Cette nuit, j'ai très mal dormi, nous nous levons vers 5h30, nous avons rendez-vous à 6 heures au portail de l'entrée du parc. Nous nous préparons, déjeunons rapidement et partons, à notre arrivé vers 6h10, personne, Lionel appelle Loïc venus avec les chiens de recherche, il nous attend déjà un peu plus loin dans le parc. Lionel passe le portail et le referme derrière nous, nous rejoignons vite Loïc, Lionel lui explique où il doit aller se garer et nous le suivons. En chemin, nous apercevons une harde de cervidés sur notre gauche et le deux truies et le porcelet d'hier qui traversent en avant des cerfs. En passant le virage de la piste, Lionel aperçoit un roussette tombée au pied d'un grand palmier et décide de s'arrêter pour l'aider. Il stoppe sur la piste et nous nous approchons de l'animal, accroché au pied du palmier qui adopte immédiatement un posture défensive, tête basculée en arrière et gueule ouverte pour nous mordre. On comprend aisément son surnom de renard volant en voyant sa tête rousse ressemblant beaucoup à celle du canidé.
Lionel tente de l'attraper par la peau du cou sans se faire mordre. Elle essaye de grimper un peu
puis tombe au sol où Lionel l'attrape par le cou et les ailles. Il traverse ensuite la piste et la lance en l'air au-dessus de la pente en bas de laquelle j'ai fléché mon cerf pour lui permettre de prendre son envol. La grosse chauve-souris vole jusqu'à la bordure du bois où elle se pose dans les branches d'un gros arbre.
Nous reprenons la voiture et retrouvons Loïc et son accompagnateur au départ de la pente dégagée où nous stoppons la recherche hier. Lionel préfère tenter de retrouver le cerf sans les chiens dans un premier temps. Je prends mon arc. Nous descendons donc vers le bois pour nous repartir sur la zone et attaquer la recherche. Le sang a totalement disparu, lavé par la pluie. Lionel et Loïc prennent sur le haut alors que je cherche sur le talus qui descend vers la rivière en contrebas. L'accompagnateur de Loïc descend lui sur le replat au bord de la rivière. Je balaye le paysage du regard après environ 100 mètres, j'aperçois un gros dôme de gros blocs de roche arrondis et empilés. J'ai le présentiment que mon cerf est là, ma flèche est encochée, j'avance doucement en ouvrant bien les yeux quand j'aperçois mon cerf couché dans les rochers au pied du dôme. Je fais signe à l'accompagnateur de Loïc qui est plus en retrait en-dessous de moi. Il comprend immédiatement et stoppe, j'accroche mon décocheur. Le cerf est plein travers, couché à 30 mètres en-dessous de moi et regarde vers moi. J'arme mon arc, vise l'épaule et décoche. Touché, le cerf surgit de sa couche et tente de fuir. Il trébuche dans les rochers et peine à avancer. Il s'effondre 15 mètres après le tir, coincé entre 2 rochers. Quel soulagement, je crie pour appeler Lionel qui est bien au-dessus de moi. Alors qu'il arrive avec Loïc, nous nous avançons vers le cerf. Dès l'impact, il a laissé une grosse trace de sang sur un rocher. Un beau cochon qui s'était gîté tout près. Démarre bruyamment sur notre gauche dans les rochers et s'enfuit dans le bois. La flèche est rabattue sur le flan de l'animal par un des rochers qui enserrent le cerf. Nous le dégageons sur un replat tout proche pour l'observer et faire quelques photos. Ma dernière flèche traverse les 2 poumons au-dessus du cœur mais la première était très basse et plus en arrière que ce que le pensais. Au niveau des dernières côtes. Je récupère ma flèche que le cerf a cassée dans sa fuite et la remets au carquois. Nous faisons des photos souvenirs sous d'énormes manguiers et ébéniers en attendant l'arrivée des renforts pour sortir ce beau cerf.
je suis impressionné par la beauté des énormes manguiers qui doivent avoir des centaines d'années. Loïc m'explique que les insulaires pensent que ces arbres abritent les âmes des ancêtres disparus et que s'ils les abattent ces âmes s'accrocheraient à eux et c'est pour cela qu'il n'abattent jamais ces arbres énormes. Plusieurs employés arrivent pour débarder la carcasse de mon cerf, je suis un peu gêné, je n'ai pas l'habitude que quelqu'un porte mon gibier à ma place. À 4, ils portent mon cerf dans les rochers et lui font passer la rivière alors que nous remontons tranquillement vers les voitures.
En chemin, Lionel tombe sur la pointe de ma flèche qui a été arrachée de ma flèche par le cerf après le tir. Je la récupère et la mets à la poche. La voiture atteinte, nous partons avec Lionel vers le portail par lequel nous sommes arrivés mais un cadenas a été posé et nous devons faire demi-tour pour rattraper Loïc et les porteurs avant qu'ils ne referment l'autre entrée derrière eux. Lionel n'a pas de réseau et n'arrive pas à les joindre, heureusement nous les rattrapons à temps. Il est temps aller s'occuper de mon cerf au local de découpe mais là encore c'est un boucher qui va s'occuper de vider et découper mon cerf. Je n'ai pas non plus l'habitude de ça. Au Québec, j'avais insisté pour m'occuper de mon ours mais là je comprends vite que l'organisation est ainsi faite. Avant de prendre mon cerf, Lionel prend les cotations du trophée de ce vieux cerf ravalant, c'est bien une médaille d'or avec des bois de 30 pouces de long comme il me l'avait annoncé hier après le tir. À Maurice, il n'y a pas d'élevage de bétail, ici c'est la viande de gibier qui alimente le marché de l'île. Les cerfs et cochons issus de la chasse sont tous vendus une fois la venaison conditionnée et la demande dépasse l'offre, il est donc nécessaire de créer des élevages de cochons et cerfs dans des enclos à la seule fin de commercialiser leur viande. Même Lionel ne peut pas récupérer de la viande pour lui et doit en réserver à l'avance s'il veut en acheter. Les cerfs ont été introduits sur l'île par les hollandais mais sans prédateurs naturels cette espèce a pullulée et il a vite été nécessaire ne parquer et réguler ces animaux pour éviter qu'il ne détruisent la flore endémiques et notamment la forêt primaire déjà très impactée par l'activité humaine. Les parcs réservés à la chasse sont généralement d'une superficie de plusieurs milliers d'hectares alors que les parcs destinés à l'élevage sont plus petits. La façon dont fait chasser Lionel sur ses territoires clos ne fait pas oublier les grillages mais laisse leur chance aux animaux, surtout à l'arc. Avant de partir de la salle de découpe, Lionel me fait goûter des rillettes de faisan préparées par le boucher qui est en train de préparer mon cerf. Un des employé arrive avec le crâne de mon cochon que Lionel lui avait demandé de préparer pour que je puisse repartir avec. Nous rentrons chez Lionel, le trophée de mon cerf sera préparé par un taxidermiste et je pourrais repartir avec.
Alex