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Il est toujours difficile de se réjouir après avoir fléché un chevreuil car le résultat du tir, qui dépend de l'intensité et de la rapidité de l'hémorragie, ne sera jamais certain tant que l'animal n'aura pas été retrouvé et il est d'autant plus difficile de savoir comment réagir après la décoche. Chaque tir est différent et une nouvelle leçon pour l'archer chasseur mais en multipliant les expériences, j'ai pu en tirer quelques lignes directrices permettant de prévoir ou d'anticiper l'après tir et savoir comment réagir. Il faut tout de même noter que plusieurs facteurs entrent en jeu dans le temps que mettra le chevreuil à mourir et dans sa réaction avant, pendant et après le tir.

  • Le niveau de stress

Le stress entraîne une production d'adrénaline pouvant booster les capacités physiques et il est préférable de limiter l'état de stress du chevreuil pour réduire sa fuite après le tir mais aussi éviter une réaction fulgurante au moment de la décoche. Tout d'abord, il faut éviter de se faire repérer par un ou plusieurs de ses sens, que ce soit avant ou après la décoche. Si vous êtes repéré pendant le tir, il peut démarrer en trombe, évitant souvent votre flèche mais étant parfois touché à un endroit non prévu au départ. Au démarrage, le chevreuil s'écrase pour prendre son impulsion de départ puis démarre dans le sens où il se trouve ou se retourne pour partir d'où il vient. Sa rapidité de mouvement est très impressionnante. Ces départs fulgurants au moment de la décoche provoquent souvent des atteintes trop en arrière et trop hautes si le chevreuil fuit sans se retourner mais aussi des flèches très diverses quand le chevreuil se retourne. J'ai ainsi fléché un brocard qui, manqué lors de mon premier tir, revenait inquiet vers l'endroit où avait tapé ma flèche, j'ai ainsi eu le temps de réencocher, et d'en décocher une seconde mais le brocard sur ses gardes a entendu ma décoche où vu mon mouvement lors du tir et amorcé un demi-tour très rapide alors qu'il se trouvait à 10 ou 12 mètres. Ma flèche, qui aurait dû le frapper plein travers au niveau des poumons, est rentrée de face sous les yeux pour se loger dans la première vertèbre cervicale, tuant la chevreuil sur le coup. Rester bien immobile après le tir et éviter de se montrer peut également éviter à l'animal de comprendre ce qu'il vient de lui arriver et de limiter sa distance de fuite.

Réaction d'un brocard ayant vu ma décoche et entraînant une atteinte non prévue au départ

Réaction d'un brocard ayant vu ma décoche et entraînant une atteinte non prévue au départ

Bien que ce ne soit pas mon mode de chasse, le tir depuis un affût perché est celui qui permet de réaliser des tirs sur des animaux non stressés, ne se doutant pas du danger. Il est tout de même réalisable d'approcher un animal et de le flécher sans être repéré. Les modes de chasse où le stress est presque inévitable sont la battue et la poussée silencieuse puisque les animaux fléchés fuient un danger et sont donc de fait en état de stress surtout avec l'utilisation de chiens. L'appel à l'aboiement ou à l'appeau provoquera aussi une attention accrue et le chevreuil venant à vos appels sera sur l’œil, il ne pardonna pas la moindre erreur.

