Il a plu toute cette nuit et les précipitations se sont arrêtées vers 5 heures. Ce matin, je change de secteur de chasse, 5h45, j'arrive sur place. Je me prépare tranquillement puis pars en remontant vers une carrière qui sert de terrain d'entrainement pour une école de travaux publics. La luminosité croit doucement. Un chevreuil démarre à une centaine de mètres en aboyant sans que je puisse le voir. Arrivé sur la carrière, je la traverse pour longer un chemin de terre qui surplombe un semé de tournesol. Pas de chevreuil ce matin, quelques lapins traversent la piste pour rentrer dans les hautes herbes et des milans noirs tournent au-dessus de moi en poussant des cris d'alerte. Je poursuis jusqu'à une zone qui sert de décharge pour les gravats, de nombreux lapins fuient à mon arrivée. Je jette un coup d’œil sur un blé en contrebas mais pas le moindre chevreuil non plus. Je redescends donc vers un immense champ de colza au travers d'une petite friche, entre 2 bois, puis longe la culture en direction d'un grand champ de blé qui remonte vers des bois. Je traverse une bande étroite de blé et arrive au bord d'un fossé que je m'apprête à traverser quand j'aperçois un chevreuil qui m'observe à 150 mètres environ, au bord du blé, dans une petite friche près d'une habitation. Du coup, je m'éloigne en longeant le fossé et en feignant de ne pas m’intéresser à lui, le chevreuil se débine et rentre dans le blé pour remonter tranquillement vers le bois.
Une fois que le relief du terrain me masque à la vue du chevreuil, je traverse le fossé et remonte à travers le blé vers l'habitation puis je fais un détour pour rester caché par le dénivelé du champ. Je rejoints ainsi la bordure du bois et remonte doucement vers l'angle du bois où je pense recouper le chevreuil. J'avance doucement quand j'aperçois le chevreuil, c'est un brocard, il arrive tranquillement à 15 mètres mais je ne vois que sa tête. Je reste immobile et le laisse passer derrière le coin du bois où je le perds de vue.
Je recommence alors mon approche tout doucement mais arrivé à l'angle du bois, je ne vois pas le chevreuil. Je me décale un peu mais il m'aperçois et démarre à quelques mètres de moi en aboyant puis s'arrête à une vingtaine de mètres dans le bois pour m'observer avant de repartir en aboyant de plus belle. Le sol collant depuis la dernière pluie a fait de petits moulages des sabots du chevreuil. Il a perdu ses semelles d'argile en rentrant au bois.
Sur ma gauche dans le blé, une tête de chevrette dépasse au-dessus des céréales à 100 mètres environ puis la chevrette se débine et rejoint le couvert sécurisant du bois.
Je longe le bois et rejoints un chemin de crête qui longe au travers d'une zone aride, très calcaire, parsemée de petits chênes rabougris assez espacés autour desquels poussent des plantes type thym ou bruyère. Un peu plus loin, un chemin forestier démarre de la piste et rejoint un petit pré circulaire au milieu du bois, c'est une zone où je vois très souvent des chevreuils. Je descends donc ce chemin enherbé. Arrivé au ras du petit pré, j'aperçois 2 chevreuils, un brocard au ras des petits chênes sur la gauche du pré et une chevrette qui s'avance au milieu du pré en direction du couvert forestier. Le brocard est plus foncé que la chevrette qui est d'un roux magnifique.
Je réfléchis un instant, comment faire pour approcher le brocard ? Je ne peux pas approcher par le pré car il me verrait tout de suite, je tente une approche au travers des petits chênes espacés qui bordent le haut du pré. Je perds les chevreuils de vue derrière cette végétation de type garrigue. Je me faufile très lentement par les coulées au travers de cette végétation basse, aidé par les pluies de ces derniers jours qui ont ramolli le sol et la végétation habituellement très craquante. Tous mes pas sont calculés, chaque brindille est soigneusement contournée, enjambée ou évitée. Petit à petit, je me rapproche du coin du pré mais je dois remonter un peu pour éviter une zone plus fourrée.
En revenant vers le pré, j'entrevois un chevreuil qui broute tranquillement au ras des petits chênes mais ne vois pas sa tête, il est à 35 mètres devant moi. Je me rapproche tout doucement et le reperds un instant du vue. Au détour d'un chêne, baissé sous une branche basse, j'aperçois le chevreuil. Il est plein travers à 10 mètres de moi et à 2 mètres de la bordure des chênes. Il est plein travers et semble regarder vers moi mais je ne vois pas sa tête. A la couleur de sa robe je pense qu'il s'agit du brocard. J'accroche très lentement mon décocheur et me penche au ralenti sur la droite. J'aperçois alors une pointe blanche au-dessus de sa tête, c'est bien le brocard.
Je l'observe immobile alors qu'il tente de m'identifier. Le temps passe et il ne semble pas vouloir bouger. Il frappe le sol de la patte avant et pousse un aboiement sans bouger d'avantage. Une trouée au travers des branchages me permet de tenter une flèche. Son coffre est dégagé, j'arme très lentement et me redresse au ralenti avant de prendre la visée. Le brocard n'a pas bougé, mon pin's est calé sur son épaule, je décoche. L'impact est bien audible, le chevreuil démarre en trombe et je l'entends rentrer dans le bois un peu plus loin sur ma droite. Il se met à aboyer un moment alors que j'entends toujours son galop dans la végétation puis le calme revient brusquement.
J'attends un petit moment immobile puis ressors dans le pré où je retrouve immédiatement ma flèche fichée dans le sol et couverte de sang.
Je cherche du sang sur sa trajectoire de fuite estimée pendant un moment mais pas la moindre goutte. Au bout d'un moment, je décide de longer les chênes pour essayer de trouver l'entrée et 30 mètres plus loin, je trouve du sang sur les herbes au départ d'une coulée. Je marque l'entrée avec ma flèche tirée la veille puis pars récupérer ma flèche sur la zone du tir avant de revenir pour commencer ma recherche.
Un peu plus haut, la végétation est maculée de sang et la piste semble très marquée. Je décide donc de la suivre.
De grosses taches de sang souvent bulleux mais rouge vif couvrent le sol et la végétation, la piste est ininterrompue et très abondante. Pour l'instant le chevreuil semble remonter.
La piste rejoint une coulée dans une zone plus dégagée, régulièrement le sol est marqué de grosses taches de sang reliées entre elles par une traînée de gouttes plus ou moins importante. La piste suit maintenant la courbe de niveau.
Plus j'avance et plus je trouve du sang jusqu'à tomber sur une grosse tache bulleuse d'où démarre une large traînée ponctuée comme précédemment des grosse taches de sang et la piste commence doucement à redescendre.
Puis, elle bifurque brutalement à gauche 20 mètres plus loin. Le chevreuil a roulé sous un chêne, il est là. Sa fuite n'aura été que de 80 mètres. Il est 7h20, la chasse est finie pour ce matin.
Je me rapproche doucement et le contourne. Mon atteinte est un peu en avant et ma flèche est ressortie à la base du coup. Son trophée présente une dague d'un côté et une dague avec un petit andouillet de l'autre côté.
Cette fois encore, comme la veille, ma flèche n'a pas touché les poumons et j'ai du mal à expliquer la trajectoire de la flèche sachant que je tire le chevreuil plein travers sans qu'il ne réagisse avant l'impact.
Alex
Trophée :
Atteinte :