Les archers venus du Vaucluse (Philippe, Gérald, François et Nicolas) et des Alpes Maritimes (Jean Pascal et Philippe) sont restés après les battues de samedi et dimanche que j'avais organisé pour l'ASCA32, Arnaud est arrivé hier soir. Nous décidons de nous répartir en 2 groupes pour chasser sur mes territoires de chasse. J'ai 5 bracelets chevreuil sur Labéjan et Arnaud, Philippe, Gérald, François et Nicolas décident de tenter leur chance à l'approche. J'ai pris un peu de temps la veille pour leur montrer le site sur Géoportail. Il fait encore nuit quand nous les laissons au " bois du Turc " où ils chasseront ce matin et je pars avec Jean Pascal et Philippe chasser le ragondin.
Nous attaquons par un lac sur Durban, les ragondins y sont très matinaux et il nous faut arriver avant le lever du jour. Jean Pascal et Philippe vont se poster à l'arrivée du ruisseau d'alimentation alors que je vais faire le tour du lac pour leur rabattre les ragondins. Jean Pascal et Philippe descendent vers leur poste en longeant la clôture d'une habitation alors que je commence à m'avancer sur le pré en direction de la digue. Je leur laisse le temps d'arriver au poste puis descends vers la digue. Le jour se lève.
A peine arriver au bord de l'eau qu'un premier ragondin démarre du milieu de la digue et s'éloigne du bord en nageant à la surface. Je me rapproche de son point de départ quand 2 autres ragondins de belle taille s'élancent sur l'eau. Je me rapproche à moins de 10 mètres et commence à armer quand le scratch de mon décocheur lâche prise. Résultat une flèche qui tombe, légèrement poussée, à 3 mètres devant moi et un bon coup de poing dans les gencives. Je récupère mon décocheur resté accroché à mon D-loop et le repositionne à mon poignet mais trop tard, les ragondins sont déjà loin.
Je poursuis en longeant la rive pour me positionner sous le bosquet qui borde une partie de la rive du lac. Les ragondins vont parfois s'y réfugier et je me poste un moment pour leur barrer la route ne leur laissant qu'un échappatoire, les terriers du ruisseau. Je les aperçois au milieu du lac filant vers les postés "3 Ragondins arrivent vers vous". J'attends un moment et perds les ragondins de vue. De loin, il me semble voir Philippe armer.
Je surveille mon côté de berge mais rien ne vient. Je décide de faire demi-tour pour aller vérifier que les ragondins ne soient pas restés contre la berge d'en face. En arrivant près de Jean Pascal, j'aperçois un ragondin qui se débine vers la rive opposée, il dépasse à peine de l'eau. Je repars en courant en sens inverse pour l'empêcher de fuir vers le bois. Ayant dépassé le bois, je ralentis et longe la berge en marchant quand je l'aperçois, il vient droit vers la berge en face Jean Pascal. Jean Pascal m'annonce qu'il vient vers moi, je lui confirme que je l'ai déjà vu. Il m'annonce aussi qu'il l'a blessé.
Je le laisse se rapprocher du bord puis, passant voûté derrière des herbes hautes, je l'approche rapidement, arme mon arc et me redresse doucement. Je l'aperçois, posé sur la berge, une grosse blessure au niveau des épaules sur le dos. J'ajuste ma visée et décoche, le ragondin se contracte et retombe lourdement sur la berge. Jean Pascal l'avait déjà touché à 4 reprises et l'une de ses flèches était mortelle. Je n'ai qu'accéléré les choses. Je récupère le gros mâle puis retourne, par mon côté de rive, vers Jean Pascal et Philippe qui est toujours posté.
Une flèche est en surface devant le terrier principal, Philippe a tiré un ragondin et semble t'il peut être touché l'animal mais il n'avait pas vu la présence du terrier et le ragondin ne ressortira pas. Je me rapproche du terrier pour inspecter les joncs quand un canard désailé se jette à l'eau au milieu de nous 3. Philippe décoche le premier et passe dessous, Jean Pascal fait voler des plumes et ma flèche à la base du coup sèche le colvert qui tourne un court instant sur place avant de s'immobiliser.
Je pars récupérer les 4 flèches de Jean Pascal à l'aide de mon lancer mais le vent me complique la tâche et Philippe, équipé de cuissarde, vient m'aider dans ses eaux peu profondes. Jean Pascal, resté sur la berge d'en face aperçois 2 chevreuils qui se débinent pour passer la crête du champ. Gêné par le petit bosquet d'où ils sont partis nous ne pouvons les voir avec Philippe.