Un autre paramètre intervient dans le niveau de stress, le chevreuil se retrouvant à découvert se sent généralement plus vulnérable qu'en sous bois et sera donc plus sur la défensive. J'ai souvent constaté qu'un animal tiré à découvert fuira vers un couvert proche où (si l'atteinte lui permet d'aller jusque là), se sentant en sécurité, il se relâchera et tombera assez rapidement s'il est bien touché, parfois juste en bordure du couvert. J'ai également constaté que la piste au sang, parfois faible à découvert, devenait plus conséquente et plus facile à suivre à couvert. Un soir de grand vent, j'ai pu approcher, en bordure d'un champ de maïs, un très gros brocard à une cinquantaine de mètres et constatant qu'il venait sur moi je l'ai laissé venir jusqu'à 7 mètres où je le tire de face avec la tête dans le maïs. Touché le brocard saute vers le fossé qui longe le maïs, chute au fond de ce dernier, se relève et file sur une parcelle sans couvert végétal sur environ 50 mètres puis se retourne pour regarder vers l'endroit du tir un instant, repars au trot sur 50 mètres de plus environ et s'arrête encore pour regarder en arrière puis part jusqu'au bois à environ 200 mètres, s'arrête à nouveau en lisière et regarde en arrière avant de rentrer à couvert. Lors de la recherche, je constate que les gouttes de sang sont petites et espacées jusqu'au bois mais à peine rentré en sous bois la piste devient alors impressionnante et je retrouve mon chevreuil mort 15 mètres plus loin dans une grosse flaque de sang. Ma flèche a entaillé un gros vaisseau sanguin au dessus du cœur et entaillé un poumon, cassant 3 côtes en entrant.

  • L'expérience de l'animal

Un animal de plusieurs années a acquis une expérience salutaire qui lui permettra de se sortir parfois de situations délicates. Il a déjà appris que le contact de l'homme est dangereux. Il aura tendance à fuir plus facilement qu'un chevrillard non expérimenté. Le saut de corde est ainsi plus fréquent chez les animaux expérimentés, j'ai vu des chevrillards sur l’œil qui n'ont même pas essayé d'éviter la flèche ou venant même droit sur moi alors que j'étais en plein découvert et armais mon arc sans me cacher. Après le tir, un chevreuil plus expérimenté aura également tendance à ruser pour sauver sa vie si l'hémorragie ne le tue pas rapidement. Il quittera les coulées, franchira des obstacles, reviendra sur ses pas, obliquera à 90° une ou plusieurs fois et se couchera généralement en se tournant face à son sens de fuite pour surveiller l'arrivée de son poursuivant. J'ai pu constater ses attitudes lors des recherches au sang que j'ai réalisées sans chien. Un brocard tiré pratiquement plein travers et s'étant retourné au moment de la décoche a été blessé à l'arrière train. Ma lame stoppé par l'os du bassin n'a que peu pénétrée. Le chevreuil ne comprenant pas ce qui se passait a alors fait une boucle pour revenir droit sur moi en un éclair puis, m'apercevant, il a foncé vers une petite mare à environ 50 mètres en contrebas où il a disparu dans la végétation. Ne connaissant pas la nature de mon atteinte, j'ai attendu un peu puis voyant la végétation (masselottes) s'agiter un court instant dans la mare, je décide de m'avancer. C'est alors que j'aperçois mon brocard immobile, tête relevée, dans l'eau jusqu'au poitrail à 3 mètres de moi et me tournant le dos. Une seconde flèche l'atteignant entre les omoplates et ressortant à la base du cou, il saute au milieu de la mare et s'immobilise. Ne voyant rien bouger au milieu des masselottes très denses, je me suis alors avancé dans l'eau et suis tombé sur mon chevreuil presque immergé mais toujours vivant. A la manière d'un ragondin, il se faisait oublier en restant immobile, seule la ligne de son dos, ses oreilles, ses yeux et ses naseaux dépassaient de l'eau. Il m'a laissé m'approcher et l'attraper par les bois avant de se débattre violemment et de me blesser aux doigts avant que je ne parvienne à l'achever.

Brocard couché sur sa coulée de fuite et surveillant ses arrières.

Brocard couché sur sa coulée de fuite et surveillant ses arrières.

  • La résistance de l'animal :

En général, plus un animal est corpulent, plus il est résistant. Un brocard sera généralement plus résistant qu'une chevrette surtout pour les grands brocards alors qu'un chevrillard sera assez fragile. La fuite de l'animal sera d'autant moins longue que l'hémorragie est importante mais aussi que l'animal est résistant et en bonne santé. A flèche égale, on retrouvera généralement plus vite un chevrillard qu'un grand brocard.

