Ce matin, c'est le grand jour, nous sommes le 23 mars et c'est aujourd'hui que nous devons partir pour Paris où nous passerons la nuit avant de nous envoler demain matin pour la Guyane par le vol Orly-Cayenne sur Air Caraïbes. Cela fait 3 semaines, dont 2 semaines de séances de kiné, que je soigne mon épaule (gros tendon endommagé cumulé à un épanchement de sang et de synovie) et mon bras suite à une mauvaise chute, lors de ma première sortie au ragondin de la saison, et tout n'est pas encore au top mais j'arrive tout de même à tirer à l'arc, chose qui m'était encore impossible il y a une semaine.
Vers 10h30, Olivier et Christophe arrivent chez moi, après un petit café, nous chargeons ma voiture et quittons Auterrive pour rejoindre Paris. Vers 19h30, j'arrive avec Christophe chez les parents de ma compagne. Nous avons laissé Olivier en chemin, il dormira chez des membres de sa famille et nous rejoindra demain matin à l'aéroport. Après un bon repas, nous partons nous coucher.
Le lendemain matin, après le petit déjeuner et alors que nous sommes sur le départ, je me rends compte que j'ai oublié de prendre mon comprimé d'atovaquone/proganil (générique de la malarone) en traitement préventif contre le paludisme. Je devais commencer le traitement un jour avant le départ et le poursuivre plusieurs jours après mon retour à raison d'un comprimé par jour. C'est un peu juste mais bon. A peine 5 minutes après avoir pris mon cachet, je commence à être pris de nausées légères.
Tout le long du trajet jusqu'à l'aéroport, je ne me sens pas très bien. Déposés au parking de dépôt minute nous partons pour l'enregistrement de nos bagages avec Christophe puis partons attendre notre avion au quai d'embarquement où Olivier nous rejoindra un peu plus tard. Nous discutons en regardant les photos prises par Christophe lors de son séjour de préparation de janvier dernier. Je ne suis pas très bien mais mon état reste stable.
Nous embarquons vers 12h50. Un peu de temps après le décollage un repas nous est servi alors que nous survolons l'Atlantique
et, rapidement après ce dernier, je commence à être pris de très violentes nausées et finis par devoir partir vers les toilettes. Heureusement, je suis sur le siège côté couloir. Après avoir fait le tour des toilettes pour en trouver de libres. J'ai à peine le temps de rentrer et de fermer le verrou que je vomis mon repas dans la cuvette ce qui provoque une violente douleur thoracique. J'ai juste le temps de m'agenouiller au-dessus de la cuvette que je perds connaissance.
Je vais me réveiller au bout de 5 ou 10 minutes, la tête dans la cuvette, mes pieds repliés sous mes tibias ont coupés le flux sanguin et me font souffrir terriblement. Je mets un moment à me relever, je n'ai plus de sensation dans mes jambes. Je finis par me relever mais je ne suis vraiment pas bien et constate avec horreur que je me suis uriné dessus. Mon pantalon est trempé jusqu'aux genoux.
Je dois revenir à ma place pour ouvrir mon bagage et prendre un pantalon un boxer de rechange mais je n'ai plus que des pantalons camo, il faudra faire avec. J'explique ce qui vient de m'arriver à Olivier et à Christophe qui commençaient à se faire du souci en ne me voyant pas revenir. Je suis blanc comme un linge. Je repars donc aux toilettes avec de quoi me changer avant de revenir à ma place et de ranger mes affaires trempées dans un sac plastique.
Je tente de me plonger dans un film pour oublier mes nausées mais rapidement il me faut revenir aux toilettes pour finir de vider mon estomac et je suis en plus pris de diarrhée. C'est un cauchemar. Au bout d'un moment, je retourne à ma place mais je suis obligé de retourner régulièrement aux toilettes pour vomir de la bile et pour le reste. Le voyage se passera ainsi avec une visite aux toilettes toutes les heures ou les 30 minutes. Je prends donc la décision de ne pas poursuivre mon traitement en prévention du paludisme, la zone que nous allons chasser n'est pas très risquée pour cette maladie.
Sur la fin du vol les nausées se calment un peu et je peux profiter du paysage par le hublot de l'avion, le soleil est en train de se coucher alors que nous amorçons un grand virage au-dessus de la forêt amazonienne, qui s'étend à perte de vue, pour atterrir face à l'océan sur la piste de Cayenne.
Après le débarquement, nous partons chercher nos bagages sur le tapis roulant des hors gabarits. Nous sortons ensuite de l'aéroport, Xavier, l'ami de Christophe qui vit en Guyane depuis de nombreuses années nous attend pour nous récupérer. Ça va un peu mieux mais je ne suis pas en forme. Nous chargeons le pickup et partons pour Kourou. La chaleur moite de la nuit est un peu étouffante.
