Depuis samedi dernier, j'ai récupéré 2 nouveaux bracelets pour tirer le chevreuil à l'approche avec autorisation de tirer le sanglier sur Traversères. Une bonne partie de cette commune n'est pas autorisée à la chasse à cause de mésententes avec des chasseurs en battue. Par mon travail, j'ai rencontré une propriétaire qui ne veut pas de chasseur sur ses terres mais qui m'a autorisé à chasser à l'arc sur ses terres. Je me retrouve donc être le seul chasseur sur une enclave de 35 hectares au milieu de 300 hectares non chassables avec des sangliers et des chevreuils en grand nombre.
Après un repérage du territoire ce weekend, je pars faire un tour à l'approche ce matin. Je me gare près des habitations et j'attends le lever du jour, le ciel est dégagé, il a gelé cette nuit. Vers 8 heures, je commence à me préparer puis pars en direction des bois. Un pré en crête du coteau s'étend derrière la ferme, bordé par un bois en forme de U. Je n'ai pas fait 150 mètres dans le pré que je me retrouve à découvert à 60 mètres d'un chevreuil couché au milieu de la prairie. Je suis repéré, il prend la fuite.
Je continue et arrive en lisière du bois ou cette fois deux chevreuils prennent la fuite en aboyant, il va me falloir ralentir le rythme de ma progression. Je rentre dans le bois sur une coulée très fréquentée que je suis pour me frayer un chemin au milieux des épines, ma progression et lente et j'essaie, tant bien que mal, de la rendre la plus silencieuse possible.
Je m'enfonce de 70 mètres environ dans le bois quand, alors que j'écarte un genévrier pour passer, un gros sanglier se lève à 5 mètres devant moi, je lâche le genévrier et tente d'encocher une flèche quand un deuxième se lève pour prendre la fuite. Ils viennent de disparaître dans le fourré en contrebas sur ma gauche quand, sur mes arrières, un bruit de pas me fait me retourner, un sanglier de 65 kg environ, remonte le penchant de droite et rejoint la coulée sur laquelle je progresse puis, le poil hérissé, il commence à suivre mes traces. Il se rapproche en grognant, j'arme mon arc alors qu'il devient menaçant, il est à 10 mètres environ, je ne comprends pas sa réaction, il ne fuit pas et se rapproche encore, il est à 5 mètres maintenant, de 3/4 face.
Sans trop réfléchir, je vise l'avant de l'épaule et lui décoche une flèche qui pénètre au 2/3, il fait volte-face et tourne en rond avant de s'éloigner dans les fourrés. Le bruit de sa fuite cesse, j'ai juste le temps d'encocher une nouvelle flèche quand il fait demi-tour et revient droit sur moi au trot, je ne vois plus dépasser mon empennage. J'arme mon arc et d'un mouvement brusque vers l'avant je détourne sa route, il se présente alors plein travers à quelques mètres. Je décoche au coup de bras, ma flèche l'atteint plein poumons. Il fait environ 5 mètres et se couche à vue avec une respiration très forte et sifflante.
Je n'ose pas trop m'approcher malgré mon poignard de belle taille. En moi-même je me dis qu'il va bien finir par rendre l'âme. Des petits marcassins de 2 ou 3 kg arrivent alors à mes pieds en couinant, ils tournent un court instant puis s'éloignent. Je comprends alors le comportement du sanglier que je viens de flécher qui est en fait une laie, elle voulait certainement défendre ses petits. Tout à coup, sur les traces de mon premier sanglier, un deuxième arrive en grognant, j'arme mon arc, il est plus petit, il fait une quarantaine de kg environ. Il arrive au pas à 6 ou 7 mètres, j'arme, vise et décoche. A l'impact, mon sanglier tombe foudroyé sur place et se met à couiner, ma flèche lui a brisé la colonne vertébrale au-dessus de l'épaule.
Je me saisis de mon poignard, saisis le petit sanglier par une patte arrière et d'un coup au cœur j'abrège ces souffrances, la mort est très rapide. Entre temps, mon premier sanglier se relève pour faire 20 mètres vers moi en claquant des dents et s'effondre à nouveau dans un petit roncier. Je laisse mon arc près du petit sanglier car je n'ai plus de flèche. Je m'approche doucement de l'autre sanglier par derrière mais, alors que je m'en saisis, il se relève et tente de me faire face pour retomber en roulant dans le travers.
La pente est raide, je l'attrape par une patte arrière et l'attache à un petit chêne, avec un bout de corde que j'ai dans ma poche, le temps de l'achever et surtout pour éviter d'avoir à le remonter de trop une fois mort. Au bout d'un petit moment de lutte, je parviens à le coucher sur le flanc et à l'achever d'un coup de poignard au cœur. Ma chasse n'aura duré que 45 minutes environ mais elles auront été riches en émotions.
Une fois les honneurs rendus, je traîne les sangliers un après l'autre jusqu'en bordure du bois puis les attache par le groin, un à chaque bout de mon bout de corde et les tire ainsi jusqu'à ma voiture. A moitié pré, je fais une pause pour reposer mon dos et mes bras et en profite pour ramener mon arc à la voiture. Je tombe alors sur le fils de la propriétaire et lui explique la situation. Il me propose alors de me prêter sa brouette pour ramener mes prises. J'accepte volontiers sa proposition et repars donc changer mes sangliers sur la brouette pour finir de rentrer à ma voiture. Ce sont 2 laies.
Alex
Atteintes :