Ce soir, nous avons décidé d'aller chasser avec Manu le chevreuil sur Labéjan. Le territoire est grand et nous chasserons à l'approche chacun de notre côté. Nous partons de chez moi vers 18 heures, il a plu ce matin et nous pensons voir sortir les chevreuils de bonne heure. En route, en longeant le bas du bois du Turc, j'aperçois un chevrillard seul au gagnage au bord d'un maïs étroit, coincé entre la route et le Sousson. Je me gare un peu plus loin et propose à Manu de se tenter une approche. Il est ok. Le vent est bon et soutenu. Manu s'équipe et je le suis sans arc, juste en observateur. J'ai perdu ma cagoule en ramenant mon sanglier à la voiture jeudi, je mets donc une casquette avec un voile pour dissimuler mon visage et nous voilà parti par la route. Manu passe devant et semble très décontracté, nous arrivons presque à l'angle du maïs et je suggère à Manu d'encocher une flèche car, je pense que le chevrillard est à portée de tir de la route. Nous l'apercevons par-dessus le maïs, il broute tranquillement. Nous faisons demi-tour et Manu descend doucement le talus du fossé à 10 mètres de l'angle du maïs, par chance le bruit des feuilles de maïs sèches agitées par le vent cachent le bruit de sa descente. Je me cale en observateur au bord de la route alors que Manu longe doucement le maïs. Le chevrillard broute toujours tranquillement.
Manu arrive sans difficulté à l'angle de la culture. Il observe un instant puis s'avance tout doucement en longeant le maïs. Le chevrillard relève la tête, Manu se fige. Des voitures passent sur la route et j'ai peur du coup de klaxon mais non, personne n'est décidé à nous casser la chasse. Le chevrillard rebaisse la tête et Manu tente encore quelques pas mais, tout à coup, le chevrillard semble nerveux. Il redresse la tête puis commence à s'avancer droit sur Manu ! Je regrette de ne pas avoir mon appareil photo qui est en réparation, ça aurait valu un petit film. Manu reste immobile alors que le chevrillard se rapproche au pas. Il est maintenant à portée de tir et Manu ne bouge toujours pas, il a laissé passer plusieurs fois sa chance d'armer et il va être trop tard. Je lui chuchote un : "Arme Manu, arme" et Manu arme mais il est déjà trop tard, le chevrillard qui n'a rien compris biaise au petit trot vers la route, laisse passer une voiture puis traverse pour rentrer dans le bois du Turc. Dommage, je trouvais pourtant l'occasion belle mais Manu ne l'a pas senti.
Nous retournons à la voiture pour finir d'arriver sur notre secteur de chasse. Je me gare sous la digue du lac et nous partons en chasse. Je laisse Manu choisir son secteur et pars chercher ma cagoule restée accrochée dans les ronces. Ma cagoule sur la tête, je fais un grand tour pour contourner le secteur de Manu et ne pas le déranger puis rattrape le chemin de terre en crête de la colline. J’espérai recroiser le chevrillard pour l'approcher cette fois à bon vent mais il n'est pas de sortie. J'observe la maïs où se trouve certainement Manu actuellement et poursuis jusqu'à une autre parcelle de céréale séparée de la première par le chemin qui bifurque à 90°. Je n'ai jamais chassé ce maïs et ne le connais que vu de loin. Au coin du maïs, je quitte le chemin et continue tout droit vers le premier passage de canon. Pensant voir loin dans ce passage, je m'avance en face du passage. Erreur grossière, la visibilité n'est que de 20 mètres à cause du relief du champ et je viens de perdre une occasion de tir magnifique. A 5 mètres devant moi, le petit brocard daguet vu jeudi broute tranquillement mais sentant ma présence il relève la tête et fait volte-face dans la foulée pour disparaître dans le maïs. Sur ce coup j'ai pas été bon !
Je continue vers le second passage de canon, ma dernière chance sur ce champ étroit car il n'y en a que 2. J'arrive tout doucement et tente de voir au travers du maïs quand tout à coup j'aperçois un dos dans la végétation qui pousse dans le passage de canon. Un chevreuil broute plein travers à moins de 10 mètres de moi. Je suis juste caché par quelques pieds de maïs et si le chevreuil redresse la tête... Trop tard, je n'ai pas eu le temps d'armer, la jeune chevrette a relevé la tête et me fixe. Je reste parfaitement immobile. Le temps passe et ses yeux me fixent toujours puis son attention baisse et elle commence à tourner la tête dans l'axe du corps puis encore un peu, c'est le moment d'armer. Je monte mon arc et commence à armer mais elle retourne la tête vers moi. Je me fige à nouveau l'arc tenu devant moi. La position n'est pas très confortable. a chevrette fait quelques mouvements de tête pour mieux voir puis reste un moment immobile à me fixer. Le temps passe puis elle tourne la tête pour regarder par-dessus son dos. Cette fois c'est ma chance.
