Ce soir, en sortant du boulot, je pars pour Justian. Le temps est resté couvert toute la journée et la température est agréable. Après environ une heure de route, je me gare au bord du chemin blanc qui relie Justian à Roques, au bout d'une haie épaisse qui borde un grand champ de blé. Je me prépare tranquillement alors que le ciel couvert laisse place à un soleil brûlant. Je pars pour la chasse en longeant le chemin avec le vent qui souffle sur ma gauche.
Je rejoins vite un 4 chemins, celui à ma gauche part vers l'Osse en longeant un petit ru. Le semé à sa gauche n'est pas encore levé, à sa droite une bande de blé borde une haie épaisse finissant par un petit bosquet. À ma gauche, le chemin sépare le champ de blé d'une très grande parcelle d'avoine et remonte vers le sommet de la colline. Je continue sur le chemin principal pris entre l'avoine et une haie épaisse qui me sépare de la bande de blé. Je scrute le secteur et tout particulièrement une prairie de luzerne au-dessus de l'avoine. Pas de chevreuil en vue. Un peu plus loin, la haie à ma gauche s'ouvre sur un chemin qui longe la haie bordant la bande de blé et une petite prairie d'herbes hautes. Il est trop top pour prospecter ce secteur. Je continue le long de la haie jusqu'à une grande parcelle de luzerne bordée par le chemin et par une haie de chaque côté. Le fond de la parcelle est barré par une ancienne friche colonisée par un taillis impénétrable de petits frênes entremêlés de ronces. Entre ce taillis et le chemin un gros morceau de haie parallèle au chemin me cache une partie de la luzerne. Je quitte le chemin et longe la haie à ma gauche pour rejoindre un passage entre cette dernière et le bout de haie parallèle au chemin. La haie bifurque à droite vers le passage, je la suis et alors que j'arrive à ce dernier, je stoppe au coin de la haie pour observer. Un joli brocard est au gagnage dans la luzerne et semble s'avancer doucement vers le bout de haie à ma droite. Je l'observe un instant puis traverse le passage voûté pour me poster à genoux sous les branches basses d'un gros chêne, au départ de la haie. Le brocard est à environ 70 mètres. Impossible d'avancer plus sans être vu, le vent souffle maintenant sur ma droite en parallèle du chemin. Je décide d'attendre un moment et d'observer.
Le brocard broute tranquillement un instant puis brusquement part au petit trot vers la haie qui s'avance à angle droit, dans la luzerne sur environ 15 mètres. Dans sa progression, il se rapproche d'environ 20 mètres avant de disparaître contre la haie. Je me redresse, traverse à nouveau le passage et longe la haie en profitant de l'avancée de cette dernière dans la luzerne qui me cache du chevreuil. Arrivé au coin de la haie, j'avance tout doucement en suivant l'avancée, espérant surprendre le brocard derrière, en train de brouter les feuillages, mais un bruit me fait stopper net. Un animal vient de bouger dans la haie en produisant un craquement. Je tente de l'apercevoir au travers des feuillages mais rien. Je fais doucement demi-tour et cherche un passage pour traverser la haie pour rejoindre la prairie d'herbes hautes tout en cherchant le brocard au travers de la haie mais le vent a tourné et il m'a certainement senti. Je trouve une belle coulée et l'emprunte pour traverser la haie en essayant de ne pas faire de bruit puis cherche le brocard mais il a disparu. Je traverse les herbes hautes, rattrape un chemin de terre et reviens vers la piste de pierre blanche.
