Hier soir, la chaleur moite était assez désagréable, je décide de partir vers 19 heures pour ma zone de chasse. Ce soir je vais chasser le secteur que nous avons chassé avec l’ASCA32 le 20 décembre en battue. Arrivé sur place je me gare au bord du chemin de terre qui traverse l’Osse. En me préparant je jette un coup d’œil sur le grand champ de blé derrière moi de l’autre côté de la route. Pas de chevreuil en vue. Je passe le petit pont de l’Osse et traverse un petit champ de blé étroit pour rejoindre le bord de la vielle Osse (ancien trajet de la rivière, ce bras mort borde, de gauche à droite, une plantation de peuplier accolée à un taillis de repousses de frênes, de buissons noir et de ronces.
L’eau est agitée, une famille de colverts, une cane et ses gros canetons s’éparpillent en tous sens en gazouillant. Je longe le haut du talus pour atteindre le passage, constitués de vieux pylônes EDF en béton agrémentés d’une rambarde en bois, qui permet d’atteindre une vielle palombière défraîchie. La végétation a tellement poussée depuis cet hiver que je peine à trouver le passage. Je finis par le trouver et traverse la vielle Osse puis le bois en passant par un passage au travers du tunnel de la palombière.
Je ressors dans un semé de soja. Le sol dénudé est peu propice aux rencontres et au camouflage. Sur ma droite, de l’autre côté d’une haie épaisse, une volée de colvert est posée au bord du bois qui me fait face, dans le semé de soja. Je passe le passage de la haie pour regarder de l’autre côté, les colverts s’envolent. Je champ immense donne une vue dégagée sur les alentours. Pas un chevreuil en vue.
Il fait encore trop chaud, je décide de faire un peu d’affût en attendant que la température diminue un peu. Je fais demi-tour et longe la bordure du bois pour atteindre une très grosse coulée qui rentre dans le taillis. Je rentre dans le bois, la coulée est très marquée, l’herbe est piétinée, le sol est jonché de traces de chevreuils et de sangliers.
Je progresse lentement en me faufilant dans la végétation, je coupe les branchettes qui me gênent à l’aide de mon sécateur. Un peu moins de 100 mètres plus loin, un mouvement dans l’herbe qui tapisse le sous-bois me fait stopper net. Un renard vient de quiller la tête, il était, semble t-il, couché et mon approche l’a dérangé. Il cherche un moment d’où vient ce bruit puis se recouche. Il est à 25 mètres environ, je tente une approche. Je me rapproche très lentement et parviens à 10 mètres environ du renard mais un léger craquement lui fait à nouveau quiller la tête. Je me fige, les petits frênes font écran et ne laissent pas de vraie fenêtre. Il scrute les alentour, cherchant d’où vient ce bruit alors que je tente de résister à l’assaut de dizaines de moustiques affamés. Le vent est bon mais au bout d’un moment il finit par se lever et s’enfoncer plus en avant dans le taillis.
Je décide de faire mon affût au sol dans le secteur. Je coupe quelques branchettes pour me faire des fenêtres de tir et l’attente commence. Une myriade de moustiques me persécute et les piqûres s’enchaînent dans la chaleur moite. Plus d’une heure plus tard rien en vue à part les oiseaux qui passent et repassent en emplissant le sous-bois de leur chant et les hennissements répété d’un cheval. Je renonce et reprends ma progression pour me retrouver 200 mètres plus loin face à un mur de ronces. Je fais demi-tour et rentre par la bordure de la vielle Osse.
Je ressors du bois et longe au bord du blé, toujours pas de chevreuil. Je reviens vers la voiture, traverse l’Osse puis la route et rentre dans le grand champ de blé par un passage de tracteur. Je commence ma progression mais me ravise vite je vais plutôt aller faire un tour vers les peupliers. Je reviens en arrière et aperçois un ragondin qui longe la rive de l’Osse. Il remonte sur la berge, broute un peu, vient vers moi, remonte sur la berge à 5 mètres de moi. « Oh là, tu en fais trop mon ami ». Je change ma flèche et prends une flèche équipée d’une snuffer que j’ai sur mon carquois justement à cet effet. J’arme et vise mais le ragondin qui remonte le talus vient de disparaître dans la végétation ne laissant dépasser que sa queue. Je tente de deviner sa position quand il fait demi-tour et revient vers l’eau. Il marque un temps d’arrêt. Mais alors que je décoche il recommence à avancer, ma flèche trop en arrière le clou à la berge. Il se débat, se dégage et plonge pour remonter 30 mètres en amont avant que je le perde de vue. Je descends chercher ma flèche couverte de contenu stomacal. Mon ragondin est condamné. Je longe un moment l’Osse mais je n’arrive pas à le retrouver. Je fais demi-tour.
