Ce matin, j'ai donné rendez-vous à Auterrive à Christophe et Lionel pour aller chasser à Saint Paul de Baïse qui fait sa première battue chevreuil de la saison. Nous arrivons sur place vers 8 heures pour prendre le petit déjeuner avec les autres postés puis après les consignes de battue et la distribution des postes nous partons nous poster. Le premier secteur est composé d'une immense combe dominée en crête par des bandes boisée et des bosquets. Nous allons nous poster en ligne sur la gauche près d'une palombière. En montant le chemin de terre pour aller nous garer, une chevrette et son jeune nous traverse devant la voiture en sortant de la chasse. Nous regagnons nos postes. Lionel prend le premier poste sur un beau carrefour de coulée où je me poste habituellement sur ce secteur, je prends le suivant et Christophe poursuit pour aller se poster près de la palombière. Au bout d'un moment, les chiens et les traqueurs commencent à se faire entendre mais la battue peine à démarrer, les chien ne donneront presque pas, quelques coups de feu se font tout de même entendre et à la fin de cette première traque 3 chevreuils auront été prélevés. Côté archers, je n'ai rien vu, Lionel a vu passer un chevreuil au loin et Christophe a eu la visite d'un gros lièvre.
Nous retournons à l'ancienne gare, au bord de la départementale pour les consignes de la seconde traque. Cette fois nous partons pour un grand bois. Les archers seront postés le long d'un coupe-feu qui sépare une pente de feuillus d'un bosquet de résineux. Nous partons les premiers pour aller nous poster. Je me gare sur le parking de la palombière. Christophe part se poster au poste qu'il a l'habitude de prendre quand il vient chasser sur ce secteur et part directement à travers bois. Je pas avec Lionel par le chemin forestier qui longe les installations de la palombière jusqu'à trouver un petit sentier qui descend vers le coupe-feu. Nous débouchons sur la gauche de ce dernier qui débouche sur une grande prairie dans laquelle vont se poster les autres chasseurs. Une file de voiture arrive au loin sur la route sinueuse. Lionel qui est venu chasser l'an dernier sur ce secteur m'explique qu'il sait où se poster au départ du coupe-feu. Je le laisse donc se poster et pars chercher un bon poste. Je suis le chemin jusqu'au trouver une grosse coulée qui baise dans la végétation vers l'angle rentrant du bois en alignement du bosquet de résineux où j'ai fait un sanglier l'an dernier.
En arrivant dans l'angle du bois au travers d'une zone de bois clairsemée, j'aperçois la veste fluo de Christophe qui est descendu se poster plus bas que l'an dernier et plus près de l'angle du bois. Je décide de me décaler plus vers Lionel pour ne pas le gêner. Je trouve alors une très grosse coulée qui descend vers le bois de conifères. Je remonte de quelques mètres sur la pente boisée et me poste au pied d'un gros arbre, à quelques mètres sur la droite de la coulée. Le vent souffle maintenant de façon soutenue et efface les bruit de la forêt, il ne sera pas facile d'entendre arriver les animaux. Dans mon dos un replat boisé, clairsemé, d'environ 10 mètres de large, sépare la pente boisée du coupe-feu. Sur ma droite le bois est assez épais les petites fenêtres de tir sont rare. Sur ma gauche, la zone est plus dégagée. L'attente commence mais, très rapidement, un mouvement attire mon attention à environ 15 mètres au-dessus de moi, une petite silhouette basse progresse par bons dans la végétation et il me semble reconnaître un teckel. L'animal arrive de la gauche puis rejoint la grosse coulée et bifurque à 90° pour la prendre en descendant pour se rapprocher de moi. La végétation me le cache un instant et je le devine juste jusqu'à ce qui sorte à environ 6 mètres. Resté sur mon idée qu'il s'agissait d'un teckel, je n'ai pas armé mon arc et c'est en fait un beau renard qui arrive sur moi. Il stoppe à environ 4 mètres sur la coulée et regarde vers moi alors que je tente d'armer mon arc et fait demi-tour en se débinant, rasant le sol pour retourner dans la végétation et m'interdire toute opportunité de tir. Il accélère à environ 15 mètres puis bifurque pour repartir d'où il venait et semble se diriger vers Christophe.
