Hier, c'était mon anniversaire et je ne suis pas allé chasser, ce matin, je pars en Battue à Justian. Le déjeuner s'éternisant un peu je décide de partir me poster en avance au cas où, je signale l'endroit où je vais me poster au président et au piqueur puis pars en voiture vers le chemin de pierre blanche qui relie Justian à Roques. Je m'avance avec ma voiture jusqu'à trouver une place pour me garer quand j'aperçois 5 chevreuils qui remonte vers la crête de la colline sur la droite du chemin. Je poursuis sans ralentir et me gare un peu plus loin. Les chevreuils sortent de la traque mais vont certainement vers le bois que nous chasserons ensuite et je ne veux pas les affoler. Je reste un moment ans ma voiture à les regarder avancer tranquillement sur le champ travaillé puis sors doucement pour me préparer avant de partir doucement vers mon poste alors que les animaux arrivent en crête. J'avance un peu sur le chemin puis bifurque à gauche pour longer une haie suivant un ru, environ 200 mètres plus loin, la haie fait un virage à angle droit sur la droite et je décide de me poster dans ce virage. Devant moi, une haie, parallèle à celle que j'ai longée pour venir me poster, délimite la friche qui s'étend devant moi. Une autre haie perpendiculaire, délimite la friche d'un champ travaillé sur ma droite à environ 20 mètres et bifurque à angle droit vers l'Osse située à plus de 200 mètres sur ma droite. Une trouée dans cette haie en face de mon poste me donne une bonne vision sur le champ travaillé jusqu'à la rivière. La friche continue dans mon dos jusqu'à la rivière bordé d'une bande d'arbres. Je suis tout au bout de la traque. Le secteur reste calme un moment puis le début de traque est sonné et le piqueur et les chiens commencent à donner de la voix. Des coups de feu claquent rapidement vers la "pelouse" en début de traque au-dessus du chemin de pierre blanche et j'aperçois alors des vestes fluo dans cette direction. Un chevreuil sort à découvert sur le champ travaillé où se trouvaient les 5 autres tout à l'heure. Les teckels ne tardent pas à arriver et, malgré les appels des piqueurs, ils sortent de la traque pour foncer avec le chevreuil vers le bois de la seconde traque. Je me dis que la seconde traque sera certainement vite faite quand du bruit me fait me retourner, un brocard arrive au grand galop en provenance du bois. Il court en longeant à environ 30 mètres derrière la haie contre laquelle je suis posté, je peux l'apercevoir au travers des branchages plus épars dans mon dos.
Il biaise pour s'éloigner un peu de moi avant de rejoindre la haie avant de la traverser puis stoppe à environ 60 mètres dans la friche à ma droite. Je ne vois que sa tête dans la végétation.
Je me retourne doucement. Il me semble qu'il regarde vers moi. Il écoute les chiens qui donnent toujours dans le bois de l'autre côté du chemin de pierre blanche. Je reste immobile. Il repart tranquillement et se débine doucement dans la végétation et s'arrête à nouveau environ 30 mètres plus loin. Il s'est un peu rapproché de ma position et semble se diriger vers l'angle de la haie qui va vers l'Osse. Seule sa tête dépasse, il est encore à 50 mètres environ, il regarde un moment vers moi puis repart et se débine encore sur une trentaine de mètres et stoppe à environ 40 mètres de moi. J'arme mon arc au cas où. Je ne vois toujours que sa tête. Il repart et je vois maintenant son corps, je le suis dans mon viseur. Il stoppe plein travers, je ne m'explique toujours pas pourquoi mais j'aligne ma visée sur la ligne du dos et décoche. Le chevreuil tente de démarrer mais un impact retentit et le chevreuil disparaît dans la végétation.
Au bout de quelques secondes et le temps que je réalise, le brocard pousse un cri et je comprends alors qu'il est tombé sur place. Je pars vite à sa rencontre pour l'achever. Je dégage ma flèche et reviens à mon poste en attendant les piqueurs. Les teckels finissent par revenir vers la traque. Au bout d'un moment les piqueurs arrivent à la haie en face de mon poste et je demande un bracelet à Serge pour baguer mon brocard.
C'est un futur chasseur de 14 ans qui me l'amène tout content de voir un chevreuil prélevé à l'arc. Je ramène mon brocard à mon poste
et discute un peu avec ce futur chasseur quand un cri retentit au loin : "Attention chevreuil !". Serge qui attendait les chiens à la haie se fait surprendre dans son dos par une chevrette blessée qu'il tire au coup de bras, la manquant alors qu'elle traverse la haie. La chevrette peine à avancer dans la friche et va passer à 40 mètres sur ma gauche. Le temps de courir pour lui couper la route, je ne peux que la voir passer devant moi à plus de 25 mètres au galop avec une patte arrière cassée qui tournoie dans sa course. Elle traverse la haie contre laquelle j'étais posté et biaise vers le bois de la seconde traque.
