Ce matin, je pars chasser le ragondin autour du lac du Lion sur Labéjan, Je me gare juste avant le lever du jour sur un chemin qui mène à 2 habitations, attrape mon arc et au lieu de descendre comme à mon habitude en longeant le ru d'alimentation du lac, je poursuis sur le chemin de terre de crête et redescends à travers champ au niveau de la digue du lac. Le secteur semble très calme ce matin, même pas un canard sur le lac. Je longe la digue puis la bordure du lac au pied d'un petit bosquet en direction d'un talus couvert de ronces qui longe le lac et où se réfugient souvent les ragondins.
Rien ne bouge ce matin et j'arrive au bout du lac dont le niveau est très bas sans avoir vu le moindre ragondin. Au niveau des peupliers qui bordent la pointe du plan d'eau, je descends dans le lit asséché du lac qui a découvert une petite séparation de terre qui forme une espèce de mare à l'arrivée du ru qui se déverse par surverse dans le lac.
Tout à coup, un gros ragondin surgit des herbes hautes et fonce dans l'espèce de mare presque sèche. Je le perds de vue à cause de la végétation sur ma gauche et avance doucement en espérant le revoir juste à l'entrée des terriers mais le ragondin resté au milieu de la mare démarre en trombe sans que je n’aie le temps de réagir et rentre dans son terrier.
Je décide de me poster en face un moment puis tente un cri de jeune ragondin que je répète quand du coin de l’œil, sur ma droite j'aperçois une masse grisâtre qui se dirige vers le terrier. C'est un très gros blaireau, je reste immobile. Il s'arrête juste à 6 ou 7 mètres devant moi, à l'entrée du terrier et regarde vers moi. Je m'attends à le voir déguerpir mais je ne peux pas bouger sans être vu. Contre toute attente, le blaireau, reprends sa marche pour s'arrêter un mètres plus en avant et se met à gratter à l'entrée du terrier. J'arme mon arc et prends la visée. Ma flèche part et frappe le blaireau en arrière de la cage thoracique pour se ficher dans le talus du lac. L'animal grogne furieusement et se débat rageusement avant de se dégager de ma flèche et de repartir d'où il vient.
Je le laisse partir puis pars chercher ma flèche couverte de sang et de contenu stomacal. Après un attente de 10 minutes environ, je prends la piste du blaireau qui est facile à suivre, beaucoup de sang et des traînées de lombrics gluants prédigérés. Le blaireau a suivi le lit du ru. Sur le début de la piste le terrain est dégagé mais rapidement la coulée rentre dans des lianes de vigne vierge, sous des branches entremêlées des vieux barbelés et des ronces. Je dois laisser mon arc derrière moi et suivre le sang en rampant et avec ma frontale pour ne pas perdre la piste. Je me redresse pour retirer quelques épines quand la végétation me le permet puis reprends ma reptation.
Au bout de 40 mètres environ, la piste semble rentrer sous un gros tas de branches et de lianes sèches. Je commence donc à démonter cet entrelacs végétal inextricable en suant à grosse gouttes mais au bout d'un bon moment, je fais une petite pause et remarque une tache de sang plus loin. Le blaireau a, semble t-il, repris sa route sans parvenir à rentrer dans ce terrier. Je reprends donc ma piste mais le sang est plus ou moins abondant et la piste n'est pas toujours aisée à suivre quand elle finit par rentrer dans un enchevêtrement de lianes et de ronces de plusieurs mètres de haut.
Je ne peux plus passer dessous et je creuse donc des cavités à main nue ou à l'aide d'un bâton pour trouver la coulée, j'arrive ainsi à la suivre encore sur 20 mètres environ jusquà trouver des intestins accrochés dans les ronces et tirés sur au moins 2 mètres.
Je dégage une trouée un peu plus haut alors que le blaireau semble remonter de talus abrupt et tombe sur mon animal. Je le touche du pied et il semble sursauter mais alors que je le touche une seconde fois il ne semble pas réagir, je l'attrape donc par la queue au milieu des ronces mais il tente de redémarrer. Il semble bien mal en point mais encore assez en forme pour se cramponner. Je n'ai rien sous la main, mon arc est resté en arrière et je ne peux pas le lâcher sous peine de le perdre. Tout en le tenant par la queue, je défais une de mes chaussures de randonnée et la saisie par le bout, pour, à cloche pied, sortir le blaireau d'un coup sec et l'achever de 2 grands coups à la tête avec le talon de ma chaussure.
L'animal neutralisé, je remets ma chaussure puis remonte le talus en écrasant la végétation pour sortir enfin de cet enfer. Le recherche à durée presque 2 heures sur environ 100 mètres. Mon blaireau est allé se coincer dans une coulée trop petite pour lui, j'ai eu beaucoup de chance qu'il n'arrive pas à son terrier pour y mourir.
Je pars chercher mon arc avant de rentrer prendre une bonne douche pour extirper toutes ses épines plantées un peu partout et apaiser le feu des égratignures couvertes de sueur. Ma flèche, un peu trop en arrière avait juste touchée le foie, l'estomac et les intestins.
Alex