  • La motivation de l'animal :

En groupe, les animaux se motivent les uns les autres et un animal suivant ses congénères aura tendance à se surpasser pour ne pas être lâché par son groupe rassurant. Un chevrillard aura tendance à chercher sa mère si l'atteinte lui en laisse le temps, cette dernière ne fuira d'ailleurs souvent pas bien loin et l'appellera parfois pour l'encourager. Il peut être utile d'identifier la direction de fuite de la chevrette qui peut réorienter une recherche difficile. Un ami ayant fléché un petit chevrillard de 10 kg de ¾ face accompagnant sa mère suitée d'un autre jeune l'a vu se coucher à moins de 30 mètres puis appelé par sa mère s'étant un peu éloigné, il s'est relevé et la suivi pour se recoucher 20 mètres plus loin mais il a trouvé la force de se relever à nouveau pour disparaître en suivant sa mère. Appelé à la rescousse pour réaliser la recherche j'ai constaté une piste de sang de 30 mètres de long et 20 cm de large montant au plus raide et ininterrompue pour tomber sur une première couche ensanglantée puis le sang prenant la courbe de niveau est devenu de moins en moins abondant jusqu'à la seconde couche pour être quasi inexistant après. C'est en interrogeant mon ami sur la direction de fuite de la chevrette que j'ai pu l'orienter sur sa recherche et que nous avons retrouvé son chevrillard 40 mètres plus loin. Un animal adulte reviendra parfois mourir très près de l'endroit du tir après une très longue fuite et, si une longue recherche au sang n'aboutit pas, il est parfois judicieux de revenir le lendemain pour chercher près de l'endroit du tir car le chevreuil cherchera parfois à revenir sur son territoire pour se rassurer.

  • La douleur :

Un animal peut réagir de plusieurs façon à la douleur, l'impact de la flèche provoquant une douleur vive mais brève, elle fait démarrer l'animal en trombe mais, la douleur passée, ce dernier peut brusquement s'arrêter pour regarder derrière lui et essayer de comprendre ce qu'il s'est passé ou même parfois reprendre ses activités. Ce sont généralement des cas où la flèche n'a pas touché les côtes ou a juste légèrement entaillé l'animal. Un brocard que j'ai approché et fléché plein cœur, à 5 mètres, au bord d'un champ de colza est parti en trombe pour s'arrêter environ 30 mètres plus loin et regarder vers moi un moment avant de tituber et tomber sans avoir redémarré. Si un os est cassé, la douleur persistante pousse l'animal a poursuivre sa fuite. Une douleur trop forte peut amener le chevreuil a se coucher plus ou moins rapidement, généralement avec une flèche de panse, de foie ou d’intestin l'animal peine à se déplacer, gêné par la douleur et se couche assez rapidement pour se soulager. Si on le relève, il se recouchera généralement assez vite.

 

On classe souvent les flèches en 2 catégories, les bonnes flèches qui touchent la zone cœur, poumons, foie et provoquent généralement une mort rapide et les mauvaises flèches qui sont toutes les autres flèches qui touchent l'animal. Pourtant, nombre de dites mauvaises flèches tuent plus vite que des bonnes flèches (ce n'est pas pour cela qu'il faut tenter de les réaliser car le résultat sera plus aléatoire qu'avec une flèche de coffre). Il est très important de bien connaître l'anatomie du chevreuil et de tenter d'identifier à la vue et à l'ouïe son atteinte.

Anatomie et atteinte du chevreuil

Anatomie et atteinte du chevreuil

Attention, ces identifications ne seront pas toujours évidentes car le visuel (surtout en tir de ¾ avant ou arrière) comme le bruit de l'impact peuvent être trompeurs dans certains cas mais seront généralement assez fiables en tir plein profil où la flèche entrera sans angle. Le bruit d'impact n'est pas toujours audible mais en général un bruit cassant est signe d'un gros os fracturé, un bruit sourd et creux est signe d'une flèche de coffre et un bruit mat annonce souvent une flèche traversant une masse de muscle.