Les flèches et le canard récupérés nous partons inspecter un terrier où je flèche régulièrement des ragondins avant de changer de lac. Il est vide, nous retournons à la voiture alors qu'un cormoran vient tourner en repérage au-dessus du lac.
Nous partons pour une mare au pied d'une résidence secondaire anglaise mais rien dehors ce matin. Nous poursuivons jusqu'au lac du " Fourcés " à Labéjan. En route nous faisons décoller 2 perdreaux puis en descendant vers le lac nous constatons que les canards sont nombreux en surface, un cormoran est posé sur un peuplier au bout du lac. Nous nous garons à l'aplomb de la digue puis nous descendons vers le lac alors qu'un cormoran se pose sur l'eau. Les canards décollent par vagues à notre approche et 2 cormorans les imitent.
Jean Pascal et Philippe longeront la rive côté route où ils ont le plus de chance de voir des ragondins et je vais longer en face. Un ragondin plonge aux pieds de Philippe sans qu'il puisse l'apercevoir. Tout à coup, un remous de mon côté à 30 mètres devant, je presse le pas mais trop tard le ragondin a traversé et est rentré au terrier. Rien de plus sur ce lac, je dis à mes collègues de poursuivre jusqu'à la mare en amont.
En arrivant près de la mare Philippe aperçois un ragondin, il me le signale. Je lui indique la position du terrier à garder puis je m'avance pour essayer de le lui envoyer. Il a déjà plongé. L'eau est calme quand j'aperçois un léger remous dans les joncs devant Jean Pascal et le lui signale. Mais en baissant les yeux, j'aperçois un ragondin venant droit sur moi sous l'eau et le temps de réagir il a disparu sous les joncs.
Un court instant plus tard, Jean Pascal annonce à Philippe, posté au terrier principal, qu'un ragondin vient de sortir devant lui. Philippe arme et décoche sur le ragondin alors qu'il plonge. Nous scrutons la surface quand j'aperçois le ragondin qui vient droit sur moi. Il a une plaie au coup et vient se caler sous les joncs à mes pieds.
J'aperçois encore le bout de sa queue qui dépasse à peine de la végétation. J'arme, estime sa position dans la végétation et décoche. Une douleur violente au coude, ma corde a attrapé mon lancer en bandoulière qui vient de heurter mon coude. La flèche a été déviée et le ragondin n'a pas bougé. Sur la colère, je me débarrasse de mon lancer et réarme mais j'estime mal la position du ragondin et le frôle, ce qui le fait démarrer toujours sous l'eau pour aller se cacher un peu plus loin.
Je me déplace le long de la berge pour tenter de le retrouver quand mon pied passe au travers du tapis des joncs pour se retrouver dans l'eau. Je viens de marcher sur le vide laisser sur l'entrée d'un terrier pile où le ragondin se dirigeait. Il est au terrier. Je tente de l'en déloger avec une branche mais elle est trop courte, le terrier doit faire environ 2 mètres de profondeur. Je n'ai pas pris ma pelle et je suis prêt à renoncer quand en partant je me ravise.
J'ai du mal à me résoudre à laisser ce ragondin blessé. Je ramasse deux grosses branches de peuplier, une très longue de gros diamètre et une plus courte et plus fine mais munie de 3 pointes à son extrémité. Mouillé pour mouillé, je me mets carrément à l'eau jusqu'aux genoux en face du terrier et commence à enfoncer la branche fourchue dans le terrier mais il tourne légèrement et je n'arrive pas au fond. Je tente avec l'autre qui est en arc de cercle mais elle n'est pas assez souple. Je finis par défoncer l'entrée du terrier à coup de talon pour casser le virage puis je recommence avec la branche fourchue. Cette fois j'arrive au fond du terrier en enfonçant mon bras dedans. Je fais des va et vient secs qui finissent par faire bouger le ragondin.
Jean Pascal et Philippe m'ont rejoint et m'observe sur la berge. Le spectacle doit être assez comique. Tout à coup, je sens du poil sur ma main que je la retire aussitôt du terrier. Le ragondin a tenté de sortir mais a fait demi-tour. Je recommence de plus belle à agiter ma branche quand le ragondin se décide et fonce en passant sur mon bras pour jaillir du terrier et se jeter à l'eau. Je dis à mes collègues de reprendre leurs postes. Philippe est à peine en place devant le terrier, dans l'eau avec ses waders, que le ragondin sort sur sa gauche contre les joncs. Il ne l'a pas vu et de concert avec Jean Pascal nous lui indiquons sa présence. Il fait un tour sur lui-même arc armé et aperçois le ragondin. La visée prise, il décoche et le clou sur place avant de s'en saisir et de l'achever d'un coup sec. Mes leçons ont bien prises.