Avant de rentrer, il nous faut passer chercher un téléphone satellite pour pouvoir communiquer en forêt en cas de problème puis un fusil prêté à une connaissance et enfin nous passons voir l'amie de Xavier qui habite sur Kourou. Je suis à nouveau pris de violentes nausées mais ne parviens pas à vomir. Cette fois nous partons pour chez Xavier qui habite dans la campagne au milieu de la savane proche de Kourou. En route nous ne pouvons pas trop profiter du paysage car il fait déjà nuit noire mais nous entendons régulièrement une cigale au chant puissant qui ressemble au bruit d'une scie circulaire découpant un arbre.
Dans un rond-point, nous dépassons un personnage curieux, un vieux saramaka aux cheveux très longs, en dreadlocks, qui lui descendent au bas du dos, son vélo n'est pas équipé d'un guidon mais d'un petit volant en bois d'environ 15 centimètres de diamètre.
Le paysage citadin de nuit n'est pas très dépaysant, les grandes surfaces sont les mêmes qu'en métropole. En sortant de la ville, je suis très étonné car nous ne voyons pas un seul animal écrasé au bord de la route alors que chez nous on ne peut pas faire quelques kilomètres sans voir un animal victime de la circulation. En pleine campagne un tatou traverse juste devant le pickup, c'est notre premier contact avec la faune locale.
Nous arrivons enfin chez Xavier au bout d'une piste de terre où nous attendent ses chiens. Nous préparons rapidement nos affaires pour demain car nous partirons très top pour le fleuve que nous remonterons jusqu'à notre zone de chasse. Toutes les affaires qui craignent l'eau sont enfermées dans des touques (bidons plastiques étanches). Le reste voyagera dans nos sacs à dos et nos valises d'arc. J'ai la mauvaise surprise en ouvrant ma valise de constater que mon carquois d'arc est cassé au niveau de la coque rigide qui protège les lames de chasse mais il peut encore servir.
Je monte 5 lames de chasse pour équiper 5 flèches que je glisse dans mon carquois que je fixe sur mon arc puis je remets ce dernier dans sa housse en tissu qui le protégeait dans ma valise. Je garde 10 autres flèches de chasse et mes 2 flèches de pêche de rechange dans un tube en carton rigide qui protégeait mes 40 flèches dans mon sac pour le prendre avec moi demain. Je mets 2 pantalons camo, 3 T-shirts camo, un bermuda et un T-shirt et 1 sweet camo, 6 boxers et autant de paires de chaussettes dans ma touque avec mon caméscope, mon GPS, ma boussole, des médicaments et mes affaires de toilette. J'attache une de mes flèches pêche au moulinet et l'équipe d'une lame et mets le tout dans ma housse d'arc.
Xavier a déjà mis un hamac dans chaque touque et y a réparti une partie des vivres non périssables. Je prends ma petite caisse de petit matériel et le trépied du caméscope dans mon sac à dos et mes bottes dans un grand sac à dos avec celles des autres. Je laisse mes camarades atteler la remorque sur laquelle se trouve la grande barque à fond plat en aluminium et charger le canoë sur le toit du pickup qui nous serviront à chasser et à naviguer sur le fleuve. Nous chargeons 4 grosses glacières dont 3 remplies de glace (elles serviront à la conservation du gibier chassé et des denrées périssables) dans la barque. Une grande quantité d'insectes variés tournent autour des néons, de gros crapauds buffles attirés par cette abondance tournent sur le carrelage de la terrasse couverte.
Nous chargerons le reste demain matin. Nous partons manger, Xavier qui est un très bon cuisinier nous a préparé du caïman et du pécari en fricassées. La maison de Xavier toute en bois local est vraiment splendide. La partie habitable est à l'étage. Un escalier aboutit sur un grand espace de vie avec une cuisine américaine et donnant sur 2 chambres et une salle de bain. La déco chasse et africaine des lieux leur donne un cachet très sympathique. Une baie vitrée s'ouvre sur une terrasse en bois ouverte sur la savane où nous allons manger. Je n'ai pas faim mais me force à goutter un peu des 2 plats qui sont vraiment excellents.
Après avoir discuté un moment, il est temps de partir nous coucher car nous nous levons à 5 heures demain matin. Nous partons avec Olivier pour une petite maisonnette en bois que Xavier vient juste de finir à environ 50 mètres de sa maison. Christophe dormira chez Xavier. La chambre d'Olivier est équipée d'une petite cuisine,
la mienne donne sur la salle de bain, c'est vraiment magnifique, tout en bois exotique.
Xavier nous montre une mygale arboricole sur le mur de l'habitation. Je me couche rapidement en espérant ne pas être dérangé par mes problèmes de nausées durant la nuit.
Alex