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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 17:10

Ce matin, le réveil sonne à 5 heures mais cela fait déjà 1 heure que mes yeux sont ouverts. Je suis encore un peu vaseux mais ça va beaucoup mieux. Il fait encore nuit noire, Olivier lui aussi est réveillé depuis un moment. Nous nous préparons, pendant que je prends ma douche, les singes hurleurs donnent des vocalises dans la forêt au loin. Nous partons rejoindre Christophe et Xavier. La mygale n'est plus là ce matin mais un gecko escalade le mur de la maisonnette et des centaines de lucioles illuminent la savane.

Nous déjeunons puis finissons de préparer nos affaires et de les charger dans le pickup. Je badigeonne mon épaule et mon bras avec ma crème argel 7 à base d'argile verte pour soulager la douleur. Je teste ensuite l'armement de mon arc, la première tentative me provoque une décharge électrique dans le bras et m'arrête à peine la corde en tension. La deuxième tentative est la bonne, j'y arrive, on verra bien par la suite.

Nous profitons des dernières minutes avant le départ pour appeler nos proches qui n'auront plus de nouvelles pendant 3 ou 4 jours. Xavier décide de prendre avec nous sa chienne qu'il veut utiliser pour pister un éventuel animal blessé car lors du dernier séjour Christophe a malheureusement perdu une biche rouge à cause d'une grosse averse qui a effacé sa piste au sang. Je ne suis pas du tout favorable à cette idée mais étant invité, je ne dis rien. Nous l'attachons à l'arrière du véhicule avant de partir pour 1 heure de voiture vers le débarcadère où un caracara s'envole du pont pour nous laisser passer.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Arrivés sur place, nous constatons que la marée est basse laissant apparaître une large bande de vase profonde sur laquelle fuient de nombreux crabes violonistes qui tentent de rejoindre l'eau en sortant de leurs terriers découverts par la marée.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Cette espèce de crabe de petite taille est assez amusante, le mâle possède une petite pince et une autre démesurée alors que la femelle n'a que 2 petites pinces.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Nous commençons donc par recouvrir la vase d'un lit de branchages coupés dans la bande boisée qui borde le débarcadère.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Ce lit de branchage permettra d'accéder à l'eau sans trop s'enfoncer et de faire glisser la barque et le canoë jusqu'au fleuve. J'aide du mieux que je peux mais mon bras est encore très fragile et je ne peux pas faire certains mouvements. Nous posons ensuite la barque et le canoë au sol et rassemblons le matériel puis nous faisons glisser la barque vers le fleuve suivie du canoë. Nous commençons à charger les glacières dans la barque.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Nous équipons ensuite les embarcations des moteurs avant de commencer à les charger avec notre matériel.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Xavier doit partir garer son pickup et la remorque au poste de gendarmerie le plus proche et revenir en stop, il nous laisse donc terminer seul de charger les embarcations. Pour être pris en stop, il doit être un minimum présentable, il se lave donc un peu dans le fleuve pour se débarrasser de la vase puis se fait porter par Olivier et Christophe jusqu'à la terre ferme avant de nous quitter.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Nous finissons de préparer le matériel sous un soleil brûlant et les assauts des moustiques nombreux dans le secteur. Un vautour urubu tourne dans le ciel et des bandes de perroquets nous survolent. Xavier revient rapidement grâce à son arme secrète, un T-shirt des sapeurs-pompiers de Paris qui met en confiance les automobilistes. Pendant ce temps, la marée est remontée. Cette fois nous y sommes, c'est le départ pour le fleuve et l'aventure. Il est 10h20. Je monte dans le canoë avec Christophe et Olivier part avec Xavier dans la barque.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Le fleuve est pour le moment assez large. Les moustiques sont maintenant complètement absents.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Des iguanes se jettent à l'eau du haut des arbres qui bordent le fleuve sur notre passage en faisant des plats impressionnants et disparaissent aussitôt dans la végétation qui recouvre l'eau sur quelques mètres. Nous naviguons devant avec Christophe mais, rapidement, Xavier dont le moteur est bien plus puissant nous dépasse et s'éloigne rapidement. Je trouve le canoë un peu instable mais Christophe m'assure qu'il est difficile de se retourner.

Plusieurs sortes d'hirondelles que je ne connaissais pas décollent des branchages qui ressortent de l'eau à notre passage pour aller se reposer un peu plus loin, notamment l'hirondelle à ailes blanches

et l'hirondelle à ceinture blanche.