Les indices lors de la recherche aident souvent à en connaître plus sur l'atteinte et à confirmer ou infirmer l'impression première au moment du tir. La quantité de sang retrouvé sur la piste n'est pas significative car une blessure musculaire non mortelle peut créer une piste très abondante, souvent plus abondante qu'une flèche de coffre, cette lecture est trop complexe pour être développée ici et fera l'objet d'un futur article.

La lecture de la flèche, si elle est retrouvée et non emportée par l'animal peut aussi aider à analyser son tir. Une flèche retrouvée cassée sur la trajectoire de fuite indique que l'animal n'a pas été traversé et suivant la longueur et le côté (empennage ou lame) retrouvés on connaîtra l'importance de la pénétration. Une flèche qui ne traverse pas l'animal, à part pour des arcs peu puissants, est souvent signe d'une atteinte osseuse (omoplate, humérus, fémur, vertèbre, bassin).

Flèche restée en travers du chevreuil et cassée dans sa fuite.

Flèche restée en travers du chevreuil et cassée dans sa fuite.

Les côtes du chevreuil, une masse musculaire ou les viscères (panse, intestins) n'opposent généralement pas une résistance suffisante pour arrêter une flèche. Une flèche qui traverse l'animal emporte avec elle des indices :

  • Les fibres musculaires :

Une flèche d'aspect gras présentant peu ou pas de sang est généralement signe d'une atteinte musculaire du cou ou du dos. Ces fibres sèchent vite sur le tube s'il est au soleil et l'aspect gras fait alors place à un toucher rugueux. La traversée des autres muscles laisse souvent plus de sang sur le fut, les empennages et les lames et moins ou pas de fibres musculaires.

  • Le sang :

Une flèche couverte de sang est encourageante mais pas forcément signe d'un animal retrouvé et inversement une flèche présentant peu ou pas de sang peu avoir mortellement touché l'animal. En théorie un sang épais et foncé est signe d'une atteinte de foie, un sang rosé bulleux signe d'une atteinte pulmonaire, un sang rouge épais d'une atteinte de cœur et rouge fluide d'une atteinte de muscle mais en pratique il n'est vraiment pas facile de différencier (sauf cas particulier) ces indices que ce soit au sol ou sur la flèche.

Fléche de foie (sang sombre et visqueux)

Fléche de foie (sang sombre et visqueux)

Flèche de coffre

Flèche de coffre

  • Le contenu stomacal :

Un liquide verdâtre et/ou des débris végétaux couvrent la flèche, ce n'est pas forcement mauvais signe. De plein profil, la flèche traversant les poumons peut sectionner l’œsophage et se marquer de des indices, de plus, la flèche qui traverse plusieurs organes en tir de ¾ arrière où avant peut traverser la panse avant ou après les organes vitaux.

Flèche de panse

Flèche de panse

  • Le contenu intestinal :

Il est plus visqueux et souvent plus sombre que le contenu stomacal, il ne contient pas de débris végétaux. Pour les tirs de ¾, on est dans le même cas que pour le contenu stomacal mais en tir plein travers cet indice ne trompe pas, la flèche a traversé très en arrière et mettra un moment à tuer l'animal.

Flèche intestinale

Flèche intestinale

  • Les poils :

La présence de poils sur la lame et les vannes peut attester d'une flèche passant dans le poil ou éraflant l'animal comme d'une flèche traversante mais des poils collés sur le tube attesteront d'une flèche traversante.

  • L'aspect de la flèche :

Un arrachement de matière au niveau des vannes, des griffures sur le fût, une lame tordue ou cassée sans avoir heurté un objet dur après avoir traversé l'animal sont souvent signe un os heurté (crâne, colonne vertébrale, fémur...)

