Ce matin, le réveil sonne vers 4h40, je me lève, me prépare rapidement. 5h10, nous voilà partis avec Hémo, nous arrivons sur place vers 5h50 alors que la luminosité commence juste à croître. Je me gare près du vieux moulin de Justian, au bord de l'Osse et laisse hémo à la voiture avant de partir par un chemin de terre encore détrempé depuis les dernières pluies de juin. Je me suis pulvérisé copieusement de produit anti-moustique car cette année c’est l'enfer on se croirait presque en Camargue. Je passe un petit bosquet à ma gauche qui laisse place à une grande friche, la droite du chemin est bordée par une haie épaisse. J'avance doucement en surveillant la friche, à peine caché par quelques gros frênes espacés mais pas de chevreuil ce matin. Cette année est spéciale pour moi, je n'ai jamais eu autant de difficultés à faire mes chevreuils, je vois beaucoup moins de brocards que d'habitude, la végétation leur permet de se cacher facilement et je viens de passer 15 jours à manquer tous mes tirs à cause d'un problème sur mon Turbo Hawk, ce matin j'ai pris mon Carbonne Elément que j'ai remis en service vendredi soir en fléchant 3 ragondins en 3 flèches.
Flash-back :
Je longe à 5 mètres de la vieille Osse dans une plantation de peupliers quand j'entends un bruit venant du lit du cours d'eau, je m'approche doucement et aperçois une belle genette lovée dans le creux d'un tronc d'arbre tortueux. Elle me fixe intensément mais ne bouge pas, je m'approche tout doucement pour la prendre en photo avec mon téléphone portable car je n'ai pas pris l'appareil photo, ma résolution est très faible et je tente de m'approcher au maximum. Arrivé à 5 mètres, la genette n'a pas bougé et je prends une photo
mais voyant le résultat, je tente de me rapprocher encore pour en prendre une autre mais la mémoire de mon portable est pleine et le temps de chercher une ou 2 photos à effacer, la genette a filé. Juste le temps de baisser les yeux et de les relever elle était plus là. C'est alors que je regarde le lit de la rivière asséchée et aperçois un gros ragondin, tête relevée juste en-dessous de la genette. J'encoche ma vielle flèche, arme vise et décoche, touché derrière la tête le ragondin reste sur place mais 2 petits ragondins surgissent de derrière ce dernier et se cachent dans les racines partiellement immergées. La genette avait peut être décidé d'en faire son repas du soir et la femelle ragondin les défendait. Je m'approche de la flaque et récupère ma flèche. Un petit ragondin remonte la tête à ma droite. Mon tir le sèche net, le second est dans les racines, je l'en déloge avec le pied, récupère ma flèche et le sèche également sur le coup. Les ragondins laissés au bord de la rivière avaient disparu le lendemain
Arrivé au bout de la friche, le chemin bifurque à 90° sur la droite pour traverser la bordure basse d'un grand bois, les premiers moustiques sont déjà à l'œuvre malgré le produit. Le chemin débouche ensuite sur une friche qui remonte à ma gauche en longeant le grand bois. Rien en vue, je jette un coup d’œil au travers de la haie épaisse qui borde la droite du chemin. Le pré en contrebas au bord de l'Osse a été fauché et j'aperçois un gros renard qui trottine en direction du bras mort de l'Ossse bordé d'arbres au bord du bois. Je me décale rapidement vers une trouée un peu plus loin dans la haie craignant de le voir disparaître. Arrivé à mon poste, j'aperçois à nouveau un renard mais qui me semble beaucoup plus petit. Il est de dos à environ 100 mètres, affairé à essayer de déloger un campagnol. Je tente de le faire venir en essayant d'imiter des cris de souris en posant mes lèvres sur le dos de ma main. Le renard met un moment à réagir, semblant plus préoccupé par son campagnol puis il se décide et vient droit sur moi au petit trot. Il parcourt rapidement la moitié du chemin alors que je l’appelle toujours puis s'arrête, regarde vers moi. J'encoche mon décocheur et poursuis mes appels juste avec la bouche pour pouvoir armer rapidement. Le renard repart et vient s'arrêter à 35 mètres environ juste derrière la cime d'un arbuste de la haie. Je ne le vois plus et poursuis mes appels mais il finit par faire demi-tour et s'enfuit, le vent était bon, il a dû me voir.
Mes appels m'ont laissé un sale gout dans la bouche à cause du produit anti-moustique et ces insectes suceurs de sang ont profité de mon arrêt pour m'assaillir. Je suis un moment le chemin puis bifurque vers le grand pré fauché par le passage qui permet aux engins d'y accéder. Pas le moindre animal en vue. Je me retourne, traverse le chemin de terre et remonte une luzerne fauchée récemment. Arrivé sur le plateau un peu plus haut, je constate qu'une grande partie de la friche a été fauchée également. Je tente quelques appels de Butollo au bord d'une haie puis biaise pour rattraper la route de crête. En bordure du bois quelques lapins assis m'observent de loin puis finissent par rentrer au bois.
