Ce matin, nous nous levons un peu plus tard pour récupérer de la soirée de la veille qui s'est terminée vers 2 heures ce matin. Nous avons tout de même mis le réveil car ce matin nous allons visiter le centre de lancement spatial de Kourou. Nous partons rejoindre Xavier et Christophe pour déjeuner.
Pendant que nous prenons notre déjeuner un oiseau un peu plus gros qu'un merle de couleur gris vert vient picorer les dernières bananes du régime que Christophe a pendu au pilier en bois de la terrasse. Depuis plusieurs jours, je l'entre-apercevais furtivement et nous retrouvions souvent des bananes piquées tombées au sol. Au moment où je me décide à le prendre en photo, il s’envole.
Xavier nous amène ensuite sur le site du centre spatial pour une visite en bus de cet immense cite de 700 hectares qui s'étend de Kourou à Sinamari. Une maquette grandeur nature de la fusée Ariane 5 trône à quelques dizaines de mètres de l’accueil des visiteurs.
Après les inscriptions et la distribution des badges nous regagnons le bus pour cette visite. La visite guidée est assez inintéressante et instructive. Nos accompagnateurs nous expliquerons le fonctionnement du site et la technique associé aux différents lanceurs du site avec beaucoup de pédagogie. Nous verrons de loin les sites de lancement des lanceurs Véga
et Soyouz, ce dernier doit d'ailleurs être lancé cette semaine pendant que nous serons en forêt. Nous verrons de près le site de lancement d'Ariane 5.
Ces sites sont entourés de parafoudre. Les lanceurs sont acheminés des hangars de montage vers le site de lancement par un énorme camion tractant une immense remorque guidée par 2 lignes de rails.
Nous verrons de loin les différents sites d'assemblage des lanceurs et les hangars dédiés aux satellites ainsi que les centres de lancement d'Ariane 5.
Ce site est immergé dans un site naturel modifié qui accueille encore une faune très varié et où la chasse est interdite. Nous verrons de nombreux oiseaux durant la visite. A la fin de la visite, nous attendons un peu Xavier. Un oiseau au ventre jaune vient se poser près de nous sur la rambarde de l'accueil.
Xavier arrive au bout d'un petit moment, il est passé chez le coiffeur et j'ai failli ne pas le reconnaître. Nous partons avec lui pour aller chercher le moteur du canoë qui était chez le réparateur puis pour le marché de Kourou où nous allons acheter quelques spécialités régionales pour midi : du poulet boucané, des boudins créoles et des acras de morue. Nous rentrons ensuite pour manger. Une jeune tourterelle nous accueille accolée à un de ses parents sur une barre près du massif de fleur où butinent les colibris.
Ces oiseaux sont très communs autour de chez Xavier et décollent souvent quand nous passons sur la piste en voiture ou des herbes hautes. Avant de manger Xavier et Christophe teste le moteur du canoë dans un bidon d'eau mais après un démarrage correct le moteur cale et ne redémarrera pas. Après le repas, je repère à nouveau l'iguane sur l'arbre près de la terrasse de Xavier.
Xavier a dû s'absenter un moment pour rapporter le moteur du canoë chez le réparateur, je pars chercher mon caméscope pour le filmer mais je n'arrive pas à trouver une bonne position pour mon caméscope et mon film est trop tremblant, j'abandonne.
Au retour de Xavier, je lui demande la permission de flécher l'iguane.
Cette espèce est classée dans les gibiers tirables ici et j'aimerais bien savoir quel goût a cet animal. J'attrape donc mon arc et m'approche de la rambarde après avoir vérifié que personne ne se promenait derrière l'arbre.
L'iguane habituellement calé au soleil sur une branche haute vient de descendre et se trouve sur une branche plus basse, juste où il faut pour que mon tir soit parfaitement fichant. J'arme mon arc et prends la visée au niveau de l'épaule alors que l'iguane vient se présenter plein travers. Ma visée calée, je décoche alors que Xavier et Christophe observe la scène. Ma flèche très rapide a frappé l'iguane à environ 7 mètres. Je n'ai pas vu mon atteinte mais Christophe me dit qu'il a vu gicler le sang à l'impact.
L'iguane est tombé après l'impact en heurtant les grandes feuilles dans un grand bruit mais je l'ai perdu de vue et n'ai vu que les feuilles bouger. Je descends contrôler mon tir. Des traînées de sang sont bien visibles et ont marqué les feuilles.
De grosses gouttes et des morceaux de foie sont tombés au sol.
Je cherche mon iguane un moment au sol dans l'épaisse végétation tout autour de l'arbre puis dans les branches sans le trouver. Je constate en cherchant que des traces de sang ont marqué le tronc de l'arbre.
Pendant ce temps, Christophe qui est parti chercher ma flèche l'a trouvé plantée au sol et me la ramène. Je pars chercher une échelle et monte dans l'arbre. Je cherche un moment quand j'aperçois la queue de mon iguane. Je la suis du regard et aperçois mon iguane encore vivant accroché dans une fourche de l'arbre. Je parviens à le saisir en approchant doucement ma main.
Il n'est pas en forme mais a trouvé la force de remonter à l'arbre malgré ma flèche rentrée derrière l'épaule qui lui a cassé la patte avant opposée. Je redescends rapidement pour l'achever. Je suis vraiment impressionné par la résistance des reptiles et des oiseaux. Après une petite séance photo,
Xavier m'explique comment le préparer pour le manger ce soir. Il faut l'ébouillanter pour le peler. Je pars donc faire chauffer de l'eau puis trempe l'iguane dans la casserole d'eau bouillante et retire sa peau qui s'enlève très bien et sans effort.