J'arme rapidement mon arc mais finis l'armement au moment où ses yeux se reposent sur moi. Je reste armé et immobile un moment puis la chevrette tourne à nouveau la tête dans l'axe du corps et je sens bien que je vais devoir être très rapide car elle va démarrer d'un instant à l'autre. Je cale mon viseur sur son coffre et décoche. A l'impact, la chevrette démarre en trombe, ressort au bout du maïs sur ma droite, traverse la bande enherbée et rentre dans le bois. Du sang jaillissait de son épaule, je suis confiant. Rapidement, un gros bruit retentit, le chevreuil vient de rentrer dans un arbre. Le calme revient, je pars faire ma recherche. Je vais d'abord chercher ma flèche qui est cassée au ras des empennages. Il y a beaucoup de sang dès l'impact et je par directement à l’entrée du bois. Beaucoup de sang ici aussi, je le suis facilement et retrouve rapidement ma chevrette morte en lisière du bois à 20 mètres sur ma gauche. Ma flèche passe au travers du cœur. Une grosse masse de sang bulleux sort de son épaule.
Je la récupère pose le bracelet et pars la poser à la voiture. Il est encore tôt et je décide d'aller faire un tour à l'opposé du lac. Je passe par un passage de canon dans une parcelle de maïs semée très tard sur un blé grillé par la sécheresse. Il est encore très vert et irrigué régulièrement mais il semble peu fréquenté aux vues du peu de traces au sol. En sortant du maïs, il me semble apercevoir au loin un chevreuil au gagnage de l'autre côté d'une haie. Je me colle au ru du déversoir du lac et longe le bois en direction de la haie. Je tente d'apercevoir le chevreuil au travers mais ne vois rien, j'ai du mal voir. Je longe la haie vers un passage pour la traverser et fais déguerpir une grosse chevrette non suitée. Je la regarde partir puis reprends ma progression. Je franchis un peu plus loin le ru par un passage busé et remonte en crête de la colline dans un champ travaillé quand j'aperçois la chevrette elle est de nouveau au gagnage dans la friche à 70 mètres sur ma gauche. Je vais tenter une approche, je remonte le champ travaillé le plus voûté possible et parviens au sommet grâce au relief du terrain qui me cache à la vue du chevreuil. Je bifurque et rentre dans la friche au milieu d'une végétation haute mais sèche et craquante. La chevrette semble se diriger vers un petit bois un peu plus loin et je vais essayer de lui couper la route mais les craquements répétés me font repérer et la chevrette se fige pour regarder dans ma direction, elle est 60 mètres sous moi et je suis caché dans la végétation. Intriguée elle change de trajectoire et remonte vers moi puis biaise à nouveau pour prendre le vent. Il me faut descendre pour tenter de l'approcher mais je fais trop de bruit et elle regarde à nouveau vers moi. Perdu pour perdu, je tente de l'aboyer mais elle démarre et s’arrête 150 mètres plus loin pour me regarder remonter vers la crête avant de rentrer au bois.
De la crête j'aperçois dans le creux du champ, encore en chaume, au-dessous de moi, un animal qui se débine et passe sous un gros arbre oublié au milieu du champ. Le relief du champ me le cache sans que je n’aie le temps de l'identifier. Je m'avance doucement au travers du chaume de blé et finis par apercevoir un gros chat qui détale en me voyant. En le regardant fuir, j'aperçois un couple de chevreuil à 150 mètres sur ma droite. Je profite du relief du champ vallonné pour tenter une approche puis traverse un rond de tournesols rabougris non moissonnés au milieu du blé pour masquer ma silhouette alors que le jour décline vite. Je repasse derrière la crête puis reviens vers les chevreuils mais je n'en vois qu'un qui broute et le second m'aperçois durant mon approche et donne l'alerte. Ils détalent en direction du bois. Il fera vite nuit, je retourne à la voiture.
Manu a eu moins de chance que moi mais a tout de même eu 3 chevreuils à moins de 10 mètres sans pouvoir les flécher.
Alex
Atteinte :