Mardi, notre fédération nous informait de la réouverture dérogatoire de la chasse du grand gibier en battue et à l'affût. Mercredi matin, je reçois un texto du piqueur de Justian qui m'annonce une battue au sanglier sur Lagardère, je décide d'y aller. Je Pars de chez moi vers 13h15 pour le rendez-vous de 14 heures à la salle des chasseurs. Cela fait vraiment bizarre de se retrouver tous masqués et en se saluant de loin. Les sangliers remisés le matin dans un petit bois ne seront finalement pas restés et après avoir délogé un renard et un ragondin nous terminons la battue vers 15h30. De retour cher moi vers 16h30, je décide d'aller faire un petit tour à l'affût sur Traversères. Je me gare à la ferme et pars à pied vers mon poste favori.
Posté un peu avant 17 heures, après avoir fait quelques photos pour un futur article pour Charc, l'attente commence. Très rapidement, des pas se font entendre sur la gauche, dans mon dos, dans le sale. Je me retourne doucement et me prépare à armer. Après une ou deux minutes, le bruit cesse. Je me retourne face au vent mais après quelques minutes le bruit reprend. Je me retourne doucement, les pas se rapprochent quand j'entraperçois un joli sanglier qui avance tranquillement en fouillant le sol. Il est à environ 15 mètres. Il s'avance dans la broussaille et stoppe à 8 mètres derrière l'arbre contre lequel je suis posté. J'arme mon arc et l'attends sur la droite du tronc.
Après quelques secondes, il avance un peu et j'aperçois son groin qui fouille le sol. Je suis prêt, il relève la tête, hume l'air dans ma direction puis bifurque et descend droit sur moi. Il stoppe de face à 5 mètres et hésite à prendre à gauche ou à droite. C'est un mâle d'environ 70 kilos. J'attends qu'il me présente une meilleure position pour décocher et espère qu'il ne va pas arriver à mauvais vent par la gauche du tronc, ce qui m'obligerait en plus à me reculer pour pouvoir passer mon arc armé de l'autre côté de l'arbre sans toucher les branches. Il se décidé finalement et prend sur sa gauche pour avancer de quelques pas et stopper à découvert à environ 5 mètres. Je cale ma visée derrière son épaule et décoche. Ma flèche semble bonne, l'impact retentit et le sanglier fait volte-face en poussant un grondement soufflé. Il fonce sur la coulée par laquelle il est venu. Je le perds vite de vue mais l'entends un moment dans les épines puis le calme revient. Ma flèche l'a traversé et est resté dans la bruyère à l'endroit du tir.
Je remonte pour examiner ma flèche et voir si je trouve du sang. Ma flèche est couverte de sang et porte quelques débris végétaux sur les vannes.
Je la récupère et allume ma frontale pour chercher le sang car il fera vite nuit dans le sous-bois. À l'impact le sanglier a perdu de toutes petites gouttes de sang et a légèrement frotté la bruyère à peine rougie.
Mais ensuite, impossible de trouver la moindre goutte de sang. Je suis donc la coulée de fuite et retrouve une grosse goutte à environ 15 mètres de l'endroit du tir. De là, la piste devient plus facile à suivre. Le sanglier a perdu de grosses gouttes dans sa fuite. Je les suis tranquillement, il semble suivre la courbe de niveau puis prend à droite à angle droit pour remonter un peu et rentrer dans les épines où je le suis à 4 pattes. Après une reposée debout où je trouve plusieurs grosses gouttes, le sang semble stopper net et je reste un moment à contrôler toutes les coulées autour de moi jusqu'à trouver un petit frotté qui me remet sur la piste. Le sanglier descend droit vers le ruisseau asséché en contrebas dans un bois beaucoup plus clair. Je suis maintenant la piste debout, assez difficilement car le sang est assez rare. Heureusement que le sanglier a retourné les feuilles mortes dans sa fuite ce qui le permet de suivre ses traces plus que le sang, mais arrivé à une grosse coulée perpendiculaire, les traces stoppent net après une dernière goutte de sang que le sanglier a perdu en sautant par-dessus un bout de bois mort tombé au sol. Je tourne un peu sans trouver la suite de la piste dans la nuit noire. J'appelle donc mon ami Adrien pour une recherche le lendemain mais il n'est pas disponible et me donne le numéro de Christine Lasbats que je contacte immédiatement. Elle peut venir vers 9h45.
Nous nous retrouvons donc le lendemain à la salle des fêtes de Sansan et partons nous garer près des ruches après la ferme puis partons à pied vers mon poste. Arrivés sur place, Léo semble très intéressé sur la zone du tir et à ma grande surprise sa maîtresse décide de le lâcher. Léo part au pas de course sur la coulée du sanglier, je le suis rapidement dans les épines alors que sa maîtresse fait le tour par le propre. Je reviens vite au dernier sang à environ 100 mètres du tir mais le teckel est déjà loin et tourne dans le bois. J'entends sa clochette, j'attends sans bouger près du dernier sang et Christine arrive par le haut du bois. Je lui signale que j'ai le sang et elle me rejoint en appelant Léo qui ne semble pas vouloir venir. En l'attendant nous contrôlons les diverses coulées sans succès et Léo ne revenant toujours pas, sa maîtresse par le chercher. Je reprends minutieusement les contrôles sur les coulées qui descendent mais rien. Léo donne de la voix un court instant puis se tait alors que sa maîtresse l'appelle toujours. Je reviens au dernier sang et me pose à genoux pour être plus près de la vision d'un sanglier quand j'aperçois un léger frotté sur une petite feuille sur ma droite. En le rapprochant, j'en vois un autre, puis un autre. Le sanglier a pris à droite. De petit frotté en ronce retournée, je reprends la piste qui s'interrompt parfois sur quelques mètres. Brusquement, le sang devient plus abondant, une forte odeur de sanglier emplit l'air et se dessine une traînée sur le sol comme si on avait traîné un animal. En regardant un peu plus loin, j'aperçois alors mon sanglier mort un peu plus bas dans le lit du ruisseau asséché alors que Christine et Léo arrivent par le labouré qui borde le bois. Je signale ma trouvaille puis rejoins mon sanglier. Il a fait environ 150 mètres. Son museau est très court comme celui d'un cochon chinois. Ma flèche rentre à peu près où je visais et ressort curieusement devant le cuissot opposé. Je l'attache par le groin et le sors sur le labouré où Léo lui saute dessus.
Il me faut le trainer jusqu'à la piste sur plusieurs centaines de mètres avant de venir le chercher en voiture. Après quelques photos souvenir
je le charge et le remonte à la ferme où je le pends pour le vider et le découper pour le propriétaire. Christine récupère 2 pattes pour Léo avant de rentrer. Un grand merci à elle d'être venu même si finalement j'ai retrouvé mon sanglier tout seul.
Alex