Notre mode de chasse tuant par hémorragie, il nous est très souvent nécessaire de faire une recherche au sang pour retrouver notre gibier une fois ce dernier fléché. Nous avons la chance que l'usage d'un chien de sang soit autorisé et développé dans notre pays, de nombreux bénévoles se dévouent à cette activité et j'en profite ici pour les en remercier vivement mais parfois, pour une raison ou une autre, l'usage d'un chien ne sera pas possible (conducteur non disponible, pays interdisant l'usage du chien de sang...) et l'archer devra alors se débrouiller seul pour tenter de retrouver son gibier.
La réussite de votre pistage commence en adoptant la bonne attitude après le tir. Une fois votre gibier fléché, le mieux est de rester totalement immobile pour le regarder fuir et bien identifier sa trajectoire en essayant de la mémoriser grâces à quelques repères facilement identifiables. De plus, cette attitude permet de ne pas augmenter le stress de l'animal et de minimiser sa distance de fuite. Il est également très utile de bien mémoriser l'endroit du tir pour essayer de retrouver sa flèche, qui peut porter des indices précieux pour la suite de la recherche, et l'endroit où on aura perdu son gibier de vue car les premiers indices n'interviennent pas toujours juste à l'endroit du tir.
Le mieux est d'enregistrer quelques repères visuels facilement reconnaissables : touffe de végétation, arbuste, rocher... L'animal parcourra parfois plusieurs dizaines de mètres avant de perdre les premières gouttes de sang qui seront parfois les seuls indices identifiables pour le suivre. La mémorisation de cette trajectoire vous fera alors gagner beaucoup de temps si ce cas se présente.
Une fois l'animal perdu de vue et après une attente plus ou moins longue en fonction de la confiance accordée dans la létalité plus ou moins rapide de votre atteinte et au conditions climatiques, vous pouvez aller voir tranquillement la zone du tir à la recherche des premiers indices et de votre flèche qui peuvent donner de bonnes informations sur l'atteinte avant d'attaquer une recherche (voir article charc n°47 ).
Le mieux est, avant de quitter le lieu du tir, de bien le repérer voir de le matérialiser car on peut parfois avoir besoin de s'y replacer pour se remémorer le tir, la trajectoire de la flèche ou la fuite de l'animal. Les indices (poils, bout de viande, d'os, d'organe vital, de peau, gouttes de sang ou de contenu stomacal ou intestinal...) sur le lieu où se trouvait l'animal permettent parfois de confirmer l'impression première du visuel et du son de l'impact mais que ce soit, les indices aux sol, ceux sur la flèche ou l'impression première de l'atteinte, il ne faut pas toujours en tirer des conclusions hâtives car les certitudes n'arriveront que si l'on retrouve l'animal. En cas de doute sur une flèche que vous ne pensez pas mortelle à court terme (flèche abdominale), attendre un peu avant d'attaquer la recherche peut permettre à l'animal de se coucher et de mourir tranquillement ou au moins de s'affaiblir.
Les éléments que je vais développer ensuite valent pour une recherche où l'usage d'un chien ne sera pas possible car on dit souvent aux archers de ne pas chercher trop loin pour ne pas risquer de relever l'animal et de ne pas poser les pieds sur la piste au sang tout en balisant les indices pour ne pas disperser l'odeur de la piste et compliquer la recherche du chien.
Dans le meilleur des cas, une recherche au sang peu se résumer à suivre de grosses gouttes de sang peu espacées mais, assez souvent, sans chien, elle sera beaucoup plus complexe.
Cependant, ce n'est pas parce qu'une piste de sang est très fournie dès le départ qu'elle va le rester par la suite, les flèches musculaires provoquent souvent de très fortes hémorragies sur quelques dizaines de mètres puis la piste s'amenuisent pour finir par s'interrompre brusquement et, sans chien, il sera quasi impossible de retrouver son animal.
Hémorragie spectaculaire sur plusieurs centaines de mètres puis s'interrompant brusquement suite à une atteinte des muscles recouvrant le sternum d'un sanglier qui ne serra pas retrouvé malgré l'intervention d'un chien de sang.
Il est très important de repérer les premiers indices pour attaquer la recherche, ils donnent d'une part des informations sur l'attitude à avoir mais aussi la direction de la fuite de l'animal si elle n'est pas connue.