Je découpe ensuite l'animal en petits morceaux puis y ajoute de la sauce soja et du citron pour le laisser mariner au frais.
Je le ferai cuire ce soir pour l’apéro. Je rejoins ensuite mes collègues qui ont commencé à préparer nos affaires pour notre expédition de chasse de demain. Nous préparons nos touques et notre matériel que nous rassemblons sur la barque posée sur sa remorque. Cette fois, je prends tous mes vêtements camo pour avoir assez de change.
Grâce à une chute de tuyau PVC de diamètre 100 et un plastique scotché à une extrémité, je bricole un tube pour remplacer mon tube en carton qui me servira pour transporter mes flèches lors de notre trajet en barque mais aussi lors de notre retour en métropole.
L'agriculteur du coin a allumé un feu en plusieurs points de la prairie pour brûler l'une de ses parcelle d'herbe pour supprimer l'herbe sèche et favoriser la repousse de jeunes pousses.
Ses vaches ont été parquées plus loin dans une autre parcelle de prairie.
Ce feu allumé au loin en ligne progresse tranquillement et provoque une épaisse fumée flanche qui envahit le secteur. Alors que je pars me changer dans ma chambre, j'aperçois un très gros crapaud aplati dans une flaque d'eau.
Alors que je le prends en photo, il se redresse mais ne bouge pas de la flaque.
En arrivant à ma chambre, je constate que le feu attisé par le vent, assez fort aujourd'hui, redouble d'intensité.
Une fois changé, je reviens vers chez Xavier et m'aperçois que le crapaud s'est à nouveau aplati dans la flaque, il a certainement flairé le danger dû au feu et s'est mis à l'abri, une belle adaptation de la nature. La majorité de nos affaires sont prêtes, nous partons avec Olivier et Xavier pour Kourou pour aller acheter de la glace pour remplir 3 grandes glacières, récupérer le moteur du canoë et faire quelques courses.
Xavier nous ramène ensuite chez lui puis repars Pour Kourou. Le feu brûle toujours, une personne semble d'éteindre le feu près d'une clôture sans y parvenir. Un peu plus tard, alors que le jour commence à décliner, un foyer s'allume curieusement à plus de 200 mètres du front de flamme qui progresse toujours vers la forêt. Le vent qui a bifurqué à 90 ° depuis cet après-midi va rapidement attiser ce foyer derrière chez Xavier et le feu va rapidement gagner un grand parc de panneaux solaires puis s'étendre vers nous. Nous surveillons ce feu de la fenêtre alors que nous préparons le repas du soir, sans trop savoir quoi faire.
La nuit tombe peu à peu et le vent pousse le feu vers les maisons voisines de celle de Xavier, il gagne tout de même doucement du terrain vers chez Xavier. Un chemin de terre nous protège. Il y a peu de chance que le feu le saute mais nous commençons à nous inquiéter pour les voisins. Nous surveillons le feu du bord de la clôture qui ferme la propriété.
Les pompiers finissent par arriver mais restent près des panneaux solaires. Alors que Xavier arrive le feu arrive près de la maison voisine. Les flammes sont impressionnantes et dépassent parfois 3 mètres de haut. Elles progressent au rythme des bourrasques de vent avec un crépitement constant.
Nous partons tous dans la nuit noire, avec un locataire de Xavier, armés de pelles et de feuilles de palmier pour tenter de contenir le feu car les voisins de Xavier ne sont pas là. Dans la précipitation, je n'ai pas pris ma frontale, comptant sur celles de mes collègues. Nous sautons par-dessus le portail et nous avançons de 50 ou 60 mètres vers le feu quand Christophe crie : "Attention pitt bull !" tout le monde fait demi-tour en courant et plus personne n'éclaire vers les chiens qui arrivent en aboyant. Je me retrouve derrière sans lumière, un bon coup d'adrénaline.
Nous sautons rapidement par-dessus la barrière puis décidons d'aller voir plus loin si des voisins ont besoin d'aide. Le vent a tourné et le feu se rabat rapidement vers le chemin nous sommes rapidement entouré par la fumée et devons courir pour retrouver de l'air frais. La fumée pique les yeux. Les voisines de Xavier vont bien. Un pompier finit par arriver dans une voiture avec le gestionnaire du parc des panneaux photovoltaïque qui a en fait détourné les secours pour sauver son gagne-pain au mépris de la vie et des biens des gens qui vivent ici.
Une petite altercation entre lui et Xavier s'en suit. Le pompier appelle ses collègues qui arrivent peu après mais le feu va en fait s'arrêter seul au bord du chemin. Les flammes très hautes projettent des braises rougeoyantes de l'autre côté de chemin mais le feu ne prend pas. Les pelouses entretenues des propriétés ont évité le pire. Nous laissons faire les pompiers et rentrons manger. Nous commençons par l'iguane qui est moins bon que le caïman main bon tout de même. La mygale du coin
se poste pour tenter d'attraper les geckos dont un, tout proche d'elle, a déjà perdu sa queue, peut être lors d'une attaque de l'araignée, qui commence tout juste à repousser.
Ces lézards nocturnes tournent autour de la lampe ronde qui éclaire la terrasse à la recherche des insectes attirés par l'éclairage. Après le repas nous partons nous coucher car nous nous levons à 4 heures demain matin.
Alex