Ce matin nous avons décidé de retourner sur le lac des Coteaux de Gascogne avec Manu. Nous nous retrouvons sur le petit parking du carrefour de Noilhan avant le lever du jour puis après nous être préparés, nous partons aux premières lueurs du jour vers le lac. Je reprends mon côté du lac et Manu le sien comme l'autre jour. Nous attaquons à peine le lac que déjà des ragondins s'élancent sur l'eau. Je cours me poster sur mes terriers alors que Manu prend son temps en surveillant les ragondins. "Manu, les ragondins vont aux terriers...". Manu se décale et prend son poste. Les ragondins se positionnent sur le lac et nous surveillent avant de commencer des va et viens d'une berge à l'autre.
L'un d'eux biaise pour rejoindre le terrier où je me suis fait avoir la dernière fois sur ma droite. Je me décale pour l'intercepter, il plonge et je pars en courant sur le terrier mais il ne ressortira pas, il a disparu ! Je retourne à mon poste, avec la luminosité qui croit de plus en plus vite nous comptons 3 ragondins sur le lac. 2 d'entre eux partent vers le ruisseau, nous les suivons. Un fait demi-tour et l'autre revient vers ma berge au niveau de l'arbre mort couché au bout du lac. Je le laisse venir vers le bord puis tente une approche mais il repart vers le milieu du lac et plonge. Je repars rapidement vers mon poste. Au bout d'un moment, je ne vois toujours rien ressortir. "Tu vois le ragondin?" "Non". Juste à ce moment quelque chose ressort contre la berge près de moi, c'est un des ragondins. J'arme rapidement, vise et décoche. Mortellement touché, le ragondin s'éloigne péniblement du bord et s'immobilise à 10 mètres environ. Je récupère ma flèche et le ragondin.
Il ne reste plus que 2 ragondins sur le lac et ils vont nous faire devenir fou comme d'habitude, ils vont, ils viennent, nous leur jetons des cailloux, ils plongent, remontent, disparaissent un moment mais évitent de se rapprocher du bord et restent hors de portée de nos flèches. Au bout d'un moment, l'un d'eux biaise vers la digue du lac en se rapprochant de mon côté de berge. Je le laisse faire car il semble s'éloigner du terrier puis, alors qu'il est presque au bord, je commence mon approche. Curieusement, il longe la berge et vient droit sur moi ! J'avance doucement mais au moment d'armer mon arc, le ragondin s'arrête, oblique à 90° et remonte sur la berge pour disparaître dans un terrier que je ne connaissais pas.
Le dernier ragondin va finir par faire l'erreur de passer trop près de Manu qui le mettra au tableau mais je n'ai pas digéré ce tour que vient de me jouer le ragondin en rentrant au terrier. Je pars d'abord inspecter la buse de déversoir du lac et pose mon arc que je laisse sur place, pas de ragondin. Je pars ensuite inspecter le terrier qui m'a joué des tours. Ce terrier sent très fort le renard et semble très peu profond mais je ne vois pas le ragondin que j'entends pourtant gronder. En inspectant plus minutieusement, je constate qu'à 50 cm de l'entrée, une seconde galerie bifurque vers la gauche. Je pars chercher une branche souple de 2 mètres environ sur le buisson le plus proche et reviens au terrier. Je me positionne à 4 pattes, parallèle à la berge, la tête vers l'entrée de cette galerie et les pieds vers la digue puis courbe la branche pour la rentrer dans cette galerie. Les grondements du ragondin cessent et, durant mes va et viens, il me semble toucher quelque chose de mou. Je ressors la branche et trouve du poil dessus, je la recourbe dans le terrier et insiste quand, tout à coup, un poids important se fait sentir sur mes mollets. Le temps de me retourner, un plongeon retentit, c'était le ragondin qui avait marqué un temps d'arrêt sur moi avant de plonger !