Je rattrape la route et la longe un moment quand j'aperçois un chevreuil, au bord d'une haie épaisse, à 150 mètres environ, dans un champ de soja sur ma droite. Je me cale derrière la haie qui borde le bord de la route et tente des appels de Butollo, le chevreuil regarde vers moi, hésite, se rapproche un peu en broutant puis se fige et ne semble pas vouloir venir. Je tente de longer un peu la haie pour rattraper l'autre haie perpendiculaire qui descend vers le chevreuil mais ce dernier fait volte-face et part en aboyant. Je le perds de vue dans la haie.
Je reprends ma progression sur la route, un peu plus loin je tente quelques appels dans un bois qui longe la route mais pas de réponse puis, encore un peu plus loin, je m'avance dans une friche pour tenter quelques appels et fais démarrer une chevrette que je n'avais pas vue, elle s'arrête à 80 mètres environ, regarde vers moi puis repart et rentre au bois. Je m'agenouille dans la végétation haute et tente des appels de Butollo mais rien ne vient. Je reprends la route et bifurque à gauche sur une petite route qui redescend vers chez le président de la chasse.
J'avance doucement entre 2 bois puis rentre doucement dans le bois de droite pour commencer à appeler, pas de résultat, je retourne à la route et poursuis ma route. Les bois font place à un grand chaume de blé sur ma gauche et un semé de tournesol à peine levé sur ma droite. J'avance en direction d'un petit bosquet souvent bien fréquenté par les chevreuils un peu plus loin en bordure droite de la route. Un gros lièvre est fièrement assis au bord du grand bois dans le chaume. Arrivé au coin du bosquet, j'aperçois un chevreuil au bord du bois où je viens d'appeler. Il est immobile et regarde côté champ. Je tente de me couler à couvert en bordure du bosquet. Le chevreuil n'a pas bougé, il est à environ 100 mètres de moi. Je commence à appeler mais il ne réagit pas, tout juste regarde t'il vers moi. J'insiste un peu mais voyant qu'il ne viendra pas, je me coule doucement dans le bosquet pour ressortir sur la route. Je longe doucement la route pour revenir vers le bois mais je ne vois plus le chevreuil. Arrivé au coin du bois, je le longe doucement mais le sol travaillé qui a séché est craquant. Le chevreuil était à environ 70 mètres plus bas derrière une avancée du bois dans le champ et ne peut pas me voir arriver mais il risque de m'entendre. Arrivé à l'avancement boisé, je m'avance doucement dans le bois puis commence à appeler mais rien ne vient. Je continue à descendre et juste au moment de passer l'avancée boisée, j'aperçois une chevrette qui sort du bois en broutant la végétation qui pousse le long du fossé de bas de combe. Elle est à 30 mètres environ. Je tente quelques appels, elle redresse la tête et regarde vers moi. Le temps passe et je décide d'arrêter de jouer. Je sors à découvert et la chevrette fait demi-tour pour rentrer au bois.
Je passe le bois et remonte à travers les tournesols vers le chemin de crête suivant, pas de chevreuil. Arrivé en crête, je passe la route et rentre dans un autre champ de tournesol très clair semé. J'y ai vu un chevreuil en venant chercher mes flèches tirées sur mon premier brocard de la saison et je suis presque sûr qu'il s'agit d'un petit brocard mais je n'ai pas pu l'approcher à moins de 50 mètres. Je remonte vers la bordure du bois qui longe la crête suivante. Un lièvre démarre devant moi dans le tournesol.
En arrivant à environ 40 mètres de la bordure du bois, j'aperçois un chevreuil qui broute des feuilles, tête haute, juste en bordure du bois. Il est tourné face à moi. Je m'immobilise et l'observe. Je pense tout d'abord à une chevrette mais décide de tenter une approche au cas où. J'avance doucement sans me baisser en m'arrêtant tous les quelques pas. Je gagne peu à peu du terrain alors que le chevreuil semble complètement serein. Arrivé à 20 mètres environ, je stoppe net, il regarde vers moi, je vois ses oreilles braquées sur moi derrière un pied de tournesol. Il reprend son repas, je reprends ma progression avec une infinie lenteur et en calculant chaque pas mais toujours sans me baisser. Il va regarder plusieurs fois vers moi, je stoppe net à chaque fois mais il ne s'affole pas et reprend à chaque fois son repas. Plus je me rapproche et plus je le trouve petit. Je commence à me demander s'il ne s'agit pas d'un chevrillard. Arrivé à 6 mètres environ, je l'observe un moment alors qu'il m'observe de temps en temps entre 2 prises de nourriture.