Contrairement à une recherche avec un chien de sang, il est préférable d'attaquer sa recherche assez rapidement sans toute fois se précipiter. La réussite de votre recherche dépendra pour beaucoup de votre capacité à suivre les divers indices et à la maîtrise de quelques techniques élémentaires. Tout d'abord, le sang et le contenu stomacal ou intestinal peuvent sécher assez rapidement et seront alors moins visibles et moins faciles à identifier, une averse peut également lessiver les indices très rapidement. Les animaux que l'on peut retrouver sans chien sont des animaux mortellement touchés ou très handicapés par l'atteinte et peinant à se déplacer. Il est tout de même recommandé de rechercher tout animal même si la blessure ne semble pas sérieuse car on peut tout de même avoir une occasion pour le doubler ou le retrouver mort si on a sous estimé la gravité de l'atteinte. Dans le cas d'un tir sous la pluie ou si cette dernière menace, il est préférable d'attaquer très rapidement la recherche car le temps joue contre vous en effaçant les indices.
Dans le cas d'une atteinte non mortelle identifiée avec certitude le mieux et d'attaquer rapidement la rechercher ou plutôt la chasse pour tenter de reflécher l'animal car attendre ne servira qu'à lui donner de l'avance et le perdre car vous ne pourrez pas compter sur un chien pour le coiffer. Il vous faudra tenter de recouper sa trajectoire de fuite si vous connaissez bien votre territoire ou de suivre le sang avec le moins de bruit possible pour essayer de rapprocher l'animal qui se débine devant vous. Peut de ces recherches aboutiront à un succès mais il ne faut pas se décourager et tout faire pour réussir à retrouver cet animal, qui n'a rien fait pour mériter de souffrir, et tenter de l'achever.
Les atteintes mortelles peuvent immobiliser l'animal plus où moins vite et suivant l'espèce votre gibier réagira différemment à l'atteinte de votre flèche. L'état sanitaire et la corpulence de l'animal jouent aussi beaucoup sur sa résistance à l'hémorragie. J'ai fléchée pas mal d'espèces différentes : chevreuil, cerf, sanglier, chamois, mouflon, capibara, pécari, renard, blaireau, lapin, lièvre, ragondin, canard, faisan, hocco, iguane, caïman... et j'ai effectué beaucoup de mes recherches sans faire appel à un chien.
- Le chevreuil :
Ce petit cervidé est relativement fragile, une bonne flèche sectionnant un ou plusieurs gros vaisseaux sanguins ou touchant les organes vitaux (cœur, poumon) provoquera une mort rapide et l'animal sera généralement retrouvé entre 10 et 150 mètres. Dans le cas d'une flèche abdominale (foie, panse, intestins), sa fuite sera souvent courte car il se couchera vite, (généralement entre 30 et 100 mètres) mais pourra se relever à l'approche de l'archer pour aller se recoucher un peu plus loin. Sa fuite peut être assez tortueuse et ses coulées parfois peu visibles. Sa peau fine retient peu le sang et une flèche de coffre traversante laissera en général une piste bien visible surtout en été où son poil est moins fourni qu'en hiver. Du fait de son poids relativement léger son pied marquera peu le sol à part sur des terrains meubles ou humides
- Le cerf :
Ce grand cervidé a une résistance plus importante et une bonne flèche peut mettre plus de temps que chez son cousin plus petit pour le tuer. Un daguet que j'ai fléché plein cœur à l'approche est tombé après 120 mètres de course, un cerf de 140 kilos tiré dans les mêmes conditions est tombé au bout de 70 mètres. Avec un tir abdominal, il mettra également plus de temps à se coucher. Son passage dans la végétation haute serra généralement bien visible et il lui arrivera régulièrement de casser des branches sur son passage. Il aura tendance à fuir plus en ligne droite que son cousin. Comme chez le chevreuil son poil et sa peau retiennent peu le sang.
- Le sanglier :
Ce suidé est très résistant surtout pour les gros individus, certaines flèches peuvent le coucher rapidement mais parfois, alors que le tir semble très bon, il parviendra à faire plusieurs centaines de mètres voir ne sera jamais retrouvé. Sa peau épaisse et grasse, surtout chez les mâles, son poil parfois couvert de boue plus ou moins sèche retiennent bien et le sang et même une belle atteinte ne donnera pas toujours une piste bien visible. Il fuit souvent en ligne droite et se soucie peu des zones de ronciers ou d'épines qui semblent impénétrables mais qu'il traverse sans peine. Très résistant à la douleur, il se couchera rarement tant qu'il ne se sentira pas en sécurité, loin, voir très loin, de la zone du tir ou au moment de mourir. Il cherchera souvent à colmater sa plaie en se roulant par terre dans des zones boueuses ou à se baigner dans un point d'eau si sa fuite dure suffisamment, cette manie provoquera souvent une diminution importante de la piste de sang par la suite. Mort dans l'eau, il coule comme une pierre.
