Acte I : (23 septembre 2013)
Ce soir, je décide de changer de stratégie de chasse, j'ai remarqué que les chevreuils sortaient du bois du Turc dans la soirée puis venaient manger dans la luzerne un peu avant la tombée de la nuit après avoir traversé le tournesol. Je décide donc de me poster un petit moment dans le bois près de la lisière puis de quitter mon poste 30 minutes avant la nuit pour chasser à l'approche la bordure des tournesols, côté luzerne.
Je me gare donc dans la première allée du bois du Turc, près de la barrière puis reviens à pieds vers la route, la longe vers la gauche pour rejoindre le champ de tournesol en long qui borde le bois du Turc de ce côté. Je remonte doucement le long du fossé qui borde le bois mais pas de chevreuil ce soir dans le secteur. Au bout des tournesols, je rentre dans le bois pour rattraper le sentier qui longe la lisière et ressors un peu plus loin dans le pré enclavé dans le bois. Je remonte alors tout en haut du pré pour atteindre un chemin forestier qui remonte vers le grand champ de tournesols. Un peu plus loin sur le chemin, je prends à gauche pour remonter un talus assez raide par une belle coulée propre et rejoins un angle rentrant du bois. Je jette un coup d’œil sur le tournesol sans sortir du bois puis me faufile doucement dans la végétation pour rejoindre une ancienne palombière perchée, à 15 mètre du sol environ, au bout de 4 pylônes. Je profite du chemin forestier arrivant à cette cabane pour avancer sans trop de bruit quand je surprends 2 chevreuils, chevrette et chevrillard, qui étaient couchés dans une touffe de fragon sur ma gauche à moins de 15 mètres. Je me fige mais les animaux détalent et disparaissent en contrebas dans les taillis, j'ai le vent dans le dos.
Je prends une coulée qui revient vers les tournesols et me poste un moment au pied d'un arbre, le vent latéral souffle de ma gauche. Le temps passe et rien ne vient, vers 19h45, je décide de ressortir du bois pour tenter une approche dans les tournesols. Je ressors du bois et me dirige vers la luzerne quand j'aperçois, à environ 200 mètres, un chevreuil au gagnage au bord du dernier bosquet. Le vent souffle des tournesols vers les bosquets et le terrain descend puis remonte vers le bosquet. L'approche directe est impossible. Je décide d'avancer doucement dans le tournesol pour rattraper la crête qui rejoint le haut du bosquet pour tenter de rejoindre le haut du bois à environ 30 mètres du chevreuil mais alors que je m'avance dans le tournesol, un beau brocard sort des tournesols dans un angle rentrant de la culture à moins de 100 mètres devant moi. L'approche est beaucoup plus facile et je décide de changer de cible. Je me décale un peu sur ma gauche dans une zone où les tournesols sont plus espacés pour pouvoir avancer sans bruit au milieu de leurs feuilles sèches très bruyantes.
J'avance doucement alors que le brocard avance tranquillement et biaise pour rejoindre la bordure des tournesols. Petit à petit j'arrive à une dizaine de mètres de la bordure sans être repéré. Le chevreuil arrive tranquillement en broutant dans la luzerne. Je l'attends dans une trouée entre les pieds de tournesol, pas à pas, il se rapproche pour me passer à 10 mètres environ. Mon cœur se met à battre plus fort et je souffle un bon coup pour me calmer. Il y est presque, j'arme mon arc, le brocard passe sa tête et son coup dans la trouée et s'arrête. La zone vitale est cachée par les tournesols. Il faut qu'il fasse encore un pas, juste un pas mais, tout à coup, il franchit la trouée d'un bon puis se remet à avancer tout en broutant. Je l'attends alors à la trouée suivante mais encore une fois il la franchit d'un bon. Il ne me reste plus qu'une trouée pour espérer tirer, je désarme. Je me décale un peu sur ma droite et me rapproche un peu de la bordure de la culture puis me cale pour l'attendre. Je suis prêt, il arrive, j'arme mon arc mais cette fois il passe la trouée au petit trot et s'arrête juste derrière comme si il savait ce que je préparais et qu'il se moquait de moi. Le brocard rentre en bordure des tournesols pour brouter quelques feuilles encore vertes. Il est à 10 ou 12 mètres mais impossible de tirer, il est trop masqué par les pieds de tournesol.
Il reprend sa marche en direction du coin de la culture situé à 30 ou 40 mètres plus sur ma droite. Je décide de tenter un contournement pour l'intercepter. Je m'éloigne de la bordure en longeant un rang du champ de tournesol mais avancer sans bruit est très compliqué et les feuilles sèches crissent par moment en touchant mes vêtements. Je perds rapidement le brocard de vue et lui tourne le dos. Je ressors à 50 mètres environ sur la bordure du champ et reviens doucement vers l'angle de la culture mais le chevreuil s'est volatilisé. L'autre chevreuil au bord du bosquet n'est plus là non plus.
Il fera vite nuit, je décide de retourner vers le champ de tournesol tout en long qui borde le bas du bois du Turc jusqu'à la route. Je longe le bois et traverse le ruisseau puis rattrape le pré enclavé dans le bois avant de reprendre le petit sentier qui longe la bordure. La luminosité sous-bois est déjà trop faible pour tenter un tir et presque pour apercevoir un chevreuil. Je presse le pas et rejoins le bout de la parcelle de tournesol. 2 chevreuils démarrent devant moi et rentrent au bois. La nuit s'installe rapidement et je presse le pas pour rejoindre la voiture.