Au bout d'environ 15 minutes de navigation, nous rattrapons Xavier et Olivier arrêtés dans un virage du fleuve. Ils observent quelque chose dans les arbres. Nous nous arrêtons à leur portée. Une troupe de singes et des marails

s'agitent dans la frondaison. Nous les observons un moment, ce sont des saïmiris 

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

puis Xavier nous demande de décharger un peu le canoë pour soulager le moteur et de recharger la barque dont le moteur puissant peut encore supporter de la charge.

Je passe donc dans la barque à côté d'Olivier avec mon arc nous ne laissons qu'une touque, nos sacs à dos et mes flèches sur le canoë. Nous laissons redémarrer Christophe en premier pour le laisser passer devant. Le canoë a dérivé un peu dans le courant et se retrouve avec le nez vers l'océan, Christophe doit faire demi-tour mais, alors qu'il amorce sa manœuvre, il dose mal l'accélération du moteur et la sanction est immédiate, le canoë se retourne sur place. Heureusement la sécurité coupe immédiatement le moteur et Christophe se retrouve dans l'eau.

Xavier se jette à l'eau, heureusement Christophe ne s'est pas fait mal. Xavier récupère les affaires, heureusement nos sacs à dos flottent encore sous la barque. Xavier nous les fait passer ainsi que mes flèches dans leur tube en carton qui ayant pris l'eau commence à se déformer et la dernière touque. Xavier et Christophe retournent ensuite le canoë et commencent à écoper. Je constate alors que mes 2 flèches pêche de rechange viennent de couler, elles ne sont plus dans le tube en carton, je suis un peu dégoûté mais l'essentiel est que Christophe n'ait rien. Heureusement ma troisième flèche pêche est dans ma housse avec mon arc attachée au moulinet de pêche.

Le canoë vidé de son eau, Christophe remonte à l'intérieur, Xavier remonte sur la barque et nous attachons le canoë à l'arrière de cette dernière car le moteur s'est retourné et ne peut pas être redémarré avant de passer chez un mécanicien. Le canoë n'étant plus utilisable nous le remorquons un moment puis mes collègues le remontent sur la berge pour le cacher avec son moteur dans la forêt, mon bras ne me permet pas de les aider. Ils reviennent poursuivis par une nuée de moustiques. Xavier prends les coordonnées GPS de l'endroit pour le récupérer au retour puis nous revoilà partis à 4 sur la barque.

Nous avançons en profitant du paysage magnifique et en observant les oiseaux ou les magnifiques papillons morphos d'un bleu métallique qui traversent au-dessus du fleuve. La chienne de Xavier est à mes pieds et ne sais pas comment se mettre depuis que son espace s'est considérablement réduit avec l'arrivée de tout le matériel et de 2 passagers de plus. Elle tourne et retourne en essayant de monter sur moi.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Une petite averse nous arrose un peu mais le soleil reviendra vite.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

La chienne de Xavier commence à lâcher quelques pets très odorants avant de se soulager sur Olivier et moi et notre matériel. Elle a la diarrhée, c'est une horreur, je me lave un peu dans l'eau du fleuve et tente de nettoyer les dégâts. 

Nous faisons passer la chienne derrière nous sur les glacières pour éviter de nouveaux désagréments. Le fleuve se resserre peu à peu, des petites bandes de chauve-souris s'envolent à notre passage des bois morts qui ressortent de l'eau, de gros martins pêcheurs verts mouchetés de blanc, au ventre orange et dont la tête est surmontée d'une sorte de huppe s'envolent devant nous pour se reposer un peu plus loin et attendent notre approche pour s'envoler à nouveau. Régulièrement des criques débouchent sur le fleuve (sortes de bras morts du cours d'eau plus ou moins longs). 

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Les kilomètres de navigation s'enchaînent ainsi à observer la faune du cours d'eau quand j'aperçois un gros caïman dont seule la tête dépasse, posée sur une branche partiellement immergée. J'en avertis mes collègues. Xavier s'arrête un peu plus loin, les vagues provoquées par le passage de l'embarcation qui déferlent sur la berge agitent fortement l'eau mais le caïman, qui ne semble pas être plus perturbé que ça, est resté stoïque.