Sanglier fléché trop en arrière que j'aperçois sur pied, sortant du bois alors que j'attends le chien de sang, une approche et une seconde flèche auront raison de lui
- Chamois et mouflon :
J'ai peu d'information sur ces gibiers que je n'ai eu l'occasion de chasser qu'une fois et l'un comme l'autre sont tombés foudroyés sur place à cause d'une flèche touchant la colonne vertébrale. Il semble que leur réaction au tir abdominal soit un peu la même que chez le chevreuil.
- Le renard :
Ce petit canidé est assez fragile mais son poil retient bien le sang et sa piste n'en ai que souvent plus difficile à suivre d'autant qu'elle est souvent tortueuse. De plus, il cherche souvent à regagner son terrier où il sera souvent difficile à déloger. Sa taille lui permet de se faufiler dans des coulées très petites au milieux de ronciers ou taillis impénétrables ce qui ne facilitera pas sa recherche. Bien touché, il ne parcourra généralement pas plus de 100 mètres .
Sa taille lui permet de se faufiler dans des coulées très petites au milieux de ronciers ou taillis impénétrables ce qui ne facilitera pas sa recherche. Bien touché, il ne parcourra généralement pas plus de 100 mètres .
- Le blaireau :
Ce gros mustélidé est très résistant et, même bien touché, il peut parfois parcourir de grandes distances pour rejoindre son terrier où le déloger sera très difficile. Sa peau n'est pas épaisse mais sa couche de gras peut faire plusieurs centimètres et retient bien le sang. Sa recherche s'orientera souvent dans des zones très salles compliquant sa poursuite.
- Le capibara :
Ce gros rongeur est peu résistant mais sa peau épaisse retient souvent bien le sang, de plus, il fonce au plus vite vers l'eau pour se réfugier dans la végétation aquatique où son pistage sera compliqué, sa recherche sera plus intuitive que basée sur une suite d'indices.
La recherche dans l'eau complique beaucoup la recherche, capibara retrouver grâce à l'observation de sa trajectoire de fuite
- Le lapin et le lièvre :
Ils ont un poil épais qui freine pas mal l’hémorragie et la recherche est souvent compliquée. De plus le lapin part souvent vers son terrier pour s'y réfugier. La petite taille de ces animaux rend aussi leur localisation difficile dans la végétation.
- Le ragondin :
Fléché, il cherchera le plus souvent à rejoindre l'eau où sa recherche au sang deviendra impossible. A terre, il perd souvent peu de sang mais est très fidèle à ses coulées de fuite très marquées ce qui peut aider à le retrouver. Il est très résistant pour un animal de sa taille.
- Les oiseaux :
Ils saignent peu après l'impact et leur plumage accentue encore la rétention de l'hémorragie. Ils sont donc très difficiles à pister au sol où il ne laisse parfois que quelques plumes comme indices et d'autant plus s'il s s’envolent. De plus, ils sont extrêmement résistants et ont une zone vitale très petite.
Hocco retrouvé, grâce à l'observation de sa fuite, sans une seule goutte de sang au sol après une flèche de cœur et un vol d'environ 15 mètres dans la forêt amazonienne
- Les reptiles :
Eux aussi saignent peu et sont incroyablement résistants, leur pistage est donc très difficile.
Iguane retrouvé vivant en haut d'un arbre suite à une belle flèche qui lui avait pourtant cassé une patte avant et l'avait fait tomber au sol.
Chaque cas de recherche est différent mais on peut tout de même en tirer quelques généralités utiles dans la majeure partie des cas. Tout d'abord chaque recherche sans chien devra être menée comme une vraie chasse à l'approche, il faudra progresser très lentement (sauf urgence due au intempéries) en cherchant les indices tout en essayant de rester silencieux car quelque soit l'atteinte on peut toujours surprendre son animal de chasse toujours vivant et pouvoir le flécher une seconde fois peut permettre d'éviter de le perdre s'il redémarre.