Je repasse devant la luzerne, rien. Le vent souffle face à moi. J'ai repéré un très beau brocard, vendredi matin, au-dessus du bois des Arrauques un peu plus loin. Je vais le contourner avec le vent de face en espérant qu'il ne tourne pas. Ce bois est entouré d'une très grande parcelle de blé mélangée de féveroles. Juste avant le bois, un chemin remonte entre une haie épaisse sur ma gauche et la grande parcelle d'avoine pour déboucher sur une grande parcelle de luzerne. Je décide d'aller jeter un coup d’œil à l'entrée de la luzerne avant d'aller faire le tour du bois. Rien, je retourne vers le chemin blanc et longe un bout de haie qui borde le blé parsemé de féveroles sur ma droite. Au bout de la haie, je prends à droite pour longer le blé, qui forme une bande étroite prise entre le chemin et le bois, par l'autre côté de la haie, quand une chevrette surgit de son gite dans les cardères qui poussent au bord de la haie. Elle suit le bord des céréales qui remonte le long de la haie pour tourner autour du bois. Je la laisse s'éloigner puis prends le même chemin. Je remonte entre le bois et la haie puis prends à gauche pour remonter vers une bande boisée qui avance dans la culture. Le vent est tournant ce n'est pas bon. Je longe tout doucement le bois très fourré à ma gauche quand un animal démarre dans le sale sans que je puisse le voir. J'attends un peu à l'écoute mais plus rien. Je monte encore un peu et entends à nouveau démarrer un animal. Cette fois, j'en suis sûr, c'est un chevreuil au bruit caractéristique de sa fuite dans le sous-bois mais impossible de le voir. Il remonte jusqu'au départ de la bande boisée qui part du bois et rentre dans le blé puis le calme reviens. Je m'avance tout doucement mais il a disparu. Je prends à droite pour contourner la bande boisée et rejoins ainsi un passage de roue du pivot qui arrosait la culture ce printemps. Je suis ce passage à environ 30 à 40 mètres de la lisière du bois tout en scrutant le secteur mais rien.
Je descends vers un chemin de terre qui remonte vers des habitations sur ma droite en bordant la culture, je le suis et remonte vers le sommet de la colline. De l'autre côté s'étend un grand semé de soja à peine levé. Le pied du pivot, planté presque au sommet dans le soja, fuit et laisse échapper un filet d'eau qui provoque une mouillère autour de lui puis un écoulement qui rejoint le chemin et le suit. Les sangliers sont venus profiter de cette humidité. De nombreux pieds ont marqué le sol et ils se sont souillés par endroit. Arrivé en haut de la culture, je prends à droite pour la suivre et rejoins le départ d'une grosse haie qui longe un grand champ de luzerne, en repousse après la fauche printanière, jusqu'à un grand champ de blé. Alors que j'observe le secteur. Une tache sombre me semble bouger, dans le passage de tracteur, au coin du blé près de la haie à environ 250 mètres. Je la fixe et elle disparaît dans le blé, c'est certainement un chevreuil. Je tente l'approche, le vent est dans mon dos mais biaise légèrement vers la haie. J'espère qu'il va se maintenir ainsi. Je longe rapidement la haie pour gagner du terrain. A mi-distance, je ralentis et commence à avancer en mode approche. Les pieds de luzerne coupés ont séché et sont très craquants. Je calcule mes pas. La luzerne descend doucement vers le blé quand j'aperçois le dos d'un chevreuil qui broute de face dans la luzerne près du blé. Je recontrôle le vent, il n'a pas bougé. Le chevreuil est à 80 mètres, son dos musculeux me fait penser qu'il s'agit d'un brocard. Je serre au maximum la haie et l'observe un instant. Il relève la tête et j'aperçois des bois. Il rebaisse la tête. Je reprends mon approche très lente contre la haie. Le brocard se tourne plein travers et semble s'éloigner de la haie en broutant. À environ 60 mètres, je stoppe et me recule un peu dans la baie pour l'observer. Il broute toujours tranquillement. Il relève par moment-là tête puis reprend son repas, la fin de l'approche va être très compliquée. Je décide de gagner encore 10 mètres très lentement puis me recale en marche arrière dans la haie. Je produis un petit craquement qui intrigue le brocard qui regarde vers moi sans me voir et reprend son repas.