Xavier fait demi-tour un peu plus loin et repasse doucement devant l'animal qui n'a toujours pas bougé, j'en profite pour le montrer à mes collègues qui ne l'avaient pas encore vu. Nous nous calons un peu plus loin contre la berge. Christophe attrape son caméscope et je commence à monter mon moulinet de pêche sur mon arc. Je sors ma caisse à petit matériel de mon sac à dos et constate qu'elle est pleine d'eau suite à sa chute dans le fleuve, je tente de vider un peu d'eau. 

Je sors mon carquois, démonte la fixation puis monte mon moulinet mais n'arrive pas à fixer la seconde vis. Je laisse donc tomber pensant qu'avec une seule vis le moulinet ne risque pas de partir. J'encoche ma flèche pêche, Christophe se prépare puis nous nous rapprochons doucement du gros caïman qui est parti se caler près de la berge et nous tourne le dos. J'arme mon arc et attends de passer une branche qui me gêne pour tirer puis vise un peu en dessous de la partie du cou qui ressort de l'eau pour tenter de toucher la nuque.

Je décoche mais manque l'animal, ma flèche semblait pourtant arriver pile à l'endroit visé mais j'ai certainement mal estimé la position de ce dernier. Il démarre et se recale juste à 2 mètres 3/4 arrière contre la berge. Je tente de récupérer ma flèche mais mon moulinet mal fixé n'est pas évident à manipuler. Ma flèche s'accroche par la lame à une branche sous l'eau, je tente de la dégager en tirant sur le câble mais cette branche remonte en fait sous le caïman et provoque sa fuite en bougeant.

Je finis par dégager ma flèche, nous cherchons un instant le caïman mais ce dernier a disparu. Je prends maintenant le temps de bien fixer mon moulinet mais il est trop tard. Nous faisons une petite pause un peu plus loin, sur une petite plage de sable fin, pour refaire le plein et manger un petit sandwich à la saucisse sèche ariégeoise.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Nous en profitons pour nous dégourdir un peu les jambes ankylosées par les heures de barque. Nous repartons rapidement, Xavier nous donne un cours magistral sur la faune locale nous montant chaque oiseau, analysant chaque bruit chaque chant d'oiseau ou cri d'animal. La faune devient de plus en plus abondante. Le fleuve se rétrécit de plus en plus puis se divise en 2.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Nous prenons à droite et les complications commencent. Cela fait environ 5 heures que nous naviguons et nous commençons à tomber maintenant sur des arbres tombés en travers du cours d'eau. Nous passons par-dessus certains, en dessous de certains autres mais il nous faut parfois jouer de la hache ou du sabre pour dégager le passage. 

Xavier vient de nous dire de faire bien attention de ne pas perdre le sabre en le laissant échapper dans l'eau. Nous arrivons à un gros arbre couché sur le fleuve, le seul passage est sous le tronc et barré par des branchages. Xavier descend dans l'eau pour couper les branches et s'échappe le sabre qui heureusement ne le coupe pas dans l'élan. Il plonge pour tenter de le retrouver mais impossible. Christophe le rejoint et ils cherchent un moment sans résultat. Il nous faut renoncer à retrouver ce sabre et poursuivre avec le second.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Avec Olivier, je suis mis à contribution pour manoeuvrer la barque à l'aide des pagaies pour passer les passages difficiles et nous annonçons les troncs immergés que Xavier ne peut pas voir de l'arrière et qui pourraient endommager l'élice du moteur. Beaucoup de troncs sont colonisés par des insectes de toutes sortes (fourmis, sauterelles, phasmes... et autres chenilles)

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

ou des araignées qui tombent souvent sur nous à notre passage. La barque se remplit ainsi petit à petit de passagers clandestins, de feuilles et des branchages. De petites plages de sable sont parfois colonisées par des attroupements de papillons jaunes qui s'envolent à notre arrivée. La barque reste parfois en équilibre sur un  tronc et il nous faut alors descendre dans l'eau pour la pousser ou la tirer.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Alors que nous manœuvrons pour passer un obstacle, j'aperçois un petit caïman qui saute d'une petite plage enherbée dans le fleuve pour venir se caler plein travers contre la berge, laissant juste apparaître sa tête. J'annonce "caïman" et Xavier stoppe la barque. Personne n'arrive à poser les yeux sur l'animal qui joue la carte du mimétisme en restant parfaitement immobile. J'attrape mon arc, encoche la flèche pêche, vise sous la tête et décoche. Ma flèche se fiche dans la berge et mon caïman démarre sans demander son reste pour disparaître. Encore une fois je viens de manquer alors que je pensais ma flèche parfaite. Je ne comprends pas.