Bien que les informations visuelles et auditives ainsi que la lecture d'une flèche soient des indices précieux pour savoir comment réagir après le tir certains cas peuvent vous réserver , contre toute attente, des surprises et ce n'est qu'en retrouvant son animal qu'on pourra connaître avec précision l'atteinte de sa flèche et les dégâts causés. Les tirs peuvent se catégoriser de la façon suivante. Je vais donc développer ici les différents cas qui pourront se présenter suite à un tir et la réaction associée du chevreuil :

  • Les tirs manqués

Un animal est manqué à partir du moment où la flèche passera suffisamment loin pour ne pas le blesser mais ce n'est pas parce que vous pensez avoir manqué votre animal que c'est le cas. Une blessure superficielle, même parfois mortelle, ne laissera pas forcement d'indice sur la flèche et l'identification de la trajectoire de cette dernière peut être trompeuse. Lors d'une approche dans un pré en pente non fauché, j'ai tiré en plongée un brocard au gagnage à environ 15 mètres mais ma flèche a été déviée par un pied de colza poussant au milieu du pré, ma flèche m'a alors semblé passer devant l'animal. Surpris le brocard a juste sursauté avant de se retourner pour partir tranquillement vers un bois à 70 mètres de là au sommet de la colline. Parti chercher ma flèche tombée en contrebas dans bosquet et ne la trouvant pas je remontais vers l'endroit du tir quand je suis tombé sur une large piste de sang qui semblait vaporisée sur la végétation et, en la suivant, j'ai retrouvé mon brocard mort juste en bordure du bois, Au passage, un tranchant de ma trilame lui avait sectionné l'artère carotide et cette blessure qui ressemblait a une éraflure a été finalement rapidement mortelle. Me fiant à mon impression première je n'aurais jamais pensé retrouvé mon chevreuil et si j'avais retrouvé ma flèche cette dernière n'aurait certainement comporté aucun indice. Il faudra donc contrôler sérieusement chaque tir, la flèche, la zone de tir et la trajectoire de fuite aussi loin qu'on le pourra car j'ai déjà vu des animaux commencer à saigner abondement au bout de plusieurs dizaines de mètres. Si le moindre doute subsiste, il ne faut pas hésiter à réaliser une recherche avec un chien de sang.

Contrôle de flèche

Contrôle de flèche

  • Les blessures superficielles

On érafle plus souvent qu'on ne le croit des animaux lors des tirs, une des lames entaillant plus ou moins profondément l'animal sans que l'on s'en aperçoive, pour un œil averti, la réaction de l'animal est souvent plus brutale au démarrage lors d'une éraflure (réaction à la douleur) que lors d'un tir manqué. Très souvent la flèche ne comporte aucun indice et la piste au sang est inexistante ou presque. Quelques poils attestent parfois de cette légère blessure. De toute façon ce sont des blessures généralement bénignes qui ne permettront pas de retrouver l'animal qui dans la majorité des cas cicatrisera et s'en sortira. J'ai ainsi fléché un beau brocard en septembre que je pensais avoir manqué en tir d'été (aucun indice sur ma flèche et aucune goutte de sang retrouvée), il possédait une plaie d'environ 10 cm presque cicatrisée derrière les omoplates.

  • Les blessures

Parfois la blessure est bien plus grave, muscle traversé (cou, dos, pattes), os cassé au niveau d'une patte ou du crâne. Ces blessures ne sont généralement pas mortelles à court terme à part si la flèche a touché un gros vaisseau sanguin mais peuvent provoquer une mort lente en plusieurs jours si la plaie s'infecte ou si la blessure trop invalidante (tir de mâchoire par exemple) empêche l'animal de se déplacer ou de manger correctement. L'animal n'accusera pas forcément de coup suite à une telle blessure mais l'impact sera généralement bien audible, la fuite franche. Atteint à une patte, l'animal partira parfois en boitant en essayant de ne pas poser le membre atteint au sol. Dans ces cas, il faut tout tenter pour retrouver l'animal en faisant appel si nécessaire à un chien de sang et il est vain d'attendre trop longtemps avant d'attaquer une recherche car on laissera alors juste le temps à l'animal de souffrir et de faire du chemin. Un chien en poursuite arrivera parfois à coiffer l'animal handicapé.