J'attends que le brocard fasse une erreur pour sortir de ma cachette. Alors qu'il semblait vouloir longer le blé, Il se ravise et revient contre la haie pour brouter quelques feuilles. Il se rapproche ensuite doucement en broutant la luzerne puis, à environ 30 mètres, il mange encore quelques feuilles, plein travers. Il est encore trop loin, je décide de ne pas bouger mais il stoppe son repas et arrive d'un pas décidé en longeant la haie. Il se rapproche vite, je n'ai pas le choix, je dois armer maintenant. Il n'est plus qu'à 20 mètres et continue à avancer. J'arme tout doucement mon arc, flèche vers le sol. Le brocard qui n'a rien vu bifurque vers la haie et se met à brouter les feuillages, tête dans la haie à environ 12 mètres. Je m'avance d'un pas dans la luzerne en alignant rapidement ma visée et décoche. Ma flèche me semble un peu en arrière de mon point de visée. Il fait volte-face et démarre en trombe pour biaiser vers le blé en essayant d'aboyer mais ses poumons se remplissent déjà et il ne peut emmètre que des sons étouffés. Il stoppe vite. Il n'a pas fait 40 mètres. Il vacille sur ses pattes raides et reste un instant ainsi, en cherchant son souffle gueule ouverte, puis titube et s'avance péniblement de quelques mètres pour se coucher dans les herbes hautes qui bordent le blé. Je reste immobile et l'observe.
Le brocard baisse et relève la tête plusieurs fois. Je reste immobile pour ne pas l'affoler. Il finit par tenter de se relever plusieurs fois sans succès avant de basculer au bord des herbes dans la luzerne. Il pédale encore un peu dans le vide puis s'immobilise.
Je quitte mon poste pour rejoindre mon brocard. Ma flèche est en fait rentrée où je visais mais est sortie plus en arrière au niveau du foie. Je lui rends les honneurs et appose mon bracelet avant de faire quelques photos souvenir.
Je vide ensuite mon chevreuil et lui attache les 4 pattes ensemble, passe sa tête entre ses pattes avant pour le porter jusqu'à ma voiture qui n'est pas tout près. Je rattrape le premier passage de tracteur dans le blé et le suis pour descendre jusqu'à une autre parcelle de luzerne que je longe un instant pour rejoindre une parcelle d'avoine bordée par une haie. Alors que j'avance dans la luzerne, des aboiements se font entendre. Je stoppe et observe autour de moi mais pas de chevreuil en vue. Je continue vers la haie et les aboiements reprennent. J'aperçois alors dans un creux du champ, sur ma droite, près de la haie. Une chevrette nerveuse qui aboie en regardant derrière elle mais à 90 degrés de ma position. Elle s'avance ensuite et disparaît dans la haie où elle reprend ses aboiements. Je longe la haie et tente de l'apercevoir au travers d'une trouée mais rien. Je longe le bas de l'avoine et prends à gauche au coin de la culture pour suivre la luzerne qui remonte vers la crête. L'avoine laisse place à une vigne dont je contrôle les intervalles entre les rangs. Un gros lièvre traverse les rangs à environ 80 mètres. Pas de chevreuil, je change régulièrement de main pour porter le chevreuil à bout de bras. Arrivé en crête, je prends à droite sur le chemin de terre qui redescend aux 4 chemins et retourne à ma voiture.
Le chevreuil dans le coffre, je retourne en chasse, il n'est que 20h15. J'ai repéré un brocard, pour l'ouverture, qui broutait dans une luzerne à environ 200 mètres de la voiture à cette heure-ci. Je vais tenter de le surprendre. Je jette un coup d'œil dans la friche qui remonte derrière la haie qui longe le camp de blé au coin duquel je suis garé puis la suis tranquillement côté blé. Un peu plus haut, je rejoins une belle coulée qui traverse la haie pour rejoindre la luzerne séparée de la friche par une bande boisée perpendiculaire à la haie. Alors que je commence à m'avancer tout doucement dans la coulée, j'aperçois le brocard, au travers des branchages, dans la luzerne à environ 70 mètres. Il regarde déjà vers moi. Il m'a entendu, je me fige mais il démarre et remonte vers la friche boisée un peu plus haut en aboyant. J'aboie pour tenter de le stopper mais il poursuit son chemin et disparaît dans le couvert.