Nous repartons à la voiture avec notre prise. Nous partons ensuite pour Loubersan. En route, nous apercevons 2 chevreuils au bord du Sousson et nous nous arrêtons un instant pour les regarder. C'est alors que Philippe aperçois 3 autres chevreuils qui détalent de l'autre côté d'une haie qui revient vers la route. Les 2 chevreuils vus au départ démarrent et rejoignent les autres. Nous les suivons un moment au ralenti par la route, alors qu’ils courent au milieu d'un chôme de maïs, puis nous les dépassons, la grosse chevrette meneuse a bifurqué vers le Sousson.
Arrivé aux serres, nous nous garons et je laisse Jean Pascal et Philippe descendre vers la mare. Un ragondin plonge mais les chasseurs ne pourront pas l'apercevoir. Ils remontent et nous partons pour Clermont Pouyguilles vers la "mare aux ânes". Pas de ragondin ce matin mais je récupère 2 de mes flèches qui sont remontées en surface. De là nous partons un peu plus haut vers un petit lac où nous n'apercevrons qu'un héron cendré.
Nous repartons vers le bois du Turc et faisons une dernière sortie sur un petit lac de Labéjan mais toujours rien, il faut dire que le temps n'est pas vraiment avec nous.
Nous partons retrouver les chasseurs de chevreuils qui ont vu pas mal d'animaux mais qui reviennent bredouilles.
De retour chez moi, François, Nicolas, Philippe, Gerald, Jean Pascal et Philippe, qui ont pas mal de route à faire, nous quittent. Je reste seul avec Arnaud. Patrick mon pot des Pyrénées doit venir chasser ce soir. Nous allons chasser du côté de Traversères sur mon secteur à sanglier.
En début d'après-midi, nous partons avec Arnaud faire un tour au ragondin du côté de Castelnau Barbarens mais à part 3 faisans lâchés de frai nous ne verrons rien. Nous avons rendez-vous à Sansan avec Patrick à 16 heures et il est temps d'y aller. Nous récupérons donc Patrick sur le parking de la salle des fêtes et nous voilà partis.
Arrivés sur place, nous partons juste au coin de la ferme sans nos arcs pour que je montre les limites du territoire à Arnaud qui ne les connait pas encore.
Je suis en train de lui montrer le secteur où j'ai bon espoir de rencontrer les sangliers quand il m'interrompt : "Là, là... regarde !". Je m'avance pour dépasser un buisson qui m'empêchait de voir et j'aperçois un beau sanglier sur le pré au ras des épines noires, à 50 ou 60 mètres de notre position. Il rentre tranquillement à couvert alors que nous regagnons la voiture au pas de course pour prendre nos arcs.
Je prendrai par le bas sur le petit pré tout en long qui fait la limite avec le propriétaire voisin et qui se finit contre la route. Je connais la limite du territoire et je vais essayer d'empêcher le sanglier de fuir par le bas pour laisser leur chance à mes invités que je laisse s’organiser pour la chasse. Arnaud décide de prendre par le haut, Patrick le laisse faire et reste en retrait pour couper la route à un éventuel fuyard.
Je longe très doucement dans le pré, au pied du talus boisé, un énorme chat noir, dérangé dans sa chasse, remonte dans le bois. Les gîtes sont sur un replat au-dessus d'un bois assez clair de chênes. J'avance sans rien voir ni entendre quand, tout à coup, en haut du penchant, dans mon dos, un sanglier pousse un grognement furieux. Je pense tout d'abord à un animal fléché mais Arnaud m'expliquera plus tard qu'ayant repéré un sanglier qu'il tentait d'approcher, il a dérangé ce sanglier couché au pied d'un talus, c'est en fait une laie suitée.
Je fais demi-tour lentement et aperçois, en haut du penchant, un premier sanglier, puis un second, puis un troisième... Ils sont arrêtés plein travers, plus ou moins dégagés à 30 ou 35 mètres. Trop loin pour moi.
Tout à coup, ils décident de descendre en biaisant pour passer 30 à 40 mètres devant moi. Je m'avance pour tenter de les couper et les retourne. Ils remontent vers Arnaud et disparaissent.