Je me redresse d'un bon et cours à toutes jambes pour récupérer mon arc laissé au coin de la digue à 50 mètres environ puis fais demi-tour toujours en courant pour me précipiter vers le grand terrier à 100 mètres environ au milieu du lac avant que le ragondin n'y rentre. J'arrive complètement essoufflé et me poste en essayant de reprendre mon souffle et d'arrêter le feu dans mes poumons. Rapidement, le ragondin refait surface à 15 mètres environ avant le terrier au pied du buisson dont la branche l'a délogé de sa cachette. Il replonge et je me prépare. Il est vite là, je le vois arriver sous l'eau et arme mon arc pour lui décocher une flèche au jugé juste au moment où il remonte devant le terrier. Touché trop en arrière, il fait demi-tour et plonge dans un nuage de sang, emportant la flèche que le font du lac a stoppé en travers de son corps. Il se débat un moment sous l'eau puis remonte et parvient à rentrer dans par une entrée secondaire à 1 mètre environ de la première sans que je puisse ajuster une seconde flèche. L'eau bouge à l'entrée du terrier comme si le ragondin voulait ressortir et j'attends posté un moment puis le remous se calme et je décide de descendre voir. Je me mets à l'eau jusqu'aux genoux pour pouvoir voir dans le terrier au pied d'un talus abrupt de plus de 2 mètres. Le ragondin est là à moins de 2 mètres dans le terrier et semble bien mal en point. Je remonte et pars chercher une branche pour l'achever et reviens dans l'eau devant de terrier. Je tente de le frapper à la tête mais j'ai du mal dans ce terrier qui limite mes mouvements et l'amplitude de mes coups. Le ragondin ne semble pas capable de s'enfuir et je décide de le ramener avec la branche. Il n'opposé que peu de résistance et je parviens à le saisir par la queue. Ma flèche qu'il avait réussi à sortir de son corps était restée en travers de sa patte arrière et le bloquait. Je l'achève rapidement et remonte au sec. Je rassemble mes prises pour une petite photo.
Manu me propose d'aller chasser sur le fossé où il a fait ses 6 ragondins la veille. Le temps ensoleillé et chaud du matin vient de faire place à un ciel couvert et un vent glacial. Ma petite chemise ne me protège pas trop. Après avoir tenté de comprendre le sens du vent qui ne cesse de changer, nous descendons vers le fossé, le vent vient maintenant de notre droite et nous attaquons donc de remonter le fossé à contre vent. L'eau est boueuse mais le secteur semble calme quand un ragondin rentre au terrier un peu plus en amont. Nous nous postons un instant devant les terriers mais rien ne vient. Nous continuons un peu quand un petit ragondin rentre au terrier, je reste posté devant l'entrée et Manu poursuit. L'eau bouge devant mon terrier et je décide d'attendre. Manu repère un peu plus loin un ragondin et parvient à l'approcher et le flécher une première fois puis une seconde.
De mon côté le petit ragondin finit par ressortir la tête du terrier mais je me le manque lamentablement. Je récupère ma flèche alors que Manu revient avec sa prise. Il décide de rester surveiller le secteur et me conseille de descendre un peu le fossé. Le vent est dans mon dos mais on ne sait jamais. Je longe le fossé un moment sans rien voir quand une masse sombre m'interpelle à 10 mètres sur la gauche du fossé principal et au bord d'un autre fossé qui vient du sommet du coteau pour rejoindre le premier. Je m'avance doucement en longeant le fossé mais à 30 mètres le ragondin relève le nez puis fonce vers l'eau. Je m'avance rapidement mais il a disparu. Je relève les yeux et les pose sur un autre ragondin immobile au ras du fossé 50 mètres plus loin mais il relève immédiatement le nez et disparaît. Je m'avance et me poste devant les terriers où l'eau bouge un moment mais le secteur se calme et je poursuis ma route sans rien voir d'autre. Je fais demi-tour et retrouve Manu puis nous remontons à la voiture. Je suis mort de froid.
Alex