Je récupère ma flèche profondément fichée dans la berge puis nous voilà repartis. Les vols de chauve-souris sont de plus en plus fréquents et le nombre de martins pécheurs est incroyable. Nous apercevrons un balbuzard pêcheur nous survolant dans un virage du cours d'eau. Nous passons régulièrement des arbres en fleur au parfum envoûtant. Quelques colibris passeront près de la barque. Sur les bancs de sable couverts de végétation nous apercevons des traces de loutres. Des grosses coulées bien marquées de frais par les maïpouris (tapirs) remontent régulièrement dans la forêt.

Tout à coup, Xavier et Christophe annoncent des hoccos. Je lève les yeux et aperçois 2 gros oiseaux noirs dans un arbre penché sur le fleuve juste devant nous. Le temps que Xavier attrape son fusil Baïkal mono-coup, les 2 volatiles volettent de branche en branche pour remonter de plus en plus haut dans les arbres et nous les perdons de vue dans la forêt sur notre droite. Nous sommes calés, le nez de la barque est passé sous un tronc qui plonge dans l'eau sur notre gauche. Avec Olivier nous tenons le tronc pour maintenir la barque dans le sens de navigation. Xavier arrive rapidement dans notre dos avec son fusil et escalade pieds nus par le tronc pour atteindre la forêt, 2 mètres au-dessus de l'eau. Le tronc qui a cédé sous son poids appuie sur nos arcs et nous nous dégageons pour nous caler contre la berge pendant que Xavier est parti tenter d'intercepter les oiseaux.

Nous l'attendons un moment puis il finit par revenir sans avoir pu tirer. Nous passons le tronc puis continuons. Plusieurs heures de navigation dans ces conditions difficiles nous serons nécessaires pour arriver à l'endroit où Xavier et Christophe veulent établir notre campement. Dans une ligne droite, nous apercevons un congélateur tout rouillé qui flotte à la surface, bloqué dans les branchages sur la gauche du fleuve, je m'attendais à tout sauf à ça. Xavier nous explique qu'il s'agit de vieux congélateurs abandonnés sur des anciens camps par des chasseurs, celui-ci a dû être emporté par une crue brutale du fleuve.

Un peu avant d'arriver sur la zone du camp, nous apercevons un beau caïman posé sur la berge très pentue, tête dirigée vers l'eau. Nous manœuvrons pour tenter de le flécher mais il plonge avant que je puisse encocher ma flèche.

Un peu plus loin, un autre caïman posé sur un rocher plonge rapidement avant notre arrivée. En observant ma flèche pêche, je constate que l'encoche a disparu, le tube s'est légèrement fissuré sur le côté au niveau de l'encoche. Je suis dégoûté, je tente de retrouver mon encoche en vain et constate que mes encoches lumineuses sont trop étroites pour s'adapter à ce type de tube. Je n'ai plus de flèche pêche.

Nous arrivons sur la zone du campement vers 17h45. Nous accostons à l'arrivée d'un bras du fleuve peu profond. L'armature de notre futur carbé est déjà en place car c'est le camp utilisé par Xavier et Christophe lors de de leur séjour de janvier. De vieux congélateurs en place depuis longtemps sont dispersés autour du camp. Nous déchargeons la barque et montons le camp en recouvrant l'armature d'une bâche qui nous protégera de la pluie. Une seconde bâche plus avancée et tendue de part et d'autre d'une corde servira à abriter le feu.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Un peu plus loin, Xavier qui préfère dormir seul et à l'écart tend une sangle entre 2 arbres et la couvre d'une autre bâche qu'il tend en l'attachant aux arbustes tout autour. Nous tendons nos trois hamacs sous notre carbé. Un gros boum retentit au loin, on croirait une explosion mais c'est en fait un arbre qui vient de s'abattre au sol. 

Olivier me propose de me passer une de ses encoches lumineuses faites maison pour voir si elle s'adapterait à ma flèche pêche, elle passe nickel mais est un peu longue et en l'enfonçant au maximum, j'écrase le système d'allumage qui ne s'éteindra plus pendant 3 jours. Je colle cette encoche à la super glu en prenant bien soin de mettre ma lame à la verticale car je crains que mes loupés soient dus à une entrée à plat de la lame dans l'eau.

