Ce soir Phil et Gérald sont restés chasser, je leur explique les limites du territoire puis pars à l'approche de mon côté. Le secteur est assez calme pour le moment. Je progresse tranquillement au milieu des pâtures en essayant d'apercevoir un peu de mouvement mais rien ne semble vouloir bouger. Je décide de remonter à travers un bois de chênes pour rejoindre un plateau enherbé bordé par le bois en forme de U. Je rejoints un petit sentier de crête et le longe doucement mais le sol est jonché de feuilles mortes très bruyantes et j'ai peu d'espoir d'apercevoir des animaux malgré les précautions que je prends pour me déplacer.
Tout à coup, un chevreuil démarre tout près de moi dans le sale en aboyant et descends sur ma gauche dans le bois sans que je puisse l'apercevoir. Je me fige un instant et observe à l'écoute du moindre craquement mais le chevreuil qui est lui aussi immobile est invisible. Je reprends ma marche saluée par quelques aboiements. Un peu plus loin je ressors du bois et aperçois 2 chevreuils qui sortent eux aussi du couvert forestier à environ 100 mètres du côté gauche du pré qui a été en partie labouré. Je profite du léger relief du terrain pour avancer voûté, collé au bois en direction d'une petite avancée anguleuse que je vais tenter de rejoindre pour me poster un instant et observer.
Je longe doucement la gauche du pré en essayant de ne pas faire trop craquer les glands et les feuilles mortes. Le vent est face à moi et assez soutenu. Tout à coup, j'aperçois un chevreuil qui vient à ma rencontre derrière l'angle de bois à environ 40 mètres. Je me colle rapidement contre la bordure et m'enfonce un peu derrière un chêne pour tenter une embuscade mais j'ai perdu le chevreuil de vue.
J'attends pensant le voir arriver en longeant le bois mais le temps passe. Je fais un pas en avant, puis 2 et l'aperçois derrière l'angle du bois. Je me reposte mais le perds à nouveau de vue. L'attente reprend puis je me réavance pour contrôler qu'il soit toujours là. Il n'a pas bougé et broute toujours. Je me reposte mais je commence à m'impatienter et décide de tenter l'approche, il semble que le chevreuil reparte en sens inverse et il disparaît derrière le bois. C'est le moment, je commence mon approche mais il fait demi-tour et revient. Je pars vite me reposter mais il s'arrête dans les ronces contre le bois et se remet à brouter. Le temps passe, il bouge sur place mais n'avance pas.
Bon, cette fois, j'en ai marre, je tente tout de même l'approche, sa tête est dans le bois, il est plein travers, le vent est toujours bon. J'avance très lentement sur la pointe de pieds mais le sol est très craquant et je suis vite repéré. Le chevreuil rentre dans le bois alors que je suis à environ 20 mètres de lui. Ils étaient 2 et peut être que l'autre est encore derrière l'angle de bois. Je continue à avancer en longeant à environ 3 mètres de la bordure du bois pour éviter un maximum les glands quand j'aperçois un chevrillard, plein travers, à environ 40 mètres. Il m'observe. Je me fige en plein découvert mais il est trop tard.
Nous nous observons un moment sans bouger et je ne crois pas pouvoir tenter quoi que ce soit quand le petit curieux s'avance de 2 pas puis se fige et m'observe à nouveau. J'accroche doucement mon décocheur. Je pense savoir ce qu'il va se passer, j'ai de fortes chances de pouvoir le flécher si j'arrive à armer. Il avance à nouveau de 2 pas et s'arrête pour me regarder toujours plein travers. A chaque fois qu'il avance il détourne son regard, c'est ma chance. Au bout d'un moment il s'avance à nouveau de quelques pas et baisse sa garde. J'arme mon arc. Il s'arrête et m'observe sans avoir compris que ses chances de survie avaient baissé d'un coup. C'est un petit mâle, je peux voir le pinceau pénien.
Il recommence à avancer doucement mais cette fois il vient carrément vers moi de 3/4 face. Il s'arrête, observe puis s'avance à nouveau, s'arrête, repart... la distance diminue petit à petit alors que je tiens toujours l'armement. Mon viseur le suit en attendant le moment. 20 mètres, 15 mètres, 10 mètres... il se tourne doucement et me présente un quasi travers. Mon viseur se cale sur son épaule. Je décoche. A l'impact, le chevrillard s’effondre sur place, il peine à se relever puis démarre en trombe pour passer la bosse du champ en traversant la partie travaillée. Le sang coule abondamment de sa blessure. Il ralentit pour passer le sommet de la bosse puis disparaît.
Je suis assez confiant. Je pars chercher ma flèche que je retrouve rapidement fichée au sol, elle est peu marquée par le sang. Je pars sans suivre le sang en direction de la fuite estimée du chevrillard mais je ne trouve rien, je reviens au départ et cette fois je suis le sang qui est très abondant, j'étais trop à droite. Le sang rentre dans le bois où j'aperçois mon chevreuil qui finit de mourir coincé dans la fourche d'un arbre à 2 mètres de la lisière. Je rentre un peu plus loin et le rejoints. Le bracelet posé, je le pends dans un arbre puis finis ma soirée posté dans le bois mais je ne verrai rien d'autre. La nuit tombe, je rentre retrouver mes invités qui n'ont pas eu autant de chance.
Alex