Dimanche soir, vers 19h30, je me décide à aller faire un tour sur un nouveau territoire ou j’ai réussi à avoir un bracelet en tir d’hiver.
Arrivé sur place, j’aperçois un beau brocard entrain de brouter paisiblement en bordure du bois, il se tourne et se met face au vent. Il me tourne le dos, je me serre contre le bois et je commence mon approche, il est à 200 mètres environ mais une faute d’inattention me fait marcher sur une brindille un peu trop bruyante. Je suis repéré, un chevrette sort du bois d’en face et se dirige vers mon brocard en faisant de courtes pauses pour brouter quelques touffes d’herbe tandis que le brocard me regarde par-dessus son épaule durant quelques secondes avant de partir en faisant de grands bons en entraînant la chevrette vers la sécurité du bois.
Je décide de prospecter l’intérieur du bois pour voir s’il est fréquenté par les sangliers, il a plu tout samedi et les traces doivent être bien visibles. Malheureusement, 40 minutes de marche ne me font pas espérer grand-chose. Pas une trace, pas un arbre couvert de boue, aucun indice de présence et a luminosité commence à tomber.
Je ressors en bas du bois et remonte par le talus boisé en face de moi pour arriver sur un chemin forestier que je décide de suivre pour retourner à la voiture.
Mais alors que le chemin débouche sur un chaume de blé, je tombe nez à nez avec un deuxième brocard plus jeune que le premier mais qui m’a repéré bien avant que j’ai eu le temps de faire un seul mouvement. Il me fausse compagnie, rapide comme l’éclair, après m’avoir toisé un court instant. Je le regarde s’éloigner puis je reprends ma marche.
200 mètres plus loin un troisième brocard se détache sur l’horizon, il avance lentement vers le chemin sur lequel je suis. Il va le traverser si je ne l’intercepte pas avant. Je profite d’un moment où sa tête baissée est cachée derrière un grosse touffe d’herbe pour faire une approche rapide sur environ 150 mètres pour atteindre une petite haie qui borde le chemin de terre pour venir mourir à 5 mètres de l’endroit par lequel je pense qu’il va passer pour traverser.
Le dos voûté, l’œil fixé sur mon brocard, je progresse rapidement vers le bout de la haie où je marque une petite pause le temps que mon brocard se remette à brouter. Ça y est, il broute, je fais 10 mètres de plus, voûté, pour me positionner à genoux sur le bord du champ. La courbure du terrain ne me permet plus de voir que le dos du chevreuil qui se rapproche lentement en me faisant voir par intermittence ses jolis bois.
J’accroche doucement mon décocheur, il n’est plus qu’à 10 mètres, je le vois maintenant dans toute sa splendeur, mais alors que je lève doucement mon arc dans sa direction il tourne brutalement la tête dans ma direction. Il ne semble pas me voir et je ne bouge pas d’un millimètre. Je commence à calculer mon angle de tir et à visionner mon point de visée. Il me tourne la tête pour regarder derrière lui et j’en profite pour armer mon arc. Son épaule, mon viseur, ma visette et mon œil sont alignés.
Il se remet à brouter et c’est là que ma flèche part pour le frapper au milieu de son repas au niveau de l’épaule dans un bruit d’os étrange qui me surprend un peu et m’inquiète, c’est la première fois que ça m’arrive. Dans l’action je n’ai pas vraiment vu le point d’impact. Mon chevreuil détale à grandes enjambées vers le bois en contre bas.
Je ne bouge pas alors que je le vois disparaître dans le pré de l’autre côté du chemin. J’attends là en écoutant chaque bruit qui pourrait me renseigner, mais rien, peu confiant sur le résultat de mon tir, je laisse s’écouler les minutes qui me rapprochent de la nuit et maintenant je ne vois plus assez pour faire ma recherche.
Je pars donc chercher une lampe torche et je reviens rapidement sur les lieux, 30 minutes se sont écoulées, le terrain humide doit avoir marqué sous le sabot de mon chevreuil au moment où il a traversé le chemin mais je vais faire 10 aller-retour sur le chemin sans rien voir et surtout sans voir la moindre goutte de sang ce qui commence à sérieusement me tracasser. Puis, comme une apparition dans la nuit noire, le faisceau de ma lampe tombe sur une trace. Je me penche et là, je la vois, une goutte de sang pas plus grosse qu’une tête d’épingle à 5 cm du pied de chevreuil. Je décide alors d’essayer de voir si la piste de mon chevreuil est visible. Je descends dans le pré à 4 pattes et je commence à trouver de petites gouttes de sang clair. Je reprends confiance bien que la tache soit ardue (suivre une piste à la lampe torche). Tout à coup, je bloque et reste près de 5 minutes sur la même goutte sans trouver la suivante. Je finis tout de même par la trouver, la piste devient alors de plus en plus importante et me mène au bord du bois. Une traînée sanglante de 10 mètres de long sur 10 cm de large conduit à une coulée où mon chevreuil repose à 2 mètres du bord du bois. Ma flèche a tapé l’os de la patte avant (ce qui explique le bruit d’os) et a dévié vers le bas du cou. Je verrais plus tard que les deux poumons sont touchés très légèrement. Mon brocard a fait 80 mètres.
Alex
Atteinte :
Trophée :