Chevrillard blessé à une patte et retrouvé grâce à une recherche au sang avec mon chien

Chevrillard blessé à une patte et retrouvé grâce à une recherche au sang avec mon chien

La piste au sang est alors très souvent (sauf flèche des muscles du dos ou du cou) très abondante sur une distance de quelques dizaines à quelques centaines de mètres puis s'amenuisera d'un coup pour s'arrêter net, les indices seront alors peu nombreux et éloignés les un des autres et la recherche difficile même pour un bon chien de sang si on a laissé passer trop de temps après le tir. Un tir dans les muscles du dos ou du cou donne souvent beaucoup moins de sang et la piste commence parfois assez loin de l'endroit du tir, Il est souvent judicieux de prendre les devants sur l'animal après le tir ou pendant la recherche pour tenter de l'intercepter sur sa trajectoire de fuite, il est alors utile de bien connaître son territoire. On perdra souvent des animaux blessés de la sorte et on regrettera longtemps de ne pas savoir ce qu'il deviennent mais parfois la chance peut vous sourire. Un brocard fléché en automne lors d'un approche et atteint sur le dessus des épaules suite à un saut de corde m'a échappé lors d'un recherche au sang faite avec un chien de rouge et un chien forceur qui n'a pas réussi à coiffer l'animal. La blessure très profonde avait tranché les muscles du dos et le cartilage des 2 omoplates. Je pensais que cet animal ne survivrait pas à cette vilaine blessure mais j'ai eu la chance de le flécher mortellement quelques mois plus tard. Sa blessure était en cours de cicatrisation et malgré des abcès à l'intérieur de la cage thoracique l'animal semblait très bien se porter.

Blessure musculaire importante en cours de cicatrisation.

Blessure musculaire importante en cours de cicatrisation.

  • Les tirs immobilisant

En général l'arc tue par hémorragie, l'animal tombe donc après une fuite plus ou moins longue mais parfois l'animal s'écroule sur place dès l'impact de la flèche et cette situation inhabituelle laisse beaucoup d'archers débutants perplexes, ne sachant pas comment réagir. Si un chevreuil tombe sur place 3 cas de figure peuvent se présenter :

Une atteinte cérébrale l'a tué sur le coup et il ne se relèvera pas.

Une ou plusieurs fractures l'empêchent de se remettre sur ses pattes et de s'enfuir. Une fracture de la colonne vertébrale pinçant ou sectionnant la moelle épinière fera généralement tomber le chevreuil sur place. Une atteinte au cervicale (avant l'épaule) le paralyse totalement (paralysie partielle si la moelle n'est que pincée), une atteinte derrière l'épaule paralysera seulement le train arrière totalement ou en partie.

Chevreuil atteint au cervicales et tombé sur place

Chevreuil atteint au cervicales et tombé sur place

Le chevreuil se débattra alors au sol sans arriver à se relever ou peut parfois s’asseoir ou essayer de se traîner sur ses pattes avant. Une fracture des 2 fémurs ou, dans certain cas, du bassin empêchera aussi le chevreuil de repartir comme une flèche cassant les 2 épaules. Une section des tendons des pattes arrière aura le même effet qu'une fracture des fémurs. J'ai fléché un brocard en tir d'été au cul de sa chevrette alors qu'il n'était qu'à 6 ou 7 mètres mais au moment de ma décoche il a démarré pour repartir derrière sa belle et ma flèche a cassé un des ses fémur et coupé le tendon de l'autre patte arrière, il est tombé sur place sans pouvoir se relevé. Je me suis précipité pour l'achever.

Une atteinte haute touchant les apophyses épineuses peut coucher un moment le chevreuil qui finira par se remettre sur ses pattes, titubera un instant puis repartira comme si de rien n'était.

La meilleure réaction à avoir si un chevreuil tombe sur place est de se diriger immédiatement vers lui pour connaître son atteinte et de l'achever rapidement si nécessaire, d'une part pour lui éviter de souffrir inutilement et d'autre part pour éviter de le voir se relever et s'enfuir, risquant de le perdre. On peut aussi lui décocher une flèche d'achèvement sans se déplacer si cela est possible.