Tout d'abord, il faut bien identifier le sens de fuite de l'animal si ce dernier n'a pas pu être suivi du regard. L'animal, dans sa fuite à couvert, frotte souvent des obstacles et l'analyse de ces indices ainsi que des gouttes de sang projetées qui se déposent du côté de l'arrivée peuvent vous indiquer ce sens de progression et vous faire comprendre quand l'animal fait un demi-tour. Il est ainsi généralement plus facile de suivre un animal dans une végétation hautes ou en sous bois (s'il ne rentre pas dans un taillis ou un roncier) car les indices sont souvent plus nombreux. A découvert, le stress de l'animal lui fait retenir son hémorragie qui s'intensifiera généralement dans une zone plus rassurante comme un couvert forestier de plus la présence de végétation crée des frottements sur l'animal qui laissera du sang accumulé dans son pelage en touchant la végétation en plus des gouttes qu'il projette dans son déplacement. Dans une culture fournie comme du blé ou une prairie d'herbes hautes, le contact avec la végétation étant permanent, la piste est souvent bien dessinée.
De plus, le passage de l'animal a tendance à marqué la végétation, feuilles de ronces retournée, branchettes cassées, feuilles mortes retournées, herbes hautes ou culture couchées, écartées ou piétinée.
La hauteur de l'atteinte définit la hauteur des indices laissés par l'animal et la quantité de sang que l'on va retrouver.
A part pour les atteintes musculaires hautes des pattes et les coupures des muscles du sternum qui laisseront souvent beaucoup de sang au moins au départ, les atteintes thoraciques traversantes saigneront d'autant plus qu'au moins un des trous fait par le passage de la flèche sera proche du ventre de l'animal car une atteinte haute provoquera une hémorragie plus interne qu'externe. Les sorties ou entrées basses facilitent l'écoulement du sang. Les atteintes très hautes sans sortie de flèche comme un tir de par dessus après lequel l'animal part avec la flèche plantée dans le dos ou l'arrière train sans que cette dernière n'ai percée la peau du dessous de l'animal ne laissera quasiment aucun indice et l'analyse de la trajectoire de fuite sera alors un des seuls recours pour retrouver l'animal qui, s'il fait beaucoup de chemin, sera généralement perdu. Il peut tout de même cracher du sang après un petit moment si les poumons sont touchés.
Les tirs de panses ou intestinaux peuvent laisser peu d'indices, d'une part parce que la zone est peu irriguée en sang et d'autre part à cause du contenu stomacal ou des viscères qui peuvent colmater un où les 2 trous provoqués par le passage de la flèche. Le contenu stomacal ou intestinal est beaucoup moins visible sur la végétation mais peut parfois permettre de suivre la piste bien que les gouttes soient très souvent assez espacées.
Type d'atteinte ne produisant pas ou presque pas de sang, flèche produisant une blessure d'entrée haute et pas de trou de sortie
Il peut tout de même cracher du sang après un petit moment si les poumons sont touchés.
Les tirs de panses ou intestinaux peuvent laisser peu d'indices, d'une part parce que la zone est peu irriguée en sang et d'autre part à cause du contenu stomacal ou des viscères qui peuvent colmater un où les 2 trous provoqués par le passage de la flèche. Le contenu stomacal ou intestinal est beaucoup moins visible sur la végétation mais peut parfois permettre de suivre la piste bien que les gouttes soient très souvent assez espacées.
Une flèche restée en travers de l'animal peut aussi limiter l'hémorragie externe.
Savoir lire les indices augmente votre efficacité, une goutte de forme arrondie sur la végétation basse ou le sol est généralement tombée à la verticale à l'arrêt de l'animal ou à très faible vitesse de déplacement. Un rond de ces gouttes signale une halte de l'animal, c'est une reposée debout.
Ces indices répétés sur une distance importante sont souvent mauvais signe car l'animal est sur ses gardes et écoute régulièrement ou regarde derrière lui pour savoir s'il n'est pas suivi, signe d'une hémorragie bénigne.
Les gouttes de forme arrondie d'un cotée et pointue ou irrégulière de l'autre sont des gouttes tombées en mouvement, plus elles sont longues plus la course est rapide. Quand elle heurtent un obstacle du sang se dépose mais la goutte coule poussée par son élan avant de s'arrêter, laissant ainsi une petit traînée. L'arrondi donne la direction de fuite de l'animal. Si les gouttes sont réparties de part et d'autres de la direction de fuite, l'animal saigne par les plaies d'entrée et sortie mais même une flèche traversante ne saigne parfois que d'un côté ou pas du tout.
