Ce weekend, Xavier et quelques guyanais sont venus passer quelques jours dans le Gers. Ce matin, je passe chercher Xavier pour le conduire sur une zone de chasse où je sais qu'il trouvera les sangliers alors que je partirai de mon côté tenter de trouver un brocard. Je me gare au bord du chemin de pierre blanche qui rejoint Roques et laisse Xavier pour remonter un moment le chemin avant de bifurquer à droite pour remonter vers les champs de blé couvrant le coteau. Alors que je suis proche du chemin que je veux prendre à droite, une belle chevrette surgit d'une sorte de fossé gagné par la végétation qui part à 90° du chemin pour s'avancer dans une parcelle de blé. Elle s'éloigne en aboyant. Je quitte le chemin principal et remonte par un sentier enherbé vers le passage, entre 2 haies, qui permet d'accéder à la parcelle de blé. J'avance tranquillement par un passage de tracteur en surveillant les alentours. D’abord étroite, prise entre les 2 haies, la parcelle s'élargie vite sur la droite et j'aperçois, en bordure d'une bande de blé qui remonte vers les vignes, une tête de chevreuil qui surgit des céréales à environ 200 mètres. Il me semble qu'il s'agit d'un brocard, le vent est bon. J'avance tranquillement vers une sorte de fossé bordant la bande de blé remontant vers la crête et descendant dans la culture vers le ru à ma gauche. Je surveille le brocard en avançant, il relève la tête par moment puis la rebaisse, disparaissant dans les céréales et me permettant d'avancer sans être vu. Arrivé près du fossé, le brocard, qui est à environ 100 mètres, relève la tête et semble regarder vers moi. Je me fige et attends, il reste un moment immobile avant de rebaisser la tête. Je remonte maintenant vers lui en suivant la végétation dense du fossé. Mes chaussons de plongé silencieux sur sol sec se collent dans la boue qui me les arrache des pieds et je dois régulièrement les remettre. J'arrive au coin du semé de tournesol qui fait suite au blé et borde la bande de céréale remontant vers la crête. J'avance voûté pour me cacher derrière les céréales sur le sol détrempé qui fait des gargouillis à chacun de mes pas. J'arrive sans difficulté à 8 mètres du brocard qui mange dans le blé et stoppe pour l'observer en espérant avoir une occasion de tir. Je ne vois que sa tête et impossible de connaitre l'orientation de son corps. Au bout d'un moment, il baisse la tête puis disparaît quelques secondes pour réapparaître à environ 12 mètres. Il se dirige vers l'intérieur de la parcelle. Je n'aurais pas de meilleure occasion, j'arme mon arc, remonte le talus du fossé et tente d'aligner ma visée en essayant d'identifier la position du brocard. J'attends l'occasion quand il me présente un plein travers, je tente une flèche mais le manque, ma flèche déviée par le blé. Il s'enfuit en remontant vers la crête. Je pars chercher ma flèche sans succès puis vérifie l'absence de sang sur sa direction de fuite. Cette recherche confirme mon sentiment, c'est manqué.
Je redescends dans la parcelle de blé et me dirige vers le dernier passage de tracteur avant le ru quand j'aperçois une tête de brocard qui m'observe sur la bute du champ de céréale à environ 100 mètres. Je me fige, le brocard aboie, je lui réponds, il regarde vers le bosquet à sa droite puis aboie à nouveau, je réponds mais il démarre et file vers le bois en aboyant. Je décide de reprendre ma progression en suivant le passage de tracteur. Je rejoins ainsi une autre grande parcelle et un autre passage de tracteur perpendiculaire qui remonte vers la crête de gauche. Pas de chevreuil en vue, je quitte le blé pour traverser un semé et rejoindre la route de crête avant d'aller prospecter la parcelle de blé en contre bas. Rien en vue, je me dirige en longeant les vignes vers un grand bois un peu plus loin. Je passe une autre route, longe une grosse haie qui borde un chemin de terre suivant une parcelle de blé et rejoins le chemin forestier qui traverse le bois. Sorti de l'autre côté du bois, je continue à suivre le chemin de terre entre les parcelles de blé en surveillant la surface des céréales quand je me fais surprendre par un jeune brocard qui m'observe sur la gauche du sentier. Je me fige et nous nous observons un instant avant qu'il ne face volte-face et retourne dans le blé à ma gauche pour disparaître rapidement. Je suis le chemin jusqu'à une bande enherbée qui part à gauche entre le blé et une vigne et la prends pour revenir au bord du bois et rattraper un autre chemin forestier. Je retraverse le bois et tombe dans une friche, rien en vue, je prends à droite et traverse doucement une haie pour rejoindre une autre parcelle de blé. Un chevreuil au gagnage se trouve à 150 mètres environ dans une trouée laissé par le blé versé. Je longe doucement le bois quand j'aperçois un tout petit faon qui file se réfugier dans le blé à quelques mètres du chevreuil repéré qui s'avère être une chevrette. Je décide donc de continuer à longer doucement le bois quand un grognement suivit d'un démarrage me fait penser à un sanglier. Le blé bouge à quelques mètres devant moi et je monte mon arc en l'armant quand un gros ragondin surgit des céréales et stoppe dans les herbes hautes. Le temps d'aligner ma visée, il repart et rentre dans le ru encaissé qui borde le bois. Je m'approche doucement arc armé et le vois se débiner en descendant le ru. Impossible d'aligner ma visée à cause du soleil. Je le perds de vue. Je désarme et avance rapidement d'environ 20 mètres pour revenir doucement au bord du ru. J'aperçois alors le ragondin partiellement masqué par une grosse souche calée au fond du cours d'eau. Le tiers avant de l'animal est bien visible à environ 5 mètres, j'arme doucement, vise le cou et décoche. Le ragondin est séché sur le coup et un filet de sang se repend dans l'eau.
Je pose mon arc et descends le chercher avant de le remonter sur la berge. Après quelques photos, je décide de le ramener vers la route.
Le faon a rejoint sa mère et tête. Je remonte au milieu du blé par un passage de tracteur et la chevrette me laisse approcher sans me voir à environ 50 mètres avant de me repérer et de décider de s'enfuir. Le faon part se cacher dans le blé, je m'éclipse rapidement pour ne pas les déranger plus et laisse le ragondin près de la route avant de redescendre vers le chemin au bord duquel est garé ma voiture. Pas de chevreuil en vue, seuls quelques lièvres s'enfuient sur mon passage. Je pars retrouver Xavier qui a terminé sa matinée posté à la "Pelouse". Il a vu les sangliers mais n'a pas pu les flécher. Nous partons chercher mon ragondin en voiture avant d'aller rejoindre les autres guyanais pour une petite photo souvenir qui agrémentera un petit article de la dépêche quelques jours plus tard.
Alex