Chevreuil mort à l'endroit du tir suite à une flèche de ¾ arrière touchant la colonne vertébrale et les poumons

Chevreuil mort à l'endroit du tir suite à une flèche de ¾ arrière touchant la colonne vertébrale et les poumons

  • Les tirs mortels à court terme

Une atteinte au cœur (ou en avant du cœur qui est un carrefour de gros vaisseaux), aux poumons, au foie ou sectionnant un ou plusieurs gros vaisseaux sanguins (artère carotide, fémorale, sous colonne)

Réseau des principales artères qui sectionnées provoque une mort très rapide

Réseau des principales artères qui sectionnées provoque une mort très rapide

provoque normalement une mort rapide de l'animal, parfois même très rapide, en terrain découvert l'archer peu parfois voir tomber son chevreuil ou l'entendre tomber à couvert. La fuite se fera alors sur une distance de quelques mètres à quelques dizaines de mètres. En général le chevreuil sur ses fins bas des pattes au sol, agitant frénétiquement la végétation ou faisant du bruit sur les feuilles mortes mais un chevreuil mortellement touché peu, avant de tomber, réagir de plusieurs façons que j'ai pu constater sur le terrain :

- Une fuite rapide puis le chevreuil ralentit, titube, tombe, bat des pattes et s'immobilise

- Une fuite rapide et saccadée parfois désordonnée où le chevreuil chute en pleine course

- Une fuite avec une patte levée ou désarticulée si l'ossature est atteinte

- Une fuite rapide suivie d'un arrêt net, le chevreuil regarde sur les arrières puis titube et tombe.

- Le chevreuil ne réagit presque pas au tir puis s'éloigne tranquillement avant de tomber ou de se coucher (exemple plus haut de l'atteinte à la carotide)

- Le chevreuil fait un grand bon en avant et tombe juste après. J'ai constaté plusieurs fois cette mort très rapide suite à un tir sectionnant l'artère sous colonne, généralement avec un tir entre les rein et l'avant des cuissots). Un brocard venu au Buttolo et fléché sous colonne juste devant les cuissots n'a pu faire qu'un bon avant de s’effondrer 5 mètres plus loin.

Hémorragie spectaculaire due a une flèche sectionnant l'artère sous colonne devant les cuissots, fuite de 15 mètres

Hémorragie spectaculaire due a une flèche sectionnant l'artère sous colonne devant les cuissots, fuite de 15 mètres

Une réaction caractéristique du tir de cœur est une ruade (non systématique) réalisée à l'atteinte, l'animal en appui sur ses pattes avant lance ses pattes arrière en l'air avant de démarrer. Lorsque le chevreuil tombe à vue ou si ont l'entend tomber et se débattre au sol on peut aller le chercher rapidement mais attention à ne pas confondre une chute et un chevreuil qui se couche car un chevreuil peut se coucher très vite après le tir sans pour autant être mort même s'il a titubé avant (voir tirs mortels à long terme)

  • Les tirs mortels à long terme

Certaines atteintes musculaires peuvent provoquer la mort suite à une infection qui tuera l'animal en plusieurs jours surtout en période de forte chaleur. Les blessures de mâchoire qui empêcheront l'animal de manger provoqueront aussi sa mort mais dans ces 2 cas, la majorité des recherches au sang ne permettrons pas de retrouver votre animal et il ne vous restera plus qu'à espérer que la blessure ne le tuera pas. Mais d'autres atteintes laissent beaucoup moins de doute sur le devenir de l'animal, les flèches de coffre ou abdominales sont mortelles chez le chevreuil qui est un animal assez fragile mais sa mort peut mettre un moment à arriver, parfois plusieurs heures.