Je retourne sur le chemin blanc et le longe pour rattraper le chemin de terre qui part sur la gauche dans le petite prairie prise entre 2 haies. J'avance doucement en surveillant les herbes hautes, passe un passage entre le petit bosquet à ma gauche et la haie qui sépare la petite prairie de celle où j'ai perdu de vue le premier brocard. Toujours rien, la prairie passée, j'arrive au coin d’une haie qui délimite un semé de soja à gauche d'un autre à droite. Je longe doucement la haie, un jeune lièvre en sort et la longe pour disparaître en repassant derrière quand j'aperçois 2 ragondins en train de jouer au bord d'un grand fossé qui rejoint l'Osse à environ 80 mètres sur ma gauche. Je change ma flèche pour une plus adaptée et tente une approche, les 2 ragondins se chamaillent toujours alors que j'en aperçois 3 autres plus à gauche. Deux sont presque cachés dans les herbes hautes.
Le vent n'est pas très bon, je suis vite repéré et les ragondins partent les uns après les autres pour se jeter dans les herbes hautes et rejoindre le fossé.
Je pars jeter un coup d'œil sur une petite friche prise entre l'Osse et le taillis de petits frênes. Je longe doucement la haie sur la gauche de la friche. Près de l'Osse, je traverse la haie puis le semé de soja, passe le grand fossé au bord duquel se trouvaient les ragondins puis m'avance doucement dans une parcelle de blé en suivant le premier passage de tracteur parallèle à la rivière. Je scrute la surface des céréales. Je passe un second fossé pour rentrer dans le blé suivant quand j'aperçois à l'autre bout de la parcelle, à environ 50 mètres de l'Osse, près de la haie qui ferme le fond de la culture, une tête de brocard qui dépasse des céréales. Je me baisse au maximum et attaque mon approche en suivant le passage de tracteur. Le brocard relève la tête alors qu'il est encore à environ 100 mètres. Je me fige, il reprend son repas et disparaît dans les céréales. Je reprends mon approche. Le sol est silencieux et mes chaussons de plongée ne font pas de bruit, j'en profite pour gagner rapidement du terrain en stoppant à chaque fois que le chevreuil lève la tête. Arrivé près de la haie, je prends à gauche dans le passage de tracteur à environ 15 mètres de la haie, m'avance tout doucement baissé dans les céréales et stoppe dès que les bois commencent à ressortir du blé. Le brocard mange en revenant doucement vers le passage de tracteur. Arrivé à 6 mètres de l'endroit où je pense le voir sortir dans le passage, je m'agenouille dans le passage, accroche mon décocheur et l'attends. Il avance encore un peu, il n'est pas à plus de 7 mètres, c'est un beau 6 pointes mais la légère brise tourne, il redresse la tête et hume l'air avant de démarrer en trombe. Je me redresse et arme mon arc mais il s'éloigne vite, je désarme. Dans sa course, il dérange un animal qui sursaute avant de se tapir dans le blé. Je décide de tenter l'approche et remonte le passage de tracteur pour rejoindre le passage de ceinture alors que le brocard s'éloigne toujours à grands bonds. Rapidement, la tête d'une chevrette émerge du blé où j'avais vu bouger. Je continue mon chemin et prends à gauche dans le passage de tracteur. La chevrette démarre et s'éloigne rapidement.
Je continue et passe dans la seconde parcelle de céréales en suivant le passage de tracteur quand une tête de brocard surgit du blé à environ 40 mètres. Il m'a entendu, je me fige, attends un moment qu'il se calme et disparaisse dans le blé pour commencer mon approche. J'avance tout doucement, voûté pour rejoindre le départ du passage de tracteur qui redescend vers l'Osse. Le petit brocard est de face et regarde vers moi sans bouger à environ 30 mètres. Je gagne tout doucement quelques mètres mais il finit par démarrer en rejoignant, à grands bonds, le bord du fossé sur ma gauche puis le longe pour disparaître près de l'Osse. Il est temps de rentrer pour m'occuper de mon chevreuil.
Alex