2 petites bosses pointent sur sa tête et son front est bien noir, je ne vois pas de points sur son pelage. Le chevreuil s'avance et se positionne plein travers à 6 mètres de moi environ. C'est un jeune brocard de l'année dernière mais j'ai trop attendu, le jeune brocard fait 2 bons tranquillement et disparaît en bordure du bois. Je m'avance tout doucement et l'aperçois à nouveau, il est juste à 4 ou 5 mètres devant moi dans un creux au bord du bois, plein travers et regarde vers moi. Il tourne la tête, je monte doucement mon arc pour armer mais mes flèches se coincent dans un tournesol, je les dégage très lentement et commence à armer mais il regarde à nouveau vers moi et je stoppe mon mouvement. Il retourne la tête, cette fois, j'arme rapidement et prends la visée. Ma flèche part et l'impact retentit suivit d'un bruit de bois creux.
Le chevreuil démarre en trombe, il me semble que ma flèche est un peu en arrière. Je perds mon chevreuil un instant de vue puis il réapparaît en bordure du champ à 40 mètres environ, fait le dos rond, vacille puis je jette dans le bois.
Je pars chercher ma flèche et n'arrive pas à la trouver puis chercher des traces de sang mais sans succès. Je longe le bois en direction de l'endroit où le chevreuil s'est arrêté et commence à trouver du sang en grosses taches, la rentrée dans le bois est bien marquée, le chevreuil perd maintenant beaucoup de sang, je fais à peine 10 mètres dans le bois et l'aperçois étendu sur le flanc 10 mètres plus loin. Un chevreuil démarre plus bas en aboyant. Je me poste un peu plus à droite derrière quelques arbres et tente quelques appels de Butollo, les aboiements se calment mais le chevreuil ne vient pas. Je quitte le secteur pour aller chercher Hémo et lui faire chercher mon chevreuil. Je retourne à la route puis coupe à travers champ vers une ferme plus bas. Sur ma droite un chevreuil détale à 100 mètres environ. Je presse le pas, passe sous la ferme puis me poste 300 mètres plus loin, au bout d'une haie pour tenter quelques appels qui resteront sans réponse. Je redescends vers la route qui longe l'Osse et qui revient à ma voiture quand j'aperçois un chevreuil au gagnage dans un blé à 150 mètres environ de l'autre côté de la route. Je traverse le fossé sur ma droite, d'un pas rapide, je passe à couvert derrière une haie qui le longe jusqu'à la route, traverse cette dernière et aligne un bouquet d'arbres entre moi et le chevreuil. J'avance ainsi très rapidement jusqu'au bouquet d'arbres en retraversant le fossé. Du bout du bouquet d'arbres, j'aperçois à nouveau le chevreuil mais c'est une chevrette, je donne 2 coups de Butollo pour m'amuser, la chevrette se précipite vers moi sur 10 mètres et se plante à 30 mètres, je fais demi-tour. La chevrette repart à grands bons pour disparaître un peu plus loin dans une haie qui sépare le blé d'un champ de colza qui borde l'Osse.
Je rejoins la route et la longe mais à 200 mètres de ma voiture, un mouvement dans le colza m'interpelle, un animal semble rejoindre le bord de la rivière. Je presse le pas et contourne le colza en longeant un petit bosquet pour arriver à la bande enherbée mais rien ne vient et je fais demi-tour.
Arrivé à ma voiture, je prends la route et me gare au bord de la route la plus proche du bois où mon chevreuil est mort. Je mets la longe à hémo et nous voilà partis. Arrivé à la zone de tir, j'attaque ma recherche : "le sang Hémo, le sang...". Hémo hésite et cherche sans vraiment sembler comprendre ce qu'il cherche. Je l'encourage, il rentre et sort du bois puis finit par longer le bois vers l'entrée du chevreuil. Cette fois il prend la piste très nettement mais à l'endroit où j'ai bifurqué pour me poster et appeler, il suit mes pas et non le sang et commence à tourner dans tous les sens. Je n'ai pourtant pas marché dans le sang, je fais toujours attention à ne pas abîmer ses pistes. Au bout d'un moment, je le stoppe et le remets sur une grosse tache de sang qu'il lèche un peu, "le sang, allez le sang,...", mais Hémo tourne dans tous les sens. Il finit par revenir vers le chevreuil mais sans réellement suivre sa piste. Je suis un peu déçu mais bon, c'est le métier qui rentre. Je le félicite tout de même alors qu'il lèche la plaie de sortie.
Le chevreuil est déjà couvert d’œufs de mouches et de mouches vertes. Je me dépêche de mettre le bracelet et de revenir vers la voiture. En fait ma flèche rentre bien au défaut de l'épaule et ressort au milieu des côtes de l'autre côté, j'ai touché un poumon et le foie, coupant l’entrée de la panse au passage.
Alex
Trophée :