Ce soir, il n’était pas prévu que j’aille à la chasse mais je décide finalement d’aller faire un tour aux ragondins vers 20 heures. Je pars pour un grand lac où, malgré la pression de chasse que je leur fais subir depuis des mois, ils sont encore légion.
En route, je passe devant une petite mare où je n’ai pas mis les pieds depuis un moment. Je me gare et décide d’aller voir si les ragondins seraient par hasard de sortie. J’empoigne mon arc et descends doucement sur le chemin d’accès goudronné qui mène à une villa occasionnellement occupée par des anglais.
Arrivée à la mare, j’aperçois un gros ragondin affairé à brouter sur la bordure qui a été girobroyée depuis peu. Le vent est mauvais mais je tente tout de même le coup. Il est à 25/30 mètres, un saule à 15 mètres camouflera ma progression.
J’avance à pas de loup en tentant d’apercevoir ce myocastor au travers des branchages épais. Il est toujours là, vacant à ses occupations. J’avance encore un peu sans le voir et arrive contre les branchages. Je me prépare à armer mais il n’est plus là, le vent a eu raison de mon approche. Un remous dans l’eau puis un autre devant le terrier, il m’a eu.
Je reviens sur mes pas et reste un petit moment en retrait sur le chemin goudronné, en arrière du terrier où l’eau remue encore. Un frémissement puis un gros remous puis le retour au calme. A nouveau l’eau bouge contre la berge et un sillon se dirige vers le terrier. Je n’ai pas pu voir ce que c’était, l’animal est entré au terrier. Un autre frémissement, cette fois, je m’approche alors que le sillon par à l’opposé du terrier. C’est une jeune poule d’eau.
Je retourne à la voiture. Je roule un petit moment et arrive au grand lac. Je me gare sous la digue et repars en chasse. Il fait encore très chaud, je transpire à grosse gouttes. Je longe la berge côté droit en regardant vers le ruisseau d’alimentation et arrive au bout du lac sans avoir vu le moindre ragondin.
Il fait encore bien jour et je les ai bien dressés. Je ne suis pas en fait très motivé pour chasser le ragondin ce soir. Je décide d’aller observer les blaireaux pour repérer les passages.
Je commence à longer le ruisseau quand une chevrette se lève à 20 mètres devant moi et détale sur 30 mètres avant de se retourner pour m’observer un instant puis de poursuivre sa route et de disparaître.
Je passe le petit passage busée et traverse ainsi le ruisseau qui se tarit de jour en jour. De ce côté du ruisseau, il y a de vielles balles rondes laissées à pourrir. Je décide de m’entraîner un peu, Je décoche quelques flèches en visant les taches de lumière qui percent les feuillages et qui dessinent de petits cercles.
Il est 20h30, je me remets en route, je longe un petit moment le ruisseau puis le bois en obliquant à 90°. Le vent vient du bois avec un léger travers avant. Il me faut me poster avant les terriers et en dessous de ses derniers.
Je rentre dans le bois, cherche un moment une coulée pour mettre fin à ses craquements de feuilles et de brindilles qui cassent sous mes pas malgré tous mes efforts. Enfin sur la coulée, je progresse lentement pour me positionner 25 mètres en dessous des terriers et légèrement en retrait.
Les minutes passent, un geai passe furtivement au-dessus des terriers, une palombe vient se poser au-dessus de moi. Les merles font le concours du plus bruyant dans les feuilles mortes. Le sous-bois est très animé, même les moustiques s’y mettent, je suis assailli, un certain nombre fera les frais de sa gourmandise mais la plupart partiront repus me laissant à mes démangeaisons. Tout à coup un bruit de pas régulier et ininterrompu sur ma droite. Je finis par l’apercevoir, c’est un renard qui vient vers moi, il arrive au-dessus de moi, le vent ne lui porte pas mon odeur. Il s’arrête, repart, s’arrête encore puis oblique pour se diriger vers les terriers de blaireaux.
Il passe à 15 mètres avec un rythme soutenu, j’ai armé mais il est trop rapide, je ne le sens pas. Il disparaît alors que je désarme. Je tente de le faire revenir en aspirant de l’air au travers de mes lèvres pincées qui remuent pour imiter la souris.
Un grand fracas, il revient sur ses pas et fait mine de s’en aller. Je retente le coup, cette fois, il arrive droit sur moi alors que j’arme mon arc. Il est déjà à 3 mètres et arrive d’un pas décidé, c’est maintenant ou jamais, je l’aligne et décoche. Ma flèche rebondie au sol et retombe deux mètres plus loin en heurtant le goupil qui a déjà fait demi-tour. Tout s’est passé trop vite je n’ai pas su voir l’atteinte.
J’attends un moment sans bouger alors que je l’entends fuir dans le bois pendant quelques secondes. Il marque plusieurs arrêts de moins en moins espacés puis plus rien. J’attends encore un peu puis m’avance. De grosses gouttes de sang jonchent le sol 1 mètre après l’endroit du tir.
Je plante ma flèche au départ de la piste alors que des bruits de pas se font à nouveau entendre. Ce sont les blaireaux, ils passent plus haut, j’en compte au moins 2. Pour patienter un peu je décide de tenter de les approcher. Le premier avance trop vite alors que j’arrive à approcher le second à 10 mètres, couvert par le raffut qu’il produit.
Il est temps de me mettre en quête de mon renard, il fait déjà très sombre en sous-bois. La piste est très marquée et facile à suivre à quelques exceptions près. Tout à coup, un animal démarre devant moi, je crains de n’avoir relevé mon renard mais la direction de fuite ne suit pas la piste au sang.
Au bout de 150 mètres, je commence à désespérer et je ne trouve presque plus de sang, j’attrape mon portable pour appeler un conducteur de rouge quand je vois que Manu est entrain de m’appeler, j’avais mis l’option silencieux. Je réponds et lui raconte mon aventure quand le faisceau de ma frontale tombe, sur ma renarde, couchée sur le flanc dans son beau manteau roux.
Elle me paraissait beaucoup plus grosse tout à l’heure. Ma flèche lui a entaillé le flanc et le dessous du ventre avant de lui casser une patte arrière, lui sectionnant la fémorale au passage.
Moi qui avais du mal à lâcher mes flèches sur les renards, c’est mon 4ième de la saison.
Alex