ACTE II : (1 octobre 2013)
Ce soir, je retourne au bois du turc bien décidé à revoir ce beau brocard qui s'est joué de moi la semaine dernière. Je vois cette fois changer de stratégie. Le vent souffle vers le bois, je décide de me poster dans le tournesol sur un point haut pour surveiller le mouvement dans la culture mais je suis obligé de rester bien en arrière par rapport à l'endroit où j'ai vu le brocard l'autre soir pour que le vent qui biaise un peu vers le bas du bois mais souffle par moment vers la lisière sur ma gauche ne me fasse pas repérer et empêche les chevreuils de sortir du bois.
J'avance doucement dans les tournesols en faisant de petites pauses d'observation puis finis par me poster à 40 mètres environ du bord du bois près de l'endroit où j'ai manqué une chevrette l'autre jour et à environ 150 mètres de l'endroit où est sorti le brocard la semaine dernière. Je surveille régulièrement le vent, le temps passe mais aucun chevreuil ne se montre. Tout à coup, un léger bruit dans mon dos me fait tourner la tête. Un lièvre arrive et se plante à 10 mètres sur ma droite puis il m’aperçoit et redémarre pour disparaître dans la culture.
Tout est calme, si ce n'est quelques petits passereaux qui passent et repassent près de moi où le cri des geais dans le bois par moment qui me font espérer un peu de mouvement. Le jour commence maintenant à décliner, il est 19h45, ma patiente est mise à rude épreuve et je décide de quitter mon poste. A peine ai-je fait quelques pas qu'un lièvre démarre à 70 mètres devant moi dans le tournesol et disparaît rapidement. J'avance doucement, quand, alors que je viens juste de passer un angle rentrant du bois qui me cachait la bordure des tournesols sur ma gauche, j'aperçois une tache sombre qui me fait immédiatement penser à un chevreuil à environ 100 mètres sur ma gauche près de la lisière du bois. Je tente une approche, tout doucement, je vais à la rencontre de cette tache sombre, je slalome entre les pieds de tournesol en les écartant de temps en temps pour ne pas les toucher avec mon pantalon. Je surveille également le sol et calcule chaque pas pour éviter de faire du bruit tout en surveillant la tache sombre qui reste parfaitement immobile.
Je gagne lentement du terrain et finis par confirmer mon impression, c'est bien un chevreuil, son cou et sa tête sont cachés derrière les tournesols mais le reste de son corps se dessine parfaitement. Il est plein travers et ne bouge toujours pas, à une trentaine de mètres, j'aperçois maintenant un morceau de bois qui dépasse des tournesols. J'essaie d'avancer tout en gardant le bouquet de tournesols qui masque sa tête dans le bon alignement pour ne pas être repéré. Arrivé à 10 ou 12 mètres, j'arme doucement mon arc, me baisse légèrement pour voir sous les têtes de tournesol, prends la visée et décoche. L'impact retentit, le chevreuil démarre en trombe et fonce à travers le tournesol. Je le perds de vue au bout de 30 mètres de course environ puis je l'entends rentrer au bois avant un gros raffut qui semble faire du sur-place dans le bois. Ma flèche me semblait un peu en arrière mais ce bruit est caractéristique d'un chevreuil qui se débat au sol. Je suis confiant. Je m'avance pour chercher ma flèche et la trouve rapidement. Je la plante au sol puis cherche un peu pour voir si je trouve du sang et effectivement la piste semble bien marquée.
Je fais demi-tour et ressors des tournesols dans la luzerne pour contourner le champ et aller chercher Hémo à la voiture. Je reviens un peu plus tard avec lui en longeant le bois quand, tout à coup, il insiste pour rentrer au bois, il ne me semble pas être encore arrivé à l'entrée du chevreuil mais je le suis un peu quand une forte odeur de sanglier me parvient aux narines alors que nous suivons une belle coulée dans les fragons. Je rappelle Hémo, nous ressortons du bois puis repartons en longeant la lisière, cette fois je rejoins ma flèche et commence ma recherche. "Le sang Hémo, le sang...". Hémo tourne et retourne sans prendre le sang, j'insiste un moment et le remets plusieurs fois sur le départ en contrôlant le départ de la piste puis Hémo finit par prendre la voix en tirant sur sa longe comme un fou, je le suis en regardant au sol, effectivement, il suit bien le sang. Un peu plus loin nous rentrons au bois par une grosse coulée et j'aperçois le chevreuil couché à quelques mètres sur ma gauche. Hémo lui dans sa précipitation habituelle a pris tout droit. Il va tourner un bon moment avant de revenir sur ses pas et de trouver le brocard. Je félicite un moment Hémo puis appose mon bracelet.
C'est bien le brocard que je cherchais, il port 6 pointes classiques et 2 pointes à l'intérieur des bois dont une à peine voyante. Ma flèche rentre bien un peu en arrière dans la cage thoracique mais ressort au défaut de l'épaule. Les 2 poumons sont touchés, il a parcouru environ 60 mètres. Il ne me reste plus qu'à charger mon brocard sur l'épaule et à rentrer alors que la nuit tombe.
Alex
Trophée :