Je ne suis pas revenu chasser sur Traversères depuis mon dernier sanglier. Ce soir, en sortant du boulot, je passe me changer et prendre mes affaires chez moi puis je pars pour la chasse. Je me gare près du lac et finis à pied vers mon poste, le même que lors de la dernière sortie. Je rentre, comme d'habitude, dans le bois par une grosse coulée. Un sanglier est passé par là depuis la dernière pluie, des traces de boue séchée sont présentes sur la végétation tout le long de la coulée sur plus de 80 mètres. Je rejoins rapidement mon poste sans tenir compte du bruit de mes pas. Je suis en place vers 18h45. Le vent est tournant, il souffle souvent dans mon dos, ce qui ne m'arrange pas car les sangliers arrivent généralement par le haut du bois. Je sais que souvent le vent se stabilise plus tard dans la soirée. Le temps passe et le vent semble souffler plus vers le haut, je décide de quitter mon poste pour me placer plus près du bord du bois mais le vent tourne encore. Je décide de revenir à mon poste de départ et d'y rester. Vers 20 heures, les geais se mettent à crier dans le penchant boisé, de l'autre côté du chaume de blé qui suit le bas de la combe à environ 200 mètres, peut-être des animaux qui bougent. Je me bats avec les moustiques qui m'assaillent quand des bruits de pas se font entendre dans le fourré à ma gauche. L'animal semble se déplacer très lentement et faire de longues pauses entre chaque mouvement. Certainement un chevreuil au gagnage. Le bruit semble remonter vers la prairie qui domine mon poste et finit par cesser. Le vent se stabilise peu à peu pour souffler maintenant face à moi, j'ai bien fait de reprendre mon poste. Le temps passe, vers 20h45, des bruits de pas se font à nouveau entendre, ils semblent plus proches. En cherchant avec insistance au travers de la végétation, je finis par apercevoir un animal bouger mais sans arriver à l'identifier. Je le perds finalement de vue et les bruits de pas s'arrêtent brusquement. Le temps passe, la luminosité tombe doucement, alors qu'il ne reste plus que 15 à 20 minutes avant la nuit, un bruit de pas lourd se fait entendre. Un animal arrive par le penchant de gauche, dans le sale. Les craquements se rapprochent puis je finis par apercevoir une grosse masse sombre à environ 20 mètres dans le sale sur ma gauche. Je me prépare à armer mon arc, le sanglier s'avance dans une zone plus claire et stoppe à un peu plus de 15 mètres, plein travers. J'arme mon arc et tente d'aligner ma visée mais le sanglier est partiellement masqué par la végétation. J'attends une meilleure occasion. Il avance un peu mais stoppe à nouveau dans la végétation. J'entends d'autres animaux qui marchent dans les alentours mais impossible de les voir. Le sanglier repart tranquillement et s'éloigne doucement dans le sale où je le perds de vue un instant. Je désarme et m'avance d'environ 10 mètres pour me recaler en espérant que le sanglier bifurque pour sortir devant moi sur le propre, à distance de tir. Les bruits de pas sont toujours bien présents. Il ressort dans une trouée à environ 25 mètres devant moi et semble prendre la coulée par laquelle s’étaient éloignés les sangliers. Je le perds à nouveau de vue et entends toujours les autres sangliers sans les voir. Les craquements semblent venir sur ma droite, la luminosité baisse vite, je ne pourrai bientôt plus tirer. Le sanglier fait demi-tour et ressort plus à découvert à environ 20 mètres mais dans des petits arbustes. Il stoppe un instant puis repart en biaisant vers un gros chêne à environ 15 mètres. Il stoppe de face un moment. J'arme doucement mon arc puis désarme. Il se remet en mouvement et biaise sur la droite du chêne pour stopper de 3/4 face, à environ 15 mètres. J'arme doucement, aligne ma visée alors que la luminosité est assez mauvaise. Mon pin's calé sur son épaule, je décoche, l'impact retentit et le sanglier se retourne pour foncer dans le sale vers le penchant de gauche. Il stoppe assez vite puis se débat dans la végétation. Je décide d'aller droit vers le bruit avant la nuit noire mais le bruit stoppe très vite et impossible de repérer le sanglier. Je stoppe dans une zone découverte sur le penchant où la luminosité est meilleure et tends l'oreille pour tenter d'entendre un dernier soubresaut quand j'entends des bruits de pas. Des animaux montent droit sur moi. Je réencoche vite une flèche mais les animaux restent dans le sale à quelques mètres devant moi. Impossible de les voir. Le calme revient un instant, je tente d'imiter le souffle d'alerte d'une laie. Un des animaux remonte sur ma droite et me contourne dans le sale où il tourne un moment. L'autre tourne en dessous de moi et grogne. Ce sont des petits sangliers. Ils tournent et retournent, je tente encore d'imiter le souffle de la laie mais les animaux se débinent et s'éloignent. Je remets ma flèche au carquois et allume la lampe de mon portable pour tenter de trouver du sang. Je tente de couper les diverses coulées qui remontent vers la crête mais impossible de trouver du sang. Je descends donc vers l'endroit du tir et tourne un instant autour avant de trouver une minuscule goutte de sang sur une feuille morte sur une belle coulée. Je suis un peu la coulée et trouve une autre petite goutte un peu plus loin puis une autre un peu plus loin.
La piste est très peu abondante, je la suis à 4 pattes, goutte par goutte jusqu'à tomber, au bout d'environ 30 mètres, sur quelques grosses gouttes tombées sur la végétation.
La piste est encore peu abondante mais plus facile à suivre sur environ 20 mètres. Le sang devient alors plus abondant et biaise doucement à droite sur une coulée très marquée qui longe la droite d'un taillis très épais. Je retrouve, après environ 60 mètres de piste, mon sanglier mort sur la gauche de la coulée dans la végétation. Une grosse tache de sang coagulé dans le poil est bien visible autour de l'entrée de la flèche.
C'est une laie d'environ 50 kilos, je la pensais bien plus grosse au moment du tir. Ses tétines sont encore un peu gonflées. C'est certainement la mère des jeunes sangliers venus près de moi. Elle n'a presque plus de lait, je pense que les jeunes sont assez gros pour s'en sortir seuls. Je comprends maintenant pourquoi je les entendais sans les voir, car ils étaient masqués par la végétation. Je la dégage de la végétation pour faire quelques photos souvenirs.
Ma flèche est ressorti basse, 20 centimètres avant la cuisse. Au dépeçage, je constaterai que ma flèche a entaillé le cœur, touché les poumons et traverser le foie sans toucher l'estomac et les intestins. Ma flèche est introuvable, je reviendrai la chercher le lendemain en sortant du boulot et la trouverai alors très facilement plantée au sol près de la zone du tir.
Alex