Ce soir, après une petite séance d'entrainement sur cible, je décide d'aller faire un tour sur Traversères pour chasser le sanglier, cela fait 2 semaines que je n'y ai pas mis les pieds. J'arrive vers 15h45 près d'une habitation non occupée depuis plusieurs mois et me gare au bord de la route dans une friche. Je me prépare tranquillement puis pars en longeant la route vers l'habitation. Dans la combe en contrebas, les sangliers ont bien retourné le semé de blé depuis mon dernier passage, ils ne doivent pas être loin. Je longe l'habitation pour rejoindre une prairie bordée par un bois en forme de U ouvert vers la route. Je pars vers la gauche. Un gros massif de genets et d'épines précède le bois et couvre le penchant descendant à ma gauche, c'est une très bonne remise pour les sangliers surtout à cette saison car il est exposé au soleil le matin. Un chevreuil broute tranquillement dans la friche qui couvre le bas de la combe. Le vent est face à moi ce qui n'est pas très bon car je veux me poster un peu plus loin dans une coupe de bois à environ 70 m de la remise. Je me décale vers le milieu du pré pour m'éloigner du bord du bois et ne pas être repéré puis je reviens un peu plus loin vers le bois et rentre par une grosse coulée pour rejoindre mon poste. De nombreux coups de nez de petits sangliers marquent le sol
En descendant, je constate que le goudron que j'ai mis il y a 3 semaines a été frotté de très frais, des coups de dent marquent l'écorce des petits chênes, les pieds d'un sanglier d'environ 50 kg semblent partir vers le fond du bois mais quelques traces partent vers la remise. Je remets un peu de goudron aux endroits frottés puis descends un peu plus bas pour me poster. La coupe de bois a quelques années et tous les arbres n'ont pas été ramassés, les ronces ont repoussé par-dessus et limitent la visibilité
mais le débardage de quelques arbres cette année a créé 2 passages assez propres de chaque côté de la coupe. Je me poste au bord du plus éloigné de la remise aux pieds de quelques chênes. Je dégage mes angles de tirs en coupant quelques petites branches gênantes. Je teste l'armement de mon arc puis enlève mon carquois que je pose au sol en appui contre un arbre avant d'accrocher mon arc contre le tronc d'un chêne à une petite branche coupée à 15 cm du tronc et effeuillée.
Je nettoie le sol à mes pieds pour enlever toutes les brindilles ou les feuilles qui pourraient faire du bruit s'il me faut bouger. Cette fois, je suis prêt, il est 16h10. Je contrôle le vent, il descend vers le fond de la coupe, je suis donc à bon vent si les sangliers arrivent face à moi ou dans mon dos. L'attente commence.
Au-dessus de moi passent de grosses coulées dans une bande de bois non exploitée qui longe le pré à 20 mètres environ,
au-dessous de moi le passage de débardage me donne environ 20 mètres de visibilité. Les geais s'affolent dans mon dos. Je me retourne et me prépare. J'attrape mon arc mais les geais s'éloignent et le calme revient. C'est maintenant sur le penchant opposé que les geais s'affolent, les vaches traversent le bois pour rejoindre le pré en crête près du petit cimetière et sa chapelle. Un bruit d'eau vient de la mare au pied du bois dans la prairie du fond de combe en dehors du territoire que je peux chasser. Les chênes non coupés me cachent cette mare où se souillent souvent les sangliers. Au bout d'un bon moment, le calme revient. Je raccroche mon arc sur l'arbre. Je contrôle régulièrement le vent qui reste constant et toujours bon pour moi.
Un pic épeiche vient troubler la quiétude du bois et frappe sur les troncs entre 2 vols bruyants accompagnés de cris puis vient se poser au sommet d'un chêne au-dessus de moi et commence à pousser ces cris sans s'arrêter pendant plusieurs minutes. Le calme revient enfin, le beau soleil de cette après-midi descend doucement. La fraîcheur s’installe tranquillement. Vers 17h10, un bruit en face de moi me fait attraper mon arc, une branche craque dans le bois en bordure de la coupe puis un bruit de pas se rapproche. Mon cœur s'affole, chose que je ne connais que très rarement à l'approche, je me calme un peu et me prépare mais un souffle puissant retentit puis les craquements descendent doucement vers le bas du bois avant de s'arrêter. Je contrôle le vent, il est toujours bon, le sanglier n'a pas pu me sentir.