Les petites gouttes brumisées sont signe d'une fuite sur une artère ou parfois d'une flèche de cœur, j'ai eu le cas avec une flèche entaillant une carotide.
Une grosse tache de sang de sang étalée et lissée marque généralement une couche de l'animal.
C'est une reposée qui signale une pause prolongée, des couches qui se succèdent sont bon signe car l'animal a du mal à avancer et l'archer finira par pouvoir l'approcher. Lors de la recherche, il faut bien écouter pour essayer d'entendre l'animal, s'il se relève devant vous, laissez le partir et attendez un peu avant de reprendre la recherche car il y a de forte chance qu'il se recouche assez vite. Cette attitude est surtout fréquente chez les chevreuils, cerfs, chamois et mouflons. Un animal blessé est souvent assez bruyant au démarrage car sa démarche n'est pas fluide et il aura tendance à « casser du bois » dans sa fuite. Attention, après un arrêt prolongé en position couché, l'hémorragie peut ensuite être moins abondante, stoppée par la compression de plaie, un pansement de terre ou de feuilles ou la formation de caillot de sang ou d'un amas de vicères bouchant la plaie par exemple.
Dans toute recherche, il ne faut négliger aucun indice, un poil, un laissé frais, une empreinte, une ronce tirée, une herbe cassée...peuvent relancer un pistage au point mort.
Quand les indices s’amenuisent, le plus efficace est de se mettre à 4 pattes sur la trajectoire de fuite de l'animal ce qui vous met à sa hauteur et vous rapproche des indices. Une micro-gouttes de sang ou de contenu stomacal aura alors moins de chance de vous échapper.
Votre vision de l'environnement sera alors plus proche de celle que pourrait avoir votre animal et facilitera votre compréhension de sa fuite, les coulées sont alors plus nettement visibles. Si malgré tous vos efforts, la piste s'interrompt un moment, il est souvent payant de suivre doucement les différentes coulées une après l'autre sans les piétiner (une goutte de sang ne saute pas aux yeux toujours au premier passage et y marcher dessus peut la faire disparaître) pour retrouver un indice un peu plus loin et relancer la recherche. Il ne faut pas négliger les coulées revenant en arrière. On peut aussi décrire des cercles concentriques autour du dernier indice pour recouper la direction de fuite si les coulées sont peu marquées ou inexistantes. Quand une recherche se complique, je marque souvent chaque indice en plantant un petit bâton au sol, cette technique permet d'avoir un bon visuel de la trajectoire de fuite même à une distance où le sang n'est plus visible et de ne pas perdre un indice qui peut orienter sur le suivant.
Les animaux empruntent souvent les passages faciles dans leur fuite surtout si leur blessure les fait souffrir au contact de la végétation: chemin, coulée, passages de tracteurs dans les cultures... et c'est souvent en suivant ces passages que l'on peu retrouver une piste momentanément interrompue. Dans les vignes ou le maïs les rangs canalisent souvent la fuite des animaux ce qui facilitent la poursuite.
L'animal suit les passage facile comme cet intervalle entre 2 rang de maïs, flèche traversante avec projection de sang des 2 côtés
Si la piste s'interrompt brusquement sur plusieurs mètres, il faut bien regarder de part et d'autre du rang pour trouver la bifurcation parfois marquée par un frotté plus ou moins visible contre un cep ou un pied de maïs. Le faible espacement entre les pieds de maïs facilite souvent ce repérage moins évident dans la vigne.
Si aucun frotté n'est visible, il faut contrôler le rang que l'on plus en avant puis les rangs de part et d'autre de celui suivi un à un jusqu'à recouper la piste.
D'autres indices moins significatifs peuvent vous aider dans votre recherche. Par temps chaud, les mouches vertes (Lucilia sericata) sont souvent les premières à trouver les cadavres d'animaux sous nos latitudes
Mouches vertes (lucilia sericata) sur une charogne, ces mouches sont souvent les premières à arriver sur un cadavre et se rencontrent souvent sur la piste d'un gibier blessé
et en observant la végétation ou le sol, la présence d'un ou plusieurs de ces insectes peut vous faire trouver un indice (sang, bout de viande ou contenu stomacal que vous n'aviez pas vu). De nuit j'ai souvent remarqué que plusieurs arthropodes et mollusques était attirés par le sang où le contenu stomacal et c'est parfois un carabe ou un opilion (sorte d’arachnide à longues pattes très fines et au corps bien rond) affairé à boire une goutte de sang qui m'ont orienté vers cet indice que je n'avais pas vu.