Je râle, c'était une occasion en or et ce n'est pas la première fois que je me fais avoir de la sorte car les teckels n'ont pas de clochette et il n'est pas toujours facile d'identifier le mouvement dans la végétation. Quelques minutes plus tard, les traqueurs et les chiens commencent à se faire entendre et je me concentre sur la pente boisée. Rapidement, il me semble entendre quelque chose sur la gauche au milieu de l'agitation de la végétation par le fort vent. Je tourne la tête et aperçois une chevrette qui passe juste au poste que je voulais prendre tout à l'heure dans le coin du bois et prend la coulée dans mon dos au trot, pas le temps de réagir et de toute façon elle va trop vite, je ne peux que la regarder partir vers les résineux. Les coups de feu commencent à claquer. Les chiens donnent au-dessus de moi mais aussi dans mon dos et je ne sais plus où regarder. La menée la plus proche étant dans mon dos, je me retourne, espérant voir revenir la chevrette mais, assez rapidement, il me semble entendre un léger bruit dans mon dos, je tourne la tête et aperçois une chevrette qui se débine tranquillement dans la végétation à environ 15 mètres plus haut en suivant la courbe de niveau dans la pente.
J'arme mon arc et tente de trouver une fenêtre de tir mais trop tard, elle est dans le sale. Elle stoppe à environ 20 mètres de 3/4 arrière. Je tente de trouver une ouverture dans la végétation mais elle repart et disparaît pour de bon. Je désarme. Elle semble partir en direction de Lionel et je croise les doigts pour lui mais très rapidement la voix d'un traqueur et de chien se font entendre dans la direction de fuite de la chevrette. Je me prépare car elle risque de revenir. Effectivement, je la vois revenir tranquillement sur ses pas au travers de la végétation. Elle écoute par moment les chiens et rejoint la grosse coulée à ma gauche où elle bifurque pour descendre. J'arme mon arc et la suis dans mon viseur en attendant une occasion de tir, elle avance tranquillement et j'attends la la voir s'arrêter. Elle va passer derrière un gros arbre à 4 mètres sur ma gauche, je la devance en alignant ma visée à 2 mètres après l'arbre mais elle stoppe 1 mètre avant. Je réaligne ma visée rapidement et décoche. Ma flèche me semble un peu basse et un peu en arrière, j'ai tiré trop vite. La chevrette démarre en trombe, le sang coule de façon très abondante et elle prend la grosse coulée dans mon dos par laquelle a fui l'autre chevrette pour rejoindre les résineux. Je la perds de vue quand elle traverse le coupe-feu alors que les premiers grands chiens courants arrivent. Je tente de les stopper en vain et apercevant le traqueur je lui crie : "Arrête les chien, j'ai tiré le chevreuil il est touché". Rien à faire, la meute se lance en poursuite.
Je décide de quitter mon poste pour tenter de rattraper les chiens. Je cours jusqu'au coupe-feu et longe les résineux jusqu'à trouver l'entrée de la chevrette marquée de grosses gouttes de sang.
Je suis la piste de sang très marquée au travers de la végétation épaisse qui couvre le sous-bois. Le sang très abondant est très facile à suivre et je progresse aussi vite que l'encombrement végétal me le permet. La piste descend un moment puis prend à gauche en parallèle du coupe-feu en direction de la prairie. Arrivé à quelques mètres de cette dernière, je perds un court instant le sang pour m'apercevoir que la chevrette a bifurqué à gauche, au travers d'une zone très épaisse, pour remonter vers le coupe-feu. Je me fraye un passage à 4 pattes dans les épines quand la voix de Lionel retentit : " Il est là le chevreuil". Je m'extirpe de la végétation et me redresse et lui demande s'il est mort. Il me dit que oui, je suis soulagé mais il m'annonce que c'est lui qui l'a fléché. Je lui dis qu'il s'agit de celui que je viens de flécher mais il n'a pas vu de blessure au moment du tir. Je m'avance vers le chevreuil et l'inspecte. C'est bien ma chevrette, ma flèche est plus haute que je ne l’avais vue, entrée en arrière des poumons et sortie foie, elle gît dans une grosse flaque de sang. J'atteinte de Lionel sur le haut des poumons n'a même pas saigné. La chevrette à bout et ayant réussi à semer le chien est venue se caler à quelques mètres de Lionel qui la tiré ne sachant pas que je venais de la flécher mortellement. Elle a tourné sur elle-même et est tombée sur place. Je n'avais pas compris que Lionel devait se poster de ce côté du coupe-feu.
Nous laissons la chevrette sur place et je repars me poster. Les menées s’enchaînent et les piqueurs tombent sur les sangliers, les coups de feu claquent. Un sanglier passe à 10 mètres de Lionel mais trop vite. Rien ne viendra vers moi. En fin de traque, nous demandons un bracelet pour baguer la chevrette avant de remonter vers la voiture. Il semble que 2 sangliers au moins aient été tués à balle mais il est tard, presque 15 heures et nous devions rentrer pour 12h30 au plus tard. Nous partons directement sans passer voir le tableau de chasse, laissant la chevrette à chasseur de la société de chasse au parking après quelques photos souvenir.
Alex