La fin de traque est sonnée et je ramène mon brocard à la voiture. Alors que je discute avec les piqueurs, les 5 chevreuils de ce matin surgissent dans le champ travaillé qu'ils avaient monté ce matin et descendent vers le chemin blanc pour rentrer dans un petit bosquet. Je repars vite à mon poste. J'attends un moment en surveillant devant moi mais rien ne bouge. Un chasseur, assis sur son tabouret, est posté au bout d'une haie proche du bosquet où sont entrés les chevreuils. Serge et le jeune se dirigent vers l'endroit où sont rentrés les chevreuils. Les 5 chevreuils sortent à découvert en suivant un bout de haie relié au bosquet. Le bruit de leurs pas dans le boue collante est perceptible de mon poste à plusieurs dizaines de mètres. Ils s'arrêtent juste à 10 mètres du chasseur posté sur son tabouret qui ne semble pas les avoir entendu ni vu. Ils restent un instant immobile puis commencent à devenir inquiets et regardent en tous sens avant de se mettre en mouvement. Ils ont certainement senti le posté et arrivent droit sur moi en passant juste à côté du chasseur qui ne réagit toujours pas. Les animaux arrivent à la haie qui les sépare de la friche, je me prépare, ils traversent cette dernière et s'avancent vers moi en longeant la haie qui sépare la friche du champ travaillé à ma droite. La chevrette de tête s'arrête de 3/4 face à environ 30 mètres contre la haie au milieu des repousses de frênes qui la masquent en partie. J'arme mon arc et aligne mon viseur sur elle espérant la voir avancer encore un peu et se dégager de la végétation mais le posté se lève et vient vers moi. Les animaux s'affolent et traversent la haie pour la longer un peu au galop avant de bifurquer à angle droit vers la rivière. Je désarme et regarde s'éloigner les chevreuils qui s'arrêtent par moment pour regarder en arrière en suivant le cours d'eau en direction de Justian.
Je retourne vers ma voiture mais en arrivant près d'elle, je me rends compte que j'ai perdu mon portable. Les chasseurs partent se poster autour sur bois suivant pour tenter d'intercepter la chevrette blessée. Je retourne vers mon poste et cherche mon portable que je finis par trouver près de l'endroit où mon brocard est tombé tout à l'heure. Des coups de feu résonnent au bout du bois, Francis a stoppé la fuyarde blessée. Je retourne à ma voiture en attendant la fin de la traque.
La traque terminée, nous décidons de partir chasser sur un autre secteur pour finir la matinée. Nous allons chasser une longue bande de bois. Les postés vont avancer à mesure que les chiens avanceront. Je pars en avance pour aller me poster au niveau d'un resserrement du bois juste après un massif d'épines noires et de ronces où je me poste régulièrement. Ce rétrécissement canalise les animaux sur environ 20 s'ils ne veulent pas sortir à découvert. J'ai déjà fléché un sanglier et un brocard et vu de nombreux gibiers à ce poste que je connais bien. Le vent tournant souffle parfois dans mon dos, je me poste donc presque en alignement de la bordure gauche de la remise pour ne pas être trahi par mon odeur. Le ruisselet, encaissé de plus d'un mètre, longe la gauche du bois pour bifurquer à 90°, sur ma gauche, à un peu plus de 10 mètres devant moi.
Il suit ainsi le bois puis bifurque à nouveau à 90° mais à droite pour traverser le bois, en bas de la pente qui remonte jusqu'à une parcelle de vigne à environ 50 mètres. Sur ma droite, 2 arbres morts, un resté pendus dans les branchages des arbres voisins et un, couvert de lierre, tombé au sol canalisent une partie des coulées vers la bordure du bois à environ 15 mètres. Je peux voir le pré derrière les arbres défeuillés.
Je prépare mon poste en dégageant le sol de feuilles mortes et autres débris végétaux pour pouvoir pivoter sans bruit et prépare mes fenêtres de tir avant de m'immobiliser et d'attendre le début de battue. Au bout d'un petit moment, alors que je surveille le semé à ma gauche, j'aperçois une chevrette qui arrive au trot mais biaise vers le haut du bois sur ma gauche. Elle rejoint l'angle du bois et s'arrête en bordure de la vigne. Je la distingue à peine au travers des branchages. Elle fait quelques pas, s'arrête, quelques pas encore, s'arrête à nouveau puis repars et je la perds de vue. Je reste tout de même attentif au cas où elle bifurquerait vers moi mais le temps passe et plus rien ne bouge. Les premiers teckels se font entendre au loin quand des craquements attirent mon attention sur ma gauche. Je cherche du regard leur provenance quand j'aperçois la chevrette qui descend droit sur moi. J'accroche vite mon décocheur et me prépare. Elle stoppe de face à environ 20 mètres, à moitié cachée derrière un gros tronc d'arbre. J'arme doucement mon arc et aligne ma visée dans sa direction. Elle écoute un instant les chiens puis repart d'un pas décidé et se faufile dans la végétation pour passer dans mon dos. Je pivote doucement en la suivant dans mon viseur mais l'encombrement végétal et son allure ne me permettent pas de décocher. Je la siffle une première fois, elle poursuit son chemin, je la siffle une seconde fois et elle stoppe alors à environ 7 mètres, plein travers. Je cherche vite une fenêtre dans la végétation et aligne ma visée. Je décoche, un impact sourd retentit mais je n'ai pas pu voir mon atteinte. La chevrette démarre en trombe et fonce dans la végétation épaisse du bord du bois, ressort dans le pré et biaise vers une grosse haie parallèle à la bordure du taillis. Elle rentre dans la haie à environ 50 mètres, fait quelques pas et il me semble la voir vaciller et tomber dans la haie.