Certaines limaces et escargots sont aussi attirés par le sang ou le contenu stomacal.
L'eau est un élément problématique pour la recherche car il efface ou limite les indices, un gibier flécher peut traverser un cours d'eau pour essayer de vous échapper mais peut aussi nager un moment vers l'amont (si sa condition physique le lui permet) ou se laisser porter en aval pour remonter de l'autre côté du plan ou cours d'eau. Cette traversée entraînera d'une part une interruption brutale de la piste au sang et d'autre part une réduction ou dilution des indices à la sortie de l'eau de l'animal, compliquant donc doublement votre recherche. Si votre animal fléché s'est mis à l'eau, il peut soit être soit mort dans l'eau, soit avoir traversé l’étendue d'eau, soit s'être réfugié sur un îlot, soit avoir progressé dans l'eau et être remonté du même côté un peu plus loin. Il faudra donc commencer par longer le bord de l'eau des 2 côtés au niveau de l'entrée dans l'eau puis, si la recherche reste sans résultat, reprendre la recherche sur la berge opposée. Certains animaux coulent à pic une fois mort donc il se peut que votre gibier soit au fond de l'eau et dans ce cas il ne pourra être repêché que si l'eau n'est pas trop profonde où quand la fermentation de son estomac le ferra remonter à la surface. Si des îlots sont présents, il est bon de les prospecter. Il est aussi bon de vérifier les trous de ragondins car il est arrivé que de jeunes sanglier par exemple tente de s'y réfugier. La rosée sur la végétation dilue souvent aussi le sang qui est alors moins visible et la pluie peut laver une piste très rapidement.
Une recherche sur la neige sera très facile car elle fait bien ressortir le sang et marque bien les empreintes mais si une averse de neige s'abat sur une piste et la recouvre, elle effacera tout espoir de retrouver son animal.
Le groupe est aussi un facteur compliquant la recherche. Un animal tiré au milieu d'un groupe ne sera pas forcément facile à suivre du regard au départ car ses congénères peuvent masquer sa fuite, une erreur d'identification de l'animal fléché est aussi possible et peut vous orienter sur une mauvaise piste. Le groupe piétinera parfois aussi la piste, la rendant alors moins facile à lire. De plus, l'animal s’efforcera souvent de suivre sa harde rassurante le plus longtemps possible. La lecture des empreintes, faute de sang, sera alors aussi assez complexe.
Si votre animal traverse un roncier ou un taillis épais, le mieux est de suivre sa coulée même en rampant si nécessaire. S'équiper de gants et vêtements épais est conseillé pour éviter les épines. Dans le cas où suivre cette coulée est impossible on peut aussi se frayer un chemin en écrasant les ronces mais il faut alors très régulièrement les écarter pour ne pas perdre le fil du sang que la chute des feuille peut vite recouvrir. Dans un taillis épais l'usage d'un sécateur peut permettre une meilleure progression, attention à ne pas couper des baliveaux en biseau car il pourraient vous blesser en se plantant dans votre progression, le mieux est de les couper au ras du sol et à plat.
Il ne faut pas hésiter à réaliser des recherches de nuit car dans le cas d'un tir juste avant la tombée de la nuit ou d'une recherche du soir qui s'éternise, il est souvent préférable de faire ou finir sa recherche avant de rentrer car d'une part, l'animal peut être consommé par des prédateurs durant la nuit, d'autre part, la venaison périt vite surtout si les températures sont hautes et d'autre part une averse peut toujours survenir pendant la nuit.
De plus, les indices frais se voit beaucoup mieux que secs. L'usage d'une bonne frontale à lumière blanche est recommandée, elle permet de bien faire ressortir le sang sur le décor ambiant. Les gouttes de liquides brillent bien dans le faisceau de la frontale ce qui permet de les repérer parfois d'assez loin.
Comme dit précédemment soyez observateur une limace ou un insecte peut relancer votre recherche et ne vous éloignez pas trop du dernier indice sans le marquer de façon bien visible pour éviter de le perdre et de perdre ainsi la piste.
Alex