Traverse la rivière et le blé pour me coller à la vielle Osse. J’arrive à la peupleraie. Je rentre à l’intérieur et dérange des jeunes corbeaux qui s’envolent e tous sens. Le sous-bois a été retourné par un outil agricole et la végétation a fait place à une terre à la surface accidentée et craquante. Ma progression est un peu bruyante. J’arrive à un passage où la vielle Osse est presque à sec. Je décide de traverser et m’enfonce dans la vase en sautant sur la rive opposée. Je me dégage et remonte le talus d’en face.
Au sommet du talus, je me retrouve face à face avec une chevrette qui m’observe à 35 mètres au milieu du champ pelé. Je me basse dans la végétation. Un beau brocard l’accompagne, il est en bordure du bois 45 à 50 mètres à ma gauche. A chevrette me fixe intensément. Que faire, le brocard ne m’a pas vu mais la chevrette ne me quitte pas des yeux. Je vais tenter le tout pour le tout. Comme ce matin, j’appelle la chevrette avec une herbe coincée entre mes pouces en espérant que le brocard la suive. La réaction est immédiate, la chevrette biaise pour se rapprocher de moi et le brocard longe la bordure du bois pour venir droit sur moi. J’espace de plus en plus mes appels pour que le brocard rattrape la chevrette avant que celle-ci soit trop près. A 20 mètres, celle-ci s’arrête et se baisse de l’arrière train pour uriner en me fixant. Elle reprend sa marche à mon appel mais elle arrive trop vite. Je stoppe mes appels, le brocard n’est qu’à 40 mètres. Le vent est bon, j’ai un peu d’espoir, je suis tapi dans l’herbe mais tout à coup la chevrette fait volteface et part vers le brocard à grands bons en aboyant. Ils disparaissent tout 2 dans le bois.
Je quitte ma position et longe le bois pour revenir vers le semé de soja. En arrivant au coin du bois j’aperçois un lapin couché sur le flanc à 10 mètres de la bordure du bois. Il ne bouge pas à mon approche puis finit tout de même par se redresser et rentrer au bois. En longeant le bois, j’arrive près d’une ferme et passe une première clôture électrique. Un cheval vient à ma rencontre et je l’arrête d’un « chtt » en agitant les bras. Je ne suis pas trop fan de ses animaux. Il s’arrête là et se remet à brouter me laissant passer. Au moment où je passe la seconde clôture électrique je me redresse un peu trop vite et la sanction est immédiate. Une violente douleur me frappe entre les omoplates. Cette contracture met un moment à passer alors que je traverse un autre enclos avec cette fois 3 autres chevaux.
Je traverse l’enclos et arrive à une haie épaisse. Un coq faisan chante de l’autre côté. Je longe la haie et finis par trouver un passage pour la traverser. J’arrive dans une prairie. L’herbe est encore haute sur 20 mètres contre la haie, le reste qui borde une parcelle de blé est fauché et parsemé de balles rondes. Une buse dévore sa proie perchée sur l’une d’elle, le coq faisan traverse au milieu de la zone fauchée. Pas le moindre chevreuil. Je poursuis jusqu’à une autre hais épaisse et rejoint le passage au ras du bois.
Je la traverse, un lièvre, assis dans le semé de soja, détale. Plus loin, à plus de 100 mètres sur ma gauche, j’aperçois un chevreuil qui broute dans le soja. Je tente de me rapprocher en longeant la haie. J’aperçois alors un autre chevreuil, à 400 mètres environ, qui progresse dans l’immense champ de soja de l’autre côté de l’autre haie. Le chevreuil finit par me voir et je décide d’abandonner. Je traverse en plein champ, le chevreuil détale et rentre au bois.
Je pars vers l’autre chevreuil, je pensais qu’il biaisait vers le bois mais il est en plein champ et inapprochable. La nuit sera bientôt là, je rentre.
Alex