Je réencoche et reste à mon poste. Une menée se rapproche par le bois quand j'aperçois un beau renard qui se débine entre les arbres et vient droit sur moi par la bordure gauche du bois en suivant le ruisseau. J'arme mon arc et le suis dans mon viseur, il ne m'a pas vu mais bifurque en suivant le cours d'eau, je cherche une fenêtre de tir mais ne la trouve pas, il descend dans le lit du ruisseau où je le perds de vue, remonte sur la berge opposée et la longe, il s'éloigne de cul avant de disparaître dans le ruisseau en rentrant dans un terrier de ragondin. Les chiens arrivent et tournent dans le secteur sans prendre ni la piste du renard ni celle de ma chevrette puis repartent vers le fourré devant moi. J'en profite pour aller vite inspecter ma flèche. Sa couleur verdâtre m'indique que j'ai certainement touché la panse.
Je tente de la récupérer mais ma lame est prise dans un gros bout de bois. Je regarde vite la direction de fuite et trouve rapidement des gouttes de sang jusqu'à la bordure du bois.
Je retourne vite à mon poste. Les chiens lancent à nouveau et tournent un moment dans le taillis avant que 2 chevreuils sortent au grand galop, sur ma droite, dans le pré, en bordure du bois. Trop vite et trop de branchages, je n'arme même pas mon arc et les laisse passer. Les teckels s'élancent à leur poursuite et passent tout près de ma chevrette. Les chiens étant sortis de la traque et craignant qu'ils reviennent sur ma chevrette, je décide d'aller la chercher pour la ramener à mon poste avant leur retour. Je récupère ma flèche en dévissant la lame que je laisse dans le bois et la remets au carquois puis suis le sang assez abondant qui me mène à la haie. Alors que je rentre dans cette dernière, un chevreuil se lève et s'enfuit au galop vers le bois. En voyant le sang, je comprends vite qu'il s'agit de ma chevrette et commence à angoisser. Je n'ai pas vu mon atteinte mais remarque que la piste de sang est encore plus abondante maintenant et décide de la suivre avant que les teckels ne reviennent. Le sang traverse le ruisselet qui longe maintenant l'autre côté du bois. Je suis les grosses gouttes quand un posté placé après moi annonce "sanglier". Je regarde dans sa direction et aperçois un très gros sanglier qui court dans le pré, en direction de la haie où se trouvait ma chevrette. Il stoppe en plein découvert, hume l'air et écoute puis repart et baise vers mon poste, s'arrête à nouveau à la haie, la traverse et traverse le pré pour rentrer à mon poste. Je décide de poursuivre ma recherche et suis le sang sur environ 150 mètres, la piste suit les coulées et passe régulièrement dans le sale avant de bifurquer vers la lisière du bois à ma droite. Des coups de feu résonnent au loin et je crains qu'il s'agisse de ma chevrette. A moins de 10 mètres de la lisière la piste s'interrompt brusquement et je peine un instant à la reprendre avant de comprendre que la chevrette à bifurquer à droite pour se diriger vers un gros roncier en bordure du bois. Je suis doucement le sang quand je l'aperçois, elle est couchée, plein travers, à environ 7 mètres devant moi, conte le roncier et m'observe. J'accroche mon décocheur, arme doucement, aligne ma visée et décoche. Ma flèche plein défaut d'épaule est stoppée par le sol. La chevrette bondit entraînant ma flèche restée en travers et la casse en fonçant dans les ronces. Surgit sur le semé de blé, court en longeant la lisière sur environ 15 mètres puis rentre à nouveau au bois pour se fracasser au sol. Elle se débat un instant avant de s'immobiliser. Le récupère le morceau de flèche côté empennage puis pars chercher ma chevrette avant de repartir vite à mon poste. Ma première flèche était trop basse et un peu trop en arrière.
Je me replace alors que les teckels arrivent sur les traces du sanglier. Ils le mettent vite au ferme et la bagarre commence, Serge intervient en tirant en l'air et en criant ce qui fait démarrer le sanglier qui tourne un moment dans le fourré. Tout à coup, il semble venir vers moi mais le vent me trahit certainement et la menée part à l'opposée.
2 coups de feu claquent à environ 200 mètres, le gros mâle de plus de 80 kg est tombé. La fin de traque est sonnée. 5 Chevreuil et ce beau sanglier sont au tableau. Je suis content, je viens de réaliser mon premier doublé de chevreuils en battue.
Alex
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