Ce soir, je retourne voir les sangliers. Je décide de refaire le même parcours que lors de ma dernière sortie. Je commence par faire un tour au bord du bois bordé par la friche, les passages ont été très fréquentés. Les coulées sont plus marquées que la dernière fois et des nouvelles traces de boue jonchent la végétation, mais pas l'ombre d'un sanglier.
Seuls quelques oiseaux s'envolent du maïs et les geais crient à tue-tête pour signaler ma présence. Je repars donc en direction de la bande enherbée qui fait le tour de la plus grande parcelle de maïs. Comme l'autre jour, le chevreuil est au bord du fossé, il broute tranquillement et s'interrompt régulièrement pour scruter les alentours.
Je prends le premier sillon de maïs et m'approche doucement mais le bruit de feuilles froissées attire son attention et il regarde droit vers moi. Cette approche n'ayant pas un but de prélèvement, je poursuis pour voir jusqu'où je peux approcher, mais 6 ou 7 pieds de maïs sont manquants et ouvrent une fenêtre dans le champ de vision de l'animal.
Je me voûte et passe rapidement ce qui provoque immédiatement la fuite. Ce chevreuil s'arrêtera plusieurs fois pour identifier cette étrange forme puis disparaîtra derrière le relief du champ de soja moissonné. Je n'ai pas beaucoup de temps la nuit sera vite là. Je presse le pas jusqu'au coin du champ, jette un coup d'œil sur la bande enherbée entre les deux parcelles de maïs mais rien ne bouge. Je commence ma progression et, alors que j'arrive au milieu de la longueur, j'aperçois, à 100 mètres environ, un sanglier de 60 kg environ qui sort sur l'herbe.
Il est suivi de 2 gros sangliers puis de 7 jeunes de 20 kilos environ, puis 3 gros encore. Tout ce petit monde fousille un peu puis saute dans le maïs de gauche. Ils prennent la bordure du champ et viennent vers mois. Les pieds secs craquent de toute part, la bordure du champ bouge, ils se rapprochent, les grognements, les couinements, les souffles rauques se rapprochent puis plus rien.
Le temps passe, je décide de me rapprocher de la sortie, il va peut-être en sortir d'autres. Je m'avance rapidement et sans bruit. Effectivement, arrivé à 70 mètres de la sortie, 2 autres gros sortent sur la bande enherbée et viennent droit sur moi alors que je m'agenouille sans qu’ils me voient.
Au bout de 10 mètres dans ma direction, ils obliquent et rentrent aussi dans la parcelle de gauche. Les bruits reprennent dans mon dos, un très gros sanglier vient de sortir au même endroit que les autres et fousillent en me tournant le dos avant de suivre ses congénères.
Je me retourne et tente de revenir sur mes pas alors que le maïs bouge et craque dans la direction de la bande enherbée, une laie de 60 kg environ sort sur la bande enherbée et s'avance doucement vers le maïs. Je fais un pas, elle me fixe arrêtée. Trop loin, 40 mètres nous séparent.
J’arme et tente d’avancer, elle rentre à couvert alors qu'un second sanglier est arrêté en bordure du champ, prêt à sortir. Il s'élance et traverse rapidement alors que j'avance, armé vers lui, pour tenter d'intercepter un des suivants. Il est rapidement suivi pas un autre très gros puis un des petits. Je désarme.
Je presse le pas sans bruit pour me positionner à 10 mètres de la sortie. Le maïs bouge à 10 mètres de la bordure. J’arme à nouveau, mais le reste de la bande poursuit sa route vers le bout du champ. Je commence à aller dans leur direction alors qu'ils sont environ 40 mètres devant moi, mais ils font brusquement demi-tour et passent rapidement en chahutant à une dizaine de mètres en suivant un sillon.
La laie en tête grogne, je suis repéré. La bande se décale lentement en biais vers le bord du champ. J'avance rapidement pour les intercepter en m'arrêtant de temps en temps. J'arme mon arc, pensant les voir sortir mais ils finissent par sortir à peu près où ils étaient rentrés.
La laie en tête, sort et fonce vers moi sur quelques mètres, s'arrête face à moi (60 mètres environ), pousse un grognement et tous les jeunes giclent comme des balles pour traverser la bande enherbée et regagner le couvert.
Un coup d'œil en arrière pour voir si tout le monde est en sécurité et elle aussi rentre à couvert. Je fais rapidement le tour de la parcelle pour tenter de les voir de l’autre côté mais la nuit tombe et je n’entends plus un bruit.
Je rentre tranquillement sur ce deuxième échec.
Alex