J'attends un peu sur ma position quand un bruit constant de végétation craquante et de feuilles mortes piétinées se rapproche rapidement pour s'arrêter juste au-dessus de moi. Je ne vois rien quand, d'un coup, 5 sangliers rayés de 12 à 15 kg démarrent. Ils longent à mi pente et je les suis par le pré. Ils descendent un peu, remonte mais reste assez constant sur la courbe de niveau en marquant parfois un petit arrêt pour se regrouper. Le bois est assez clair et je les perds peu de vue. Ils foncent droit vers la route et je cours me positionner au bord de la route pour les intercepter mais ils bifurquent et gardent la courbe de niveau en longeant la route à mi pente dans le bois. Je cours sur la route en les suivant et constate qu'ils commencent à remonter doucement. Je décide de tenter le tout pour le tout.
Je pique un sprint sur 400 mètres, jusqu'au bout de la bande boisée, saute le fossé de la route, remonte la pente pour me positionner au coin supérieur du bois où je me poste pour attendre les animaux. Je reprends doucement mon souffle quand le bruit caractéristique se rapproche. J'arme mon arc, les petits sangliers ralentissent, s'arrêtent mais sans me laisser d'angle de tir puis repartent au petit trot pour me passer à 7 ou 8 mètres plein travers. Je vise le premier, calcule mentalement le temps qui sépare le suivant, puis le suivant... je laisse passer les 4 premiers et décoche avant l'arrivée du dernier. Je vois arriver ma flèche pile sur le sanglier et je la pense être plein cœur.
Le sanglier couine à l'impact et fait demi-tour puis remonte légèrement pour rentrer dans des épines noires. Je pars rapidement vers la route pour voir où partent les autres mais ils ont déjà disparu. J'attends un moment puis commence ma recherche au sang. Ma flèche a heurté un chêne après le sanglier et je ne la retrouve plus. Par contre, je trouve rapidement du sang et en quantité non négligeable, j'ai bon espoir. Je suis la piste qui rentre dans l'épais mais finit par en ressortir puis le sang s'espace et semble tamponné à espaces réguliers. Aïe, j'ai dû faire trop bas et attraper la patte avant.
Un craquement dans le bois, un chat blanc et noir surgit des genêts puis Arnaud sort. Il a perdu la trace des gros sangliers et ne sait pas où est Patrick. Le sang se fait rare et nous décidons de mettre à profit les talents du chien de sang d'Arnaud (Back). Je pars rapidement à ma voiture, retourne chez moi chercher la voiture d'Arnaud et Back et me dépêche de revenir sur place car la nuit sera vite là.
Je ramène Back à son maître, la recherche commence mais je le sens mal d'entrée, Back prend tout sauf le sang et malgré les tentatives d'Arnaud, son chien se disperse sur les pieds chauds des autres animaux. Je décide de faire ma recherche seul pendant un moment et retrouve le sang dans les feuilles mortes humides du bois pour le perdre à nouveau près d'un affleurement rocheux. Voyant que Back est hors-jeu, je dis à Arnaud d'arrêter et que je ferai appel à un conducteur de chien de sang mais celui-ci s'obstine et Back finit par lever un animal dans la nuit noire, semant Arnaud. Il nous faut maintenant chercher Back dans le noir total, avec nos frontales.
Au bout d'un moment, Arnaud le retrouve et remonte vers la voiture. Coupant à travers bois, je fais démarrer sans m'en apercevoir la mère des petits sangliers qui fonce sur Arnaud et lui passe assez près. Arrivé à la voiture nous cherchons maintenant Patrick qui reste introuvable pendant plus d'une heure. Il n'a pas compris en voyant la voiture d'Arnaud et est rentré à sa voiture à pied, bien sûr son portable ne marchait pas comme d'habitude et je me suis fait un sang d'encre, envisageant le pire avant d'aller voir si sa voiture était toujours là.
Bref, une salle soirée. De retour chez moi, j'appelle les conducteurs de chien de sang et aucun n'est libre demain. Nous ferons donc une recherche le mercredi matin et malgré le gel et une odeur de charogne au bord de la route qui va le perturber un moment Angel, il retrouvera la piste du petit sanglier qu'il remettra sur pieds près de l'endroit où se trouvait la compagnie lundi. Nous abandonnerons la poursuite au bout de plus 1 km. Mon sanglier est certes handicapé mais bien vivant et ce n'est pas ça qui va l'arrêter. Nous nous recroiserons peut être un jour.
Alex