Ce soir, je vais aller chasser le chevreuil à Labéjan avec Christophe, rendez-vous est pris chez moi vers 15h30. A son arrivé nous partons pour le bois du Turc où je pense laisser Christophe mais alors que nous passons près de l'endroit où je voulais le laisser, un promeneur surgit du bois avec 3 gros chiens type berger allemand. Je continue donc pour le laisser en haut du bois près du dépôt des poubelles et je pars un peu plus loin.
Pour une fois, j'ai décidé de me poster, j'ai repéré un coin très passager ces jours ci, une bande de bois très étroite entre 2 petits bosquets mais en chemin, j'aperçois 7 chevreuils qui avancent tranquillement à 150 mètres environ sur la droite de la route. Ils broutent tranquillement en s'arrêtant régulièrement. La bande d'animaux est menée comme d'habitude par un belle chevrette très attentive qui scrute les environs. Je ne ralentis pas pour ne pas inquiéter les animaux et tourne un peu plus loin à gauche comme pour aller rejoindre le poste prévu mais je m'arrête un peu derrière la crête, hors de vue des chevreuils.
Je me prépare puis reviens à pied par la route, je décide de tenter un coup de bluff. Je longe sur la route, bien vue des chevreuils. J'avance d'un pas décidé en faisant mine de ne pas m’intéresser à eux. Ils m'observent de loin mais ne semblent pas plus inquiets que ça et continuent leur chemin d'un pas serein tout en broutant. Le talus de gauche monte doucement et finit par me cacher. Je prends le pas de course pour dépasser les chevreuils de 300 mètres environ puis escalade le talus, saute les clôtures à mouton avant de descendre caché derrière un bosquet pour tenter de me positionner un peu plus bas sur la trajectoire des animaux.
Je les aperçois au travers des branchages mais il semble qu’ils descendent au fond de la combe pour traverser le ruisseau. Je m'avance voûté en suivant une haie peu épaisse qui prolonge le bosquet mais, arrivé au bout, il me reste 100 mètres environ de découvert pour rejoindre la haie du ruisseau. Je reste immobile et observe. La chevrette de tête s'arrête régulièrement en se rapprochant de la haie et surveille autour d'elle. Elle marque une longue pause au ras de la haie puis la traverse rapidement, d'autres chevreuils la suivent rapidement alors que d'autres arrivent toujours en broutant d'un pas lent et serein. Je vais les laisser tous traverser la haie puis je tenterai une approche.
Au moment où le dernier chevreuil passe la haie du ruisseau, je m'avance à découvert mais stoppe net. Je ne les ai pas comptés et un retardataire vient de surgir de derrière une bosse du champ. Il m'a vu et presse le pas pour rejoindre ses compères. Il passe la haie, je n'ai plus rien à perdre, je tente le coup. Je pars en courant pour rejoindre le ruisseau puis le traverse doucement en essayant de poser les yeux sur les chevreuils mais ils semblent avoir disparu. Je longe doucement le ruisseau en espérant les retrouver dans un virage mais rien. Je surveille également 2 tous petits bosquets clairs sur ma droite à mi pente mais rien ne bouge.
Tout à coup, un jeune chevreuil traverse du premier bosquet vers le ruisseau à toutes pattes, à environ 50 mètres devant moi. Il franchit le ruisseau d'un bon. Je me fige, un second plus gros lui emboîte le pas. Je reste un instant immobile puis décide de biaiser doucement vers l'endroit d'où sont sortis les chevreuils. Je surveille le bosquet mais il semble vide quand, d'un coup, les 5 derniers chevreuils surgissent de 4 ronces à juste 10 ou 12 mètres de moi. Ils me surplombent. J'arme rapidement mon arc sans y croire. Les chevreuils se dispersent un peu mais une grosse chevrette s'arrête de 3/4 face me présentant son poitrail dans une fenêtre au mieux des ronces. Je vise devant l'épaule et décoche. Un impact révélateur retentit.
Les chevreuils démarrent en trombe et s'éparpillent. Ma chevrette avance rapidement en biaisant sur 30 mètres puis se fige un instant au milieu de branchages. Elle commence à vaciller, part en marche arrière puis s’effondre. Encore quelques secousses et elle s'immobilise. J'attends un instant et réencoche au cas où mais le calme est revenu. Je monte chercher ma flèche et croise une piste de sang très abondante que je remonte. Ma flèche est couverte de sang, posée sur les ronces. Je pars chercher ma chevrette et appose le bracelet avant de retourner vers ma voiture.
Il est encore tôt et il fait bien jour, je décide de tenter l’affût pour lequel j'étais parti au départ. Je me gare un peu plus loin puis pars rejoindre mon poste. L'attente commence, le temps passe, un épervier me survole et se pose un peu plus loin avant de repartir. Une palombe vient se poser au-dessus de moi pendant un environ 15 minutes avant de me repérer et de s’envoler puis les merles s'agites et c'est un autour qui me survole avec sa proie bien déplumée dans les serres. La luminosité baisse et des coups de feu résonnent au loin. Un pas casse du bois dans le bosquet, c'est certainement un sanglier mais la nuit tombe doucement sans que rien ne sorte, je retourne vers la voiture et pars chercher Christophe avant de rentrer. Il n'aura pas eu autant de chance que moi, il n'a pas pu réaliser une approche bien qu'il ait tout de même vu quelques chevreuils.
Alex