Je suis rentré de Guyane depuis quelques jours, ce soir je pars assez tard, vers 19h30, pour aller faire un petit tour à la chasse sur le canal de Labarthe. Arrivé sur place, je gare ma voiture au bord de la route puis rejoins le bord du canal et commence à le longer tranquillement. Le secteur semble très calme. Au bout d'environ 200 mètres un gros remous attire mon attention sous un bout de tronc couché contre la berge. Je n'ai pas vu sa provenance mais je comprends qu'il s'agit d'un ragondin et me poste un moment pour voir si le malin ne veut pas se montrer.
Au bout d'un moment passé à attendre, je quitte mon poste et continue en longeant le canal. Encore environ 200 mètres sans rien voir et j'arrive au petit pont bétonné qui enjambe le canal. Je traverse ce dernier et continue à progresser le long de la berge opposée. Un petit ru rejoint la canal un peu plus loin et je sais qu'il est plus fréquenté que le canal par les ragondins. Je décide donc de le suivre.
Je m'avance un peu trop rapidement du ru en surveillant l'eau et la berge opposée où je vois habituellement les ragondins quand un mouvement attire mon regard à 5 mètres devant moi dans les hautes herbes. C'est un ragondin de taille moyenne qui a démarré sur 2 mètres pour s'arrêter à la cassure du talus avant de sauter à l'eau. J'arme doucement mon arc mais le ragondin se coule dans les herbes pour se mettre à l'eau et disparaître sous la berge. J'attends un peu mais il ne ressortira pas.
Je bifurque donc pour longer le ru mais ce dernier est désert et ne semble pas très fréquenté, arrivé au bout de la zone chassable, je quitte le bord du ru pour rejoindre la bordure du canal à travers champ. J'arrive au départ du canal, au niveau du Gers puis recommence à le longer en descendant le courant mais j'arrive au petit pont bétonné sans voir le moindre ragondin. Je me dirige donc vers un petit lac tout en long qui borde le canal sur cette rive. Pas de ragondin non plus.
Je reviens donc vers le pont bétonné et traverse le canal pour longer à nouveau la berge coté champ comme à l'allée. La berge d'en face, se couvre rapidement d'une bande boisée qui sépare le canal des champs cultivés. En arrivant un peu avant la zone où j'ai aperçu un remous tout à l'heure, j'aperçois juste l'arrière train et la queue d'un ragondin qui sonde au pied d'un ormeau.
Je presse le pas et me poste devant le bout de tronc où j'ai vu le remous tout à l'heure à environ 10 mètres plus en aval. Rapidement, le ragondin refait surface juste avant le bout de tronc et vient se caler plein travers contre la berge, sous un amas de branches mortes qui forment une sorte d'arche à 30 centimètres au-dessus de l'eau sur environ 1 mètres de long.
J'arme mon arc, vise mais une vive douleur au bras me gêne au moment de la décoche et ma flèche se plante juste au ras de l'arrière train du ragondin. Ce dernier n'a même pas bougé d'un millimètre. Je réencoche rapidement, réarme, prends la visée derrière sa tête et décoche. Cette fois ma flèche est où je la voulais et mon ragondin est séché sur place. Un filet de sang colore doucement l'eau.
Je réencoche et pars un peu plus loin pour rattraper un passage qui enjambe le canal pour revenir chercher mon ragondin et mes flèches quand un léger mouvement me fait poser les yeux sur un petit ragondin qui s'est immobilisé plein travers contre une branche morte qui flotte dans l'eau, à l'arrivée d'un fossé qui draine les champs pour se rejeter dans le canal. J'arme rapidement mais la végétation dense ne me laisse qu'une fenêtre très étroite pour passer ma flèche et la branche morte protège le flanc du ragondin. Je tente tout de même ma chance en visant l'épaule.
Ma flèche passe au travers des branchages et percute violemment la branche morte qui se casse en 2 dans un gros craquement. Ma flèche poursuit sa route pour traverser plein cœur le ragondin qui plonge dans un nuage de sang qui a coloré l'eau en rouge. Il remonte très rapidement pour venir se caler au pied d'un arbre qui pousse les pieds dans l'eau contre la berge, a à peine 3 ou 4 mètres de la zone du tir. Il s’immobilise presque aussitôt. Et dire que j'ai raté des pécaris bien plus faciles en Guyane.
Je poursuis donc ma route en réencochant puis traverse le canal au niveau du passage et récupère mes ragondins et mes flèches en avançant au travers de l'épaisse bande boisée et des ronces qui ne manqueront pas de mes laisser de bonnes griffures. Je ressors sur les champs cultivés et prends mes prises en photo, le ragondin, que je voyais petit, fais tout de même près de 4 kg. C'est mâle, l'autre est une grosse femelle.
Je reste de ce côté du canal et longe la bande boisée pour retomber au niveau du petit lac. Toujours pas de ragondin, la luminosité commence à baisser rapidement. Je tente de revenir au départ du petit ru voir si le ragondin ne serait pas ressorti. En arrivant près de la zone, j'aperçois un remous anormal contre la berge à quelques mètres devant moi. Je m'avance rapidement mais le remous a cessé, le ragondin refait surface plus en amont et remonte le courant. Le temps de réagir, il plonge. Je pars vite me poster un peu plus loin mais il remonte entre temps et replonge pour disparaître sous la berge opposée. J'attends un peu sans succès.
Je repars donc vers la voiture, traverse le petit pont puis longe le canal coté dégagé. Il va faire très vite nuit. Un gros remous attire mon attention à 200 mètres de la voiture mais l'animal se cale sous des branchages morts très épais qui tombent sur l'eau. Impossible de le voir. Je laisse tomber, un peu plus loin, un autre remous attire mon regard dans un creux de la berge, contre une souche. Je force mes yeux pour tenter de voir l'animal dans la pénombre mais je n'arrive pas clairement à l'identifier et il plonge pour disparaître. La nuit tombe, je rentre.
Alex