Ce matin, rendez-vous est pris avec Manu pour aller chasser le chevreuil sur Labéjan. Nous nous retrouvons sous la digue du grand lac ou je chasse souvent. Manu va partir en amont du lac et moi en aval. Nous nous séparons alors que le jour se lève. Je sais que le temps nous est compté car c'est dimanche et que les chasseurs de petit gibier vont vite arriver avec chiens et fusils. Je commence par longer les passages de canon du dernier maïs encore sur pied du secteur mais rien. Je poursuis en longeant le ru du déversoir du lac puis le traverse après le bois, remonte vers une grande friche et un chaume de blé mais toujours rien en vue. Une voiture est garée dans la friche et les chasseurs ne doivent pas être loin.
Je décide de changer de secteur, je retourne à ma voiture et pars pour un autre lac un peu plus loin. Je me gare au bord d'un chemin de terre qui descend vers le lac en longeant le bois puis je descends doucement vers le lac. Un couple de colvert décolle du milieu du lac. Je rejoins la digue et la longe pour rentrer dans le bois et le traverser en direction du maïs dévasté par les sangliers où j'ai vu l'autre jour quelques chevreuils. Je contrôle le vent et remonte vers l'angle de la culture pour la traverser dans une zone clairsemée. En longeant le maïs, je tente d'apercevoir un chevreuil entre les sillons mais toujours rien. Je commence à remonter dans la culture quand arrivent 2 chiens d'arrêt dans la prairie sur ma droite. L'un se met à l'arrêt alors que son collègue, qui semble plus jeune et tout fou, arrive ventre à terre et fait décoller une compagnie de perdreaux vers le sommet du coteau. Je comprends vite que ce n'est pas ici que je verrai des chevreuils dans de bonnes conditions. Je finis tout de même de remonter vers la lisière du bois alors qu'un chasseur arrive avec son fils au sommet du coteau. Le jeune chien fonce vers moi et fait décoller une faisane qui passe juste au-dessus de ma tête. Je bifurque et pars saluer le chasseur et lui dit que les perdreaux lui ont faussé compagnie puis je redescends pour longer la bordure du maïs et retourner à la voiture alors que le chasseur longe le haut du champ, on ne sait jamais.
Des coups de feu retentissent, je ne suis pas trop à l'aise et décide de presser le pas. Encore un coup de feu. "Apporte..." cette fois un faisan doit avoir été touché. Je retourne à la voiture et reviens vers le point de rendez-vous du matin pour attendre Manu qui, j'espère, aura eu plus de chance que moi.
Alors que je coupe le contact, 2 chevreuils sortent du maïs que j'ai chassé au lever du jour et remontent vers le bosquet au sommet du coteau. Je décide de tenter de les intercepter. Je prends vite mon arc et remonte par la route caché derrière le talus du champ puis passe derrière la crête à travers champ en regardant de temps en temps les chevreuils qui remontent tranquillement. Je passe derrière le bosquet et presse le pas pour les recouper mais arrivé de l'autre côté, ils ont disparu. Je retourne à la voiture où les rayons de soleil qui chauffent mon visage au travers du pare-brise finissent par m'endormir; Manu qui tape au carreau me réveille en sursaut, il n'a pas eu plus de réussite que moi mais il a vu plus de chevreuils et le renard galeux que nous cherchons à éliminer depuis 1 mois. Il est rentré dans un terrier en plein milieu du chaume de maïs ! Je n'aurais jamais cru trouver son terrier en terrain plat dans une zone aussi dégagée. Vu que le champ est travaillé tous les ans, ce terrier ne doit pas être bien profond. Je décide de tenter de le déterrer car je n'aime pas laisser un animal dans cet état, d'autant plus que la galle est très contagieuse.
Nous remontons avec nos arcs, la gaffe télescopique et ma petite pelle vers le terrier. Je laisse à Manu le soin de garder l'entrée que je rebouche partiellement pour freiner le renard dans sa fuite puis je commence à creuser un premier puits pour retomber sur la galerie à 1 mètre environ de l'entrée. Je sonde ensuite avec la gaffe pour trouver la direction du terrier et creuse un second puits un peu plus loin. Toujours pas de renard. Je sonde à nouveau, cette fois le terrier s'enfonce plus profond et le champ remonte il va falloir creuser un peu plus. Je commence à creuser à 1.5 mètres du second trou environ mais je suis trop à gauche, il me faut recommencer, la terre est très dure à cause de la sécheresse et je descends doucement en déblayant la terre à la main alors que le trou est de plus en plus profond. Manu me remplace un peu à la pelle et je le remplace à l'affût du renard.
Au bout d'un moment Manu retombe sur la galerie. Je reprends la pelle et la gaffe. Nous sommes tombés dans une chambre pleine de feuilles de maïs traversée par un drain en poterie. Je sonde le terrier mais celui si semble passer sous le drain et revenir vers l'entrée. Je suis dégoûté, le renard n'est pas accessible à moins de creuser un autre puits à près de 2 mètres de profondeur. Je cherche un peu plus sur les côtés de cette chambre et trouve une autre galerie qui remonte sur ma droite. Ma gaffe touche quelque chose de mou. "Manu, il est là ". Manu se prépare, je creuse un peu plus pour faciliter le passage de la gaffe puis l'introduis dans la galerie en passant à côté du renard. Le crochet manque une première fois sa prise mais à la seconde tentative, j'accroche le renard par l'épaule et l'extirpe jusqu'au poitrail de sa galerie. La flèche de Manu bien placée à la base du coup, le sèche presque net. Je sors notre prise de son terrier. Il n'est pas beau à voir. Son arrière train est couvert de plaques croûteuses et son pelage est manquant par endroit. Je suis content d'avoir pris le temps de le déterrer pour abréger ses souffrances.
Alex