Je commence ensuite à vérifier mon matériel, ma caisse à matériel a pris l'eau, je vide donc un maximum d'eau et tente de sécher un peu les affaires qui doivent l'être puis mets mon sac à dos et ma housse d'arc à sécher sur les barres du carbé. 

La luminosité baisse rapidement en forêt, nous collectons un peu de bois pour allumer le feu sur lequel Xavier va faire réchauffer notre repas du soir.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Le repas pris nous nous reposons un peu dans les hamacs avant de partir pour notre première chasse de nuit au caïman sur le fleuve. Je ne suis pas trop fatigué et décide d'explorer le tour du camp avec ma frontale. La nuit vibre du chant puissant des insectes et des batraciens. Les singes hurleurs donnent de la voix au loin. Le faisceau de ma frontale fait briller des dizaines de petits yeux bleus électriques. Je me rapproche doucement et constate que ce sont les yeux des insectes et des araignées qui peuplent le sous-bois.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Quelques lucioles allument leurs lumières par intermittence, une sorte de sauterelle mange dans les peaux de fruits de la passion (maracuja) que nous avons jeté dans le bois après notre repas.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Tout à coup, j'aperçois un gros œil rouge à 20 ou 30 mètres derrière le campement. Je m'approche doucement et constate qu'il s'agit en fait d'une grosse grenouille rousse de la taille de ma main.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Vers 21 heures, nous nous préparons et partons pour la chasse équipés de nos frontales. J'ai équipé mon arc d'une lampe torche spéciale qui se visse sur l'emplacement du stabilisateur et qui s'allume par pression sur un poussoir qui se fixe sur la poignée de l'arc. J'ai pris mon carquois d'arc à la main avec 5 flèches. Xavier, qui veut monter le premier dans la barque, prend un peu trop d'élan et perd l'équilibre à peine dans l'embarcation et avec son fusil à la main, il bascule par-dessus bord pour tomber lourdement à l'eau en réussissant à sauver son fusil qu'il pose à bout de bras dans la barque dans sa chute.

A peine assis dans la barque, je balaie le fleuve avec le faisceau de ma frontale et aperçois les yeux rouges de 2 caïmans tous proches espacés de moins de 20 mètres. Je suis côté droit dans la barque et tirerait donc les animaux de mon côté alors qu'Olivier tirera de l'autre côté. Les yeux des caïmans qui brillent d'un rouge lumineux se voient de très loin.

Un premier caïman se présente de mon côté, nous l'approchons doucement à quelques mètres, il est très gros et se présente face à moi. J'allume la petite lumière de mon viseur qui illumine mon pin's, arme mon arc, prends approximativement la visée et allume ma lampe d'arc. Je prends la visée sous la tête de l'animal et décoche mais le caïman s'enfuit. C'est encore manqué, je ne comprends pas. 

Nous continuons, rapidement une autre occasion se présente, un caïman de taille moyenne se présente plein travers contre la berge. Je tente de viser le coffre mais il est sous l'eau et cette fois encore je manque mon tir et le caïman plonge et s'enfuit.

Presque immédiatement, une autre occasion de tir se présente. Un caïman moyen se présente de 3/4 face. J'aligne ma visée et décoche. Cette fois ma flèche atteint l'animal qui plonge et se débattant. Il vient se caler près de la barque sur un banc de sable peu profond. Je rembobine mon câble et tente de ramener mon caïman atteint au niveau du bassin mais ce dernier lutte comme un petit diable et tente de me mordre en surgissant de l'eau alors que je saisis ma flèche.

Je suis passé près de l'accident alors que Xavier m'avait averti. Je décide d'en finir et de l'achever d'une flèche de chasse ajustée à l'arrière de la tête. Je laisse mon câble à Xavier qui remonte mon caïman et lui décoche une flèche de 3/4 arrière qui rentre, comme je le voulais, au niveau de la nuque et lui ressort à l'arrière de la tête le séchant sur place. Il tombe immobile au fond de l'eau. Je le récupère grâce à mon câble et lui ferme immédiatement la mâchoire avec quelques tours de scotch qui éviteront une éventuelle morsure.

Nous repartons en chasse. Un grand phasme au corps fin est accroché à une branche qui sort de l'eau, prisonnier du fleuve. Régulièrement, des gros yeux bleus électriques s'allument sur les berges, en éclairant nous constatons qu'il s'agit de très grosses grenouilles. A chaque fois que la barque redémarre de petits poissons argentés et arrondis ou fuselés sautent en tous sens et finissent parfois au fond de la barque et nous passons notre temps à les remettre à l'eau. Nos lampes frontales attirent les guêpes et nous devons les éteindre régulièrement pour les détourner de nos visages. 

