Ce soir, je suis un peu crevé et j'ai du mal à décoller pour aller à la chasse. J'arrive sur place vers 21 heures et attaque la chasse par une zone de friche arborée au milieu des cultures sur un mamelon truffé de terriers de blaireaux mais plusieurs moissonneuses tournent à plein régime autour de cet îlot. Je tente tout de même quelques coups de Butollo sans succès avant de laisser tomber. Je retourne à la voiture pour changer de secteur. Je pars cette fois vers une zone de vignes un peu plus haut où j'ai repéré au moins 4 beaux brocards dont un qui sort régulièrement dans une friche herbeuse prise entre une bande boisée étroite et un grand bois, je l'ai vu déjà 3 fois et l'ai manqué une fois alors que Vincent me suivait avec sa caméra.
Je laisse la voiture près des habitations et descends vers la friche en longeant entre une vigne et un champ de blé.
En arrivant près de la bande boisée, une chevrette surgit de la bordure du blé dans les hautes herbes. Elle fonce vers la bande boisée puis s'arrête juste au bord et me regarde un moment alors que je l'observe moi aussi immobile. Elle redémarre en même temps que moi et longe la bande de bois avant de s'y enfoncer un peu plus loin.
Je rejoins le bout de la bande boisée et inspecte un moment la friche avant de commencer à jouer du Butollo. Rapidement une chevrette arrive par ma droite et vient droit sur moi. Je continue mes appels et la chevrette vient vers moi en marquant des pauses régulières. A environ 15 mètres, elle s'arrête et refuse de venir d'avantage, elle biaise et s'éloigne sur ma droite en direction de la bande boisée.
Je quitte mon poste ce qui fait démarrer la chevrette qui fonce se réfugier dans le bois face à moi où elle se met à aboyer. J'avance doucement vers la droite de la friche dans les hautes herbes.
Tout à coup, un brocard surgit des herbes hautes à environ 40 mètres devant moi et biaise vers la bordure du bois à grands bons. J'attrape rapidement mon Butollo et lance quelques appels brefs. Le brocard stoppe net 10 mètres plus loin et se retourne vers moi. Seul ses bois et le bout de ses oreilles sont visibles dans la végétation. Je l'observe un moment immobile puis tente quelques appels mais ce dernier ne veut pas venir vers moi.
Je décide de tenter une approche, j'avance tout doucement en appelant à intervalles réguliers avec le Butollo, de petits coups brefs. Le brocard immobile regarde vers moi, j'avance baissé dans les hautes herbes en biaisant pour rejoindre un gros chêne et un arbre mort en bordure du bois. La chevrette ressort de bois, tourne juste devant moi et rentre à nouveau à couvert. Je parviens ainsi sans m'arrêter à environ 20 mètres du bocard qui n'a même pas bougé. Partiellement caché derrière l'arbre mort je continue mes appels et aboie quelques coups.
Au bout d'un moment, le brocard se décide à bouger. Il avance un peu vers moi de quelques pas mais s'arrête rapidement et refuse d'avancer plus puis il repart mais biaise en s'éloignant vers la bande boisée. Je me décale un peu, arme mon arc et prends la visée. Il est de 3/4 arrière, presque de cul. Je vise devant le cuissot. Le brocard s'arrête, je décoche. L'impact retentit et le brocard démarre en trombe. Il me semble apercevoir ma flèche restée en travers de l'animal. Le chevreuil rentre au bois rapidement. J'attends un peu puis pars inspecter la zone du tir.
Je trouve rapidement le premier sang. J'ai oublié mon appareil photo à la voiture et je pars le chercher quand un chevreuil se met à aboyer dans le bois avant de démarrer et de s'éloigner en aboyant. J'espère qu'il ne s'agit pas de mon brocard. Je remonte à la voiture pour laisser le temps à l’hémorragie de se faire puis reviens avec mon appareil photo et refais tout le trajet de départ en prenant des photos Alors que je cherche le premier sang je trouve ma flèche fichée au sol. Mon impression était donc mauvaise, le chevreuil n'est pas parti avec.
Je récupère ma flèche et suis le sang en direction du bois où je vois rentrer le brocard.
De grosses taches de sang sont posées sur la végétation, espacées d'environ 2 mètres. De grosses gouttes marquent la végétation.
Le sang est de plus en plus important en arrivant au bois.
Les ronces à l'entrée du bois sont maculées de sang.
Je rentre dans le bois à la clarté de ma frontale car le jour décline doucement et le sous-bois est déjà sombre. Les grosses taches de sang régulièrement espacées se succèdent.
Sur une zone de terre grattée j'aperçois une légère traînée de sang.
En relevant les yeux, j'aperçois mon brocard, il est mort. C'était certainement la chevrette que j'ai entendue tout à l'heure aboyer en s'enfuyant. Ma flèche entaille le cuissot, rentre juste devant ce dernier et ressort à la base du cou. Les viscères ressortent par l'énorme trou d'entrée.
Je reconnais maintenant le brocard manqué lors du séjour de Vincent et Cyril. Je dédicace d'ailleurs cette belle prise à Cyril qui comprendra pourquoi. Il ne reste plus qu'à rentrer avec le brocard sur l'épaule alors que la nuit tombe.
Alex
Trophée :