Ce soir, je décide d'aller faire un affût à Traversères en espérant flécher un sanglier. Cela fait un bon moment que je n'ai pas eu d'occasion de tir. Arrivé à la ferme vers 16 heures, je pars à pied vers mon poste et tombe vite sur les traces d'une bande de sangliers qui a dû passer ce matin ou cette nuit, les feuilles mortes ont été retournées sur le chemin et je suis un moment les signes du passage des suidés avant de les perdre. Je poursuis jusqu'à mon poste à mi-pente dans une zone de bois clair qui sépare 2 zones très sales. Je me place au pied d'un gros arbre penché et couvert de mousse.
L'attente commence, un petit vent souffle sur ma droite d'où viennent généralement les sangliers. J'observe les alentours et tends l'oreille en espérant entendre ou voir quelque chose. Vers 17 heures, les geais donnent de la voix sur ma gauche. Quelque chose les a dérangé, c'est peut-être Lionel qui devait venir chasser ce soir, son poste est sur le penchant boisé opposé. Les cris des geais persistent un moment quand il me semble entendre une sorte de petit couinement plus bas sur ma gauche. Je tends l'oreille mais plus rien à part les geais qui crient maintenant sur les 2 penchant boisés.
Le calme revient juste ponctué par les cris et le passage de quelques perles puis d'un pic épeiche. Au bout d'un moment les couinements se font entendre mais plus proches. Ils semblent venir de la haie qui borde un petit ruisseau à sec en bordure de la prairie qui borde mon penchant de bois. Peu de temps après, 2 chevreuils détalent en donnant de la voix sans que je puisse les voir. Quelque chose vient de les déranger sur le penchant de bois opposé, très certainement les sangliers.
Vers 17h15, une palombe vient se poser bruyamment à 35 mètres dans mon dos sur une branche basse. Elle reste un moment immobile alors que je l'observe par moment puis elle commence à s'agiter et volette de branche en branche pour rejoindre un chêne couvert de lierre où je la perds de vue. Brusquement, un bruit dans la végétation qui me semble venir de la droite me fait me retourner et accrocher mon décocheur. Je scrute le secteur mais rien ne vient quand un léger bruissement me fait tourner la tête à gauche. Un superbe renard arrive tranquillement à environ 10 mètres en contrebas. Je pivote doucement, il stoppe derrière des branchages et marque son territoire d'un jet d'urine sur un arbuste. J'arme mon arc, il repart tranquillement, je le suis dans mon viseur au travers de la végétation. Il oblique un peu pour remonter tranquillement. Un petit cri de souris étouffé en aspirant de l'air entre mes lèvres pincées et il stoppe net, presque plein travers pour regarder vers moi. Ma visée est calée, dans une trouée de la végétation, je décoche. Un impact très sonore retentit et le renard fait volte-face pour revenir d'où il venait. Je le perds de vue après un peu plus de 40 mètres de course alors qu'il rentre dans le sale. Je suis encore, un court instant, sa fuite très bruyante à l'oreille puis le calme revient après un gros fracas dans la végétation.
Je reste Immobile un moment en espérant voir arriver un sanglier avant la nuit mais la luminosité baisse vite dans le bois et je décide de quitter mon poste pour aller chercher ma flèche que je retrouve vite, plantée au sol et presque recouverte de feuilles mortes.
Je la récupère pour l'inspecter, les feuilles mortes très humides l'ont lavée mais quelques poils et un peu de sang me confirment que j'ai bien touché le renard. Je remets ma flèche au carquois et commence ma recherche mais impossible de trouver du sang. Je zigzague sur la direction de fuite pour tenter de recouper la piste à la lueur de ma frontale mais rien, pas le moindre indice. Je finis par aller droit vers l'endroit où je l'ai perdu de vue mais rien non plus. J'inspecte les coulées en éventail qui partent de ce point et finis par trouver un peu de sang à environ 10 mètres sur une feuille morte de chêne posée au sol au milieu du passage. Je poursuis ma recherche à quatre pattes car le sang est très difficile à voir sur le sol détrempé. Le sang me fait prendre à droite vers un amas d'épines noires mortes tombées au sol. Le renard semble s'être faufilé au travers de ces branches mortes et je peine un peu à démêler cette piste tortueuse au travers des épines. Je trouve une touffe de poils collée par le sang sous les épines. Heureusement, le sang devient de plus en plus abondant. Les gouttes au sol alternent avec les frottés sur les ronces et la végétation. Je retrouve mon renard après environ 70 mètres de recherche, il est mort sous un genévrier.
Je le dégage de là, ma flèche au défaut de l'épaule ressort plus en arrière au niveau des viscères qui bloquaient en partie l'hémorragie. C'est un superbe mâle, je fais quelques photos souvenirs avant de retourner à ma voiture.
Alex