Je tends l'oreille, de nouveaux craquements se font entendre mais cette fois plus haut dans le bois, le bruit se rapproche, à nouveau mon cœur s'emballe un peu mais je me calme rapidement. Le pas se rapproche, l'animal très bruyant semble vouloir longer le haut du bois au-dessus de la coupe. Je finis par l'apercevoir, c'est un sanglier d'environ 50 kg il avance doucement en fouillant les feuilles mortes du sol. Il marque un temps d'arrêt pour fouiller le sol à environ 18 mètres de 3/4 face puis recommence à avancer, il est partiellement masqué par la végétation. J'arme mon arc mais le sanglier fait demi-tour tout en fouillant le sol et semble repartir d'où il vient. Je désarme, je le perds un moment de vue alors qu'il descend vers la coupe mais je suis sa progression bruyante à l'oreille.
Il finit rapidement par réapparaître. Il arrive maintenant d'un pas tranquille en longeant les ronces du bord de la coupe et revient vers moi. Je réarme doucement mon arc et le laisse venir, j'aligne ma visée alors qu'il se présente à découvert de 3/4 face, il avance encore un peu et se présente presque plein travers à 8 mètres, ma visée se cale sur le défaut de son épaule, je décoche. Je vois mon encoche lumineuse (je teste actuellement mes encoches lumineuses pour la Guyane car je ne chasse habituellement pas avec ce dispositif) traverser l'animal qui démarre en trombe. Le bruit de l'impact est caractéristique d'une flèche de coffre mais il m'a semblé voir ma flèche un peu en arrière. Mon encoche bleue me signale ma flèche fichée au sol. Le sanglier remonte le talus, fait un pause de quelques secondes sur un replat au-dessus de moi et se met à souffler bruyamment puis il prend la descente, je le suis des yeux jusqu'à le perdre de vue en sous-bois, je le suis encore un peu à l'oreille puis le calme revient. Je reste un moment à mon poste au cas où un autre animal arriverait et pour laisser le temps à l’hémorragie de se faire.
Après une petite attente immobile, je décide d'aller contrôler mon tir avant que la nuit ne s'installe, je remets mon carquois sur l'arc. Ma flèche est couverte de sang, je la remets sur le carquois puis tente de trouver du sang au sol mais sans succès. Je décide d'aller voir directement à 10 mètres où le sanglier s'est arrêté avant de prendre la descente. Je trouve du sang, quelques grosses gouttes et commence à les suivre mais rapidement le sang me fait défaut, dans la pente les feuilles mortes et l'humus sont retournés ce qui indique que le sanglier a dû passer par là je prends la coulée et retrouve du sang un peu plus loin au pied du talus. Le sang n'est pas très abondant, et descend doucement en biaisant à peine sur la courbe de niveau. J'avance doucement et la nuit tombe, je dois allumer la lampe de mon portable pour suivre la piste, des ronces et petits balivots couchés et tirés sont couvert de sang, la piste se ponctue maintenant de grosses taches de sang reliées par de grosses gouttes et redescend droit vers le pré en contrebas, il semble que le sanglier ait heurté plusieurs arbres maculés de sang. La piste bifurque à gauche comme pour revenir vers la remise puis je le retrouve à environ 10 mètres couché sur le flanc orienté comme s'il voulait s'éloigner à nouveau de la remise. Ma flèche rentre pile au défaut de l'épaule et ressort un peu plus bas de quelques centimètres et en arrière des côtes, je touche les 2 poumons au-dessus du cœur et le foie, il a fait environ 50 ou 60 mètres. Il ne reste plus qu'à revenir à la voiture en tirant ce jeune sanglier mâle d'environ 50 kg.
Alex