J'entends très souvent que la meilleure flèche est la flèche de ¾ arrière mais c'est avec ce type de flèche que j'ai eu le plus de mauvaises surprises. Il est beaucoup plus difficile d'estimer la position des organes dans cette position car l'angle de l'animal plus ou moins prononcé n'est pas évident à estimer et la trajectoire de la flèche au travers de l'animal ne provoquera pas toujours les dégâts escomptés. J'ai fléché un soir une chevrette venue au Buttolo en ¾ face à moins de 10 mètres, cette dernière a fait 20 mètres après le tir et est restée 15 minutes sur ses pattes à faire le dos rond, n'ayant pas fenêtre de tir je suis resté immobile à la regarder espérant la voir tomber mais elle a fini par se remettre en marche pour s'éloigner doucement. La luminosité baissant, je l'ai perdu de vue à environ150 mètres. Après 45 minutes d'attente et la nuit tombée je suis parti à sa recherche avec ma frontale, ne trouvant pas de sang contre le bois à 200 mètres du tir, je suis parti vers le champ où je l'avais perdu de vue et ai aperçu ses yeux tournés vers moi, j'ai tenté de m'approcher avant qu'elle ne démarre en trombe vers le bois. J'ai donc attendu environ 30 minutes de plus avant d'attaquer la recherche sur une belle piste au sang devenant très facile à suivre dans le bois où j'ai facilement retrouvé ma chevrette morte. Ma flèche avait entaillé le cœur sans percer ventricule, traversé un poumon, touché le fois et la panse et ma chevrette a tout de même mis plus d'une heure à mourir.

Une flèche ne touchant qu'un poumon ou entaillant les poumons sans les traverser mettra plus de temps à tuer l'animal qu'une flèche traversant ses 2 organes. Beaucoup de chasseurs affirment ainsi qu'un animal touché au poumons partira toujours vers le bas et sans aboyer mais j'ai vu plusieurs contre exemples, un animal dont un seul poumon est traversé peut encore aboyer, franchir des pentes importantes que vous peinerez à gravir et fuir sur une distance très importante. Un brocard fléché couché, entre les 2 omoplates, d'une position haute avec une flèche ne traversant qu'un poumon a remonté une pente très raide sur environ 30 mètres peu après le tir puis une seconde plus de 200 mètres plus loin pour être retrouvé mort à 500 mètres environ de l'endroit du tir.

Les atteintes abdominales tueront l'animal en plusieurs heures mais le chevreuil ne fera généralement que peu de chemin avant de se coucher ou de s'arrêter debout en faisant le dos rond. L’hémorragie est peu importante et souvent interne, bloquée dans le chevreuil par les viscères qui boucheront parfois le ou les trou percés par la flèche, La recherche au sang sera souvent compliquée pour l'archer car les indices (contenu stomacal ou intestinal) de couleur verte ou brune ne ressortent pas bien sur la végétation et les gouttes de sang sont souvent très espacées. Un chien aura par contre une grande facilité à suivre cette piste très odorante. C'est un cas ou il faut savoir attendre avant de faire une recherche qui risque de se terminer par l'achèvement d'un animal encore vivant, il faudra toujours prendre une arme avec soi (arc ou arme à feu) pour en finir. L'animal ainsi touché se relève souvent au dernier moment à l'approche de l'archer et se recouchera souvent rapidement. Si l'on relève de la sorte un animal il est préférable d'attendre un moment avant de reprendre une recherche.

Alex

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Alex Alex.bowhunter

Présentation

  • : Le blog de Alex.bowhunter
  • Le blog de Alex.bowhunter
  • : Je chasse avec un arc de type compound, principalement le grand gibier et le ragondin, à l'approche en grande majorité, quelques fois à l'affût au sol (seul ou en battue) ou à l'appel, je n'utilise jamais de tree stand. Je chasse léger (pas de jumelles, pas de télémètre)... juste mon arc, mon couteau, parfois un appeau et ma tenue camo...vous trouverez ici un recueil de mes récits de chasse.
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AVERTISSEMENT A MES LECTEURS

Bonjour,

Ce blog est adressé à un public de chasseurs ou de curieux intéressés par la chasse. Il comporte des photos d'animaux morts ou de pistes au sang qui peuvent choquer certaines personnes sensibles.

Bonne visite, Alex

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Faisan commun
Canard colvert
Foulque macroule
Bécasse

 

Guyane

 

Iguane vert
Tourterelle rouviolette
Hocco alector

 

Singe hurleur
Aymara

 

Argentine

 

Lièvre
Renard gris
Tinamou élégant

 

Québec

 

Tétras du Canada
Gélinotte huppée
Bernache du Canada