Cette fois c'est au tour d'Olivier, il tire un caïman moyen mais sa flèche passe juste au-dessus de la tête et ce dernier plonge pour disparaître. Quelques caïmans ne se laissent pas approcher et plongent avant notre approche.

Une nouvelle occasion se présente au milieu du fleuve dans un amas de branche. Je laisse tirer Olivier qui n'a pas pu encore prélever de caïman. Le gros caïman est calé dans l'enchevêtrement des branchages et est tourné face à nous. Il nous laisse approcher à environ 3 mètres. Olivier lui décoche sa flèche mais cette dernière est déviée par une branche et passe bien au-dessus de l'animal qui plonge. Le tir était très difficile même à cette distance.

Nous faisons demi-tour, un caïman se présente de mon côté mais je laisse à nouveau tirer Olivier. L'animal plein travers se laisse approcher très près et Olivier lui place une superbe flèche dans le cou. Le caïman se débat furieusement. Xavier le fatigue un peu puis Olivier tente de l'achever alors qu'il vient de se caler contre la berge au fond de l'eau. Sa première flèche passe juste à côté mais la seconde en pleine tête le sonne. Nous récupérons sa prise, lui fermons la bouche avec du scotch et sortons la seconde flèche chasse qui lui a traversé le crâne mais il est encore très vivace et Xavier l'achève d'un coup de sabre dans la nuque. Je récupère la première flèche chasse d'Olivier restée fichée au fond.

Juste avant le campement, un autre caïman se présente de mon côté, cette fois c'est à mon tour de tirer mais je n'arrive pas à le voir. Tout le monde me le montre mais impossible d'y poser les yeux dessus. Son œil ne brille pas. Il est tout proche alors j'allume mon viseur, arme mon arc et finis par l'apercevoir derrière une grosse branche contre la berge. Seule sa tête dépasse mais son corps est bien visible sous l'eau. Je vise son coffre et décoche. Ma flèche l'atteint juste à droite de la colonne vertébrale et le cloue au fond du fleuve. Il se débat puis se cale au fond.

Je lui décoche une flèche dans la tête qui rentre dans l’œil mais ne touche pas le cerveau. Il remonte la tête en surface. Une seconde flèche de chasse l'atteint à l'arrière de la tête en sectionnant la première flèche de chasse. Je retire ma flèche cassée et le remonte doucement par ma flèche pêche en lui fermant la bouche en l'entourant avec mon câble de pêche avant de le sortir de l'eau et de lui maintenir la gueule pour l'entourer de scotch.

La chasse est terminée pour aujourd'hui, nous rentrons nous coucher. Je prends une petite photo souvenir de mes 2 prises. Ce sont des caïmans gris, seule espèce qui semble présente sur cette partie du fleuve.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Olivier prend également la photo de son caïman de son coté.

Chronique guyanaise, la remontée du fleuve, 25 mars 2014

Christophe vide ensuite nos 3 caïmans et les lave dans le fleuve avant de les laisser égoutter dans la barque. Nous les mettrons au frais dans la glacière demain matin. Il est temps de partir dormir dans nos hamacs bercés par le crépitement du feu de camp et des bruits de la forêt.

 

Alex

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commentaires

G
Coucou fréro un message pour te dire même si comme tu le sais je ne partage pas tes passions que je suis trés fier de toi quand je lis ton blog d' une part car tes talents de narrateur<br /> m'impressionne et d'autre part parce tu es simplement trés fort dans toutes tes passions.<br /> Il faudrait que tu songes á ècrire un livre et je m'occupe de la commercialisation !<br /> Bisou et encore bravo !
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  • : Le blog de Alex.bowhunter
  • Le blog de Alex.bowhunter
  • : Je chasse avec un arc de type compound, principalement le grand gibier et le ragondin, à l'approche en grande majorité, quelques fois à l'affût au sol (seul ou en battue) ou à l'appel, je n'utilise jamais de tree stand. Je chasse léger (pas de jumelles, rarement le télémètre)... souvent juste mon arc, mon couteau et mon appareil photo, parfois un appeau et ma tenue camo...vous trouverez ici un recueil de mes récits de chasse.
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