes appels mais, tout à coup, le ciel s’obscurcit, des cris de milans me font lever les yeux sur une nuée de plusieurs centaines de milans qui arrivent droit de la décharge un peu plus loin. Ils arrivent en flux continu, c’est impressionnant, et se mettent à décrire des cercles au-dessus de moi. Je me lève et me remets en marche alors que les milans me suivent un moment.
Je redescends tranquillement vers un petit ruisseau avant de remonter vers la carrière. Je m’arrête au bord d’un bois en dessous de la décharge et de la SPA d’où arrivent des aboiements permanents. Quelques coups de Butollo suffisent à attirer un chevreuil.
Le bois est en pente, il est au-dessus de moi mais caché derrière un buisson je n’arrive pas à le voir, il réagit à chaque appel et court dans tous les sens puis finit par s’éclipser sans que j’ai pu le voir.
Je remonte vers la carrière, laisse le blé où j’ai fléché mon brocard et qui a été moissonné depuis, pour me diriger vers un tournesol chétif où il semble que les renards se tiennent. Sur le talus de la décharge un troupeau de bêtes noires, elles sont à plus de 200 mètres et je n’arrive pas à les identifier, Je me rapproche doucement, descendant puis remontant dans le tournesol très vallonné pour m’apercevoir à environ 90 mètres qu’il s’agit en fait de moutons noirs nains qui doivent certainement jouer le rôle de tondeuse aux abords de la décharge.
Je me remets en chasse, j’avance doucement dans le tournesol au-dessus d’un petit bosquet pentu situé au beau milieu du champ. Le champ est loin d’être plat, tout à coup, j’aperçois, au milieu des tournesols clairsemés, une tête de renard.
Je me baisse pour ne pas être repéré. Je suis à genoux et je me redresse un peu, il ne m’a pas vu affairé à ce gratter. Quelque chose me semble étrange, il est à 25 mètres environ. J’avance doucement sur les genoux, baissé le plus possible pour me cacher derrière la végétation qui n’est pas bien haute et très éparse. Dès qu’il s’arrête de se gratter, je m’arrête, de même à chaque mouvement de tête.
Je progresse doucement. Je viens de comprendre ce qui ne va pas, il est galeux, le pauvre n’a plus de poil sur l’arrière et presque plus sur l’avant. Pas à pas, non genou à genou, j’arrive à environ 10 mètres mais ma position inconfortable et les pieds de tournesol m’empêchent de tenter un tir.
J’attends un moment, il n’a, jusque là, pas bougé si ce n’est pour se gratter, il est assis depuis tout à l’heure. Il se lève, fait quelques pas et entre dans un bouquet de tournesol pour s’arrêter à nouveau et se remettre à se gratter. J’en profite, je me redresse, arme mon arc, fais lentement 3 ou 4 pas. 8 mètres, j’aligne ma visée au milieu des tournesols et décoche.
Il est foudroyé, il n’a pas bougé et est à terre. Je m’approche doucement quand je l’aperçois au sol se mordant l’arrière train. Trop confiant, je n’ai pas réencoché et il en profite pour fuir sur ses pattes avant vers le bois en contrebas, sa colonne brisée le ralentit énormément et il s’arrête souvent pour se mordre l’arrière train. Je me lance, encoche une flèche en pleine course, le dépasse alors qu’il fait demi-tour et remonte dans le tournesol. La pente le fait ralentir, il saigne abondamment, je le rattrape, arme et lui décoche un seconde flèche ¾ arrière alors qu’il tente de s’enfuir.
La flèche entre derrière les côtes et ressort entre les antérieurs. Il boule sur place et meurt rapidement.
Alex
Atteinte :